Contenu du sommaire : Occitanie : l'invention d'une région
Revue | Pôle Sud |
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Numéro | no 50, 2019/1 |
Titre du numéro | Occitanie : l'invention d'une région |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- 25 Ans de Pôle Sud. Parcours et espaces d'une revue de science politique - Paul Alliès, Sylvain Barone, Claire Dedieu, Emmanuel Négrier, Christophe Roux p. 5-14
Thema
- Introduction : L'Occitanie : nouvelle région, questions intemporelles - Vincent Simoulin p. 15-24
- De l'occitanisme à l'Occitanie : la trajectoire d'un régionalisme - Paul Alliès p. 25-47 La réforme de l'organisation territoriale de la République votée par le Parlement en 2015 a modifié la carte et la dénomination des régions françaises. L'Occitanie est l'une des rares d'entre elles à avoir gagné un nom qui avait divisé et fait polémique : il avait été le résumé de revendications culturelles, politiques et sociales orientées contre l'État après le mouvement de Mai 1968. Sa reconversion dans une entité politico-administrative consensuelle amène à s'interroger sur le régionalisme en général et sa fonction historique contemporaine.The reform of the territorial organization of the Republic voted by the Parliament in 2015 modified the map and the denomination of the French regions. Occitanie is one of the few among them to have gained a name that had been the object of division and polemic : it had been the focus of cultural, political, and social claims directed against the State after the movement of May 1968. Its reconversion into a consensual politico-administrative entity invites questions about regionalism in general and its contemporary historical function.
- La culture politique en région. L'Occitanie en question - Arnaud Huc, Emmanuel Négrier p. 49-66 La notion de culture politique a progressivement disparu de la science politique depuis les années 1990. En cause, des critiques fondées, conséquences des multiples excès dans l'usage de ce concept : essentialisme ici, caricature là. Cet article a pour objectif de montrer que la notion de culture politique, épurée de ces écueils, peut toujours être utile en science politique. Néanmoins, plus que dans la sociologie électorale où le concept de culture politique peut expliquer certaines persistances, c'est dans l'analyse des politiques publiques que ce dernier semble le plus pertinent pour analyser les différences d'actions publiques de régions qui ont emprunté des parcours différents dans la gestion de certaines politiques : ici, dans le domaine de la culture.The concept of political culture has progressively disappeared in French political science since the 1990s. This was due in the first instance to problems of essentialism, to which were added the excessive usage of the concept. Our objective is to demonstrate that the concept of political culture, cleansed of these two flaws, can be helpful in political science. The concept is of limited use in the study of voting where it can, in some cases, contribute to explanations of political stability. It is most useful in the analysis of public policies where it can explain the difference in policy programs between the two former regions. We explore this in the domain of culture.
- Resémantisations du toponyme « Occitanie » dans la presse quotidienne régionale - Pierre Aigouy-Campoy, Pascal Marchand, Pierre Ratinaud p. 67-88 Par l'étude textométrique d'un corpus d'articles de la presse quotidienne régionale (PQR), notre article se propose d'interroger la notion de « resémantisation » du territoire (Jolivet, Léna, 2000, p. 9) dans le contexte de la fusion des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées (2014-2016). Il s'agira de mettre en lumière au prisme du discours médiatique local (La Dépêche du Midi, Midi Libre, L'Indépendant, La Montagne, Le Populaire du Centre …) les paliers de construction identitaire autour du nouveau territoire régional. Nous observerons notamment les discours s'inscrivant dans le contexte du processus du choix du nom de la nouvelle région, avec une attention particulière portée aux mobilisations lexicales autour du toponyme « Occitanie ».Through the textometric study of articles from the regional daily press (RDP), our article proposes to question the notion of “re-semantisation” of the territory (Jolivet, Léna, 2000, p. 9) in the context of the merging of the regions of Languedoc-Roussillon and Midi-Pyrénées (2014-2016). Through the lens of local media discourse (La Dépêche du Midi, Midi Libre, L'Indépendant, La Montagne, Le Populaire du Centre …) the article highlights the levels of identity building around the new regional territory. In particular, we observe speeches in the context of the process of choosing the name of the new region, with particular attention to lexical mobilizations around the toponym “Occitanie”.
- Comment aménager une région bipolaire ? - Philippe Estèbe, Marie-Christine Jaillet p. 89-103 L'étude des politiques d'aménagement du territoire en Occitanie permet d'éclairer deux questions contemporaines. Qu'est-ce que l'aménagement du territoire à l'échelle régionale dès lors que les régions bénéficient d'une reconnaissance forte en ce domaine ? Comment conduire des stratégies régionales dans un espace structuré par deux métropoles puissantes ?L'étude historique avant/après la fusion montre l'importance de la production de représentations du territoire qui fondent des stratégies d'aménagement. Elle montre aussi l'importance des chaînes de compromis qui s'établissent, entre les cultures politiques des deux régions, entre les régions et les métropoles, entre la politique d'aménagement et les politiques sectorielles. L'enseignement principal est que la compétence d'aménagement du territoire, en Occitanie du moins, ne peut s'exercer que si elle est, de fait, partagée avec des métropoles qui étendent leur domaine d'influence.The study of territorial planning in the region of Occitanie sheds light on two contemporary questions. What becomes of this policy once regions enjoy significant powers in the field ? How can regions carry out this policy in a field strongly structured by two powerful metropolitan cities (Toulouse and Montpellier) ?Historical study of the fusion of the pre-existing regions Midi-Pyrénées and Languedoc-Roussillon highlight the importance territorial representation at the origin of territorial planning. It shows also the importance of compromises established between the political culture of the two regions, between the regions and the metropolitan cites, and finally between territorial planning and various sectoral policies. Our principal finding is that the regions' power of territorial planning is effective only to the extent that it is shared with the metropolitan cities, who in practice expand their area of influence.
