Contenu du sommaire : Il était une fois... la petite enfance dans les quartiers populaires
Revue | Les Cahiers du développement social urbain |
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Numéro | n°70, deuxième semestre 2019 |
Titre du numéro | Il était une fois... la petite enfance dans les quartiers populaires |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Il était une fois… la petite enfance dans les quartiers populaires
- Editorial - Frédérique Bourgeois et Gaëlle Guernalec-Levy p. 1
première partie
Petite enfance, grandes inégalités
- p. 5- La petite enfance, terrain de jeux des inégalités sociales - Gaëlle Guernalec-Levy p. 6 Dès les premières années de vie, selon le milieu dans lequel les enfants naissent (classe ouvrière d'un quartier populaire, classe moyenne du périurbain, catégorie sociale aisée d'un centre-ville bourgeois…), des différences de parcours et de destinées apparaissent. Gaëlle Guernalec-Levy, fondatrice et responsable éditoriale du webmagazine Gynger, cherche à comprendre comment les inégalités sociales ont des conséquences sur le développement du jeune enfant et démontre que la petite enfance dans les quartiers populaires est un enjeu majeur… encore plus qu'ailleurs.
- Face à la diversité des pratiques éducatives parentales, le regard bienveillant de professionnelles de la petite enfance - Delphine Auboeuf, Marion Hanotte, Ghania Moussouni, Christine Prat et Nicole Vacher p. 9 Les pratiques éducatives des parents résidant en quartier populaire sont-elles différentes des pratiques éducatives considérées comme « la norme » par les professionnelles de la petite enfance ? Et si oui, sont-elles de nature à surprendre ces professionnelles, voire percuter leurs propres pratiques ? Pour répondre à ces questions, Labo Cités a réuni lors d'une table ronde cinq professionnelles de la petite enfance qui ont apporté leur regard et leur expérience : Delphine Auboeuf (responsable de l'FAJF La Ruche, centre social Graine de Vie, Pierre-Bénite), Marion Hanotte (référente technique de micro-crèche, association Les Guillemets, Clermont-Ferrand), Ghania Moussouni (médiatrice parentalité, Ville de Vaulx-en-Velin), Christine Prat (directrice EAJE, quartier Montreynaud, Saint-Étienne) et Nicole Vacher (coordinatrice petite enfance, Ville de Saint-Étienne).
- Roannais Agglomération : l'expérimentation au service des familles - Roannais Agglomération p. 12 Si la rénovation des contrats de ville en 2019 devrait amorcer une meilleure prise en compte de la petite enfance par la politique de la vill, quelques intercommunalités, telle Roannais Agglomération (Loire), n'ont pas attendu cette impulsion nationale pour accorder une attention particulière aux 0-6 ans de leurs quartiers prioritaires. Coup de projecteur sur plusieurs actions menées dans les quartiers roannais.
- La politique familiale de la Cnaf et de l'État : quel engagement pour les quartiers politique de la ville ? - Sandrine Roulet p. 14 La convention d'objectifs et de gestion entre l'État et la Cnaf (COG) fixe les grands objectifs en matière de politique familiale pour 2018-2022. Sandrine Roulet, sous-directrice de la Caf du Rhône, directrice de l'action sociale, explique dans cet article comment le développement de l'offre d'accueil de la petite enfance doit contribuer à lutter contre les inégalités sociales et territoriales et quelles sont les actions envisagées pour les quartiers politique de la ville.
- L'impact des incitations budgétaires de la Caf sur la population accueillie en crèche - Fawzi Benarbia p. 15 Quels sont les principaux changements budgétaires à venir pour les crèches accueillant des enfants issus des quartiers populaires ? Fawzi Benarbia résume ce qu'il faut retenir de la dernière contractualisation entre la Cnaf et l'État, en s'attachant à décrypter le bonus « mixité sociale ». Fawzi Benarbia est responsable de la filière petite enfance à la Mutualité du Rhône, association gestionnaire de cinq crèches en quartier populaire.
- Quand les enfants des quartiers populaires manquent de mots - Sophie Kern et Gaëlle Guernalec-Levy p. 16 La faculté langagière est universelle et se développe de façon naturelle. Pour autant, cette acquisition apparaît particulièrement dépendante du statut socio-économique de la famille de l'enfant, et les inégalités en la matière naissent tôt et produisent des effets sur le long terme. Sophie Kern, chargée de recherche au CNRS (laboratoire dynamique du langage, Lyon) et Gaëlle Guernalec-Levy, fondatrice et responsable éditoriale du site Gynger, proposent un état des lieux des connaissances sur le sujet avec un focus sur le bilinguisme.
- Un parcours coordonné pour réduire les inégalités sociales de santé - Marie-Sophie Barthet-Derrien p. 18 De nombreux acteurs d'institutions et de secteurs professionnels différents interviennent dans le champ de la petite enfance. Pour autant, la coordination de leurs interventions repose principalement sur les bonnes volontés locales. Marie-Sophie Barthet-Derrien, directrice adjointe de la PMI de la Métropole de Lyon, co-auteure d'un rapport remis au Premier ministre en mars 2019 contenant des propositions pour la mise en place d'un parcours santé-accueil-éducation pour les 0-6 ans, revient sur l'impact d'une mauvaise coordination des acteurs de la petite enfance sur l'installation des inégalités sociales et de santé et présente les grands axes du rappor.
