Contenu du sommaire : Le Moyen Age 2018/1
Revue | Le Moyen Age |
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Numéro | tome 124, no 1, 2018 |
Titre du numéro | Le Moyen Age 2018/1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- L'écriture de soi dans le Manuel de Dhuoda - Jean Meyers p. 9-25 Le Manuel de Dhuoda n'est pas une autobiographie, mais un miroir de prince, un speculum. Cependant, il se distingue de tous les autres miroirs carolingiens par le fait que son auteur est une femme laïque et une mère angoissée qui s'adresse à son fils. Le lien qui se tisse dans l'écriture entre l'auteur et son lecteur est unique et les circonstances de la rédaction le sont aussi, d'où la part inattendue des confidences autobiographiques dans le texte. Il s'agira donc dans cet article de montrer que le Manuel, sans être une autobiographie, relève néanmoins des « écritures du moi ». Si Dhuoda cherche à travers son œuvre à éduquer son fils, elle cherche aussi à y dire le sens de sa vie et à y délivrer un message public et politique, destiné à sauver sa famille des dangers qui la guettent en une période particulièrement troublée.The Liber Manualis by Dhuoda is not an autobiography, but a prince's mirror, a speculum. However, it stands out among all other Carolingian mirrors because its author was a laywoman and anxious mother addressing her son. The bond between author and reader woven into the writing is unique and the background to its drafting equally so; hence the unexpected autobiographical confidences in the text. This paper will therefore show that the Liber Manualis, despite not being an autobiography, nevertheless exhibits self writing. Even though Dhuoda seeks to educate her son through her work, she is also attempting to speak about her life and to deliver a public and political message aimed at saving her family from the dangers threatening it in particularly troubling times.
- L'aventure troiaine dans le Roman d'Eneas - Aimé Petit p. 27-46 Réflexion sur la notion d'aventure dans le Roman d'Eneas, cet article met en particulier en relief la quête d'une terre associée à une feme, placée sous le signe de la volonté divine. On apprécie au passage l'importance du passé troyen, la relation d'une guerre de conquête. Apparaît en outre l'importance de la place occupée par la volonté divine et le problème de la destinée qui s'unit à la quête guerrière du héros fondateur, l'ensemble s'inscrivant dans le contexte de la translatio imperii.This paper reflects on the idea of adventure in the Roman d'Eneas and in particular highlights the quest for a terre (land) linked to a feme (woman), placed under the sign of divine will. The importance of the Trojan past and the account of a war of conquest are appreciated as well. What also comes to light is the significance of divine will and the problem of fate linked with the founding hero's warlike quest, the whole falling within the context of translatio imperii.
- La traduction des actes au Moyen Âge. Quelques pistes de réflexion à partir du dossier du Val-Saint-Lambert (XIIIe–XIVe siècles) - Nathalie Verpeaux p. 47-97 Les moines cisterciens du Val-Saint-Lambert ont fait ou fait faire des traductions en ancien français (français picard) d'un grand nombre de leurs chartes rédigées en latin à la fin du XIIe ou au XIIIe siècle. Ainsi, les 96 chartes en latin transcrites dans un cartulaire réalisé à la fin du XIIIe siècle sont toutes accompagnées d'une traduction de très bonne facture, à la fois très proche du texte latin quant au contenu et à la structure et conforme à la syntaxe et aux formules figées françaises. D'autres traductions d'actes, parfois même des mêmes actes, se trouvent soit dans le chartrier soit dans la copie d'un cartulaire de 1411 où sont transcrits des actes et des traductions provenant du chartrier, contrairement aux traductions présentes dans le cartulaire du XIIIe siècle qui semblent avoir été faites pour ce cartulaire. Certaines des traductions du XIVe siècle sont accompagnées d'un texte expliquant qu'elles ont été nécessaires pour que des laïcs comprennent l'acte, en particulier dans des cas de litige ; en revanche, rien ne permet de comprendre pourquoi, plusieurs décennies plus tôt, les moines ont réalisé des traductions systématiques des actes en latin dans leur cartulaire, un cartulaire monastique.The Cistercian monks of Val-Saint-Lambert Abbey translated or had translated into old French (Picard French) a large number of their charters, drafted in Latin, at the end of the 12thor in the 13th century. Thus, the 96 charters in Latin transcribed into a cartulary compiled at the end of the 13th century are all accompanied by a very good translation, being both very close to the Latin text in terms of content and structure and true to French syntax and set expressions. Other translations of acts, often of the same acts, can be found either in the archives (chartrier) or in a copy of a 1411 cartulary, where acts and translations from the archives are transcribed. This is not the case for the translations in the 13th century cartulary, which seem to have been made for that very cartulary. Some of the 14th century translations are accompanied by a text explaining that they were necessary for laypeople to understand the acts, particularly in case of a dispute. On the other hand, nothing explains why, several decades earlier, the monks had systematically translated the acts in Latin in their own, monastic cartulary.
