Contenu du sommaire : Fabriques de la tradition
Revue | ABE Journal : European architecture beyond Europe |
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Numéro | no 13, 2018 |
Titre du numéro | Fabriques de la tradition |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Fabriques de la tradition
- Éditorial - Bulle Tuil Leonetti, Clara Ilham Àlvarez Dopico
- Ottoman Spatial Organization of the pre-modern City of Medina - Atef Alshehri Étude du développement urbain prémoderne de Médine, ville alors sous administration ottomane des provinces arabes. C'est plus particulièrement l'organisation spatiale de la ville qui est examinée ici, à l'appui de sources variées tant visuelles que topographiques ou historiques. Malgré son éloignement du lieu d'exercice du pouvoir politique, Médine a conservé pour la structure étatique ottomane une importance réelle, tout autant que les villes les plus importantes des provinces. Cela est évident au travers du rôle joué par le pouvoir dans la façon de mettre en scène sa propre image à Médine en introduisant des caractères d'urbanisation typiquement ottomans. Toutefois, l'importance spirituelle de la ville de Médine a, à son tour, façonné les méthodes d'organisation de l'espace en les conciliant avec les principes religieux et avec le problème délicat des lieux saints. À la fin de l'époque ottomane, le caractère urbain et la forme de la ville de Médine montraient une fusion entre innovations spatiales et tradition solidement ancrée, ce qui a forgé une image historique durable de la ville.This paper investigates the pre-modern urban development of Medina during the Ottoman reign within the framework of the Ottoman administration of the Arab provinces. Specifically, the spatial organization of Medina is investigated based on multiple visual, cadastral and historical sources. Although Medina was remote from the center of political power, it maintained an articulated significance for the Ottoman state structure, as much as the major provincial cities. This is evident in the continuous Ottoman role in staging its own image in Medina by introducing typical Ottoman hallmarks of urbanization. However, the spiritual significance of Medina, in turn, molded the applied methods of spatial organization, which had to be attuned to the religious sanctions and sensitive loci of worship. By the end of the Ottoman presence in Arabia, the resulting urban character and texture of the city reflected a fusion of spatial innovations with deep-rooted tradition, which shaped a lasting historical image of Medina.
- Des ensembles composites : appropriation et transformation des demeures ottomanes suburbaines d'Alger aux XIXe et XXe siècles - Claudine Piaton L'article propose, à travers plusieurs cas d'étude, d'analyser les processus de transformations des maisons d'époque ottomane des environs (ou fahs) d'Alger. Il s'intéresse à la fois au contexte des transformations (mutation foncière des débuts de la colonisation), aux acteurs et à la nature des transformations. Il vise notamment à mettre en évidence à côté des phénomènes lourds de démolition et d'abandon, d'autres phénomènes d'appropriation mêlant conservation et invention de décors qui contribuent aujourd‘hui à affirmer la singularité de l'architecture algérienne.Citing several case studies, the article analyzes the processes whereby Ottoman-era homes on the outskirts (or fahs) of Algiers were transformed. It examines many aspects of these makeovers: the context (the property transfer of early colonization), the agents, and the type of renovation. In particular, it aims to demonstrate that alongside radical actions like demolition or abandonment, other appropriation phenomena emerged. Combining preservation and decorative invention, today these dwellings contribute to asserting the singularity of Algiers architecture.
- Une nouvelle tradition : la céramique algéroise à l'aube du XXe siècle - Clara Ilham Álvarez Dopico L'architecture néo-mauresque et la transformation des grandes demeures suburbaines d'époque ottomane à Alger, donne naissance, à la fin des années 1880, à une production de céramique historiciste, qui décline à partir des années 1920. Il est question ici du milieu algérien – collectionneurs, architectes, industriels, historien – qui, revendiquant la tradition, permet l'essor de cette nouvelle industrie d'art. L'article présente une expérience éphémère de rénovation, plutôt création, de l'artisanat algérois : l'atelier de céramique ouvert, entre 1899 et 1901, au musée des Arts et des Antiquités à Mustapha sous la direction du conservateur Georges Marye et de l'écrivain Émile Violard.Towards the end of the nineteenth century, ceramicists in Algiers began producing tile in a historicist style derived from neo-Moorish architecture and from the renovations of the grand Ottoman dwellings on the outskirts of Algiers. The style is strongly tied to Algiers collectors, architects, businessmen, and historians. Claiming to revive a tradition, they promoted a new craft industry, which flourished. This article presents a brief experiment in renovating or creating Algerian craftsmanship at the Mustapha museum of arts and antiquities, with a ceramics studio that operated 1899-1901, directed by curator Georges Marye and writer Émile Violard.
