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Revue | Cahiers du monde russe |
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Numéro | volume 59, no 4, octobre-décembre 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Vneklassnyi nadzor za uchashchimisia srednikh uchebnykh zavedenii Peterburga v XIX – nachale XX v. - Tat´Iana Il´Inichna Pashkova p. 415-442 L'article étudie le processus de la mise en place du système de contrôle hors les murs des élèves de lycées et d'autres établissements de l'enseignement secondaire rattachés au ministère de l'Éducation nationale. À l'origine, ce contrôle était principalement de nature éducative et avait pour but de discipliner les élèves et de les protéger des diverses tentations de la vie dans les rues de la capitale. Cependant, sous le régime bureaucratique qui prévalait dans les écoles russes, ces bonnes intentions conduisirent à la mise en place d'un système proche de la surveillance policière. Alors qu'elles contrôlaient et interdisaient un grand nombre des distractions de ces jeunes, les autorités ne proposèrent aucune alternative en termes d'occupation du temps libre. Les jeunes élèves, en retour, inventèrent différentes façons d'échapper à la vigilance des enseignants. Malgré la crise qui l'affecta et qui s'aggrava notamment durant les événements de 1905‑1907, ce système perdura sans aucun changement jusqu'à la révolution de 1917.The paper focuses upon the formation of the system of control outside school premises over the pupils of gymnasiums and other secondary schools subordinated to the Ministry of National Education. Initially this control was mainly educational in nature and aimed at disciplining pupils and protecting them from the various temptations of the capital's street life. However, under the bureaucratic regime that prevailed in the Russian school system, these good intentions led to a semblance of police surveillance. While school authorities controlled and prohibited many of the children's recreations, they did not suggest alternative leisure‑time activities. School pupils, in turn, invented various ways of evading the vigilant supervision of teachers. Though this system was affected by a crisis that deepened during the events of 1905‑1907, it persisted without any changes until the 1917 revolution.
- Les Adjars et la Première Guerre mondiale : Traîtres ou victimes ? - Édith Ybert-Chabrier p. 443-472 Les oblasts de Kars et de Batum sont les seuls territoires de l'Empire russe peuplés majoritairement de musulmans à avoir connu, partiellement et temporairement (de novembre 1914 à avril 1915 pour les derniers libérés), l'occupation des Turcs ottomans pendant la Première Guerre mondiale. Comment les musulmans de ces régions se sont‑ils comportés ? Ont‑ils collaboré avec les armées turques et trahi l'État ou sont‑ils restés loyaux ? Les archives du gouverneur de Batum et du Conseil des ministres de Saint‑Pétersbourg, ainsi que la presse tant des capitales russes que du Caucase, permettent d'appréhender leur comportement et les mesures punitives prises à leur endroit, qui connaissent un début d'application en 1915 puis sont en partie abandonnées. Victimes de déplacements de population spontanés ou forcés, de massacres et de pillages, Arméniens et musulmans locaux sont aussi les acteurs de violences interethniques les opposant. Cependant, les Adjars, défendus entre autres par l'intelligentsia géorgienne, n'apparaissent pas comme seulement traîtres ou victimes. Ils s'affirment aussi sur la scène régionale et revendiquent leur autonomie. Celle‑ci leur est garantie par le traité d'amitié soviéto‑turc (16 mars 1921), qui stipule également la cession de l'oblast de Kars et du district d'Artvin à la Turquie.Kars and Batum oblasts are the only Muslim‑inhabited areas of the Russian Empire that were occupied, partly and temporarily (from November 1914 to April 1915 for the last liberated territories), by Ottoman Turks during the First World War. How did the Muslims from these areas behave? Did they collaborate with Turkish armies and betray the State or did they remain loyal? Material from the Batum Governor and St. Petersburg Council of Ministers archives as well as the Russian capitals' and Caucasian press allow us to consider their behaviour and the punitive measures taken against them starting in 1915 and later reduced. Local Armenians and Muslims were subjected to voluntary or forced population displacements, slaughters and lootings, and were also involved in reciprocal ethnic violence. In the meantime, supported inter alia by the Georgian intelligentsia, Ajars did not appear as only traitors or victims. They stood out on the regional scene and claimed their autonomy. And this was secured by the treaty of friendship between Soviet Russia and Turkey (16 March 1921), which also stipulated that Kars oblast and Artvin district be ceded to Turkey.