- Les compétences psychosociales, un levier d'action dès la petite enfance - Isabelle Jacob et Mélanie Villeval p. 20 Dans l'objectif de réduire les inégalités sociales de santé, Isabelle Jacob et Mélanie Villeval, chargées de projet à l'Ireps ARA (Instance régionale d'éducation et de promotion de la santé Auvergne-Rhône- Alpes), plaident pour une attention collective des professionnels de la petite enfance en faveur du renforcement des compétences psychosociales dès le plus jeune âge et précisent les pistes pour l'action.
- La petite enfance, terrain de jeux des inégalités sociales - Gaëlle Guernalec-Levy p. 6
deuxième partie
Dessine-moi un.e professionnel.le de la petite enfance
- p. 21- Quand les services de PMI adaptent leurs pratiques - Julie Bodard p. 22 Afin de lutter contre les inégalités sociales de santé sur le développement des enfants et la santé des familles, l'ANISS (Agence des nouvelles interventions sociales et de santé) a conçu la démarche « Petit pas, Grand pas » à destination des professionnels des services de PMI. Julie Bodard, directrice de l'ANISS, revient sur l'origine, précise les axes de travail et apporte un éclairage sur les effets de cette démarche d'accompagnement des PMI.
- Assistante maternelle en quartier populaire : comment trouver sa place ? - Fawzi Benarbia, Christine Chappuis, Gaëlle Ginot, Nathalie Muel et Sylvie Placide p. 24 Professionnelles de l'accueil individuel travaillant à leur domicile, les assistantes maternelles occupent souvent une place à part au sein du secteur de la petite enfance, principalement en raison de l'absence de diplôme spécifique reconnu et des conditions d'exercice du métier. Labo Cités s'est interrogé sur l'existence de spécificités pour les assistantes maternelles résidant en quartier populaire. Entretien croisé entre Fawzi Benarbia (coordinateur petite enfance, Mutualité française Rhône), Christine Chappuis (animatrice du relais d'assistantes maternelles La cabriole, Rillieux-la-Pape), Gaëlle Ginot (chargée de mission, Acepp 69), Nathalie Muel (chargée de projet, Acepp 69) et Sylvie Placide (coordinatrice du service petite enfance, Ville de Rillieux-la-Pape).
- Les professionnels de la petite enfance à l'épreuve de la lutte contre la pauvreté - Pierre Moisset p. 26 De plus en plus, les professionnels de l'accueil de la petite enfance sont incités à accueillir des jeunes enfants et familles pauvres afin de faciliter l'insertion professionnelle des parents et d'enrayer la reproduction des inégalités. Mais cette mission peut mettre les professionnels dans une position délicate. À partir d'une étude en cours sur « l'accueil des publics fragiles en EAJE », le sociologue Pierre Moisset met en lumière les difficultés rencontrées par les équipes confrontées à ces familles vulnérables, et s'interroge sur les attitudes et compétences professionnelles que cet engagement sollicite chez eux.
- La loi pour une école de la confiance : quelles conséquences pour les élèves de maternelle dans les quartiers prioritaires ? - René-Pierre Rabaux p. 29 La loi pour une école de la confiance a été promulguée le 28 juillet 2019. Sans abroger la loi pour la refondation de l'École de la République du 8 juillet 2013, cette nouvelle loi porte notamment sur l'abaissement de l'instruction obligatoire à trois ans, l'obligation de formation jusqu'à 18 ans, la création d'un service public de l'école inclusive ou encore une réforme de la formation initiale des enseignants. René-Pierre Rabaux, inspecteur de l'Éducation nationale à l'Académie de Lyon, analyse ce nouveau texte au prisme de l'école maternelle dans les quartiers populaires.
- École maternelle et familles : l'enjeu de la coéducation - Catherine Hurtig-Delattre p. 30 Dans les réseaux d'éducation prioritaire (REP), la relation avec les familles est un levier majeur, comme le précise la priorité n°3 du référentiel de l'éducation prioritaire : « Mettre en place une école qui coopère utilement avec les parents et les partenaires pour la réussite scolaire ». Cette coopération utile, désormais inscrite dans la loi, relève d'un processus complexe : la coéducation. Que recouvre ce terme ? Quels postures et dispositifs sont déployés par les professionnels ? Témoignage et analyse de Catherine Hurtig-Delattre, ex-directrice d'école maternelle dans un quartier populaire, actuellement chargée d'études au centre Alain Savary, Institut français de l'éducation.