- La contre-garde inconnue du manuscrit BRUXELLES, KBR, 11052. Un témoignage inédit sur la vie littéraire à la cour des ducs de Bourgogne - Olivier Delsaux p. 99-117 Cet article présente et met en perspective un prologue inédit, précédant une traduction française de trois homélies à la Vierge de saint Anselme traduites pour le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Ce prologue, sorte de faux départ du traducteur, apparaît sur la contre-garde du ms. Bruxelles, KBR, 11052. Cette découverte permet d'attribuer la traduction à Jean Eustache, abbé de Nizelles, de la dater (ca 1400) et d'apporter un éclairage neuf sur le rôle de la duchesse Isabelle de Portugal dans la vie littéraire et culturelle à la cour de Bourgogne en général, et dans le mouvement de traduction des textes en français, en particulier.This paper introduces and puts into perspective an unpublished prologue to a French translation of Saint Anselm's three homilies on the Virgin Mary, completed for Philip the Good, Duke of Burgundy. The prologue, a kind of false start by the translator, appears on the pastedown of the Bruxelles, KBR, ms. 11052. The discovery means that the translation can be attributed to Jean Eustache, Abbot of Nizelles and dated (ca 1400). New light can be shed on the role of Duchess Isabella of Portugal in the cultural and literary life at the court of Burgundy in general, and, in particular, in the movement to translate texts into French.
- Les distiques proverbiaux dans la « Geste de Monglane »… et dans Beuve de Hantone en prose - Maria Colombo Timelli p. 119-144 La « Geste de Monglane » en prose intègre 54 distiques proverbiaux que le copiste du manuscrit unique (Paris, BnF, ms. Arsenal 3351) a mis en relief par une mise en page récurrente : alinéa à chaque vers, deux traits obliques tantôt rouges, tantôt noirs, avec abréviation « nõ [ta] » dans la marge ; cette présentation se retrouve à l'identique dans le manuscrit Paris, BnF, ms. fr. 12554 du Beuve de Hantone en prose. Plus important sans doute : la source des distiques est aussi la même, s'agissant des Proverbes moraux de Christine de Pizan. Cet article examine d'abord la distribution des proverbes dans la « Geste », les modalités d'insertion, les modifications introduites par le « prosateur » anonyme. Dans un second temps, il s'interroge sur les rapports entre la « Geste » et Beuve de Hantone ; la constatation que les deux proses exploitent au total les trois quarts des 101 distiques de Christine (sept seulement sont communs) permet, d'une part, de constater que ce recueil a dû bien circuler en milieu bourguignon dans la seconde moitié du XVIe siècle, d'autre part, de formuler une hypothèse sur le rapport entre les deux textes, voire les deux auteurs.The prose version of the Geste de Monglane includes 54 proverbial distichs, which the copyist of the only manuscript (Paris, BnF, Arsenal 3351) has highlighted with a recurring layout: a new line for each verse, two sometimes red, sometimes black oblique lines, with the abbreviation nõ [ta] in the margin; the identical layout can be found in the Paris, BnF, MS fr. 12554. of the prose Beuve de Hantone. No doubt what is more significant is that the source of the distichs – Christine de Pizan's Moral Proverbs – is also the same. This paper first discusses how the proverbs are distributed and integrated in the Geste as well as the changes introduced by the anonymous prose-writer. The paper then examines the relationship between the Geste and the Bevis of Hampton. The fact that, overall, the two prose texts use three quarters of the 101 distichs of Christine (only seven of these in common) indicates that this collection must have circulated widely in Burgundian circles in the second half of the XVth century and leads to a hypothesis on the relationship between the two texts, as well as the two authors.
- L'écriture de soi dans le Manuel de Dhuoda - Jean Meyers p. 9-25
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 145-249