Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°93
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 93, avril 2005 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°93 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Savoir, information et anticipations en macroéconomie - Edmund S. Phelps, traduit de l'américain par Guillaume Chevillon p. 7 L'étude des fondements microéconomiques des théories du chômage prend son origine dans un questionnement sur les mécanismes de transmission des chocs dans un cadre keynésien. Les disparités de savoir et de connaissances, les décalages temporels de leur acquisition et les différences d'anticipations fournissent des clefs de compréhension de l'existence d'un chômage structurellement non nul et de ses variations durables. Le fonctionnement des marchés et les divers degrés d'incertitude dans une économie entrepreneuriale créent des divergences entre pays. Le dynamisme et la flexibilité des économies nationales ont entraîné dans les années 1990 un boom de l'investissement à l'origine d'une croissance économique soutenue dont on mesure ici quelques aspects afin de comprendre les conditions économiques et institutionnelles qui l'ont autorisé.
Dossier : Perspectives 2005-2006
- Département analyse et prévisionPrévisions
- L'axe de croissance - Perspectives 2005-2006 pour l’économie mondiale p. 41
- France : croissance entravée - Perspectives 2005-2006 pour l'économie française p. 79 L'année 2004 a été une année de reprise. Alors que l'économie française a connu en 2003 sa plus faible croissance depuis la récession de 1993 (0,5 % en moyenne annuelle), elle a retrouvé en 2004, une croissance de 2,4 %. Bien qu'accompagné au deuxième trimestre par les dépenses d'investissement, ce redémarrage résulte pour l'essentiel de la croissance de la consommation des ménages. Cette dernière s'étant réalisée dans un climat peu porteur — pouvoir d'achat en berne dû à un marché du travail peu dynamique et à une accélération de l'inflation en raison des effets directs de la hausse des prix du pétrole — les ménages ont réduit leur épargne et ont eu recours à l'emprunt. Cette évolution a été favorisée par le bas niveau des taux d'intérêt. La première condition pour que la croissance dure en 2005 est donc le maintien des taux d'intérêt à un niveau faible. Mais il faut aussi que s'enclenche une spirale vertueuse d'augmentation des investissements productifs, des créations d'emplois et des salaires. La bonne situation financière des entreprises le permettrait. La croissance devrait atteindre 2,2 % en 2005 et 2,4 % en 2006. Elle devrait permettre, à terme, la baisse du chômage et la reprise de la hausse des salaires. Bien entendu des risques existent qui pourraient conduire à une rechute en 2005. Pour l'essentiel, ils sont relatifs à l'environnement international : crise pétrolière majeure, ralentissement marqué de la croissance dans le monde, etc. Les aléas internes paraissent plus limités, même si le gouvernement prend le risque d'un retour trop rapide à l'équilibre des finances publiques ce qui pèserait sur la croissance de 2005 et 2006 (de respectivement – 0,2 % et – 0,4 %).Following the lowest yearly growth of the French economy since the 1993 recession, 2004 witnessed a recovery. With a 2.4% GDP increase owed mainly to household consumption growth in a sluggish context (a low purchasing power and a weak job market) which forced them to resort to dissaving and borrowing. The latter was helped by low interest rates, and these must remain low, together with sustained investment and job creation, for growth to spur in 2005. The healthy corporate financial situation should hence allow 2.2% and 2.4% GDP growth in 2005 and 2006, which would in turn lower unemployment and lead to higher wages. Risks of a setback in 2005 remain: an international slowdown or an oil crisis, more than a domestic fiscal adjustment towards a balanced budget (a strict fiscal stance would lower growth by -0.2% and 0.4% in 2005 and 2006), might impair growth.
