Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°89
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 89, avril 2004 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°89 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Perspectives pour 2004-2005
Prévisions
- Un monde presque parfait - Perspectives 2004-2005 pour l'économie mondiale p. 13 En 2003, la croissance mondiale est repartie après un accroc au premier semestre. Tirée par le bloc anglo-saxon, la croissance s'est généralisée à l'Asie, l'Amérique latine et l'Europe de l'Est. Elle continuerait d'être soutenue, supérieure à 4 % en moyenne annuelle en 2004 et 2005. Les États-Unis entreraient dans une phase de croissance qui permettrait la résorption des déséquilibres (déficits public et courant, endettement des ménages). La croissance ralentirait de 4,5 % en 2004 à 3,4 % en 2005. La dépréciation du dollar observée depuis 2002 devrait en effet permettre le redressement du solde extérieur américain, tandis que les interventions des banques asiatiques en faveur du dollar permettraient de contrôler cette dépréciation et favoriseraient la croissance de la zone Pacifique en maintenant la compétitivité de cette dernière. En revanche, la zone euro resterait à la traîne de la reprise mondiale avec une croissance de 1,4 et 2,1 % en 2004 et 2005. Elle pâtirait des effets de l'appréciation passée de l'euro (– 1 point de croissance en 2004), des ajustements restant à faire sur le marché du travail et d'un policy mix restrictif imposé par les contraintes du Pacte de stabilité et de croissance, alors que la situation économique — un creux comparable à ceux du début des années 1980 et 1990 — nécessiterait une politique expansionniste.In 2003, the world economy picked up again, after a bout of weakness in the first half of the year. Pulled by the US and the UK, growth spread to Asia, Latin America and Eastern Europe. It should stay over 4% in 2004 and 2005. The US should see their disequilibria (public and current deficits, household indebtedness) diminish. Growth should slow down from 4.5% in 2004 to 3.4% in 2005. By contrast, the euro zone should grow by only 1.4% and 2.1% in 2004 and 2005. The impact of the recent appreciation of euro (– 1 point of GDP growth in 2004) and a restrictive policy mix should hinder growth, whereas the economic situation — a trough as deep as in the early 80s and early 90s — should require an expansionary policy. JEL Code: F01.
- Méprise sur la reprise - Perspectives 2004-2005 pour l'économie française p. 37 Avec une hausse de 0,2 % seulement en moyenne annuelle, l'économie française a connu en 2003 sa plus faible croissance depuis la récession de 1993 et a, pour la première fois depuis 1997, progressé à un rythme inférieur à celui enregistré dans la zone euro en raison du mauvais résultats de son commerce extérieur. Toutefois, avec un record de jours ouvrables et un dispositif de départs en retraite anticipée qui pourrait servir d'appel d'air aux demandeurs d'emplois, l'année 2004 ne démarre pas sans atouts. Les conditions qui permettraient à l'économie française de profiter pleinement de la reprise internationale, en relançant la demande interne et tout particulièrement l'investissement, semblent réunies. Si tel était le cas, la demande interne consoliderait et accentuerait la reprise, et engagerait la France sur un sentier de croissance suffisant pour lui permettre de combler son retard de production et de respecter ses engagements vis-à-vis de Bruxelles en réduisant significativement le déficit public. Malheureusement, le cheminement que nous envisageons à l'horizon 2005 s'annonce plus erratique : sous les effets retardés de la hausse passée de l'euro et de politiques économiques mal orientées, l'économie française connaîtrait en 2004 un régime de croissance molle (1,5 % en rythme annuel), ne renouant que progressivement avec sa croissance potentielle en 2005 (2,3 % en rythme annuel).With an annual rate of 0.2%, the French economy underwent in 2003 the lowest growth since the 1993 recession. For the first time since 1997, it also grew more slowly that the euro area owing to its asthenic external trade. However, France will benefit in 2004 from a record number of workable days and early retirement measures which will help the unemployed. Hence, the French economy may well take advantage of the international recovery to boost domestic demand and investment. Growth might, thus, be sustained enough for France to respect its public deficit obligations towards Brussels. Unfortunately, we forecast a more uneven path until 2005: the lagged effects of the appreciation of the euro and restrictive economic policies will depress an otherwise buoyant growth rate to some sluggish 1.5% in 2004 and a return to the long term potential of 2.3% in 2005.JEL Code: F01.
