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Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 78, 2019 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Véronique Lagae, Jonathan Brindle, Guillaume Ciry p. 7-13
- Les communautés francophones dans les provinces majoritairement anglophones du Canada : aperçu et enjeux - Wim Remysen p. 15-45 Cet article s'intéresse aux communautés de langue française du Canada, plus particulièrement aux minorités francophones qui vivent dans les provinces majoritairement anglophones du pays. Il aborde principalement trois thèmes : 1˚ la présence actuelle du français et le poids démolinguistique des francophones au Canada ; 2˚ les origines des communautés francophones à travers le pays ; 3˚ les études consacrées aux variétés de français parlées dans ces différentes communautés. L'article s'interroge aussi sur les liens entretenus entre les minorités de langue française et les Québécois francophones, majoritaires dans leur province.The French-speaking communities in the mainly anglophone provinces of Canada: outline and issues
This article deals with French-speaking communities in Canada, more precisely with Francophone minorities that live in the mainly English-speaking provinces of the country. Three major themes are addressed: 1˚ the presence of French and the demographic weight of Francophones in Canada; 2˚ the origins of the French-speaking communities that can be found throughout the country; 3˚ the literature on the varieties of French that are spoken in these communities. The article also discusses the existing relationship between the French-speaking minorities and Francophones living in Québec, whose language is spoken by a majority of people in the province. - Réseaux et frontières en français canadien : l'éclairage réciproque des variétés - France Martineau p. 47-69 Cet article s'intéresse aux réseaux et frontières entre variétés et à l'éclairage que peut apporter une perspective panlectale, qui va au-delà de la traditionnelle opposition entre milieux où le français est minoritaire et milieux où il est majoritaire. Après une brève présentation de corpus de français nord-américains, dont le corpus FRAN, et des enjeux théoriques autour de leur élaboration, une série de phénomènes morphosyntaxiques (comme / genre / like ; ça fait que / so / donc / alors) sont examinés en vue de montrer comment la comparaison avec la variété québécoise peut éclairer la variété acadienne (désinence de la première personne du pluriel (nous / on / je) ; alternance avoir / être avec les verbes intransitifs), puis la variété ontarienne (comme / genre / like ; ça fait que / alors / donc / so) (section 3). Des notions de porosité des frontières et de réseaux ainsi que de standardisation et de nivellement linguistique sont convoquées pour discuter de la variation entre variétés.Networks and boundaries in Canadian French: the comparison of varieties
This paper proposes to examine the dialectal networks and boundaries of North American French in a panlectal perspective, thus allowing an investigative look beyond the traditional dichotomy of majority / minority environments. After briefly introducing Corpus FRAN and other corpora, and underscoring the importance of their theoretical design, a series of morphosyntactic phenomena are analyzed in order to demonstrate how the study of Québec French can contribute to shedding light upon the Acadian and Ontario varieties (section 3), namely, the first person plural pronoun (nous / on / je) and auxiliary (être / avoir) paradigms for the first, and the distribution of lexemes comme / genre / like and the consequence variable ça fait que / donc / alors / so for the second. Porosity with regards to network and boundaries as well as standardization and linguistic levelling are evoked in the following discussion on dialectal variation. - À la rencontre de l'autre francophone entre détresse et enchantement. L'exemple de l'Acadie - Annette Boudreau p. 71-92 L'article met l'accent sur les malentendus qui peuvent surgir entre francophones de régions et de pays divers socialisés à des codes culturels et linguistiques différents. En s'appuyant sur des enquêtes de terrain réalisées au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse entre 1999 et 2007, l'auteure montre que les rencontres accrues entre francophones provoquées par la mondialisation économique et culturelle agissent tant sur les pratiques linguistiques des Acadiens que sur leurs représentations de ces mêmes pratiques. Plusieurs d'entre eux sont tiraillés entre leur volonté de rester fidèles au français « local » et leur désir d'élargir leur répertoire pour communiquer sur une plus large échelle. L'auteure explique comment les secteurs touristique et artistique sont des sites discursifs intéressants pour rendre compte de ces phénomènes. Si l'usage d'un français standardisé est prisé sur ces différents marchés, le « dire vrai », ou le français régional, l'est tout autant et les deux variétés génèrent des profits symboliques et matériels.Interacting with the “other” Francophone between distress and enchantment. The Acadian example
