Contenu du sommaire : Fichte et le langage
Revue | Archives de philosophie |
---|---|
Numéro | tome 83, no 1, janvier-mars 2020 |
Titre du numéro | Fichte et le langage |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 5-6
Dossier
- Fichte et le langage. Avant-propos - Ives Radrizzani p. 7
- Une philosophie du dire (Sagen) comme faire (Tun) - Isabelle Thomas-Fogiel p. 9-27 L'enjeu de cette étude est, une fois surmontée l'apparente faiblesse des vues fichtéennes sur le langage (partie I), de restituer leur cohérence et leur importance. La cohérence tout d'abord, qui nous fera passer d'une théorie de la désignation (le mot renvoyant à une chose indépendante) à une théorie de la signification comme effectuation (partie II). L'importance ensuite, puisqu'il sera alors loisible de comprendre comment au cœur du système fichtéen se trouve une théorie de l'énonciation, qui met en œuvre un principe fondamental, celui de l'accord entre le dire (Sagen) et le faire (Tun) (Partie III). Pour l'établir, Fichte se livre à la fois à une critique serrée de l'illusion référentielle et à une critique de la représentation. Par là, sa philosophie se révèle être une philosophie du dire comme faire.The aim of this study is, after identifying the apparent weakness of Fichte's views on language (Part I), to restitute their coherence and importance. To begin, we consider the coherence of these views, which will guide us from a theory of designation (the word referring to an independent thing) to a theory of signification as effectuation (Part II). We then move on to explore their importance, since it will then be possible to understand how at the heart of the Fichtean system lies a theory of enunciation that utilizes a fundamental principle of agreement between saying (Sagen) and doing (Tun) (Part III). To establish this, Fichte gives a precise critique of the referential illusion and also a critique of the representation. By doing this, his philosophy becomes a philosophy of saying as doing.
- La philosophie du langage dans l'architectonique du système fichtéen - Ives Radrizzani p. 29-38 Le but de cette contribution est d'identifier la place du langage dans l'architectonique du système fichtéen. Il est apparu (1) que la déduction du langage appartient de droit à la partie principielle du système ; (2) que l'intégration de cette déduction dans la partie principielle s'est faite, comme pour la doctrine de l'intersubjectivité, par la prise en compte de considérations initialement développées dans un écrit ne relevant pas directement de la Doctrine de la Science ; (3) qu'en tant que support de la sollicitation, le langage joue un rôle crucial dans la genèse de la conscience, dont il constitue la condition suprême et (4) qu'il est directement lié à la solution proposée par Fichte pour remédier à l'« inachèvement du système kantien ».The aim of this contribution is to identify the place of language in the architecture of the Fichtean system. It appears (1) that the deduction of language belongs de juris to the foundation of transcendental philosophy; (2) that the integration of this deduction into the foundation of transcendental philosophy was achieved, as in the case of the doctrine of intersubjectivity, by taking into account considerations originally developed in a text not directly related to the Theory of Scientific Knowledge; (3) that, as a medium of solicitation, language plays a crucial role in the genesis of consciousness, of which it constitutes the supreme condition; and (4) that it is directly linked to the solution proposed by Fichte to remedy the “lack of completeness of the Kantian system.”
- La transcendantalité du langage - Marco Ivaldo, Ives Radrizzani p. 39-48 L'idée du langage est suscitée en nous par l'interaction avec nos semblables. En particulier, l'« impulsion » vers la création du langage s'appuie sur l'impulsion que la nature humaine a en elle-même de trouver une rationalité au monde, et la nécessité de satisfaire cette impulsion se présente dès lors que des individus dotés de raison entrent en interaction. Sans cette interaction, sans le langage, « l'homme ne peut pas être ». Aussi le langage a-t-il une portée transcendantale, rendant possible et accompagnant la genèse de la conscience humaine.What arouses in us the idea of language, that is to say, the idea of designating our thoughts by means of arbitrary signs, is interaction with our fellows. Specifically, the “drive” toward language creation is based on the natural human drive to find rationality in the world. Without this linguistic interaction, “the human being cannot be.” Language therefore has a transcendental reach, as it makes possible and accompanies the genesis of human consciousness.
