Contenu du sommaire : La grammaire sanskrite étendue.

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro Vol. 39, no 2, 2017
Titre du numéro La grammaire sanskrite étendue.
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Michel Arrivé (1936–2017) - Christian Puech p. 3-6
  • La grammaire sanskrite étendue

    • La Grammaire Sanskrite Étendue – État des lieux - Émilie Aussant p. 7-20
    • Extended grammars: from Sanskrit to Middle Indo-Aryan with Reference to verb-description - Nalini Balbir p. 21-44 avec résumé avec résumé en anglais
      Les langues moyen-indiennes appartiennent à la même famille linguistique que le sanskrit, mais leurs grammaires présentent une situation contrastée : les prakrits littéraires sont décrits par des grammairiens qui utilisent le sanskrit, modèle normatif par excellence qu'elles étendent donc ; en revanche, le pali (langue des écritures du bouddhisme Theravāda), est décrit au moyen du pali. Cet article examine les raisons susceptibles d'expliquer cette différence surprenante, alors même que prakrits et pali présentent de nombreux points communs dans leurs évolutions phonétiques ou morphologiques. Le choix d'une langue distincte, le pali, est-il plus qu'une différence superficielle ? Inversement, le choix du sanskrit est-il un obstacle à prendre en compte les réalités des langues décrites ? On tente de répondre à ces questions à partir d'un cas exemplaire : le fonctionnement de la description du verbe et le traitement de la notion de racine. Comment les grammairiens négocientils entre le modèle sanskrit omnipotent et la réalité de conjugaisons qui, tendant à prendre pour forme de base le thème du présent, développent des paradigmes réguliers ?
      Middle Indian languages belong to the same linguistic family as Sanskrit. But their grammarians offer a surprising contrast : literary Prakrits are described by grammarians who use Sanskrit, the most famous prescriptive model, which is thus extended. Pali, on the other hand, the language of Theravāda Buddhist scriptures, is described in grammars that make use of Pali. Possible reasons for this difference are considered here. Is the choice of Pali more than a superficial difference ? Does the choice of Sanskrit prevent from taking into account features of linguistic reality ? An attempt is made to answer these questions through the instance of verb-description and the treatment of the verb-root in grammars of the Middle Indian languages. How do the grammarians negotiate between the powerful Sanskrit model and the reality of verbal paradigms that tend to be based on the present stem and formed on a regular basis ?
    • Appropriations and Innovations in Metalinguistic Terminology in an Influential Telugu Grammar Composed in Sanskrit - Deven M. Patel p. 45-63 avec résumé avec résumé en anglais
      Les diverses traditions de grammaire sanskrite ont fourni des modèles, ou des sources de description métalinguistique, pour nombre de grammaires décrivant les langues littéraires classiques ou locales d'Asie du Sud. Cet article porte sur le contenu du premier chapitre (consacré aux termes métalinguistiques) d'une grammaire médiévale remarquable et influente de l'incontournable langue dravidienne télougoue (ou āndhra-bhāsā), connue sous le nom de Āndhrasabdacintāmani. Cette grammaire fut composée avec la même précision technique et un style similaire à ceux de l'Asṭādhyāyı de Pānini. D'où l'objet du présent article : étudier les processus d'adaptation de la métalangue et des technologies métalinguistiques sanskrites pour décrire le télougou en sanskrit, une langue qui présente à la fois des affinités lexicales profondes et des divergences phonologiques et morphologiques frappantes par rapport au télougou.
      The various traditions of Sanskrit grammar have served as models, or as sources for metalinguistic description, for many other grammars composed to describe South Asian classical or local literary languages. This article investigates the contents of the first chapter (on metalinguistic terms) of a remarkable and influential medieval grammar of the major Dravidian language Telugu, or Āndhrabhās. ā, known as the Āndhras ´ abdacintāman. i. This grammar was composed with the same technical precision and a style similar to that of Pān. ini's As. ṭādhyāyı ¯ . Hence, the purpose of this article : to study the processes of adaptation of metalanguage and of the Sanskrit metalinguistic technologies to describe Telugu in Sanskrit, a language that has both profound lexical affinities and striking phonological and morphological divergences from Telugu.
    • Kāraka Theory in the Vīracōliyam and its Sanskrit Antecedents - Victor B. D'Avella p. 65-88 avec résumé avec résumé en anglais
      J'examinerai, dans la présente étude, les relations entre le Vīracōlīyam, une grammaire du tamoul composée au XIe s. par le bouddhiste Puttamittira, et les traités grammaticaux du sanskrit qui lui ont probablement servi de modèle. En me fondant sur les sections qui traitent des kāraka («facteurs d'action»), j'ai pu établir que deux textes en particulier, le Kātantra et le Prayogamukha, avaient considérablement influencé la présentation que Puttamittiraŋ fait de la langue tamoule. En outre, en comparant le nombre et les noms des sous-types de kāraka qui figurent dans ces textes à ceux que l'on trouve dans la Saddanīti, une grammaire du pali du XII e s., il apparaît de façon évidente que le Prayogamukha a été utilisé, au sein des cercles bouddhistes, comme texte de référence à partir duquel la grammaire sanskrite a pu être étendue à des langues étrangères ; cette thèse est par ailleurs étayée par la présence du Prayogamukha au Tibet durant la première vague de traduction.