- Fiches thématiques et fiches pays - p. 83
- Un monde presque parfait - Perspectives 2004-2005 pour l'économie mondiale p. 13
Études spéciales
- Politiques budgétaires : l'Europe empactée - p. 145
- Politiques monétaires : l'immobilisme en mouvement - p. 163 Après une longue période d'attentisme des politiques monétaires, les banques centrales doivent accompagner avec doigté la reprise (confirmée aux États-Unis et au Royaume-Uni, naissante au Japon et balbutiante en Europe). La patience et la prudence s'imposent, le temps que les effets passés des politiques accommodantes se diffusent encore dans l'économie. Si la sphère financière est prête, avec le fonctionnement de tous les canaux de transmission de la politique monétaire, la sphère réelle a besoin d'être encore soutenue. En l'absence de demande, l'accès retrouvé aux marchés financiers n'est en effet pas d'une grande utilité. De plus, si la politique monétaire a désormais les mains libres du côté des marchés de capitaux et du crédit (à l'exception peut-être du marché des obligations publiques) et de la situation financière des entreprises, elle a toujours les mains liées par la situation financière des ménages. Elle ne peut donc se permettre de remonter trop vite ses taux. On ne doit donc pas s'attendre à des changements radicaux de politique monétaire à l'horizon 2005. Les resserrements se déclineraient selon une gamme allant d'une remontée nette mais prudente de la Réserve fédérale (+ 1,25 point de pourcentage d'ici la fin 2005) et de la Banque d'Angleterre (+ 1 point au maximum), un geste symbolique de la BCE (+ 0,25 point en 2005) et au statu quo de la Banque du Japon.Strong demand is as much important as easy financing conditions. With recovery gaining momentum, the last thing central banks want to do is to take a chance with it. Firms are now in a more sound shape but households' indebtedness is still high. And financial markets have become very sensitive to the way central banks communicate. A prudent tightening will be accompanied by a small rise of long term interest rates. The Federal Reserve will start raising rates at the end of 2004 and by only 125 bp over 2005. The Bank of England, already engaged in a tightening cycle since last November, will push them up further by 100 bp. The European Central Bank will follow the move in 2005, raising rates only once by 25 bp. The Bank of Japan will make no change to its quantitative policy. JEL Codes: F01, E4, E5.
- EURO/DOLLAR : l'épreuve des faits - p. 183 La parité euro/dollar a connu d'amples mouvements ces cinq dernières années, d'abord dans le sens d'une appréciation du dollar à la fin des années 1990, puis dans celui d'une appréciation de l'euro à partir du début de l'année 2002. Au-delà de ces tendances, le marché des changes s'est montré plutôt volatil, souvent en déconnexion vis-à-vis des fondamentaux dans un jeu spéculatif nourri par les interventions des banques centrales asiatiques. Le dollar a cessé de s'apprécier du fait des suites du contre-choc de la « nouvelle économie » et de la réapparition des déficits jumeaux. La faiblesse du dollar est indissociable des craintes concernant la soutenabilité de ces déficits. Cependant, la désaffection à l'égard du billet vert ne s'est pas traduite par une chute brutale de son taux de change grâce, entre autres, aux interventions des banques centrales asiatiques. L'incertitude qui règne sur le marché des changes incite les acteurs à s'éloigner des fondamentaux et à adopter des comportements moutonniers, qui amplifient encore la déconnexion des marchés aux fondamentaux. Ainsi, seuls les changements observés ou attendus de la politique monétaire ont un effet conforme à la théorie économique. Cette dérive spéculative des marchés est mise en évidence par une approche économétrique, où la parité euro/dollar est confrontée à l'évolution de ses déterminants au sein d'une relation de cointégration. Heureusement, on observe depuis la fin 2003 un retour en grâce des fondamentaux : la restauration progressive de l'attractivité des États-Unis (par l'amélioration du déficit courant et le dynamisme de la croissance américaine) pourrait enfin être appréciée à sa juste valeur. Combinée au resserrement de la politique monétaire américaine, cela justifierait l'amorce d'une réappréciation du dollar.The euro/dollar exchange rate has undergone large changes in the last five years. Foreign exchange (FX) markets were volatile and oftentimes disconnected from economic fundamentals, giving way to speculative movements towards which Asian Central Banks also contributed. The dollar's weakness since 2002 is closely related to whether the twin deficits are deemed sustainable. Uncertainties on the FX markets led some actors to disregarding economic fundamentals for some mimicking behavior which, in turn, amplified this disconnection. We stress this speculative drift via an econometric analysis where a cointegrating relationship links the euro/dollar exchange rate to its theoretical determinants: these have fortunately fallen back into favor since early 2003 and the renewed attractiveness of the US (reduction of current deficit and growth dynamism), together with a potential tightening of the US monetary policy, incline towards a re-appreciation of the dollar's exchange rate.
