Contenu du sommaire : Villes intelligentes et administrations municipales
Revue | Réseaux (communication - technologie - société) |
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Numéro | no 218, octobre-décembre 2019 |
Titre du numéro | Villes intelligentes et administrations municipales |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La ville intelligente sans les villes ? : Interopérabilité, ouvertures et maîtrise des données publiques au sein des administrations municipales - Stève Bernardin, Gilles Jeannot p. 9-37 L'article présente en premier lieu une double recension bibliographique sur le thème des villes intelligentes et sur celui de l'informatisation des administrations. La présentation des articles du numéro porte l'attention sur les coordinations organisationnelles et professionnelles internes aux administrations municipales et sur les interactions nouvelles avec les citoyens et les entreprises avant de conclure sur l'enjeu d'une maîtrise par les administrations publiques des nouvelles données associées à la « smart city ».The article first provides a literature review on two themes: smart cities and information technologies for local government. It focuses then, as an introduction to the articles in this issue, on organizational and professional coordination within public administration. The authors finally question the hypothesis of new interactions between officials, connected citizens and information technology companies. They conclude with a discussion of the very possibility of control by locals governments of the data associated with the “smart city”.
Dossier : Villes intelligentes et administrations municipales
- Smart city at work : Intermédiation sociotechnique et « souveraineté de la donnée » dans une administration locale - David Guéranger, Alexandre Mathieu-Fritz p. 41-75 Dans un contexte local de développement de la ville intelligente marqué par la méfiance à l'égard des grands opérateurs privés et par un portage politique et organisationnel faible, quelques acteurs intermédiaires d'une administration métropolitaine appartenant à des entités diverses élaborent de manière informelle – et en quelque sorte, « par le bas » – une politique la donnée. Celle-ci consiste, à l'échelle locale, à mutualiser des ressources, à normaliser des données et produire des données « de référence », à faciliter l'interconnexion des services et « urbaniser » des systèmes d'information, à favoriser la transmission et l'exploitation des données, ainsi qu'à déployer une « infrastructure-réseau » garantissant l'indépendance à l'égard des grandes entreprises. A la faveur de ces activités multiples, certains de ces agents administratifs se retrouvent en situation d'intermédiation sociotechnique, fruit d'un travail de traduction qui en fait des intermédiaires incontournables dans la production et la transmission des données, alors même qu'ils ne bénéficient d'aucune reconnaissance formelle ni d'aucun soutien hiérarchique.The development of smart cities is characterized locally by mistrust in large private operators and weak political and organizational support. In this context, a few intermediary actors from a metropolitan administration located in various entities are developing an informal and bottom-up data policy. This involves pooling resources, standardizing data and thus producing “reference” data, facilitating the interconnection of services, “urbanizing” information systems, facilitating the transmission and use of data, and deploying a “network infrastructure” to ensure independence from large companies, at local level. As a result of these multiple activities, some of these administrative agents find themselves, through a process of translation, in the position of socio-technical intermediaries in the production and transmission of data, even though they do not enjoy any formal recognition or leadership support.
- Ce que l'open data fait à l'administration municipale : La fabrique de la politique métropolitaine de la donnée - Antoine Courmont p. 77-103 Le développement des démarches d'open data et de smart cities au sein de nombreuses métropoles met en lumière l'application des principes du libéralisme informationnel à l'échelle urbaine. À partir d'une enquête ethnographique au sein de la métropole de Lyon, cet article propose d'interroger ce que la mise en circulation des données fait à l'administration. Trois hypothèses sont poursuivies :Les politiques d'open data catégorisent les données indépendamment des attachements qui les constituent.Cette catégorisation de la donnée comme entité libre et autonome permet de les rendre gouvernables et d'envisager une administration de la donnée qui dépasse l'organisation administrative et sectorielle de l'action publique.Toutefois, les attachements constitutifs des données viennent contrarier la mise en œuvre de cette administration transversale.Plutôt qu'une politique métropolitaine de la donnée, il faut envisager des politiques plurielles de données.The development of open data and smart city initiatives in many metropolitan areas highlights the application of the principles of informational liberalism on an urban scale. Based on an ethnographic study in the Lyon metropolis, this article investigates what the circulation of data does to local governance. The author puts forward three hypotheses : Open data policies categorize data independently of the attachments that constitute them. This categorization of data as a free and autonomous entity makes it governable and makes it possible to envisage its governance beyond the administrative and sectoral organization of public policy. However, the constituent attachments of the data impede the implementation of this cross-sectoral governance. Rather than a metropolitan data policy, plural data policies should be envisaged.
