Contenu du sommaire : Définir, domestiquer et communiquer sur les risques industriels

Revue Sciences de la société Mir@bel
Numéro no 100, janvier 2017
Titre du numéro Définir, domestiquer et communiquer sur les risques industriels
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Définir, domestiquer et communiquer sur les risques industriels - Isabelle Garcin-Marrou, Gwenola Le Naour p. 3-11 accès libre
  • Un récit ouvrier sur la violence environnementale - Renaud Bécot, Gwenola Le Naour p. 13-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En ce se focalisant sur la période charnière des années 1970 que certains historiens qualifient de « décennie de terreur environnementale », cet article vise à étudier les mobilisations syndicales autour de deux thématiques centrales : celles de la préservation de l'environnement et du cadre de vie. Les organisations de salariés sont, durant ces années, en situation de quasi monopole à la fois dans la représentation des ouvriers à l'échelle locale, mais aussi dans leur capacité à définir les risques industriels et à dénoncer des situations de « violence environnementale ». Cette situation se termine en 1979 avec la mise en œuvre de nouveaux instruments d'action publique qui donneront une place prépondérante aux exploitants. Ceux-ci seront alors en mesure de redéfinir les causes des pollutions et accidents industriels, ce qui contribuera à invisibiliser durablement les risques chimiques à l'échelle locale.
    Focusing on the turning point of the seventies, described by some historians as a “decade of environmental terror”, this article aims to study labor union mobilization on two major issues : the protection of the environment and of the “cadre de vie” of the popular classes (living environment and district). During these years, labor organizations held almost the monopoly on both representation of the working class on a local scale. In the meantime, they held a monopoly on the definition of industrial hazards and risks because of their ability to shape narratives denouncing situations of “environmental violence”. This situation ended in 1979 with the implementation of new public policy instruments, which gave predominant role to the industrial owners. As a consequence, they were gradually able to redefine the causes of industrial pollution and accidents, which will contribute to a longterm process of invisibility of chemical risks at the local level.
  • Le succès paradoxal d'un dispositif partenarial de concertation sur les risques et pollutions industriels - Cécile Ferrieux p. 31-45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article s'intéresse à un dispositif partenarial, le spppi, destiné à favoriser le dialogue autour de la gestion des pollutions et risques dans les territoires industriels. Mis en place en 1990 dans la région lyonnaise sous l'impulsion du gouvernement, le spiral vise à associer les acteurs locaux, élus, associations, industriels et administration, en vue de résoudre d'éventuels conflits ou de mener des projets collectifs liés à la gestion des pollutions et des risques. En ce début des années 1990, un tel dispositif questionne les modes de régulations existants organisés autour de pratiques opaques et expertes mises en place par l'Etat et les industriels dans le cadre de la réglementation. Pourtant, ce modèle technocratique, s'il est bousculé par l'ouverture du jeu à de nouveaux acteurs, n'est fondamentalement pas remis en cause. D'abord réticents face à ce qu'ils considèrent être un espace de critique, les milieux industriels locaux acceptent en effet la création du dispositif tout en contrôlant fortement son périmètre d'action. En regardant les modes d'action des milieux industriels en tant que groupe d'intérêt, cet article s'attache à expliquer la pérennisation d'un dispositif qui va paradoxalement renforcer la vision industrialiste du risque portée par les exploitants.
    This study deals with a collaborative mechanism, the spppi, which aims to improve the dialog on pollutions and risks in industrial areas. This mechanism was implemented in 1990 in Lyon's area thanks to the national government action. It gathers local participants, local repre-sen-tatives, associations, enterprises and State services, in order to resolve potential conflicts or to build collective projects about risks and pollutions assessment. In the beginning of 1990's, this new mechanism questions the current regulations that are based on technical and undisclosed rules implemented by the State administration and manufacturers. However, this technocratic model, even if questioned by new players in the game, stays remarkably strong. The chemical industry representatives, reluctant in the first place to a project considered as too critical, accept its creation while controlling in the same time its future actions. This study, by considering the action of the enterprises as an interest group, explains the longevity of the mechanism which will reinforce a pro-industry risk approach in the end.
  • La gestion locale des risques industriels : une concertation en trompe l'œil ? - Robin Le Noan p. 47-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La gestion des risques industriels a connu des évolutions majeures avec la loi du 30 juillet 2003. Avec les comités locaux d'information et de concertation (CLIC), cette loi renforce la concertation autour des risques. Cet article questionne la réalité de ces évolutions à partir de l'étude d'un territoire industriel, Pont-de-Claix. Il s'intéresse à une association de riverains souhaitant intégrer ces scènes locales et doit alors composer avec un système institutionnel en place de longue date.
