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Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 32, no 2, juin 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Ciblage d'inflation : quelle règle pour la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ? - Adama Diaw, Abdoul Khadry Sall p. 5-49 L'objectif de cet article est de déterminer une règle de ciblage de l'inflation pour la BCEAO dont l'opportunité pourrait être bien saisie à la suite de la nouvelle réforme institutionnelle de l'UMOA1 et de la BCEAO. Ainsi, la règle optimale de politique monétaire qui serait susceptible de stabiliser le système macroéconomique et de servir de guide aux autorités de la BCEAO pour une stratégie de ciblage de l'inflation est déterminée. À cette fin, des simulations stochastiques sont effectuées pour la détermination des coefficients optimaux pendant la période 1980-2016. En considérant la zone UMOA dans son ensemble, les résultats montrent des règles optimales cohérentes et communicables car le taux d'intérêt augmente lorsque l'inflation est supérieure à la cible ainsi que lorsque la demande est supérieure à la production potentielle. Ils vérifient ainsi le respect du principe de Taylor. Par la suite, la comparaison faite entre ces règles montre qu'une règle forward-looking contenant un gradualisme de la politique monétaire semble être préférable. En plus d'être très agressive, elle donne un bon résultat en matière de stabilisation aussi bien de l'inflation que de l'activité économique et un meilleur résultat en matière de stabilisation du taux d'intérêt nominal et, donc, concilie l'ancrage nominal et la régulation conjoncturelle dans la zone UMOA.Inflation-targeting: What Rule for the West African States Central Bank (BCEAO)?
The objective of this article is to determine an inflation-targeting rule for the BCEAO, which the opportunity could be well seized following the new institutional reform of WAMU and the BCEAO. Thus, the best optimal monetary policy rule that would stabilize the macroeconomic system and guide the BCEAO authorities for an inflation targeting strategy was determined. For this purpose, stochastic simulations are performed for the determination of the optimal coefficients during the period 1980-2016. Considering the WAMU zone as a whole, the results show coherent and communicable optimal rules because the interest rate increases when inflation is above the target and when demand exceeds potential output. This ensures compliance with the Taylor principle. Subsequently, the comparison between these rules shows that a forward-looking rule containing a gradualism of monetary policy seems to be better. In addition to being very aggressive, it gives a good result in terms of stabilization of both inflation and economic activity and better result in terms of nominal interest rate and thus reconciles nominal anchoring and cyclical regulation in the WAMU zone.Codes JEL : E43, E47, E52, E58. - Quelles politiques pour répondre aux chocs des termes de l'échange ? - Pierre Jacquet, Alexis Atlani, Marwan Lisser p. 51-82 Les chocs des termes de l'échange sont des déterminants importants de la croissance de long terme des pays en développement riches en ressources naturelles. Pour faire de l'abondance en matières premières un moteur du développement, deux défis doivent être relevés : l'un de long terme, la transformation d'une économie dépendante aux matières premières en une économie diversifiée ; l'autre de court terme, à savoir la gestion de la volatilité du prix des matières premières. Ces deux défis appellent des politiques publiques adaptées. Les mécanismes de transmission décrits dans la littérature existante montrent la complexité d'établir des recommandations générales : les politiques choisies doivent être adaptées à la situation. De plus, il apparaît nécessaire de porter une attention particulière à leur mise en œuvre, connaissant notamment les incitations bien documentées à s'écarter des recommandations et à mener des politiques inefficaces. Cet article suggère que la recommandation générale la plus pertinente consiste à retenir quelques principes robustes et à mettre en lumière les conditions nécessaires à leur application. Il propose également de renforcer les capacités de recherche des institutions locales pour faciliter leur compréhension et maîtrise des défis de politiques publiques et leur donner les moyens d'élaborer ces dernières en conséquence.Policy Responses to Terms of Trade Shocks
Terms-of-trade shocks are important determinants of long-term growth in commodity-rich developing countries. Transforming commodity assets into engines of development requires confronting two interrelated challenges: a long-term one of moving from commodity dependency to a diversified productive economy; a short-term one of managing commodity price volatility. Both challenges call for appropriate policies. The complexity of the channels of transmission reviewed in the existing literature vouches for these policies to be country and commodity specific and for implementation to receive at least as much attention as recommendations – especially in view of the historically documented incentives to deviate from recommendations and conduct poor policies. Our paper suggests that the best general advice is to highlight a few robust principles, to reflect on the conditions for their implementation, and to empower local institutions while strengthening research capacities so that the understanding of policy challenges and principles is locally owned and may better inspire policies and institutional building.Codes JEL : O11, O13, O19, Q32, Q33. - Taux de change réel et production manufacturière en Afrique : quels impacts ? - Sylviane Guillaumont Jeanneney, Ping Hua p. 83-112 Un récent courant de littérature a suggéré que les pays à faible revenu devraient systématiquement sous-évaluer leur monnaie et adopter un régime de flottement pour leur industrialisation. Sur la période 2000-2015, cet article estime l'impact des taux de change réels de quarante pays d'Afrique subsaharienne, dont la majorité sont à faible revenu et ont un taux de change fixe, sur leur valeur ajoutée manufacturière. Il apparaît que les taux de change réels des pays africains à l'égard du dollar et de l'euro n'ont guère d'impact sur la production manufacturière ; en revanche, leur appréciation vis-à-vis du renminbi (à condition de rester modérée) favorise l'industrie manufacturière, à l'inverse de l'appréciation vis-à-vis des monnaies des autres pays en développement. La diversité de ces résultats ne plaide pas en faveur d'une dépréciation systématique des monnaies africaines.Real Exchange Rate and Manufacturing Production in Africa: What Impacts?