- “We Can't Shoot Everyone” : Supreme Soviet Discussions of Death Row Pardons, 1953‑1964 - Jeffrey S. Hardy, Yana Skorobogatov p. 473-498 L'étude menée dans cet article sur les discussions tenues autour des recours en grâce présentés par les condamnés à mort nous permet de mieux appréhender la justice criminelle à l'ère khrouchtchévienne. Les transcriptions des réunions du Présidium du Soviet suprême de l'URSS révèlent les négociations complexes qu'ont menées les dirigeants de second plan, en particulier les présidents du Présidium, Kliment Vorošilov et Leonid Brežnev, en faveur de la clémence, de la sévérité, de la régularité socialiste, de l'indépendance judiciaire et de la moralité communiste. Par leurs discussions sans détour et leurs décisions prises sur des questions de vie ou de mort pour les assassins, les criminels économiques et les violeurs, amendant ou faisant respecter les décisions de justice, les membres du Présidium ont contribué à forger le climat juridique poststalinien qui émergeait alors, dessinant une tendance très nette à l'autonomie judiciaire accompagnée d'arguments moraux prônant la clémence (en particulier sous Vorošilov) ou le châtiment (prédominant sous Brežnev).This paper furthers our understanding of criminal justice in the Khrushchev era by examining discussions of pardon appeals from inmates awaiting execution. Transcripts of these meetings of the Presidium of the Supreme Soviet of the USSR reveal complex negotiations of leniency, harshness, socialist legality, judicial independence, and Communist morality by the Soviet Union's second‑tier leaders, and in particular Presidium chairmen Kliment Voroshilov and Leonid Brezhnev. As they frankly discussed and decided on matters of life and death for murderers, economic criminals, and rapists, Presidium members ultimately helped forge the evolving post‑Stalin legal climate by amending or upholding judicial decisions. Ultimately, a trend toward judicial autonomy is evident, along with morality‑based arguments in favor of leniency (more evident under Voroshilov) or retribution (predominant under Brezhnev).
- The Soviet Afro‑Asian Solidarity Committee and Soviet Perceptions of the Middle East during Late Socialism - Philipp Casula p. 499-520 Comment le petit groupe des représentants soviétiques de la culture percevait‑il le Moyen‑Orient sous le socialisme tardif ? Qu'en pensait‑il et comment l'appréhendait‑il ? Le comité soviétique de solidarité afro‑asiatique a valeur d'étude de cas et l'analyse de ses déclarations, rapports et communications permet de fournir des réponses à ces questions. L'auteur passe au crible les archives du comité de solidarité et discute l'interaction de celui‑ci avec divers mouvements et « fronts » de libération. De la sorte, il souligne les singularités d'un orientalisme soviétique. Pour débuter, il contextualise l'engagement soviétique pour le Tiers monde en mentionnant les multiples « organisations publiques » chargées de propager le socialisme. Le comité de solidarité, lui, bien que dépendant du département international du PCUS, se targuait de jouir d'une certaine autonomie. Ensuite, l'auteur montre comment le comité de solidarité était engagé vis‑à‑vis de ses partenaires étrangers dans quatre activités de façonnage identitaire : il établissait une distinction entre les amis et les ennemis, il « agréait » ses partenaires comme révolutionnaires, et il jugeait constamment et évaluait leur comportement, tant sur le plan institutionnel qu'individuel. Il en émerge un orientalisme particulier, dans lequel le Moi est indubitablement le plus puissant, mais dans lequel l'Autre est toujours considéré comme ayant le potentiel de devenir semblable au Moi soviétique.How did selected Soviet cultural representatives in late socialism see the Middle East? What were their opinions or understanding of it? This paper replies to these questions by analysing the statements, reports and communications of the Soviet Afro‑Asian Solidarity committee (SKSSAA), which is analysed as a case study. It scrutinizes archival material of the SKSSAA and discusses the interaction between the Solidarity Committee and various liberation movements and “fronts”. In doing so, it highlights the peculiarities of a Soviet Orientalism. In the first section, the paper sets the context of the Soviet “Third World” engagement with a description of the myriad of “public organisations” tasked with spreading socialism; while dependent on the CPSU International Department, the SKSSAA claimed to enjoy some autonomy. In the second part of the paper, it is shown that the Solidarity Committee engaged in four identity‑crafting activities vis‑à‑vis its foreign partners: it drew a line between friends and enemies, it “certified” its partners as revolutionary, and it continuously assessed and evaluated their behaviour, both on an institutional and on an individual level. What emerges is a peculiar Orientalism, in which the Self is obviously more powerful, but in which the Other is continuously deemed as having the potential for becoming similar to the Soviet Self.