- Combien nous coûte l'appréciation de l'euro ? - p. 205 L'année 2003 aura été assez désastreuse pour la zone euro sur le plan des échanges extérieurs, qui ont contribué très négativement à la croissance. Ces évolutions sont pour une part imputables à l'atonie prolongée du commerce mondial observée depuis 2000, mais résultent avant tout de l'appréciation du taux de change effectif de l'euro enclenchée fin 2001, dont les effets négatifs sur la croissance ont commencé à se faire pleinement sentir. La croissance de la zone s'en est trouvée amputée de 0,7 point de croissance en 2003, et si notre prévision table sur une stabilisation de la parité euro/dollar, les effets de l'appréciation passée entraîneraient encore un déficit de près de 1 point de croissance pour l'année 2004. L'ampleur de l'appréciation du taux de change effectif de l'euro, sans précédent sur la dernière décennie, a permis de contenir jusqu'à présent les effets de la hausse du prix du pétrole en dollars et, plus récemment, des matières premières. Enfin, les évolutions récentes du commerce mondial et des taux de change ont mis à rude épreuve la capacité de résistance des grandes économies de la zone. Les trois dernières années ont ainsi à la fois marqué la « renaissance » de la puissance commerciale allemande, mais aussi révélé les fragilités des modalités de l'intégration internationale de la France et de l'Italie.Contribution of net exports to growth was markedly negative in 2003 in the euro area (– 0.6 percentage point). These evolutions have been caused — despite the recovery of the second semester — by the persistence of moderate growth rates of world exchanges observed since 2000 and by the euro's appreciation, the effect of which has become negative in 2003. Euro appreciation has reduced the growth rate of the euro area by 0.7 percentage point in 2003. Albeit our forecasts are based on a normalization of the euro/dollar echange rate, lagged effects of the appreciation would reduce the growth rate of the euro area by 0.9 percentage point in 2004. These global results hide nevertheless heterogeneity in the performances of the member countries, resistance of Germany contrasting with the structural weaknesses of the international integration of e.g. France and Italy. JEL Codes: F01, F4.
- Débat sur les perspectives économiques - p. 223
- Un indicateur de croissance à court terme au Royaume-Uni - Françoise Charpin et Catherine Mathieu p. 231 Cet article présente un indicateur de croissance à court terme de l'économie britannique. Celui-ci permet de prévoir le taux de croissance trimestriel du PIB en utilisant des informations conjoncturelles : indices de la production industrielle et des ventes de détail, enquêtes dans l'industrie, le commerce et les services financiers, taux d'intérêt. La démarche consiste dans un premier temps à estimer une équation économétrique donnant le taux de croissance du PIB en fonction de séries conjoncturelles coïncidentes ou avancées. On estime ensuite les équations permettant de prévoir les séries coïncidentes et celles dont l'avance est inférieure à six mois. On peut alors en déduire le taux de croissance du PIB à l'horizon de deux trimestres. Nous concluons la présentation de l'indicateur en vérifiant que son fonctionnement aurait été satisfaisant au cours des quatre dernières années.This paper presents a new leading indicator of UK output growth. The purpose of the indicator is to forecast quarterly GDP growth over a two-quarter horizon, using industrial production, capacity utilisation, the retail sales index, a wholesale trade survey factor, a financial survey factor and short-term interest rates. The indicator is built on a two-step regression-based approach. First, we estimate an equation for the quarterly GDP growth rate based on coincident and leading series. Second, we estimate monthly and/or quarterly equations which will be used to forecast the coincident and leading series showing a lead of up to six months. This enables us to predict GDP growth for the current and coming quarters. We check that the indicator would have produced reasonable forecasts over the last four years. JEL Code: E37.
