Contenu du sommaire : Global health : et la santé ?

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 156, 2019/4
Titre du numéro Global health : et la santé ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le dossier - Global health : et la santé ?

    • Politiques, acteurs et dynamiques à l'ère de la Global Health - Carine Baxerres, Fred Eboko p. 5-20 accès libre
    • Le soft power de l'État sud-africain en action : le cas de la politique d'accès universel aux traitements antirétroviraux - Charlotte Pelletan p. 21-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente le marché public des antirétroviraux comme le lieu d'exercice du pouvoir d'influence de l'État sud-africain face aux producteurs de médicaments. Plus qu'un simple lieu d'achat des traitements antirétroviraux, le marché public constitue le cheval de Troie de l'État dans les activités des entreprises pharmaceutiques. Grâce à cette interface avec l'industrie pharmaceutique, le ministère de la Santé parvient à gagner du terrain sur le contrôle de la production au nom de la santé publique. L'Afrique du Sud est le pays du monde qui compte le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH ; il est également l'un des seuls pays africains dont l'industrialisation permet une réponse nationale spécifique. Ce texte rend ainsi compte des articulations – loin d'être harmonieuses – entre l'objectif de l'accès universel aux traitements du VIH/sida et les enjeux industriels et économiques du médicament en Afrique du Sud.
      This article describes the public market of antiretrovirals as the core of the South African soft power towards pharmaceutical producers. More than a mere procurement process, the ARV public market is the state's Trojan horse into pharmaceutical companies' perimeter. Thanks to this interface with pharmaceutical industry, the Department of Health manages to gain control over the production on behalf of public health. Whereas South Africa has great industrial capacities to respond to the HIV epidemic, it has the highest number of people living with HIV in the world. This text accounts for the links – far from being peaceful – between universal access to antiretroviral medicines policies and industrial interests in South Africa.
    • Produire des médicaments en Afrique subsaharienne à l'heure de la santé globale. Le cas des antipaludiques au Ghana - Jessica Pourraz p. 41-60 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le paludisme constitue un problème majeur de santé publique au Ghana, qui dépend du soutien des programmes de santé globale pour la distribution des traitements. Ils conditionnent leurs financements à l'achat de médicaments à la qualité certifiée par l'Organisation mondiale de la santé, label dont les firmes ghanéennes ne bénéficient pas faute de moyens, les laissant en marge des marchés. Le Ghana, avec le soutien d'autres partenaires, tente néanmoins de mettre en œuvre une politique de soutien à la production locale de médicaments afin de favoriser l'accès à des produits de qualité. À travers l'analyse des dispositifs de distribution d'antipaludiques, cet article propose d'interroger les effets des politiques de santé globale sur la politique industrielle pharmaceutique au Ghana.
      Malaria is a major public health problem in Ghana that depends on support from Global Health programs for treatment distribution. They make their financing conditional on the purchase of quality assured medicines by the World Health Organization, a certification from which Ghanaian firms do not benefit due to a lack of resources, leaving them on the margins of the markets. Ghana, with the support of other partners, is nevertheless trying to implement a policy of supporting local drug production in order to promote access to quality products. Through the analysis of antimalarial drug distribution systems, this paper proposes to examine the effects of global health policies on pharmaceutical industrial policy in Ghana.
    • La mise à l'agenda du diabète au Mali : décalage et interdépendance entre acteurs locaux, nationaux et internationaux - Jessica Martini, Annick Tijou-Traoré, Céline Mahieu p. 61-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans une perspective de sociologie de l'action publique, cet article interroge le rôle des acteurs locaux, nationaux et internationaux dans le processus de mise à l'agenda du diabète au Mali. À partir de l'histoire de la lutte contre cette maladie, il questionne les facteurs qui participent de sa lente progression dans l'agenda national, en dépit d'une mobilisation précoce des patients et des professionnels de santé. Il souligne ainsi l'impact de la perception dominante de la maladie ; de la capacité des acteurs locaux et nationaux à imposer des conceptions différentes en lien avec les ressources financières, cognitives et humaines à leur disposition ; de la manière dont la mobilisation associative est construite et de sa relation à l'État et au pouvoir médical ; du contexte économique, politique et sécuritaire. Ces facteurs nous ont permis de montrer à la fois le décalage et l'interdépendance entre les agendas locaux, nationaux et internationaux autour du diabète. Cette analyse permet d'éclairer une dynamique plus large, qui est celle de la lente progression de l'ensemble des maladies non transmissibles (MNT) parmi les priorités de la santé mondiale.
      Adopting a sociology approach to public policy, this article examines the role that local, national, and international actors have played in putting diabetes onto the policy agenda of Mali. By retracing the history of the fight against diabetes, it explores the factors shaping the low progress of the issue onto the national agenda, notwithstanding early engagement of patients and health professionals. It stresses the impact of the dominant perceptions surrounding the disease; the capacity that local and national actors have to impose a different perception, linked to the financial, cognitive and human resources at their disposal; the way the association engage and their relations with the State and health professionals; the economic, political and security environment. These factors allowed us to show both the discrepancy and the interdependence between local, national and international agenda about diabetes. This analysis sheds light on a wider dynamic, that of the low progress of non-communicable diseases onto the global health agenda.
    • Au-delà du modèle voyageur ? Usage stratégique et hybridation du financement basé sur la performance (FBP) dans la santé au Burundi - Jean-Benoît Falisse p. 83-100 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le financement basé sur la performance (FBP) a amplement voyagé en Afrique. Une analyse des entretiens avec des acteurs clefs et de la littérature grise montre que sa mise en œuvre au Burundi répond à un usage stratégique, comme outil de réalisation de la politique de gratuité partielle des soins, et renforce une élite technocratique au ministère de la Santé. Saisir cette reterritorialisation politique et stratégique est fondamental pour la compréhension des modèles voyageurs dans la santé globale.
      Performance Based Financing (PBF) has travelled extensively in Africa. The analysis of interviews with key actors and grey literature shows that its implementation in Burundi corresponds to a strategic usage, as a tool for achieving a policy of selective free health-care. It also reinforces a technocratic elite within the Ministry of Health. Grasping such political and strategic reterritorialisation is key to comprehend global health travelling models.
    • Les géants du numérique au chevet de l'Afrique. Le téléphone portable comme nouvel outil de santé globale - Marine Al Dahdah p. 101-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Avec la généralisation du téléphone portable et de l'Internet mobile, la technologie numérique fait l'objet d'un regain d'intérêt sur le continent africain. Un nombre croissant d'acteurs internationaux propose d'utiliser le téléphone portable comme instrument central pour régler des questions de santé publique en Afrique. S'appuyant sur l'analyse du « portefeuille mobile de santé » de la plateforme d'argent mobile la plus célèbre au monde, M-Pesa, cet article interroge les tenants et les enjeux de la mise en œuvre, grâce au téléphone portable, d'une « couverture santé universelle de marché » au Kenya.
      With the widespread use of mobile phones and mobile internet, digital technology is gaining renewed interest on the African continent. A growing number of international actors are proposing to use mobile phones as a central tool for addressing public health issues in Africa. Based on the analysis of the “mobile health wallet” of the world most famous mobile money platform “M-PESA”, this article questions the tenants and tribulations of implementing a market- and digitally-based universal health coverage in Kenya.
  • Recherches