Documents
In memoriam Richard Pipes
- A Scholar with a Sense of Mission : Academic, Cold Warrior, Public Intellectual - Jonathan Daly p. 553-566
Comptes rendus
- Пути изучения частных сделок XVIII в. в контексте развития « новой социальной истории » имперской России - Evgenii Akelev p. 575-598
- Vladislav Rjeoutski, Quand le français gouvernait la Russie : L'éducation de la noblesse russe, 1750‑1880 - Wladimir Berelowitch p. 598-601
- Christophe Guillaume Koch, Histoire de Russie avec sa partie politique par Mr. Koch, professeur à Strasbourg, suivie de la Constitution de l'empire de Russie - Vladislav Rjéoutski p. 601-604
- Andrej Zorin, Pojavlenie geroja : Iz istorii russkoj èmocional´noj kul´tury konca XVIII – načala XIX veka - Rodolphe Baudin p. 604-611
- Charles Steinwedel, Threads of Empire : Loyalty and Tsarist Authority in Bashkiria, 1552‑1917 - Norihiro Naganawa p. 611-615
- Adrian Brisku, Political Reform in the Ottoman and Russian Empires : A Comparative Approach - Stefan Plaggenborg p. 616-619
- Tracey A. Sowerby, Jan Hennings, Practices of Diplomacy in the Early Modern World c. 1410‑1800 - Marie-Karine Schaub p. 619-622
- Tat´jana Saburova, Ben Eklof, Družba, sem´ja, revoljucija : Nikolaj Čarušin i pokolenie narodnikov 1870‑h godov - Mathilde Matras p. 623-627
- Jutta Scherrer, Daniela Steila, eds, Gor´kii‑Bogdanov et la scuola di Capri : Una corrispondenza inedita (1908‑1911) - Alessandro Stanziani p. 627-630
- Laura Engelstein, Russia in Flames. War, Revolution, Civil War, 1914–1921 | Steve A. Smith, Russia in Revolution. An Empire in Crisis, 1890 to 1928 | David Stevenson, 1917. War, Peace and Revolution - Alexandre Sumpf p. 631-635
- Tamara Kondratieva, Bolcheviks et Jacobins : Itinéraire des analogies - Lorenzo Cuccoli p. 635-637
- Alexandre Etkind, Roads not taken : An Intellectual Biography of William C. Bullitt - Ewa Bérard p. 637-642
- Masha Cerovic, Les enfants de Staline : La guerre des partisans soviétiques (1941‑1944) - Christian Gerlach p. 642-644
- Polina Barskova, Besieged Leningrad : Aesthetic Responses to Urban Disaster - Sarah Gruszka p. 645-648
- Karl Schlögel, Das sowjetische Jahrhundert : Archäologie einer untergangenen Welt - Gábor T. Rittersporn p. 648-651
- Gleb Tsipursky, Socialist Fun : Youth Consumption and State‑Sponsored Popular Culture in the Soviet Union, 1945‑1970 - Gábor T. Rittersporn p. 652-656
- Marta Craveri, Anne Marie Losonczy, Enfants du Goulag - Dorena Caroli p. 656-660
- Maria Belodubrovskaya, Not according to Plan : Filmmaking under Stalin - Irina Tcherneva p. 660-665
- Vicky Davis, Myth making in the Soviet Union and modern Russia : Remembering World War II in Brezhnev's hero city - Andreï Kozovoï p. 665-670
