Contenu du sommaire : After Legal Consciousness Studies : dialogues transatlantiques et transdisciplinaires
Revue | Droit et société |
---|---|
Numéro | no 100, décembre 2018 |
Titre du numéro | After Legal Consciousness Studies : dialogues transatlantiques et transdisciplinaires |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Pierre Brunet, Laurence Dumoulin p. 539-541
Dossier - After Legal Consciousness Studies : dialogues transatlantiques et transdisciplinaires
- Présentation - p. 543-545
- Les Legal Consciousness Studies comme laboratoire d'un régime renouvelé de connaissance sur le droit. Présentation du dossier - Jacques Commaille, Stéphanie Lacour p. 547-558
- Legal Consciousness Studies as a Laboratory of a Renewed System of Knowledge About Law. Presentation of the Special Report - Jacques Commaille, Stéphanie Lacour, Benn E. Williams p. 559-569
- After Legal Consciousness - Susan S. Silbey p. 571-626 La conscience du droit, en tant que concept théorique et sujet de recherche empirique, a été développée pour traiter des questions d'hégémonie juridique, en particulier la manière dont le droit maintient son pouvoir institutionnel malgré un fossé persistant entre le droit des livres et le droit en actes. Pourquoi les gens acceptent-ils un système juridique qui, malgré ses promesses d'égalité de traitement, reproduit systématiquement les inégalités ? Des études récentes ont à la fois élargi et réduit la portée du concept, tout en sacrifiant une grande partie de son potentiel critique et de son utilité théorique. Plutôt que d'expliquer comment les différentes expériences du droit sont synthétisées dans un ensemble de schémas et d'habitudes en circulation, la littérature observe ce que certains individus pensent et font. Parce que les relations entre la conscience et la dynamique des phénomènes idéologiques et hégémoniques restent souvent inexpliquées, la conscience du droit en tant que concept analytique est instrumentalisée dans le cadre de projets de politiques : produire des lois spécifiques plus efficaces pour des groupes ou intérêts particuliers.Legal consciousness as a theoretical concept and topic of empirical research developed to address issues of legal hegemony, particularly how the law sustains its institutional power despite a persistent gap between the law on the books and the law in action. Why do people acquiesce to a legal system that, despite its promises of equal treatment, systematically reproduces inequality? Recent studies have both broadened and narrowed the concept's reach, while sacrificing much of the concept's critical edge and theoretical utility. Rather than explaining how the different experiences of law become synthesized into a set of circulating schemas and habits, the literature tracks what particular individuals think and do. Because the relationships among consciousness and processes of ideology and hegemony often go unexplained, legal consciousness as an analytic concept is domesticated within what appear to be policy projects: making specific laws work better for particular groups or interests.
- Aux origines des Legal Consciousness Studies. Susan Silbey, observatrice et actrice - Anne Wyvekens p. 627-631 Après un bref aperçu de la généalogie des Legal Consciousness Studies, la contribution interroge Susan Silbey sur la place qu'elle-même occupe dans la « socio-histoire » de cette sociologie juridique. Comment se situe-t-elle, personnellement, dans ce qu'elle qualifie d'« alliance de dominés » ? Que dirait-elle, aujourd'hui, du lien qu'elle observait entre l'investissement sur le terrain de la sociologie juridique et les enjeux politiques du moment ?After a brief overview of the genealogy of Legal Consciousness Studies, the contribution investigates Susan Silbey's place in the “socio-history” of socio-legal studies. How does she position herself in what she describes as an “alliance of the dominated”? What would she say today about the link she observed between the investment in the field of socio-legal studies and the political issues of the moment?
- « Legal Consciousness Studies » et « Science and Technology Studies ». Croiser des parallèles ? - Virginie Albe, Stéphanie Lacour p. 633-644 Des recherches entreprises dans le courant des années 1970, en sciences sociales, sur les sciences et techniques d'une part, le droit d'autre part, présentent de nombreux parallèles. Portant tous deux sur des phénomènes tout aussi centraux que pluriels, le rapprochement des recherches menées par les courants des Science and Technology Studies « STS » et des Legal Consciousness Studies « LCS » met en lumière des points communs qui relèvent tout autant de partis pris épistémologiques forts que d'approches méthodologiques originales. Dans cette contribution, nous tentons de mieux cerner des parallèles entre ces courants pour nourrir le questionnement sur un possible avenir des recherches en sciences sociales qui tirerait profit des apports des deux approches pour mieux comprendre les droits, les sciences et les techniques dans leurs interactions mutuelles.Social science research undertaken in the 1970s on science and technology on one hand, and on law on the other, had many parallels. Both focused on phenomena that are as central as plural, the comparison of the Science and Technology Studies “STS” and Legal Consciousness Studies “LCS” pathways highlights some common points that are just as much strong epistemological choices as original methodologies. In this contribution, we attempt to better identify parallels between these two veins of research in order to further explore a possible future where the social sciences would take advantage of the contributions of both approaches to better understand law, science, and technology in their mutual interactions.
