Contenu du sommaire : Economie chinoise : croissance et disparités

Démurger Sylvie, Guillaumont Patrick. Introduction. Transition et disparités en Chine : quelques repères. In: Revue d'économie du développement, 7e année N°1-2, 1999. Economie chinoise : croissance et disparités. pp. 3-6.

L'objet de cet article est d'étudier les disparités régionales de croissance économique et de répartition des revenus à partir de séries temporelles établies au niveau des provinces chinoises. Nous montrons que depuis 1978 les disparités de revenus entre les provinces chinoises ont été plus fortes que les disparités de croissance. L'accroissement des disparités de revenus entre les provinces s'explique principalement par le creusement de l'écart entre les régions Est, Centre et Ouest. Nous montrons également que les disparités de revenus et de croissance entre les provinces sont essentiellement dues à des différences dans la capacité de chaque province à saisir les opportunités offertes par le marché émergent et par le processus de développement, au cours de la période de transition vers l'économie de marché.

Cet article montre que l'on ne peut comprendre la croissance régionale en Chine sur la période 1978-1995 qu'en la replaçant dans le contexte du système socialiste de croissance re-distributive qui prévalait jusqu'en 1978. La politique de redistribution de l'économie planifiée orientait les ressources industrielles vers des régions qui auraient été probablement délaissées par une économie de marché. Dans le même temps, le système de fixation des prix qui l'accompagnait a eu un impact sur le développement inter-provincial. A partir de 1978, l'effritement du système re-distributif a affecté de façon contrastée la croissance des provinces. Celles dans lesquelles l'État subventionnait le développement industriel ont subi un déclin marqué, alors que celles à dominante agricole ont tiré bénéfice des réformes du système des prix. Lorsque l'on isole ces changements, on constate un phénomène d'accroissement des disparités régionales et de divergence, ainsi que l'apparition de pôles régionaux de croissance. C'est seulement aujourd'hui que la croissance de ces pôles commence à avoir des effets d'entraînement sur les provinces limitrophes.

Cet article examine les liens entre les dotations en infrastructures physiques, le niveau d'éducation et la croissance régionale en Chine depuis la mise en œuvre des réformes. A l'aide d'un échantillon en données de panel de 24 provinces observées au cours de la période 1984-1996, il cherche ainsi à évaluer l'importance des contraintes liées au développement des infrastructures et à l'éducation dans l'évolution économique différenciée des provinces chinoises. Dans un premier temps, l'estimation en équations simultanées d'un modèle de croissance et d'investissement montre que la variation observée des performances de croissance des provinces chinoises peut être expliquée non seulement par des différences de structure économique ou d'accès à la politique d'ouverture et de réformes, mais également par des différences de dotations en infrastructures et en éducation. Partant de cette constatation, un exercice de décomposition des écarts de croissance permet ensuite de proposer une classification des provinces qui repose sur l'observation de «comportements» spécifiques et en particulier sur une quantification de l'importance des dotations en infrastructures et en éducation dans les différences de croissance observées.

Ce sont les entreprises rurales qui ont le plus contribué à la croissance économique chinoise au cours des quinze dernières années, mais il est possible qu'il n'en soit plus ainsi à l'avenir. Leur investissement a chuté de 8,5 % du PIB en 1985-1988 à 7,7 % en 1992-1997, tandis qu'au cours de la même période, l'investissement des entreprises d'État restait le même, et l'investissement national total augmentait de 4 points de pourcentage du PIB. Ce résultat reflète une discrimination à rencontre des entreprises non étatiques par les marchés de capitaux dominés par l'État ainsi que l'ambiguïté caractérisant les droits de propriété des entreprises rurales. Les effets positifs (effets de propagation) du boom économique des entreprises rurales côtières vers celles de l'intérieur ont été retardés à cause d'une dérégulation économique incomplète, de politiques économiques régionales inégales, et de facteurs géographiques.

La relation entre le taux de change réel et l'inégalité des revenus entre la ville et la campagne est étudiée pour la Chine entre 1978 et 1996. Contrairement à ce qui est habituellement attendu, le modèle théorique prédit que la dépréciation réelle de la monnaie a contribué à accroître le biais urbain, mais que cet effet a pu être tempéré, voire inversé dans les provinces côtières, à cause du développement de l'industrie rurale. L'analyse économétrique confirme ces résultats.

Cet article analyse les changements dans les inégalités de revenu en Chine, à l'aide de données provenant de deux enquêtes sur le revenu des ménages, effectuées en 1988 et 1995. Cette analyse est menée pour la Chine dans son ensemble, ainsi que pour la Chine rurale et urbaine séparément. L'inégalité des revenus individuels est décomposée à la fois par source de revenu, en employant la méthode de décomposition du coefficient de Gini, et selon les inégalités inter et intra pour différents sous-groupes de la population. Les résultats indiquent que l'augmentation des inégalités en Chine est étonnamment importante, même au regard des standards internationaux. En outre, la croissance des inégalités de revenu en Chine est plutôt générale, et se manifeste à travers différentes dimensions.

Les entreprises apprennent-elles en exportant ? C'est à cette question que nous tentons de répondre, à partir d'un panel composé de 2 105 entreprises chinoises sur la période 1988-1992. Lorsque l'on contrôle l'influence des performances passées et des caractéristiques non observées des firmes, une expérience à l'exportation permet des améliorations significatives dans les performances des entreprises. Il est intéressant de noter que ces effets d'apprentissage sont plus importants dans le cas des exportateurs de longue date. En revanche, les effets d'apprentissage sont non significatifs, voire parfois négatifs pour les nouveaux entrants sur les marchés à l'exportation.