- La construction politique et organisationnelle de la région Occitanie - Anaïs Lafage-Coutens, Clémentine Prenat-Ville, Vincent Simoulin p. 105-120 Cet article propose d'étudier les processus et stratégies liés à la fusion de deux régions françaises (Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées) et à la construction de la nouvelle région (Occitanie / Pyrénées-Méditerranée) qui en est issue. Il se centre sur les élus régionaux et les services administratifs qui ont été confrontés au premier chef aux multiples défis organisationnels et politiques de cette recomposition territoriale. La nouvelle présidente de région a cherché à y répondre de plusieurs manières : par une réorganisation des structures et des pratiques, par le lancement d'un certain nombre de politiques, par la fondation d'une « Assemblée des Territoires » et par une stratégie visant à valoriser les élus de la nouvelle région.This article seeks to study the processes and strategies related to the merger of two French regions (Languedoc-Roussillon and Midi-Pyrénées) and the construction of the new region (Occitanie / Pyrénées-Méditerranée) resulting from it. It focuses on regional elected representatives and administrative services faced with the multiple organizational and political challenges of this territorial recomposition. The new regional president has sought to respond in several ways: through a reorganization of structures and practices, the launch of a number of policies, the founding of a “Territorial Assembly,” and a strategy to enhance the role of the elected officials of the new region.
Arena
- De l'Amérique Latine à Madrid : Podemos et la construction d'un « populisme de gauche » - Laura Chazel p. 121-138 C'est en janvier 2014, dans un contexte de profonde crise économique, sociale et politique, et trois ans après le mouvement des Indignés (le 15-M), qu'une dizaine de professeurs de science politique de l'Université Complutense de Madrid et de militants venant de la gauche anticapitaliste fondent le parti politique Podemos. Ses fondateurs partent avec l'ambition de « prendre d'assaut le ciel » en adoptant une stratégie de rupture avec la gauche critique traditionnelle qu'ils considèrent s'être enfermée dans sa mythologie, ses symboles et ses défaites. Pour remplir leur objectif et prendre le pouvoir, les leaders du parti s'appuient sur ce qu'ils nomment une « hypothèse populiste », largement influencée par l'Amérique latine : théoriquement (principalement par le chercheur argentin Ernesto Laclau) et pratiquement (par les gouvernements latino-américains progressistes des années 1990-2000). Cet article a pour objectif de montrer comment, dans deux contextes si différents, l'Amérique latine et l'Espagne, les idées et les stratégies politiques ont circulé entre les gouvernements latino-américains et le parti Podemos qui s'est appuyé sur de nombreux concepts nés sur le continent latino-américain, comme le bolivarisme, la tradition nationale populaire ou encore la plurinationalité.In January 2014, a dozen professors of political science of the University Complutense of Madrid joined with former anti-capitalist activists to create the political party Podemos. In a context of deep economic, social and political crisis, and three years after the Anti-austerity 15-M movement, the founders of the party had the ambition to create a « left-wing populism » capable of winning elections by differentiating themselves from the traditional radical left, which, they considered, had been imprisoned for years in its symbols and in its defeats. To build their « populist hypothesis », the founders were largely influenced by Latin America : theoretically (mainly by the Argentinean researcher Ernesto Laclau) and concretely (by the left-wing Latin American Governments of the 1990-2000s). The aim of this article is to show how, in two very different contexts, Spain and Latin America, political ideas and strategies circulated between the left-wing Governments and Podemos, which showed interest in the concepts of bolivarism, the national-populist tradition, and plurinationality.
- De l'Amérique Latine à Madrid : Podemos et la construction d'un « populisme de gauche » - Laura Chazel p. 121-138
Chroniques électorales
- Le référendum d'autodétermination du 4 Novembre 2018 en Nouvelle-Calédonie. Une vie politique figée ? - Arnaud Huc, Camille Martin p. 139-162 Le 5 novembre 2018 se tenait en Nouvelle-Calédonie le premier référendum d'autodétermination prévu par l'accord de Nouméa. Il a vu le « non » l'emporter à 56,67 % des suffrages exprimés et la majorité des Néo-Calédoniens se sont donc prononcés pour le maintien dans la France. Cet article se propose d'analyser ce référendum et d'expliquer la division communautaire et sociale qui structure la vie politique calédonienne. Au travers d'une analyse statistique communale et infracommunale, il s'agit ici de nuancer l'idée communément admise d'une opposition entre seuls « Européens » et « Kanak » en intégrant les autres communautés dans l'étude de ce vote. Il s'agit également d'esquisser des hypothèses explicatives quant à la mobilisation variable de la communauté Kanak selon les territoires.The fifth of November 2018 New Caledonia held its first referendum on independence. The “No” won this vote with a score of 56,67 % and the majority of the new-Caledonians has thus decided staying with France. This article seeks to analyze this referendum and explain the communitarian and social division which is the backbone of the new Caledonian political life. Using statistical analysis on the commune level and the polling station level we seek to temper the cliché of a straightforward opposition between two communities: the “whites Europeans” and the “Kanak”, integrating in the analysis the study of the other communities. We also seek to find leads to explain the unsteady mobilization of the Kanak community over the territory.
- Entre alternance et droitisation : les élections autonomiques du 2 décembre 2018 en Andalousie - Jean-Baptiste Harguindeguy, Bosco Govantes, Alejandro Peinado García, Cristina Fernández Rivera p. 163-176
- Le référendum d'autodétermination du 4 Novembre 2018 en Nouvelle-Calédonie. Une vie politique figée ? - Arnaud Huc, Camille Martin p. 139-162
Lectures
- Lectures - p. 177-186