- Susanne Schattenberg, Leonid Breschnew. Staatsmann und Schauspieler im Schatten Stalins : Eine Biographie - Gábor T. Rittersporn p. 670-673
- William Taubman, The Last Comrade : Gorbachev: His Life And Times - Andreï Kozovoï p. 673-677
- Sophie Cœuré, La Grande Lueur à l'Est : Les Français et l'Union soviétique - Jean-François Fayet p. 678-680
- Michelle Klöckner, Kultur‑ und Freundschaftsbeziehungen zwischen der DDR und der Belorussischen Sozialistischen Sowjetrepublik (1958‑1980) - Étienne Peyrat p. 680-683
- Biologie, médecine et santé au miroir de leur internationalisation - Grégory Dufaud p. 684-686
- Dan Healey, Russian Homophobia from Stalin to Sochi - Arthur Clech p. 687-693
- Richard S. Wortman, The Power of Language and Rhetoric in Russian Political History : Charismatic Words from the 18th to the 21th Centuries - Михаил Велижев p. 694-699
- François‑Xavier Nérard, Marie‑Pierre Rey, Atlas historique de la Russie : D'Ivan III à Vladimir Poutine - Julien Thorez p. 700-702
- Eglė Rindzevičiūtė, The Power of Systems : How Policy Sciences Opened up the Cold War World - Laurent Coumel p. 702-706
- Tatyana Yudenkova, Brat´ja Pavel Mihailovič i Sergej Mihailovič Tret´jakovy : Mirovozzrenčeskie aspekty kollekcionirovanija vo vtoroj polovine XIX veka - Olga Medvedkova p. 706-710
- Jean‑Philippe Jaccard et Ioulia Podoroga, éds., Kandinsky, Malevitch, Filonov et la philosophie : Les systèmes de l'abstraction dans l'avant‑garde russe - Cécile Pichon‑Bonin p. 710-712
- Emma Widdis, Socialist Senses : Film, Feeling And The Soviet Subject. 1917‑1940 - Eugénie Zvonkine p. 712-715
- Amy Singleton Adams and Vera Shevzov, eds., Framing Mary : The Mother of God in Modern, Revolutionary, and post‑Soviet Russian Culture - Sonja Luehrmann p. 715-718
- Jérôme Bazin, Pascal Dubourg Glatigny, Piotr Piotrowski, eds., Art beyond Borders : Artistic Exchange in Communist Europe [1945‑1989] - Diana Plachendovskaya p. 718-721
- Serhii Plokhy, ed., The Future of the Past : New Perspectives on Ukrainian History - Thomas Chopard p. 721-723
- Olivier Dard, Emmanuel Mattiato, Christophe Poupault et Frédéric Sallee, dir., Voyager dans les États autoritaires et totalitaires de l'Europe de l'entre‑deux‑guerres : Confrontations aux régimes, perceptions des idéologies et comparaisons - Natalia Pashkeeva p. 724-728
- Roman Krakovsky, L'Europe centrale et orientale : De 1918 à la chute du mur de Berlin - Simon Godard p. 728-731
- Thomas M. Bohn, Aliaksandr Dalhouski, Markus Krzoska, Wisent‑Wildnis und Welterbe : Geschichte des polnisch‑weißrussischen Nationalparks von Białowieża - Jawad Daheur p. 732-735
- Karol Modzelewski, Nous avons fait galoper l'histoire : Confessions d'un cavalier usé - Catherine Gousseff p. 735-738
- Livres reçus - p. 739-740
- Sommaire du volume 59 (2018) - p. 741-744