Contenu du sommaire : Identité(s)

Les auteures rendent compte de l'apport des groupes thérapeutiques sur la construction identitaire, la narrativité, la capacité de jeu et le lien à l'autre des participants. Au travers de vignettes cliniques, elles soulignent l'intérêt des médias dans le processus groupal. Par ailleurs, elles développent les concepts d'identité et de métaphore en les articulant à la clinique.

Identité et appartenance sont souvent confondues et les distinguer permet de penser autrement la nécessaire question du « moment fécond » (Καιροs) qu'est l'adolescence et de ses aléas éventuellement pathologiques. Une analyse de la notion d'identité introduira la réflexion, suivie d'une transition sur celle de continuité chère à Winnicott. Dans une double perspective existentielle et psychanalytique, cette question sera mise à l'épreuve de la psychose, qui est aux prises avec la rencontre de soi et de l'Autre, à l'aide d'un exemple clinique.

L'entrée en vieillesse se marque souvent par la brutalité de sa survenue, et suscite une rupture de continuité dans l'existence d'un sujet. À tel point que le sujet est mis à mal dans la représentation subjective de lui-même, et qu'il tente défensivement de maintenir un sentiment de soi imaginaire qui concorde mal avec ce que son corps lui renvoie dans le réel. Comment perdre sans se perdre ? Voilà peut-être la question existentielle fondamentale du sujet âgé confronté à sa vieillesse.

Cet article présente la situation d'une famille au sein de laquelle se sont déroulés des abus sexuels. Les auteures s'attachent à décrire le fonctionnement psychique singulier d'une mère ainsi que le contexte d'isolement familial et de violences conjugales qui ont favorisé l'installation d'un état d'indifférence à soi et à l'autre. Elles dégagent les pistes thérapeutiques permettant de travailler les distorsions du lien mère-enfant ainsi qu'une restauration de son identité maternelle. Ce travail passe par la nécessité de faire (ré)-émerger ses parts de culpabilité afin de permettre de rétablir l'ordre générationnel qui a été nié lors des incestes.

L'article propose une clé de lecture de l'identification androgyne sous le prisme de la théorie de la séduction généralisée de Laplanche selon laquelle le genre est le résultat de la traduction par l'enfant des messages énigmatiques de l'adulte, lesquels sont infiltrés par l'inconscient sexuel. Le mythe de l'androgyne, donne support à ce travail de traduction et constitue une tentative d'habiller les résidus qui constituent le sexuel infantile (autrement dit « sexual »).Cela ouvre l'écoute analytique et donne accès, derrière la construction subjective de l'identité de genre, au sexuel infantile non-refoulé qui risque de faire effraction.

Pourquoi la pulsion sexuelle, source d'une excitation potentiellement liante, se transforme en une effraction représentée par la femme ? En s'appuyant sur la littérature et le cinéma, comment comprendre ce qui se passe entre refoulement et clivage dans le fonctionnement psychique de ces hommes radicalisés à l'islamisme. Le fantasme originaire coincé entre pulsion sexuelle et pulsion de mort n'est pas loin laissant Eros, pulsion liante, dans le caniveau.

Ce travail de recherche est le résultat d'une interrogation d'anthropologie psychanalytique de l'impact du transfuge social sur l'identité, pouvant engendrer une symptomatologie spécifique et variable selon la structure psychique du sujet. Ce cheminement vit le jour à partir d'une pratique libérale de psychanalyste et par l'étude de romans abordant la problématique du transfuge de classe. Deux cas clinique ont été choisis, ainsi que deux romans contemporains. Après avoir resitué au niveau théorique les concepts de l'identité, du roman familial, ainsi que la question du transfuge de classe et de la détermination sociale, il s'agit de montrer comment la construction du roman familial (idéal du Moi) évolue chez les transfuges de classe, et comment la réussite professionnelle provoquant le changement de classe sociale va engendrer des conflits internes différents selon les individus, en fonction de l'idéal du Moi parental, pouvant aller jusqu'à une séparation d'avec le milieu d'origine, ou un arrêt et une régression de l'évolution socio-professionnelle. Au vu de l'évolution actuelle de la société, du nombre de transfuges de classe, le psychanalyste ne peut plus négliger la dimension sociale du sujet pour permettre une élaboration psychique des conflits internes.

