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Revue Annales historiques de la Révolution française Mir@bel
Numéro no 398, octobre-décembre 2019
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Au risque du sacrifice ? Le journaliste entre danger et devoir dans les révolutions de France et de Brabant - Suzanne Levin p. 3-23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Lorsque l'on évoque les dangers courus par les journalistes pendant la Révolution française, ce ne sont pas en général ses débuts qui viennent à l'esprit. Dans le cas de Camille Desmoulins en particulier, le choix de se focaliser plutôt sur l'époque du Vieux Cordelier paraît comme une évidence. Le problème n'attendit pourtant pas l'an II pour être posé, y compris par lui. Cet article examine donc la conception qu'un « écrivain patriote » tel que Camille Desmoulins pouvait avoir des risques de son métier et du devoir du journaliste qui devait y faire face, dès la parution de son premier journal, Les Révolutions de France et de Brabant (1789-1791). Le journaliste révolutionnaire devait-il être prêt à tout risquer pour défendre ses principes ? Fallait-il qu'il aille jusqu'au sacrifice de soi ? La réponse qu'apporta Desmoulins à ces questions éclaire autant sa démarche et sa légitimation que le statut du journaliste sous l'Assemblée constituante.
    When one thinks of the dangers faced by journalists during the French Revolution, it is not usually the opening years that come to mind. With Camille Desmoulins, in particular, the inclination to focus predominately on the period of the Vieux Cordelier seems highly appropriate. Yet the risks inherent in his profession clearly emerged before the Year II, not least for Desmoulins, himself. Indeed, this article examines how a « patriotic writer » like Camille Desmoulins could be exposed to the risks arising from his profession, and how his responsibilities as a journalist led him to confront these risks from the very appearance of his first newspaper, Les Révolutions de France et de Brabant (1789-1791). Should the revolutionary journalist be prepared to risk everything to defend his principles ? Did he have to go to the point of sacrificing himself ? Desmoulins' own answer to these questions sheds light both on his approach and his legitimacy, as well as on the status of the journalist under the Constituent Assembly.
  • La seule loi « qui soit toujours sûre d'être obéie » : Robespierre, les milices et le débat sur l'armée permanente - Noah Shusterman p. 25-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En 1790 et 1791, Robespierre présenta un discours qui désavouait les plans du Comité militaire pour réorganiser la Garde nationale. Opposé à l'exclusion des « citoyens non actifs », il souligna les avantages potentiels d'une garde nationale. Pour cela, il s'appuya sur une critique des armées permanentes empruntée à Rousseau, compatible avec une critique plus ancienne puisée chez les écrivains britanniques et populaire auprès des dirigeants de la Révolution américaine. Parce que l'adhésion à la Garde nationale serait inhérente à la citoyenneté elle-même, le rôle que vouait Robespierre à cette Garde s'accordait aussi à sa vision de la citoyenneté dans le cadre d'un État idéal. Robespierre considérait le port d'armes comme élément clé d'une citoyenneté, établissant ainsi les obligations de chacun envers la patrie. De fait, l'examen de ses conceptions permet d'observer sa continuité politique de 1790 à 1794 et contribue à expliquer son opposition à la guerre. Cela révèle aussi les concordances qui existaient entre les priorités de Robespierre et celles des dirigeants de la tradition républicaine anglophone, dans leurs craintes du césarisme.
    In 1790 and 1791, Robespierre presented a speech criticizing the Military Committee's plans for reorganizing the National Guard. Robespierre objected to the exclusion of « citoyens non-actifs ». He stressed the potential advantages of a national guard, though, using a critique of standing armies borrowed from Rousseau but consistent with an older critique borrowed from British writers and popular among leaders of the American Revolution. As National Guard membership would be coterminous with the citizenry itself, his proposed role for the National Guard was also his vision of citizenship in an ideal polity. Robespierre viewed bearing arms as a key element of citizenship. His vision for citizenship stressed obligations toward the patrie. Examining Robespierre's views shows his political continuity from 1790 to 1794 and helps explain his opposition to the war. It also shows the overlap between Robespierre's priorities and those of the leaders of the Anglophone republican tradition, in their fears of Caesarism.(abstract fourni par l'auteur)
  • Conflits, circulations et construction du politique : le midi de la France au prisme de la crise comtadine (1790-1792) - Nicolas Soulas p. 47-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans un Midi de la France échaudé par les complots contre-révolutionnaires, avérés ou fantasmés, la crise politique qui affecte Avignon et le Comtat trouve une résonnance toute particulière. Loin de se cantonner aux territoires pontificaux, la « guerre civile » comtadine s'exporte dans le royaume de France qu'elle contribue à déstabiliser. Le présent article se propose de faire un pas de côté, en observant la crise comtadine au prisme des territoires français limitrophes. Il s'agira de montrer comment la circulation des idées (propagande des deux « partis ») et des hommes (députés, Gardes nationales, clubistes) favorise à la fois la construction de nouvelles identités politiques et génère des conditions propices à radicaliser une partie des acteurs. Enfin, le recours à la micro-analyse politique permettra de montrer, à travers l'exemple d'Orange, comment la crise comtadine conditionne, en partie, les trajectoires politiques locales.