- Fiches thématiques et fiches pays - p. 125
Études spéciales
- La politique budgétaire ancrée à la rigueur - p. 179 En 2004, l'orientation de politique économique s'est lentement inversée des deux cotés de l'Atlantique. Aux États-Unis, les apports de la politique budgétaire et monétaire à la croissance se sont amenuisés. Dans la zone euro, la neutralité budgétaire et des conditions monétaires moins restrictives ont moins lesté la croissance du PIB. Le déficit budgétaire de la zone euro s'est encore détérioré par rapport à 2003, tout en demeurant, à 2,9 % du PIB, juste en deçà de la limite de 3 % établie par le Pacte de stabilité et de croissance, mais la France, l'Allemagne, l'Italie et la Grèce, ont présenté un déficit supérieur au plafond de 3 %. L'année 2004 n'aura pas été celle de la coordination budgétaire, mais elle aura marqué un tournant par rapport à la dégradation des soldes publics entamée par la plupart des pays en 2001. Globalement, la politique budgétaire a été plus expansionniste qu'annoncée dans les Programmes de stabilité de décembre 2003, mais elle s'est soldée par une impulsion budgétaire nulle. Quatre pays appartenant à la zone euro (France, Allemagne, Pays-Bas et Grèce) ont encore fait l'objet d'une procédure de déficit excessif en 2004, dont la suspension (pour la France et l'Allemagne) avait ouvert un contentieux entre le Conseil européen et la Commission conduisant à une révision du Pacte de stabilité et de croissance (PSC), résultant en un durcissement de son volet préventif et à un assouplissement de son cadre répressif. Notre prévision intègre donc une interprétation plutôt conservatrice des nouvelles règles, selon laquelle l'Allemagne (3,4 %) et la Grèce (3,6 %) ne parviendraient pas à ramener leur déficit en deçà de la limite de 3 % en 2005 et l'Italie (4,2 %) et le Portugal (3,7 %) franchiraient aussi cette limite dégradant davantage leur solde. Cependant, la plupart des pays imprimeraient une orientation plus restrictive à leur politique budgétaire sur la période 2005-2006 que dans le passé récent. Mais l'intensification des efforts budgétaires en 2006 serait concentrée sur les trois grands pays de la zone euro. Le policy-mix resterait donc encore peu favorable à la croissance, lui refusant l'utilisation autant du levier monétaire que du budgétaire. Aux États-Unis le policy-mix serait plus franchement restrictif que dans la zone euro, avec un durcissement des conditions monétaires couplé d'une restriction budgétaire. Cependant, le déficit américain (3,5 points de PIB) resterait encore supérieur à celui de la zone euro (2,6 points de PIB) en 2006.In 2004 fiscal policy has reversed its course turning to neutrality in the euro area, thus resulting in a deterioration of the government deficit to 2.9% of GDP and in the breaching of the 3% limit of the Stability and Growth Pact (SGP) by France, Germany, Italy and Greece. Founded on a conservative interpretation of the revised SGP, we project a tightening of the fiscal stance in 2005 and 2006, concentrated on the larger euro area countries. An improvement in the euro area aggregate public finances is expected together with deficit exceeding the reference value in Germany, Greece, Italy and Portugal. The fiscal stance will tighten abruptly in the United States, leading to a reduction in public deficit, which, at 3.5% of GDP in 2006, will remain above the euro area ratio at 2.6%.
- Politique monétaire et taux de change : mesure et contre-mesures - p. 199 Il y a un an, l'actualité monétaire portait sur le changement d'orientation des politiques après une longue période d'attentisme. La difficulté était de consolider une reprise fraîchement et laborieusement acquise, tout en signalant que l'ère des liquidités abondantes tirait à sa fin. Au printemps 2005, malgré l'enclenchement d'un nouveau cycle de hausses des taux directeurs, les liquidités abondent toujours, circulent facilement et se placent aussi bien là où le rendement est encore élevé (marchés émergents, matières premières, immobilier, marchés d'actions européens) que sûr (marchés obligataires américains) : il n'y a aucune sorte de concurrence entre les besoins de financement. Les banques centrales asiatiques, par l'accumulation de réserves de change, en sont partiellement responsables. Et la croissance la première bénéficiaire. Mais si elle a jusqu'à présent plutôt bien tiré son épingle du jeu, ce n'est pas sans poser problème aux banques centrales, désormais confrontées, en plus d'une situation patrimoniale des ménages fragile, à une flambée des prix du pétrole, à la non-hausse des taux d'intérêt nominaux longs, et au creusement des déséquilibres de la croissance mondiale. Leur tâche est d'autant plus malaisée qu'à partir de ces déséquilibres (excès d'épargne de l'Europe et de l'Asie et déficit des États-Unis) s'est construit un semblant d'équilibre, caractérisé par une confluence d'intérêts (les croissances asiatiques et américaine s'auto-entretiennent). Or, cet équilibre doit être reconfiguré pour assurer la soutenabilité et la pérennité de la croissance mondiale. À l'horizon 2006, toutes les banques centrales ne sont pas logées à la même enseigne, et c'est la Réserve fédérale qui a la plus lourde responsabilité, même si, côté asiatique, il y a aussi fort à faire. La difficulté pour la Banque centrale américaine sera d'achever le resserrement de sa politique monétaire, sans trop durcir les conditions monétaires et financières (c'est-à-dire sans dégonfler brutalement les bulles ou booms existant sur les différents marchés), mais suffisamment pour réduire le déficit d'épargne des États-Unis. Et donc préserver le dollar. Nos prévisions débouchent sur un taux des Federal Funds à 4 % fin 2005, des taux d'intérêt nominaux à 10 ans à 5 % fin 2006, une parité euro/dollar à 1,34 fin 2005 mais à 1,25 fin 2006. La Banque centrale européenne (BCE) apporterait son concours en maintenant son taux directeur inchangé à 2 %. Les banques centrales asiatiques devront, quant à elles, faire face à la montée des coûts inhérents à une politique de change active, et la Banque populaire de Chine devra parvenir à imposer son rythme aux attentes d'un changement de son régime de change.