A recent current of literature has suggested that low-income countries should systematically undervalue their currencies and adopt a floating exchange rate regime for their industrialization. Over the period 2000-2015, this article estimates the impact of real exchange rates of 40 sub-Saharan African countries, the majority of which are low-income and have a fixed exchange rate regime, on their manufacturing value added. It appears that the real exchange rates of African currencies against the dollar and the euro have little impact on manufacturing output; but their appreciation vis-à-vis the renminbi (in condition to remain moderate) favors the growth of manufacturing industry in Africa, while that vis-à-vis other developing countries' currencies handicaps its industry development. The diversity of these results does not favor a systematic depreciation of African currencies.Codes JEL : F31, F41, F62. - Les rapports sur les dépenses fiscales des pays en développement : une évaluation - Lanre Kassim, Mario Mansour p. 113-167 Être en mesure d'estimer le coût des dépenses fiscales et comprendre leur importance en matière d'ajustement budgétaire par les recettes sont des compétences clés de la gestion macroéconomique, cette dernière étant susceptible d'occuper le centre des débats sur la capacité des pays en développement à mobiliser leurs ressources financières nationales pour atteindre leurs objectifs de développement durable. De même, la qualité des résultats d'une politique budgétaire dépend de la qualité des rapports sur les dépenses fiscales, qualité qui détermine en grande partie la fiabilité de ces publications comme outil analytique d'aide à la décision. Dans cette étude, nous examinons les rapports sur les dépenses fiscales de vingt-six pays en développement ou en transition, afin de déterminer s'ils mettent en évidence de bonnes pratiques, définies selon plusieurs critères clés. Si l'élaboration de ces rapports a connu une montée en puissance au cours des dernières décennies dans les pays en développement, la qualité de leur contenu demeure insatisfaisante dans plusieurs domaines. Pour exemple, environ 50 % seulement des pays de notre étude décrivent de manière assez détaillée leur régime fiscal de référence. Aucun pays (à l'exception de l'Uruguay) ne prend en compte le cadre temporel des dépenses fiscales (qui peuvent être permanentes ou temporaires). La publication de rapports sur ces dispositions fiscales dérogatoires est une obligation légale dans seulement dix-huit pays. Nombre de rapports sont incomplets quant au périmètre du régime fiscal de référence et aux critères abordés. Il est essentiel que les pays en développement améliorent la qualité et l'exhaustivité de leurs rapports sur les dépenses fiscales afin d'accroitre leur crédibilité dans l'élaboration de stratégies robustes de mobilisation des ressources publiques intérieures. Faute de quoi, ces rapports deviendront aussi volumineux qu'opaques, et ne présenteront que peu d'intérêt pour les citoyens. Pour finir, nous observons d'importants écarts entre les pays, qu'il s'agisse de la méthodologie employée, des données collectées ou des modalités d'établissement des rapports, de sorte que les comparaisons entre pays sont problématiques, si ce n'est illusoires.Tax Expenditures Reporting in Developing Countries: An Evaluation
Estimating the revenue cost of tax expenditures and understanding their role in revenue-based fiscal adjustments is one of the most important elements of macroeconomic management, which is likely to take center stage in the debate on how developing countries can mobilize domestic revenues for attaining their sustainable development goals. The quality of policy outcomes hinges on the quality of tax expenditure reporting at the country level, which in turn largely determines their credibility as an analytical tool for policy making. We examine tax expenditures reports of 26 developing and transition countries, and assess whether they reflect good practices, defined according to several key dimensions. Although such reporting has gained momentum in the past decade in developing countries, its quality remains weak in several areas. For example, only about fifty percent of the countries surveyed describe in some detail their benchmark tax system. All countries (except Uruguay) do not include the time frame of tax expenditures (as permanent or temporary). The publication of tax expenditures reports is a legal requirement in only eighteen countries. And many reports are incomplete in their coverage of the tax system and reporting dimensions. Developing countries should improve the quality and comprehensiveness of their reports to gain credibility in developing robust domestic revenue mobilization strategies. Otherwise, these reports are likely to become voluminous and opaque documents, with little benefit to the larger public. Finally, we find that differences in methodology, data and reporting on the cost estimates of tax expenditures across countries are important enough to make cross-country comparisons problematic, perhaps even misleading.Codes JEL : H2, H6.