- La ville intelligente, de l'administration à la gouvernance : La difficile intégration des données des usagers par une métropole - Gilles Jeannot, Victor Maghin p. 105-142 L'article analyse la manière dont les cadres de l'administration d'une métropole prennent en charge l'ambition d'intégration des données des usagers (administration, réclamations, information sur la mobilité) et les difficultés spécifiques qu'ils rencontrent : complexité de l'intercommunalité, démocratie de proximité, règles CNIL. Cette analyse focalisée sur le fonctionnement global des administrations municipales permet de remettre en perspective les évolutions de la gouvernance associées aux nouveaux dispositifs de la ville intelligente : le poids maintenu des anciens acteurs privés face aux nouveaux entrants, l'impact limité sur l'organisation municipale de la co-production par les citoyens et le décalage de rythme entre la lenteur des évolutions internes et la rapidité de l'évolution du paysage économique. Cela conduit à un bilan plutôt pessimiste concernant cette ambition.This article examines the way in which the senior officials of a metropolitan administration deal with the integration of user data (administration, complaints, information on mobility) and the specific difficulties they encounter: the complexity of inter-communality, local democracy, and CNIL (French national commission on information technology and freedom) rules. This analysis, which focuses on the overall functioning of municipal administrations, puts into perspective the evolution of governance associated with the new frameworks of the smart city: the persistent weight of incumbent private actors in the face of new entrants; the limited impact on municipal organization of co-production by citizens; and the discrepancy between the slow pace of internal developments and the speed of change on the economic landscape. This leads to a rather pessimistic assessment regarding this goal of user data integration.
- L'innovation contributive renforce-t-elle le pouvoir citoyen dans la ville numérique ? : Le cas du Grenoble CivicLab - Valérie Peugeot, Clément Mabi, Benjamin Chevallier p. 143-169 Cet article est le résultat d'une enquête sur la première édition du Grenoble Civic Lab (GCL), un concours d'innovation ouverte appelant les habitants à « proposer les outils numériques qui vont accompagner les changements de comportements et façonner la ville de demain ». En invitant les candidats à répondre aux enjeux du territoire de la métropole grenobloise à l'aide de services numériques le concours s'inscrit d'emblée dans l'horizon de la ville dite « intelligente ». Ce type de dispositif constitue un laboratoire pour étudier les nouvelles formes de mise à contribution des habitants par les collectivités territoriales dans la fabrique de la ville, en comprendre les ressorts et les effets sur l'action publique.This article stems from a study on the first edition of the Grenoble Civic
Lab (GCL), an open innovation competition calling on residents to “propose digital tools that will support behavioural changes and shape the city of tomorrow”. The competition, which invited candidates to respond to the challenges of the Grenoble metropolitan area with digital services, was aligned from the outset with the horizon of the so-called “smart” city. This type of framework constitutes a laboratory to study the new ways in which local authorities involve inhabitants in crafting the city, and to understand their inner workings and their effects on public policy.
- Smart city at work : Intermédiation sociotechnique et « souveraineté de la donnée » dans une administration locale - David Guéranger, Alexandre Mathieu-Fritz p. 41-75
Notes de lecture
- Maria Eriksson, Rasmus Fleischer, Anna Johansson, Pelle Snickars et Patrick Vonderau, Spotify Teardown: Inside the Black Box of Streaming Music, Cambridge (Mass.) et Londres, MIT Press, 2019, ix-276 p. - Loïc Riom p. 173-176
- Julien Boyadjian, Analyser les opinions politiques sur internet. Enjeux théoriques et défis méthodologiques, Paris, Dalloz, 2016, xviii-381 p. - Hugo Touzet p. 177-181
- Élodie Lemaire, L'œil sécuritaire. Mythes et réalités de la vidéosurveillance, Paris, La Découverte, coll. « L'envers des faits », 2019, 208 p. - Victor Maghin p. 182-185