      In the present study I will examine the relationship between the Vīracōlīyam, an 11th century grammar of Tamil by the Buddhist Puttamittiraŋ, and the Sanskrit grammatical treatises that served as its likely models. Based on the sections that describe the kārakas “factors of an action”, I have been able to establish that two texts in particular, the Kātantra and the Prayogamukha, heavily influenced Puttamittiraŋ' s presentation of the Tamil language. Furthermore, it has become evident by comparing the number and names of the sub-kārakas in these works with those in the Saddanīti, a Pali grammar of the 12th century, that the Prayogamukha travelled in Buddhist circles as one of the basic texts for extending Sanskrit grammar to foreign languages, a thesis that is further substantiated by the presence of the Prayogamukha in Tibetan during the first wave of translation.
    • On (the) Sandhi between the Tamil and Sanskrit Grammatical Traditions - Giovanni Ciotti p. 89-102 avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article livre quelques observations relatives à certaines théories que les traditions grammaticales sanskrite et tamoule partagent concernant les contextes dans lesquels les sons des mots changent, ainsi que les types de changements que ces sons subissent. L'étude montre que, même si les grammairiens tamouls réarrangent librement le matériel sanskrit et l'adaptent à leurs préoccupations, on peut néanmoins affirmer qu'il y a eu un transfert d'idées de la tradition sanskrite vers la tradition tamoule aussi dans le domaine que nous appelons «phonologie».
      This article provides a few observations on some of the theories that the Sanskrit and the Tamil grammatical traditions share about the contexts in which the sounds of words change and which kinds of changes these sounds can undergo. The study shows that even if Tamil grammarians freely rearranged the Sanskrit material and adapted it to their concerns, it is nonetheless plausible to claim that there was a transfer of ideas from the Sanskrit tradition to the Tamil one also in what we could call the field of phonology.
    • How Tamil was described once again: towards an XML-Encoding of the Grammatici Tamulici - Jean-Luc Chevillard p. 103-127 avec résumé avec résumé en anglais
      Bien que la langue tamoule possède une longue tradition de description «grammaticale » , qui remonte à la première moitié du premier millénaire de notre ère, avec une acception large de «grammatical » , qui inclut la poétique et la métrique, dans un champ où sont présentes la phonétique, la morphologie et la syntaxe, cette langue a été décrite, à nouveaux frais, et dans une nouvelle perspective (qui incluait l'enseignement de la langue courante), à partir du XVI e siècle, par des missionnaires chrétiens, qui apportaient avec eux un modèle latin de description grammaticale, qu'ils tentaient d'adapter, de façon créative, à une réalité linguistique qui était pour eux nouvelle. Pour cette raison, il sera ici fait référence au corpus de leurs productions comme étant celui des Grammatici Tamulici, bien que les premiers d'entre eux aient utilisé le Portugais comme métalangue pour décrire le tamoul. Ne se trouvant pas dans la situation de certains linguistes de terrain, confrontés à une langue qui n'a jamais été écrite, ces missionnaires se rendirent progressivement compte du fait que le syllabaire tamoul était un outil beaucoup plus efficace pour noter les sons et les mots tamouls que l'alphabet latin, même enrichi par les extensions développées pour la notation de langues européennes diverses. Ils découvrirent aussi que leur capacité de convaincre et de convertir dépendait en grande partie de leur adoption des hiérarchies langagières qui gouvernaient (et gouvernent toujours) la diglossie tamoule, comme nous le verrons dans cette exploration préliminaire, qui couvre cinq auteurs, actifs pendant une période qui va jusqu'à 1739.
      Although Tamil has an indigenous tradition of «grammatical » description — in an extended sense of «grammatical » which encompasses poetics and metrics, along with phonetics, morphology and syntax— which goes back to the first half of the first millenium AD, it was described once again from the 16th century onwards from a new angle (which included an interest for ordinary language) by Christian missionaries who brought with them a Latin model of grammatical description, which they tried to apply, by creative extension. I shall therefore refer to the corpus of their productions as the Grammatici Tamulici, although the earliest among them make use of Portuguese as a metalanguage for the description of Tamil. Not being in the situation of some field linguists, who have to start from scratch when confronted with a language which has never been written, those missionaries progressively discovered that the Latin alphabet, although enriched by several extensions developed for the representation of European vernaculars, was a less efficient tool than the local (Tamil) syllabary for noting down Tamil sounds and words. They also discovered that their capacity to be convincing, in front of their converts, depended in a great part on their adopting the language hierarchies which governed (and still govern) the diglossic Tamil society, as we shall see here in this preliminary exploration covering five authors who were active during a period of ca. 200 years, up to the year 1739.