Partant d'un contexte de crise socio-économique majeure, cet article propose d'examiner l'articulation de la souffrance individuelle et de la souffrance sociale en prenant en considération un nombre de paramètres psychiques spécifiques aux situations de précarité sociale extrême. Il se penche notamment sur la place centrale du traumatisme psychique ainsi que sur la fonction des défenses paradoxales d'auto-exclusion et examine leurs effets subjectifs et identitaires. Parallèlement, les auteurs abordent la question de la qualité de l'environnement primaire et des particularités de la fonction paternelle en rapport avec la problématique de l'exclusion sociale et de l'errance. Finalement, ils tentent d'illustrer et d'approfondir ces différents éléments à travers l'étude du récit d'un homme se trouvant confronté à une situation de précarité extrême.

La pathologie contemporaine se pare de différents visages et se décline dans les services de psychiatrie sous la forme d'identités. Pourtant, les dénominations pathologiques se renouvellent avec l'époque, ce qui n'est pas sans interroger la validité et la pertinence de certains diagnostics dont nos patients portent le nom, comme si le mal-être inhérent à notre condition d'être parlant décrit par Freud dans « Malaise dans la civilisation » n'avait plus de pertinence. Dans ce contexte se posent les questions de l'actualité des pathologies contemporaines et de l'attribution d'un diagnostic avec l'effet d'identité qu'elle produit sur les patients. Le travail du psychanalyste en psychiatrie porte sur la place à faire au réel auquel les patients ont à faire en vue d'un réaménagement sinthomatique ou sublimatoire permettant un renouage au social et une liberté d'être.

D'où vient la caricature de l'analyste silencieux ? Qu'est-ce que le silence implique en analyse ? À partir de deux figures légendaires évoquées par Lacan, de témoignages au sujet de Freud et de commentaires faits par Ferenczi, l'auteur examine quelques aspects de ces questions.

Cet article propose une réflexion sur l'identité professionnelle de personnes travaillant dans le domaine du soin psychique, au départ d'une recherche doctorale. Nous nous y interrogeons sur les effets identitaires d'un tel métier et sur ses risques éventuels. Certains cliniciens rencontrés présentent des éprouvés paradoxaux, se montrant optimistes et centrés sur les ressources dans leur vie professionnelle, mais méfiants et inquiets dans leur vie privée. Nous proposons que cette dynamique – nécessaire mais éprouvante – offre des bénéfices pour l'identité professionnelle du clinicien, conforté dans son sentiment de compétence et dans l'illusion de sa stabilité identitaire mais au prix d'un « déplacement de zone », souvent inconscient, vers la sphère privée.

Dans cet article, les auteurs s'interrogent sur les échecs dans le travail psychanalytique, qu'elles différencient des ratés du travail psychanalytique. Elles mettent en perspective les concepts d'illusion et de désillusion, considérant leurs nécessaires intrications afin de permettre la construction d'une aire intermédiaire garante de tout processus. L'impossibilité d'une telle mise en jeu pour des raisons qui appartiennent à l'analyste, au patient ou à leur relation peut conduire à un sentiment d'impuissance, de déception et des vécus de désespoir chez ces protagonistes.

L'objectif de cet article est d'analyser comment s'est constitué dans l'histoire des rapports entre le sujet et les discours de vérité ce qui Foucault a identifié comme herméneutique de soi, c'est-à-dire la constitution de soi-même comme un champ de données à analyser et interpréter. De l'exigence moderne d'un dire vrai à propos du sexe à la formation de l'expérience d'aveu et de confession dans les premiers siècles du christianisme, l'enjeu sera celui de la détermination du sujet à partir des pratiques de vérité et de la définition de son identité par une politique de soi.

Paul Ricœur a développé une conception narrative de l'identité, ce qui permet de rendre compte que la personne a une histoire, qu'elle est sa propre histoire. Quelle est la teneur de cette conception originale de l'identité et quelles sont ses limites du point de vue psychanalytique ? Telles sont les questions abordées dans la présente contribution.

N'en déplaise à nos contemporains, relever l'enjeu de « l'étranger » semble être une de nos priorités actuelles, dans un monde où l'on voit, hélas, la montée de l'expression des identités exacerbées. Ainsi, cet article invite à percevoir l'étranger, cette figure tenant-hors, comme un remède à l'identité qui aliène. Mais tout se passe comme si le monde d'aujourd'hui, rêvant d'un univers homogène, ne voulait plus de l'étranger réduit désormais au rebut. Après avoir rapidement dégagé ce thème du corpus psychanalytique, nous analyserons l'aspect étranger de la langue, conçu ici comme un possible renouvellement. Cette étrangeté participe inévitablement de la résistance, puisque l'on s'insurge contre la langue préfabriquée. Et, c'est, justement, en faisant offense à la langue conformiste qu'on empêche toute stagnation et dissolution dans la masse.