    In a South of France aflame with counterrevolutionary plots, real or imagined, the political crisis affecting Avignon and the Comtat had a particular resonance. Far from limited to the pontifical territories, the Comtadine « civil war » was exported to the Kingdom of France, which it helped to destabilize. This article offers a different angle of analysis by observing the Comtadine crisis from the perspective of neighboring French territories. The aim will be to show how the circulation of ideas (propaganda from the two « parties ») and men (deputies, national guards, clubbists) promoted both the construction of new political identities, and generated conditions conducive to radicalizing some of the personalities of the time. Finally, the use of political micro-analysis will make it possible to show by the example of Orange how the Comtadine crisis conditioned, in part, local political trajectories.
  • L'élevage du cheval et la loi relative aux haras du 2 germinal an III - Boris Cattan p. 69-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pressée par le manque de chevaux et les besoins militaires et civils, la Convention nationale décide de rétablir les haras le 2 germinal an III (22 mars 1795). Cette décision est un tournant majeur dans l'élevage du cheval pendant la Révolution. Elle tourne le dos à la politique du laissez-faire qui avait suivi la suppression de l'administration des haras en 1790. Le processus législatif qui conduit au vote de la loi est l'occasion de débats et de conflits entre les comités et commissions du gouvernement. Ceux-ci portent sur la place accordée à l'État dans la politique de relance de l'élevage, sur l'espèce et l'usage des chevaux désirés. Un régime original se met en place mêlant dirigisme, avec l'établissement de dépôts d'étalons, et liberté d'élever avec des distributions de juments et d'étalons à des cultivateurs. Il préfigure le décret de Saint-Cloud de 1806 qui organise définitivement l'administration des haras.
    Pressed by the lack of horses, and both military and civilian needs, the National Convention decided to restore the stud farms on 2 Germinal Year III (22 March 1795). This decision was a major turning point in horse breeding during the Revolution. It turned its back on the laissez-faire policy that had followed the abolition of the stud farm administration in 1790. The legislative process leading to the adoption of the law offered an opportunity for debates and conflicts between government committees and commissions. These concern the place given to the State in the policy of relaunching breeding, the species and the use of the desired horses. An original regime was set up, mixing dirigisme, with the establishment of stallion depots, and freedom to breed with mares and stallions distributed to farmers. It prefigures the Saint-Cloud decree of 1806 which definitively organized the administration of the stud farms.
  • « In dubio pro reo » : à propos de la mansuétude supposée des jurés sous la révolution - Emmanuel Ravestein p. 93-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La réforme de la procédure criminelle projetée par Napoléon en l'an XIII s'accompagne d'une consultation des tribunaux et des cours d'appel. Le point de convergence des observations des magistrats est la suppression du jury héritée de la Révolution. L'argument récurrent est le laxisme patenté des jurés, qui, par incompétence ou bonté d'âme, abusent de leur « intime conviction » pour acquitter les prévenus malgré l'évidence de leur culpabilité. Les études récentes ont toutefois nuancé la réalité statistique du phénomène. Pour autant, ce nombre important d'acquittements est-il réellement le fruit d'une mansuétude exagérée ? À l'aide d'une application que nous avons développée (Argo), nous avons pu constater que la commisération des jurés est aussi rare que circonstanciée. Loin d'avoir fait preuve de laxisme, les jurés semblent au contraire avoir appliqué de manière très scrupuleuse l'un des principes directeurs du procès pénal : le doute profite à l'accusé.
    The reform of criminal procedure planned by Napoleon in the year XIII was accompanied by consultation with the courts and courts of appeal. The point of convergence of the judges' observations was the abolition of the jury inherited from the Revolution. The recurring argument was the palpable laxity of the jurors, who, out of incompetence or kindness, abused their « intimate conviction » to acquit defendants despite the proof of their guilt. Recent studies, however, have nuanced the statistical reality of this phenomenon. Was the large number of acquittals actually the consequence of excessive leniency ? Using an application the author developed (Argo), he observed that jury commiseration was as rare as it was justified by circumstance. Far from being lax, the jurors seem to have applied one of the guiding principles of the criminal trial very scrupulously : doubt favors the accused.
  • Regards croisés

  • Échos révolutionnaires

  • Position de thèse

  • Compte rendu