The tightening cycle is going on, but bonds markets have unexpectedly gone in the opposite direction and imbalances have further aggravated. This is a cause of concern for Central Banks, which have to slow down growth without derailing it, while oil prices are climbing to new heights. The Federal Reserve will gently but forcefully increase the federal funds rate till 4 %. The ECB will not change its policy to spur euro zone lagging growth. The Bank of England will prefer the wait and see attitude to fine tune the softening of the housing bubble. No move is expected from the Bank of Japan without any end in sight of deflation. The euro will appreciate to $1,34 at the end of 2005 and thereafter depreciate to $1,25 thanks to a slight improvement of the US current account deficit. - Débat sur les perspectives économiques - p. 231
- La politique budgétaire ancrée à la rigueur - p. 179
Dossier : Taux de change et politique monétaire
- Les modèles de taux de change - Antoine Bouveret et Henri Sterdyniak p. 245
- Sensibilité du taux de change aux chocs monétaires et budgétaires - Christophe Blot p. 287 L'objectif de cet article est d'évaluer empiriquement la dynamique du taux de change euro/dollar consécutive aux chocs monétaires et budgétaires. Ce faisant, nous cherchons à identifier les mécanismes de transmission des chocs afin de discriminer entre les différentes approches théoriques qui peuvent être proposées. Nous adoptons une démarche en termes de VAR et analysons la robustesse des fonctions de réponse. En effet, les résultats de ce type de simulations sont généralement sensibles à l'ordre des variables du VAR ainsi qu'à la méthode d'identification des innovations structurelles. Il semble alors qu'une dépréciation de l'euro peut être observée à la suite de chocs expansionnistes de politique monétaire et budgétaire. Ces conclusions sont robustes et ne dépendent pas du cadre retenu. Par contre, il est possible de montrer que le sur-ajustement retardé, habituellement mis en évidence dans la littérature empirique, est sensible au choix des contraintes identifiantes. Certaines configurations permettent en effet de faire ressortir un sur-ajustement immédiat plus conforme à l'intuition théorique. Par ailleurs, même si les mécanismes de transmission des chocs budgétaires sont ambigus, une explication en termes de modèle de choix de portefeuille semble la plus convaincante.
The aim of the paper is to provide an empirical analysis of the euro/dollar exchange rate response to monetary and fiscal shocks. We pay a large attention to the transmission channels and try to discriminate between several approaches using VAR models estimates. It is showed that fiscal and monetary tightening are followed by an appreciation of the euro. These results are robust to a sensitivity analysis. Nevertheless, the delayed overshooting generally put forward depends on the identification scheme. One can indeed find a structural decomposition where the peak exchange rates effect of monetary shocks comes immediately after the shock. Finally, even if transmission of fiscal shocks remains ambiguous, the asset's view seems to be the most reliable explanation. - Politique monétaire et prix d'actifs - Grégory Levieuge p. 317 L'objectif de cet article est de dresser un bilan des travaux qui étudient si les banques centrales doivent réagir aux mouvements des prix d'actifs. D'abord, l'analyse conduit à discuter des nombreuses incertitudes auxquelles les autorités monétaires devraient faire face en cas d'introduction d'une cible de prix d'actifs dans leur règle monétaire. Ensuite, cette étude évalue la façon dont les auteurs intègrent les enseignements des canaux de transmission asymétriques des prix d'actifs à la sphère réelle (accélérateur financier et canal du capital bancaire essentiellement). Lorsque c'est le cas, on observe que le comportement des autorités monétaires devrait être conditionnel au contexte financier, c'est-à-dire à la vulnérabilité ex ante des agents aux chocs financiers. Ainsi, la politique monétaire pourrait agir de façon préventive en cherchant à combattre les déséquilibres financiers lorsque les bilans des agents sont initialement dégradés (et seulement dans ce cas). Il reste néanmoins à prouver, qu'en la matière, la politique monétaire est plus efficace que la politique prudentielle.The objective of this article is to collect the conclusions of the studies concerning the optimal behavior of central banks towards asset prices. At first, the analysis leads to discuss the numerous uncertainties that monetary authorities should face in case of an integration of an asset price target in their monetary policy rule. Then, this study estimates the way the authors of which take into account lessons of the asymmetric transmission channels of asset prices to the real sphere (financial accelerator and bank capital channel essentially). When it is case, it appears that the behavior of monetary authorities should be conditional in the financial context. So, monetary policy could act in a preventive way by trying to resolve financial imbalance when the agents' balance sheets are initially degraded (and only in that case). Nevertheless, it remains to prove that monetary policy is more effective than prudential policy in prevention.
Fiche de lecture
- La croissance du progrès social - Éloi Laurent p. 357