- Langage et protogenèse des normes chez Fichte - Marc Maesschalck p. 49-70 L'article tente une analyse prospective des positions de Fichte en théorie du langage à partir d'un texte de jeunesse sur la faculté langagière. La thèse consiste à établir un lien avec la construction fichtéenne de cette faculté et l'origine des approches structurales héritières du formalisme russe, en particulier chez Jakobson et Vygotski.This article offers a prospective analysis of the positions taken by Fichte in theory of language, as exposed in an early text on the linguistic faculty. The thesis establishes a link between Fichte's construction of this faculty and the origins of structuralist approaches inherited from Russian formalism, and in particular Jakobson and Vygotsky.
- Le vouloir dire et la référence selon Fichte - Max Marcuzzi Dans ses premiers écrits sur l'origine du langage, Fichte affirme de manière circulaire à la fois la caractère premier et constitutif du langage, et le primat de la pensée sur celui-ci. En même temps, il fait du langage à la fois le produit de la liberté et une structure fondamentale de l'homme. Les Discours à la nation allemande présentent une solution à ce cercle en faisant du langage un élément fondamental de l'être au monde de l'homme et de son existence sociale. En soustrayant ainsi le langage à la contingence des décisions individuelles, il en fait la forme naturelle et originelle de la connaissance et de la vérité.In his early writings on the origin of language, Fichte affirms both the primary and constitutive nature of language, and the primacy of thought over it. At the same time, he makes language both the product of freedom and a fundamental structure of man. The Reden an die deutsche Nation present a solution to this circle by making language a fundamental element of being-in-the-world of man and of his social existence. By thus removing language from the contingency of individual decisions, Fichte presents language as being the natural and original form of knowledge and truth.
- Fichte et la puissante impuissance du langage - Luis Fellipe Garcia Cet article montre que Fichte développe une originelle conception du langage dans ses Discours à la Nation allemande d'où il ressort non seulement le besoin de retraduire des concepts philosophiques dans un langage populaire comme aussi celui de formuler un langage plus malléable pour la philosophie en tant que telle. Afin d'explorer cette hypothèse, notre propos suivra les étapes suivantes : (I) nous analyserons la conception fichtéenne du rapport entre popularisation et flexibilisation du langage, ce qui nous permettra (II) d'explorer les raisons systématiques du rapprochement entre langue philosophique et langue populaire et (III) de saisir précisément la compréhension du rôle philosophique du langage qui en découle.This paper demonstrates that Fichte develops an original conception of language in his Addresses to the German Nation, inasmuch as it entails the necessity of not only translating philosophical concepts into a more popular language, but also of formulating a language that is more flexible for philosophy itself. In order to explore this hypothesis, our argument will be organized in the following way: (i) an analysis of Fichte's conception of the relation between popularization and flexibilization of language, which will allow us (ii) to explore the systematic reasons for the linkage between philosophical and popular language, and (iii) to accurately understand the philosophical role of language that it entails.
- Le langage dans la Logique transcendantale de 1812 - Antonella Carbone p. 71-82 Les cours sur la Logique transcendantale sont l'un des lieux de la production fichtéenne dans lequel le philosophe de Rammenau réfléchit sur le langage et en particulier sur la capacité performative de la parole. A travers la déconstruction du discours de la logique commune, déjà durement frappée dans les leçons de Zurich de 1794, articulée en trois moments principaux (identifiés comme processus ironique, invention et ruse du langage), la Doctrine de la Science révèle le lien entre le mot, le concept et l'intuition intellectuelle et exprime le besoin de subsumer le premier au concept correctement compris, de sorte qu'il puisse révéler la présence d'une pensée synthétique, dont le mot lui-même est l'image.The lectures concerning Transcendental Logic given in Berlin in 1812 are one of the places in which J. G. Fichte reflects on language, especially on the performative capacity of the word used in the philosophic discourse. Through the deconstruction of the logician's speech, already criticized in the Zurich lessons of 1794, it is possible to enucleate three main moments, namely irony, inventiveness and guile of language. Through them the Science of Knowledge reveals the indissoluble bond between word, concept and intellectual intuition, arguing in favour of the subsumption of the first to the concept properly understood. Only in this way the language, which had been deducted from his transcendental power, can reveal the presence of a synthetic thought, of which the word itself is image.