    The law of the 30th of July 2003 introduced major development in the industrial risk management at a local level, as with the creation of local comity for information and “concertation”(CLIC). Based on the case of Pont-de-Claix, this article questions the effects of this law on a territory built around its chemical industry. It studies a new residents association which benefits from the new law but must face the reality of the public policies implementation dominated by an old and strong local system with its own regulation of these questions.
  • La publicisation du risque nucléaire par les usages protestataires du droit - Mikaël Chambru p. 79-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article étudie les mobilisations juridiques antinucléaires, des années soixante-dix aux années deux-mille-dix. Celles-ci ont pour objectif de publiciser le risque nucléaire, et se traduisent par de multiples usages protestataires du droit s'ajustant en situation, en fonction du contexte et des ressources disponibles. Après avoir restitué sur le temps long les mutations de cetteaction des mouvements sociaux, il s'agit d'analyser l'activisme juridique de la mouvance antinucléaire tel qu'il se déploie dans une séquence de mobilisation.
    This paper is studying the judicial antinuclear mobilization from the seventies to nowadays. They usually aims at advertising for the nuclear risk, and result in multiple disputing usages of law adjusting according to the context and available resources. First, I introduce the mutations of these actions in the long run, and then I analyze how the judicial activism of antinuclear social movement is mobilized in a sequence of mobilization.
  • Reterritorialiser les risques industriels - Clara Osadtchy p. 63-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article propose d'étudier la construction des représentations sociales des risques industriels à Fos-sur-Mer. Dans ce territoire très industrialisé et conflictuel, il s'agit de reterritorialiser les risques en cherchant les tenants sociaux et historiques qui en façonnent la part sociale. Enfin, nous montrons que son évolution vers la discussion de l'utilité publique des formes de l'aménagement permet de tracer des pistes de recherche sur l'émergence d'une éco-citoyenneté.
    This article is a study of the construction of the social representations of industrial risks in Fos-sur-Mer. In this highly industrialized and confrontational territory, it is a question of reterritorializing the risks by seeking out the social and historical supporters who have helped to shape its society. Finally, we show that its evolution towards discussing the public value of urban planning makes it possible to delineate research leads on the emergence of an ecocitizenship.
  • Risques et territoires : les représentations médiatiques en question - Isabelle Garcin-Marrou, Eva-Marie Goepfert p. 93-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Partant du postulat que les territoires et les risques sont des construits sociaux, cet article analyse la production symbolique d'un territoire à risques : « le couloir de la chimie » du sud de Lyon. L'analyse des discours et cartes médiatiques publiés de 1970 à 2010 montre que entre catastrophes et menaces de l'événement catastrophique, relatif effacement de la culpabilité desindustriels et défense du territoire des lecteurs, les médias représentent le couloir de la chimie comme un territoire construit comme renvoyant à la peur de la catastrophe, occultant ainsi la définition technique du territoire à risque produite par les pouvoirs publics et les industriels.
    Postulating that territories and risks are social constructs, this paper analyses the symbolic production of a territory at risks : the “corridor of the chemistry”, in the south of Lyon. The analysis of media maps and discourses, published from 1970 until 2010 shows that between disasters and threats of the catastrophic event, relative disappearance of the industrialists guilt and defence of the local public territory, the media represent the corridor of the chemistry as a territory constructed which sends back to the fear of disaster, hiding the technical definition of the territory at risk produced by public authorities and industrialists.
  • La représentation médiatique d'anciennes industries textiles : l'injonction du territoire - Mathias Valex p. 113-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Il est question ici de déterminer les liens entre un territoire – conçu à la fois dans sa matérialité spatiale et dans sa dimension « symbolique », où circulent des discours et se construisent des représentations – et la trajectoire post-fermeture différenciée de deux ex-usines de soierie artificielle de la région lyonnaise – l'usine Tase de Vaulx-en-Velin et l'usine Rhodiaceta de Lyon-Vaise – tant sur le plan du bâti que sur celui des représentations médiatiques. L'article analyse comment le discours du titre de PQR Le Progrès sur les friches industrielles se structure à partir d'un contexte territorial et institutionnel et contribue à nourrir l'identité locale.
    The media representations of former textile mills at a regional level: the territory injunction The aim of this contribution is to identify the links between a territory – understood both in its physical and symbolic dimensions, where discourses circulate and build representations – and the different post-closure trajectories of two former artificial silk factories in the Lyon-region – Tase factory in Vaulx-en-Velin and Rhodiaceta factory in Lyon-Vaise – : different destinies of the building industry and different evolution of the media representations from those two former factories. This pape analyses how the discourse of the daily regional press publication Le Progrès about former industrial sites is taking shape from a territorial and institutional con - text to build local identity.
  • Note de recherche

  • Arguments

  • Les Utopies sociales ou la tentation des possibles - Myriam Monla accès libre