- À Valence, mobilisation partenariale pour une primo-scolarisation réussie - Adélaïde Milza p. 32 Scolariser des enfants dans le cadre de toutes petites sections (TPS) de maternelle peut être l'un des facteurs de réduction des inégalités, notamment scolaires. La primo-scolarisation ne peut se faire sans aller à la rencontre des familles les plus éloignées des institutions dans un souci de coopération et de complémentarité éducative. Adélaïde Milza, responsable du service PRE de la ville de Valence (Drôme), participe à la mise en œuvre des TPS dans les quartiers prioritaires (dans le cadre du lien REP/PRE). Elle nous présente ce dispositif et la mobilisation collective nécessaire à sa réussite.
- Quand les services de PMI adaptent leurs pratiques - Julie Bodard p. 22
troisième partie
Agir avec les parents des quartiers populaires
- p. 33- Dans les quartiers populaires, des parents comme les autres… aux besoins accrus - Gaëlle Guernalec-Levy p. 34 Les parents des quartiers populaires ne rencontrent pas forcément de difficulté éducative, et des parents financièrement aisés peuvent a contrario y faire face. Mais il existe un risque majoré pour les familles les plus fragiles socialement et économiquement de ne pas pouvoir offrir un environnement suffisamment sécurisant et stimulant à leurs jeunes enfants. Faut-il dès lors soutenir plus spécifiquement ces parents et si oui, selon quelles modalités ? En France, où l'accompagnement à la parentalité s'inscrit dans une politique résolument généraliste et universaliste, le sujet est sensible, comme l'explique Gaëlle Guernalec Levy, fondatrice et responsable éditoriale du webmagazine Gynger.
- Au cœur des quartiers, des lieux pour conforter les parents des 0-4 ans dans leur rôle - Brigitte Jouan et Florence Thomas p. 36 Insuffisamment (re)connus des acteurs de la politique de la ville, les LAEP sont des lieux de coéducation où les adultes s'associent pour accompagner les enfants en bas âge dans leur développement. Brigitte Jouan, bénévole au centre social et culturel Gérard Philipe de Bron, et Florence Thomas, responsable générale de l'Association des collectifs enfants parents (ACEPP) du Rhône, présentent les spécificités des LAEP, leurs effets en matière d'aide à la parentalité, et plaident pour une plus grande ouverture.
- Éducatif local, les parents reprennent du service - Céline Juliot p. 38 Dans les quartiers de la politique de la ville de Chambéry, une médiatrice a été missionnée pour redonner une place aux parents dans le cercle de l'éducatif local. Son action principale : les « cafés-parents » afin de les outiller dans leur rôle de premiers éducateurs et resserrer les liens qu'ils entretiennent avec les différents acteurs éducatifs locaux. Céline Juliot, cheffe de projet réussite éducative du dispositif de réussite éducative porté par le collège Côte Rousse, présente l'action.
- À Moulins, une solution d'accueil sur mesure pour accéder à l'emploi - Isabelle Feydel p. 39 La garde d'enfant est un frein à la recherche et à la reprise d'emploi. Ce constat est largement partagé par les demandeurs d'emploi, notamment dans les quartiers prioritaires. Isabelle Feydel, directrice adjointe au Pôle emploi Allier, présente une initiative partenariale menée à Moulins qui vise à trouver collectivement une réponse à cette problématique.
- Dans les quartiers populaires, monoparentalité rime avec précarité - Gérard Neyrand p. 40 Ancien critère de la géographie prioritaire, la part des familles monoparentales demeure un élément éclairant lorsqu'il s'agit de caractériser les quartiers en politique de la ville. Gérard Neyrand, sociologue et professeur émérite à l'université de Toulouse, décrypte la réalité de la monoparentalité vécue dans les quartiers, que ce soit du point de vue des parents ou de celui des enfants, avant d'alerter sur l'importance et la nature des soutiens à apporter à ces familles.
- Arc-en-ciel, une crèche lieu de vie - Association Arc-en-ciel p. 44 Créée en 1987 à Vénissieux (Métropole de Lyon), Arc-en-Ciel est une association de parents qui gèrent une crèche parentale accueillant des jeunes enfants et leurs familles aux profils diversifiés : parents qui travaillent, en recherche d'emploi, en formation, en congé parental, familles recomposées, monoparentales… La prise en compte de cette diversité fonde la base de l'accueil, des projets et de la pédagogie de la crèche, comme l'expliquent ensemble les parents et les professionnelles.
- Sur le chemin de la parentalité, une maison pour se ressourcer - Noémie Thiesson p. 46 La fondation Apprentis d'Auteuil a imaginé en 2009 les Maisons des familles comme lieux ressources sur la parentalité, plaçant pouvoir d'agir et échanges entre parents au cœur de leur action. En Auvergne-Rhône-Alpes, trois Maisons ont ouvert dont celle de Vaulx-en-Velin (Métropole de Lyon) qui bénéficie d'un financement dans le cadre de la politique de la ville. Noémie Thiesson, directrice de l'association, présente ce lieu singulier qui accorde une attention toute particulière aux familles en situation de vulnérabilité.
- Dans les quartiers populaires, des parents comme les autres… aux besoins accrus - Gaëlle Guernalec-Levy p. 34
Bibliographie
- Muriel Salort p. 47