The article highlights misunderstandings that occur in encounters between francophones from different regions or countries who don't share the same linguistic and cultural codes. Drawing on ethnographic studies conducted in New Brunswick and Nova Scotia between 1999 and 2007, the author shows how globalization has contributed to increased contacts between Francophones and influences Acadian's linguistic practices and representations. Acadians carry conflicting views regarding their practices. On the one hand, they vow a certain loyalty to their local French while on the other hand, they seek to expand their repertoire. The artistic and touristic spheres are interesting discursive sites to better understand the phenomena since on these two markets, both standardized French and local varieties create material and symbolic profits. - Pratiques et identités (socio)linguistiques en Ontario français - Davy Bigot p. 93-116 L'alternance des marqueurs de conséquence so vs (ça) fait que vs donc vs alors a déjà fait l'objet de très nombreuses études en français laurentien. Dans cet article, nous exposons les résultats d'une analyse variationniste, dont les deux objectifs principaux sont d'identifier les identités (socio)linguistiques de locuteurs franco-ontariens et d'en mesurer l'impact sur l'emploi des marqueurs de conséquence. Notre étude est basée sur un corpus réalisé auprès de locuteurs de la communauté francophone de Casselman, en Ontario. Les résultats montrent que : 1) so est rare chez les adultes, mais très fréquent chez les adolescents, 2) si donc et alors sont encore utilisés par les adultes, alors semble avoir presque disparu du français de la plus jeune génération, et 3) l'identité ethnolinguistique semble expliquer en partie l'emploi des quatre connecteurs.Linguistic practices and (socio)linguistic identities in Ontario French
The alternation of the markers of consequence so vs (ça) fait que vs donc vs alors (meaning so) in Laurentian French (French spoken in Quebec, in Ontario and in Western Canada) has recently attracted a lot of attention on the part of sociolinguists. Our paper focuses on the (socio)linguistic identities claimed by Franco-Ontarians speakers and on the external factors which condition the use of the four markers in Ontario French. We explore the relationship between these markers and the language identities of speakers living in Casselman (Ontario), a majority French-speaking community. Our analysis shows that: 1) so is rare among adult speakers but frequent in teenager discourse, 2) while donc and alors are still used by adults, the latter has almost disappeared in the speech of the youngest generation, and 3) ethnolinguistic identity seems to explain the use of the four variants. - Regards sur la francophonie manitobaine : éléments contextuels et descriptifs - Sandrine Hallion p. 117-138 L'objectif de cette contribution est double : donner un aperçu du contexte sociolinguistique dans lequel la francophonie manitobaine évolue actuellement et décrire certains traits saillants des variétés de français parlé au Manitoba par l'exploitation de corpus de langue. La situation de la communauté francophone du Manitoba est généralement qualifiée de « minoritaire ». Nous distinguons les niveaux macro et microlinguistiques pour examiner la question de la minorisation du français et pour contextualiser le fait français dans la province. Les variétés de français du Manitoba sont essentiellement issues du français laurentien. Afin d'illustrer certaines de leurs particularités, nous présentons les caractéristiques de trois corpus de français collectés depuis une vingtaine d'années dans la province, ainsi qu'une sélection de traits linguistiques que ces corpus permettent de décrire.Perspectives on the Francophone community of Manitoba: contextual and descriptive considerations
The present article has a double objective: to provide insight into the sociolinguistic context in which Manitoba's Francophone community is presently evolving and, on the basis of analyses of linguistic corpora, to describe certain salient features of the varieties of French spoken in Manitoba. The Francophone community in Manitoba is generally described as a “minority”. The article points out the relevant macro- and micro- linguistic levels to examine the issue of its minority status and to contextualise the French phenomenon in that province. The varieties of French in Manitoba are essentially derived from Laurentian French. In order to illustrate certain particularities of Manitoban French, the article presents three French corpora collected in the province over the last 20 years as well as a selection of linguistic traits which may be identified in these corpora. - Picardie, Québec et Acadie : variation et légitimation - Julie Auger p. 139-164 Le picard, le québécois et l'acadien partagent un héritage gallo-roman qui les distingue du français de référence. Mais entretiennent-ils le même rapport avec celui-ci? Pour répondre à cette question, nous examinons les pratiques des locuteurs dans des contextes qui favorisent un usage prescriptif et les réactions suscitées par leur utilisation. Cette analyse révèle que le picard se distingue de l'acadien et du québécois. Alors que le picard littéraire marque une coupure nette avec la norme littéraire française, les deux derniers minimisent les écarts et s'alignent sur la norme décrite dans les ouvrages de référence produits en Europe. De même, l'accueil réservé à l'emploi de ces variétés dans des contextes formels est diamétralement opposé : alors que l'emploi du picard est applaudi, celui de l'acadien et du québécois produit soit l'hilarité, soit la colère.Picardy, Quebec and Acadia: variation and legitimation
Picard, Québécois and Acadian share a Gallo-Romance inheritance that distinguishes them from Standard French. But do they also share the same relation with it? In order to answer this question, we examine texts produced in contexts that favor prescriptive forms and the reactions toward the use of stigmatized forms in such contexts. Our analysis reveals that Picard differs from Québécois and Acadian. Whereas literary Picard clearly breaks away from literary French, the latter two minimize the differences and align themselves on the norm described in references produced in Europe. Similarly, the reactions toward usage of these stigmatized varieties in formal settings is opposite: whereas use of Picard is viewed positively, that of Acadian and Québécois gives rise to laughter or anger.