- Critical Post-Functionalism in the Architecture of Late Soviet Central Asia - Igor Demchenko À l'appui de textes critiques aujourd'hui pratiquement oubliés, produits en Asie centrale au cours des dernières décennies de l'ère soviétique, cet article analyse les stratégies discursives employées par les architectes, les critiques et les historiens pour justifier le glissement qui s'est opéré d'un fonctionnalisme rigoureux propre aux années 1960 vers une architecture ménageant le caractère local dans les années 1970 et 1980. Les architectes et critiques soviétiques, avertis de l'insistance du gouvernement sur la persistance essentielle des traditions constructives régionales et ethniques, et de la nécessité de les incorporer dans le nouveau style socialiste de l'architecture en Asie centrale, ont utilisé la quête idéologique de formes nationales comme moyen d'expression de leur méfiance croissante envers un fonctionnalisme préfabriqué et comme opposition à une version locale du style stalinien. Cette critique a surtout protégé l'architecture de la période soviétique tardive de l'idéologie dogmatique, garantissant une impressionnante flexibilité formelle. En explorant de manière critique deux distinctions intellectuelles, tout d'abord entre formes architecturales nationales et contenu (ou essence) socialiste, puis entre caractère national et caractère international de l'architecture socialiste, l'article restitue les conditions intellectuelles singulières régissant la profession d'architecte en URSS. Les architectes œuvraient dans un contexte caractérisé par l'impossibilité d'obtention de commandes privées, par la quête d'une objectivité esthétique, l'intérêt grandissant pour la conservation du patrimoine et la mutation progressive d'une construction nationale socialiste contrôlée vers un nationalisme brutal dans les années 1990.Relying on all but forgotten texts of architectural criticism from late Soviet Central Asia, the article explores the discursive strategies employed by architects, critics, and historians to justify the shift away from the rigid functionalism of the 1960s to the regionally sensitive architecture of the 1970s and the 1980s. Soviet architects and critics, alert to the Soviet government's insistence on the primordial continuity of regional and ethnic architectural traditions, and to the need to incorporate them into the new socialist style of Central Asian architecture, used the ideological quest for national forms as a means of expressing their growing distrust of prefabricated functionalism and their opposition to a Central Asian version of the Stalinist style. This architectural criticism essentially shielded late Soviet architecture from ideological dogma, allowing for its impressive formal flexibility. By critically exploring two scholastic distinctions, first between the national form and the socialist content (or essence), and second between the national and the international in socialist architecture, this article reconstructs the unique intellectual conditions governing the architectural profession in the USSR where architects operated in a context characterized by the impossibility of private commissions, the quest for aesthetic objectivity, the rise of historic preservation, and the gradual transformation of controlled socialist nation-building into the violent nationalism of the 1990s.
Débat
Documents/Sources
Positions de thèses
Recensions
- Milva Giacomelli, Ezio Godoli and Ulisse Tramonti (eds.), Italian Architectural and Artistic Heritage in Egypt. Documentation & Safeguard - Diego Caltana
- Itohan Osayimwese, Colonialism and Modern Architecture in Germany - Samuel Albert
- Roberto Fabbri, Sara Saragoça et Ricardo Camacho, Modern Architecture Kuwait 1949-1989 - Simon Texier
- Timothy Brittain-Catlin, Jan De Maeyer and Martin Bressani (eds.), Gothic Revival Worldwide: A.W.N. Pugin's Global Influence - Stuart King