- Où chercher le droit ? Juridicité et méthodes d'enquête dans les travaux de Susan Silbey - Daniela Piana, Emilia Schijman, Noé Wagener p. 645-655 Cet article s'intéresse à la conception du droit à l'œuvre dans les travaux de S. Silbey et observe que celle-ci la conduit à refuser de rouvrir la question des « sources sociales » du droit. Or, à partir de quel stade les pratiques observées relèvent plus d'une forme de « droit vivant » agissant au niveau d'un groupe social que de la reproduction du droit de l'État ? Indépendamment même de la question des critères de la « juridicité », peut-on se permettre d'évacuer le problème de savoir quand, précisément, est-ce que l'on bascule d'un côté ou de l'autre ? On peut penser que c'est le dispositif d'enquête lui-même – l'absence d'approche ethnographique – qui empêche S. Silbey de saisir la réciprocité des interrelations entre pratiques sociales et droit formel, et donc de dépasser la seule question de l'expérience quotidienne de ce dernier.This article highlights the shortcomings of S. Silbey's conception of law in enabling her to fully address the compelling question of the “social sources” of law. However, can we evacuate the problem of identifying when, precisely, the practices we observe are not so much the expression of the domination of the State mediated by the rules it forges than a form of “living law” in action at the level of a social group? Independently of the criteria of law, when do we switch to one side or the other? Maybe it is the research methodology itself – the absence of an ethnographic approach – that prevents S. Silbey from describing fully the reciprocity of the interrelationships between social practices and formal law, and thus going beyond the mere question of the daily experience of the latter.
- Les Legal Consciousness Studies selon Susan Silbey : une dissonance entre données empiriques et ressources théoriques ? - Jacques Commaille p. 657-664 À la lecture des observations de Susan Silbey tirées des entretiens réalisés, laissant notamment entrevoir des capacités de résistance de la part des citoyens ordinaires, la question est posée dans le présent article de la pertinence de la formulation d'un constat général qui reste celui d'une « legal hegemony » s'imposant massivement. Un tel positionnement conduit alors Susan Silbey à solliciter des théories européennes valorisant exclusivement cette idée d'hégémonie, de systèmes de domination et de « fausse conscience ». La conséquence est que ne sont pas véritablement prises en compte d'autres théories fondées précisément sur la thèse selon laquelle les acteurs sociaux, y compris les plus dominés, sont susceptibles de s'opposer et, pour cela, de s'approprier le droit comme instrument de résistance.Reading Susan Silbey's observations pulled from completed interviews, notably allowing glimpses into the capacity for resistance on the part of ordinary citizens, this article raises the question of the validity of a general observation that remains one of a legal hegemony that would impose itself massively. Such a position leads Susan Silbey to solicit European theories that exclusively value this idea of hegemony, of systems of domination and of “false consciousness.” The consequence is that other theories founded precisely on the thesis of a capacity of resistance, of appropriation of the law as a mode of resistance by the most dominated, are not really taken into account.
- Importations, diffusions et inflexions des Legal Consciousness Studies dans la recherche française - Vincent-Arnaud Chappe, Jérôme Pélisse, Anna Egea p. 665-684 Cet article propose un bilan critique de l'importation et des usages des Legal Consciousness Studies dans l'espace académique francophone. Ce cadre d'analyse a révolutionné pour une part la sociologie du droit américaine dans les années 1990 et 2000, en mettant l'accent sur les acteurs profanes, leurs représentations ordinaires et usages quotidiens du droit. Vingt ans après la publication de l'ouvrage emblématique de cette perspective – The Common Place of Law: Stories of Everyday Life par P. Ewick et S. Silbey en 1998 –, quel état des lieux concernant le processus d'importation, de diffusion et d'inflexions des Legal Consciousness Studies en France ? Ont-elles contribué à renouveler les recherches en sociologie du droit, et plus généralement en sciences sociales ? L'article s'appuie sur une base de données de citations d'une part, et l'analyse qualitative d'une vingtaine d'articles se référant aux Legal Consciousness Studies, avant de proposer quelques pistes de recherche futures.This article proposes a critical assessment of the importation and uses of legal consciousness studies in French-speaking academia. The analytical framework of legal consciousness studies contributed to a revolution in American sociology of law in the 1990s and 2000s, by focusing on lay actors and their conceptions and daily uses of the law. Twenty years after the publication of this perspective's emblematic book – The Common Place of Law: Stories of Everyday Life, by P. Ewick and S. Silbey (1998) – we look at the importation, diffusion, and inflection of legal consciousness studies in France and ask whether this approach has helped to renew research in the sociology of law, and in the social sciences more generally. In this article, we rely on both a citation database and a qualitative analysis of twenty French language articles referring to legal consciousness studies in order to analyze the process by which the approach has been imported, disseminated, and adapted in France before suggesting avenues for future research.