- Fichte et le langage. Le « Lyrisme transcendantal » contre la dissolution - Augustin Dumont p. 83-101 L'objectif de cet article est de revenir sur la singulière configuration qu'offre l'usage fichtéen du langage eu égard à la nécessité d'une exposition dans et par la langue naturelle de la genèse transcendantale des conditions de possibilité du savoir. Dans un premier temps, l'on procède à quelques rappels contextuels permettant de se familiariser avec les « codes » utilisés par Fichte dans ses exigences relatives au langage. Dans un second temps, l'on illustre son positionnement par le commentaire de quelques extraits de texte significatifs. Dans un troisième temps, l'on formule une proposition interprétative du mode de présentation écrit du transcendantalisme fichtéen. On montre que l'écriture transcendantale vise à traduire dans le langage l'exigence d'une intensification de l'expérience présente de l'intuition intellectuelle.This paper aims at considering the Fichtean use of language in view of the necessity of an exposition – in and by natural language – of the transcendental genesis of the conditions of the possibility of knowledge. In the first section, I shall explain, by way of some contextual reminders, the “codes” used by Fichte in his statements about language requirements. In the second section, I shall illustrate his position on language by commenting on some passages from significant texts. In the third section, I shall propose an interpretative assessment of the written mode of presentation in Fichtean transcendentalism. I shall argue that the aim of transcendental writing is to translate into language the required intensification of the present experience of intellectual intuition.
Varia
- L'Antiquité et la culture humaniste au XVIe siècle : Étude comparative de Machiavel et de La Boétie - Sébastien Roman p. 103-120 Il est arrivé que l'on compare Machiavel à La Boétie pour grossièrement les opposer, selon l'idée fausse que le premier serait du côté du prince, et le second du côté du peuple. Nous proposons, ici, une étude comparative de leurs pensées qui se concentre sur leur manière de lire les Anciens et de se situer vis-à-vis de la culture humaniste de leur époque, pour mieux saisir adéquatement leurs différences et leurs similitudes.Machiavelli and La Boétie have often been compared and broadly pitted against each other, based on the idea that the former is on the prince's side, and the latter on the people's side. This paper offers a comparison of their thoughts, focusing its approach on how each of them read the Ancients and their respective positions on the humanist culture of their time, in order to better understand their differences and their similarities.
- Totalité et symptôme ou comment lire « la société » - Julia Christ p. 121-138 L'article traite des discussions contemporaines autour du concept de totalité là où il est employé pour saisir la réalité sociale. À travers une reconstruction des positions de Durkheim et d'Althusser il s'intéresse aux différentes méthodes développées par ces théories pour justifier leur approche holiste du social. Il s'avère que le marxisme révolutionnaire et la sociologie non révolutionnaire se rencontrent en un point : les deux lisent des textes des sciences sociales pour accéder à ce qui produit la société sous forme de tout. Notre article établit le statut de ces textes pour les deux approches et compare leurs méthodes de lecture, afin de dégager ce que, selon les deux, produit le lien social.The article deals with contemporary discussions around the concept of totality where it is used to handle social reality. By reconstructing Durkheim's and Althusser's positions it examines the different methods developed by these theories to justify their holistic approach to the social. It turns out that revolutionary Marxism and non-revolutionary sociology meet at one point: both read the texts of the social science in order to access that which produces society in the form of a whole. Our article establishes the status of these texts for both approaches and compares their methods of reading, in order to identify what, according to both, produces the social bond.
- L'Antiquité et la culture humaniste au XVIe siècle : Étude comparative de Machiavel et de La Boétie - Sébastien Roman p. 103-120
Note de lecture
- Note de lecture - Clémence Guillermain p. 139-147
Bulletin cartésien XLIX
- Bulletin cartésien XLIX : Centre d'Études Cartésiennes (Sorbonne-Université). Centro Dipartimentale di Studi su Descartes e il Seicento – Ettore Lojacono (Università del Salento). Bibliographie internationale critique des études cartésiennes pour l'année 2018. Bibliographie internationale critique des études cartésiennes pour l'année 2018 - p. 151-222