- Le nouvel élargissement de l'Union Européenne - Jérôme Creel et Sandrine Levasseur p. 253 L'élargissement de l'Union européenne (UE) à dix nouveaux pays en mai 2004 constitue un événement politique, économique et social sans précédent. D'une envergure jamais vue en termes de population, il concerne aussi principalement des pays d'Europe centrale et orientale (dits PECO) dont le niveau de développement est bien inférieur à celui de l'UE-15. Dès lors, ce nouvel élargissement pose un certain nombre de défis ayant trait à ses spécificités. Les questions soulevées par l'adhésion de ces nouveaux membres à l'UE sont multiples. Elles concernent aussi bien la flexibilité de leurs marchés du travail, la réforme de leurs systèmes de retraite, les politiques de change dont l'euroïsation, le financement de l'UE, les propositions de réforme du Pacte de stabilité et de croissance et celles du Système européen des banques centrales, que la géographie économique. Enfin, dans le cadre des futurs élargissements de l'UE, la Turquie mérite une attention particulière.The enlargement of the European Union (EU) to ten new members on 1st May 2004 constitutes a major event from both a political, economic and social viewpoint. While it is the greatest in terms of population since the inception of the European construction, this enlargement also encompasses mostly central and eastern European countries (CEECs) which are substantially lagging behind EU-15 in terms of GDP per capita. The challenges at head are then numerous and related to issues like flexibility of the labour markets, the pensions reforms, the exchange rate regime including euroisation, the EU financing, the proposals of reforms for the stability and growth pact and the ones for the European system of central banks, as well as the economic geography. Moreover, in the event of future enlargements of the EU, the Turkish economy deserves a special attention. JEL Codes: F02, F15, O52, F33, H87, J21.
- Salaires individuels et évolutions macroéconomiques en France - Thierry Debrand et Anne-Gisèle Privat p. 271 Deux voies principales d'analyse sont généralement suivies pour l'étude de l'évolution des salaires et de leurs déterminants sur le long terme. La première aborde la question sous l'angle microéconomique et s'intéresse plutôt à l'influence des caractéristiques internes du marché du travail (individu, entreprise et marché) sur les salaires individuels. La seconde est macroéconomique et s'attache à montrer l'influence des conditions externes du marché du travail, en particulier du taux de chômage, sur le niveau agrégé de salaire. Cette étude constitue une tentative de réconciliation de ces deux approches. Nous mettons en relation l'évolution de long terme des salaires individuels observés au cours des cinquante dernières années avec des données macroéconomiques. Pour ce faire, nous disposons d'un panel de salariés du secteur privé cotisants au régime général d'assurance vieillesse, qui représentent les deux tiers de la population active française. L'échantillon contient près de 2 millions d'observations relatives à plus de 100 000 individus des générations 1935 à 1979 observés de 1947 à 2000. L'article se compose de deux grandes parties. Une analyse descriptive sert dans un premier temps à mettre en évidence les différences inter et intra-générationnelles observées sur les carrières salariales des cinquante dernières années. Nous observons que les salaires réels progressent fortement d'une génération à l'autre, mais que cette progression se ralentit pour les générations 1955 et suivantes. Ce constat nous amène dans un deuxième temps à estimer des fonctions de gains, afin de mieux définir les déterminants de telles évolutions. L'originalité de la démarche consiste alors à introduire simultanément des facteurs micro et macroéconomiques dans l'analyse de la formation des salaires. Les résultats montrent que la formation des salaires individuels s'explique à la fois par les effets des caractéristiques individuelles des salariés (expérience professionnelle, sexe, présence d'enfants) et par les effets du cycle économique (productivité, chômage). Par exemple, pour les variables individuelles, les estimations indiquent que les salaires des femmes se rapprochent de ceux des hommes au fil des générations, mais sans pour autant les rattraper. Quant à l'effet de la conjoncture d'ensemble, on estime qu'une augmentation de 1 point du taux de chômage aura un impact négatif de 0,5 % sur les salaires individuels.This paper combines micro and macroeconomic approaches in analysing the determinants of long-term wage changes in France. Beginning with a descriptive analysis, our study draws attention to the inter and intra-generational wage differentials observed over the last fifty years. This is followed by the estimation of earning functions on individual careers by introducing macroeconomic variables. Results show that changes in wage formation are explained simultaneously by the impact of individual characteristics and the effects of the business cycle. We use an administrative panel dataset of contributors to the Social Security System. The salaried workers affiliated to the basic scheme represents about two thirds of the french working population. Our sample contains nearly two million observations concerning more than 100,000 individuals from 1935 to 1979 birth cohorts, observed from 1947 to 2000. JEL Codes: C24, C81, J31, E32.