- Studying Legal Consciousness: Building Institutional Theory from Micro Data - Susan S. Silbey p. 685-731 Les principes d'une démarche de recherche relevant de la tradition « Law and Society » sont de recourir à des méthodes scientifiques rigoureuses appliquées à une démarche empirique susceptible d'être soumise à évaluation par des pairs et à une critique, ceci en vue de comprendre comment le droit agit comme une institution : soit un ensemble de processus réguliers et identifiables, inspirés par des aspirations culturelles et susceptibles d'inscrire la contrainte par la règle dans des schèmes de décision. En référence à un tel cadre, cet article constitue une réponse aux questions et aux critiques de collègues français ayant entrepris une analyse approfondie des travaux de Susan Silbey (celle-ci comme co-auteure pour certains d'entre eux). Cet article débute par une réflexion sur le droit et les pratiques juridiques et propose une généalogie des études relevant du « legal consciousness ». Après un bref retour biographique consacré aux conditions de développement des travaux de Susan Silbey, l'article revient sur les interrelations micro-macro dans les études du « legal conciousness », évoquant les façons de construire une théorie à partir d'une approche empirique des rôles et des expériences du droit dans la vie quotidienne, du point de vue des citoyens plutôt que de celui des professionnels du droit. L'article est complété par un court volet consacré à une comparaison des « socio-legal studies » avec les « science and technology studies ».Law and Society scholarship signals a commitment to use social scientific methods – rigorous, transparent empirical investigation subject to peer review and critique – to understand how law works as an institution: a set of recognizable, patterned processes and cultural aspirations to confine force with rule bound decision-making. This paper responds to questions and critiques by French colleagues reviewing work by Susan Silbey and co-authors. The paper begins with discussion of jurisprudence and then offers a geneology of studies of legal consciousness. Following a short intellectual biography of how Silbey's work developed, the paper explains the micro-macro nexus in studies of legal consciousness, explaining how to build theory from empirical research on the roles and experiences of law in everyday life, among citizens rather than legal professionals There is a short section comparing socio-legal studies to science and technology studies.
- Étudier la « conscience du droit » : construction d'une théorie de l'institution à partir de micro-données - Susan S. Silbey, Cléa Hance, Stéphanie Lacour, Cyril Le Roy, Anne Wyvekens p. 733-788 Les principes d'une démarche de recherche relevant de la tradition « Law and Society » sont de recourir à des méthodes scientifiques rigoureuses appliquées à une démarche empirique susceptible d'être soumise à évaluation par des pairs et à une critique, ceci en vue de comprendre comment le droit agit comme une institution : soit un ensemble de processus réguliers et identifiables, inspirés par des aspirations culturelles et susceptibles d'inscrire la contrainte par la règle dans des schèmes de décision. En référence à un tel cadre, cet article constitue une réponse aux questions et aux critiques de collègues français ayant entrepris une analyse approfondie des travaux de Susan Silbey (celle-ci comme co-auteure pour certains d'entre eux). Cet article débute par une réflexion sur le droit et les pratiques juridiques et propose une généalogie des études relevant du « legal consciousness ». Après un bref retour biographique consacré aux conditions de développement des travaux de Susan Silbey, l'article revient sur les interrelations micro-macro dans les études du « legal conciousness », évoquant les façons de construire une théorie à partir d'une approche empirique des rôles et des expériences du droit dans la vie quotidienne, du point de vue des citoyens plutôt que de celui des professionnels du droit. L'article est complété par un court volet consacré à une comparaison des « socio-legal studies » avec les « science and technology studies ».Law and Society scholarship signals a commitment to use social scientific methods – rigorous, transparent empirical investigation subject to peer review and critique – to understand how law works as an institution: a set of recognizable, patterned processes and cultural aspirations to confine force with rule bound decision-making. This paper responds to questions and critiques by French colleagues reviewing work by Susan Silbey and co-authors. The paper begins with discussion of jurisprudence and then offers a geneology of studies of legal consciousness. Following a short intellectual biography of how Silbey's work developed, the paper explains the micro-macro nexus in studies of legal consciousness, explaining how to build theory from empirical research on the roles and experiences of law in everyday life, among citizens rather than legal professionals There is a short section comparing socio-legal studies to science and technology studies.
Droit et Société en débat
- Présentation - p. 789-791
- « J'essaie d'apporter des réponses sur des questions posées par le droit auxquelles les approches juridiques ne permettent pas de répondre » - Mao Lin p. 793-798
- « Le problème de l'identité du droit rend les juristes perplexes insomniaques » - Iain Stewart p. 799-808