    • « On ne devient pas commerçant entre midi et 13 heures ! ». Les conditions sociales du succès économique après la crise en République centrafricaine - Mathilde Tarif p. 121-141 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En République centrafricaine, dès 2013, les violences envers la communauté musulmane fondées sur le registre de l'autochtonie semblent ouvrir de nouvelles opportunités d'accumulation pour ceux considérés comme « autochtones ». Cependant, au-delà des discours, cet article tente de discerner ce qui ne relève pas du « moment autochtoniste » dans la réussite économique de certains groupes sociaux après la crise. L'appropriation forcée s'avère insuffisante pour permettre une accumulation durable, et dans un contexte de retrait de l'État, seule une minorité de commerçants déjà capitalisée et ayant conservé des liens avec les commerçants musulmans a connu un succès commercial. Cet article nous invite à étudier les trajectoires d'accumulation des groupes sociaux sur le temps long, les ressources inégales dont ils disposent, leurs relations mutuelles et leur rapport historique à l'État, afin de saisir les transformations sociales se jouant lors des crises, qui agissent souvent comme des révélateurs des positions sociales antérieures.
      In the Central African Republic, the violence against the Muslim community that erupted at the end of 2013 based on discourses of autochthony seemed to open up new opportunities for accumulation for those considered as “autochthonous”. Yet beyond discourses, this article attempts to discern what is not related to the “autochthonous moment” in the economic success of some social groups after the crisis. Forced appropriation proves to be insufficient to allow sustainable accumulation. In a context of State withdrawal, only a minority of traders with significant capital and who had maintained close relations with Muslim merchants experienced commercial success. This article thus invites us to examine differentiated social groups' trajectories of accumulation over the long term, their unequal resources, their mutual interactions as well as their historical relationship with the State. As such, it endeavours to grasp social transformations resulting from crisis, which generally tend to reveal pre-existent social positions.
    • La fabrique d'une « crise humanitaire ». Le cas du conflit entre Boko Haram et le gouvernement nigérian (2010-2018) - Vincent Foucher, Fabrice Weissman p. 143-170 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La contre-offensive menée par l'armée nigériane contre Boko Haram à partir de 2015 a entraîné une catastrophe sanitaire parmi les populations civiles déplacées. Cette catastrophe n'a été reconnue que difficilement, après qu'une alliance instable se soit progressivement forgée entre certains acteurs nationaux – politiques et militaires – et certains acteurs humanitaires internationaux pour formuler et s'accorder sur le diagnostic d'une « crise humanitaire » et essayer d'y remédier. Cela a ainsi permis de rendre visibles certaines dimensions du conflit tout en en invisibilisant d'autres, à commencer par la brutalité de la contre-insurrection de l'armée nigériane.
      The counter-offensive launched by the Nigerian Army against Boko Haram from 2015 resulted in a public health disaster among displaced civilian populations. That disaster was acknowledged only with difficulty, after an unstable alliance was forged between certain national political and military actors and certain international humanitarian agencies to formulate and agree on the diagnosis – a “humanitarian crisis” indeed – and try and remedy the situation. This diagnosis made visible specific dimensions of the conflict while keeping others – beginning with the brutality of the Nigerian Army's counter-insurgency – invisible.
  • Revue des livres