  • Varia

    • Prescription, description and ‘artefactualism' in Renaissance vernacular grammar: the French case - Nick Riemer p. 131-151 avec résumé avec résumé en anglais
      Le présent article propose une nouvelle lecture de l'activité grammaticale française de la Renaissance. Plutôt qu'une interprétation structurée autour du contraste «grammaire descriptive / grammaire prescriptive-normative», est développée ici l'idée selon laquelle les théories humanistes de la grammaire sont déterminées par une idéologie «artéfactualiste», qui souligne le statut des langues en tant que produits conscients de l'activité grammaticale savante. Cette interprétation, qui rapporte les travaux grammaticaux du XVIe siècle aux idées humanistes sur la nature du langage, a l'avantage de rendre les textes grammaticaux français intelligibles d'un point de vue idéologique : ils apparaissent alors comme unifiés, plutôt que comme des hybridations incohérentes des deux tendances contraires, descriptive et normative prescriptive.
      This article argues that the received interpretation of sixteenth-century French grammatical writing in terms of the categories ‘prescriptive' and ‘ descriptive' grammar cannot be maintained. Reconnecting our conception of the nature of Humanist grammatical writing with the ideas about language from which it derived motivates a new interpretation of its essential orientation as ‘artefactualist', an ideology that stressed the status of languages as the conscious product of learned grammatical activity. Seeing artefactualism as the centre of gravity for grammatical activity has the advantage of rendering Renaissance French grammatical texts ideologically intelligible by allowing them to appear unified, and not just hybrids of the two opposed descriptive and prescriptive tendencies.
    • Sur quelques mots et leur parcours dans la lexicographie latine du Moyen Âge et de l'Humanisme - Laura Biondi p. 153-176 avec résumé avec résumé en anglais
      Les ouvrages de la latinité médiévale tels que le Liber glossarum, l'Elementarium doctrinae rudimentum de Papias, les Derivationes de Hugutio de Pise, le Catholicon de Jean de Gênes constituent des témoignages fondamentaux de la réflexion linguistique sur le latin d'un point de vue descriptif et normatif, et de l'héritage culturel de l'Antiquité grécolatine. Ces ouvrages sont les étapes d'un parcours qui, à travers l'emploi et la réélaboration qu'en font des humanistes comme Cristoforo Scarpa, Giovanni Tortelli, Nestore Avogadro, Niccolò Perotti, prélude à la création de la pratique lexicographique moderne. Cet article veut illustrer justement ce parcours à travers l'analyse de quelques mots latins, dont le traitement suggère un classement typologique reflétant les différentes manières dont la lexicographie monolingue médiévale et humaniste a conçu et réalisé le rapport entre grammaire et lexique.
      Mediaeval linguistic thought concerning the Latin language produced reference works such as Liber glossarum, Papias' Elementarium doctrinae rudimentum, the Derivationes of Hugutio and John Balbi's Catholicon. These texts do not only transmit the canonical topics of the former grammatical tradition but also act as a source in preserving the Greek and Latin cultural heritage. They represent important steps in the constitution of a monolingual lexicography that, in varying measures and for certain aspects, thanks to the use and elaboration by humanists such as Cristoforo Scarpa, Giovanni Tortelli, Nestore Dionigi Avogadro and Niccolò Perotti, anticipate modern lexicography with its models and uses. The paper aims at illustrating these aspects by evaluating certain Latin words whose treatment in the entries of the abovementioned works from the Middle Ages to Humanism can suggest a typological classification which can also reflect the different ways in which the relationship between grammar and lexicon has been conceived and brought to fruition.
  • Lectures et critiques

  • Bernard Colombat, Jean-Marie Fournier, Christian Puech, Uma História das ideias linguísticas, traduit du français par Jacqueline Léon et Marli Quadros Leite, Editora Contexto, Sao Paulo, 2017 - p. 193
  • Manuel Pérez, Arte de el idioma mexicano (1713). Edición y estudio introductorio de Otto Zwartjes y José Antonio Flores Farfán. Iberoamericana Vervuert, Madrid, 2017 (Colección : Lingüística misionera, 8) - p. 193
  • Jacques Anis, Jean-Louis Chiss, Christian Puech, L'écriture. Théories et descriptions. Fac-similé de l'édition De Boeck Université, Bruxelles, 1988 - p. 194
  • Informations pour les auteurs - p. 195
  • Information note for authors - p. 197