Contenu du sommaire : Les constructions Tough : syntaxe, sémantique et interfaces
Revue | Langages |
---|---|
Numéro | no 218, juin 2020 |
Titre du numéro | Les constructions Tough : syntaxe, sémantique et interfaces |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Catherine Schnedecker, Céline Vaguer p. 5-6
- Les constructions Tough : syntaxe, sémantique et interfaces. Présentation - Fayssal Tayalati, Vassil Mostrov, Danièle Van de Velde p. 7-16
- A comparative study of English and Greek tough-movement constructions - Artemis Alexiadou, Elena Anagnostopoulou p. 17-38 Dans cet article, nous discutons des constructions à mouvement tough en grec, que nous comparons à leurs équivalents anglais. Nous soutenons que les données du grec plaident pour une analyse en termes de ‹génération de base› des constructions de mouvement tough. Nous proposons, en outre, une explication du fait que très peu de prédicats fonctionnent comme des prédicats tough dans cette langue. Enfin, nous abordons la question du changement diachronique qu'ont subi les constructions de mouvements tough en grec, ce qui a entraîné la présence obligatoire d'un clitique dans la proposition enchâssée.In this paper, we discuss tough-movement constructions in Greek, which we compare to their English counterparts. We argue that Greek provides evidence for a base generation analysis of tough-movement constructions. We furthermore offer an explanation for the fact that only very few predicates function as tough-predicates in the language. Finally, we address the issue of diachronic change that Greek tough-movement constructions underwent, which resulted in the obligatory presence of a clitic in the embedded clause.
- Agree or not: Tough choice. A study of Tough-constructions in Romanian in a comparative perspective - Ion Giurgea, Elena Soare p. 39-51 Cet article est dédié au problème de l'accord dans les constructions Tough (Tough constructions – TC). Parmi les langues romanes, le roumain est la seule à ne pas accorder le prédicat tough et à utiliser une autre forme non-finie que l'infinitif dans la TC. L'article passe en revue certains problèmes rencontrés par les analyses antérieures et choisit une analyse alternative, puis aborde une généralisation empirique selon laquelle une condition nécessaire de l'absence d'accord du prédicat tough est l'absence d'une distinction morphologique entre adjectif et adverbe. Les langues mentionnées sont le roumain et d'autres langues romanes, ainsi que l'allemand, le néerlandais, l'albanais, l'arabe, le russe et l'islandais.This article is devoted to the problem of agreement in Tough Constructions (TCs). Among Romance languages, Romanian is the only one which does not exhibit agreement of the tough predicate, and which uses a non-finite form different from the infinitive in the TCs. The article goes over the problems encountered by previous analyses, chooses an alternative analysis, then approaches an empirical generalization according to which a necessary condition for the absence of agreement of the tough predicate is the absence of a morphological distinction between adjectives and adverbs. The languages mentioned are Romanian and other Romance languages, as well as German, Dutch, Albanian, Russian, Arabic and Icelandic.
- Les adjectifs tough et le marquage de l'infinitif en néerlandais - Véronique Lagae, Marleen Van Peteghem p. 53-74 En néerlandais, les adjectifs du type ‹difficile› ou ‹facile› entrent dans deux constructions qui se distinguent par la présence ou l'absence du complémenteur OM. L'objectif de cette étude est de montrer que ces deux constructions correspondent à deux analyses de la construction Tough proposées pour l'anglais et qu'elles donnent lieu à deux délimitations différentes de la classe des adjectifs tough. La construction appelée easy-to-please (avec OM) peut s'analyser comme une relative réduite, donc comme un ‹mouvement non A› alors que l'infinitif modal (sans OM) a les propriétés d'une structure à montée, donc de ‹mouvement A›. Nous montrons également que les adjectifs tough au sens strict, signifiant ‹difficile›, ‹facile›, ont une préférence nette pour la construction à infinitif modal, qui est donc la vraie construction Tough du néerlandais.In Dutch, the adjectives meaning ‹difficult› or ‹easy› enter into two constructions, distinguished by the presence or absence of the complementizer OM and considered entirely distinct in the literature. The aim of this study is to show that these two constructions correspond to two different analyses of the Tough construction in English and give rise to two different delimitations of the class of tough adjectives. The construction with OM, labeled easy-to-please, may be analyzed as a reduced relative, implying ‹A'-movement›, whereas the modal infinitive, without OM, shows properties of a raising structure, hence ‹A-movement›, like passive. We also show that tough adjectives in the strict sense, meaning ‹difficult› or ‹easy›, have a clear preference for the modal infinitive construction, which is the real Tough construction in Dutch.
- Des adjectifs tough dans des langues sans construction Tough ? Le cas du russe - Katia Paykin, Marleen Van Peteghem p. 75-88 En russe, les adjectifs signifiant ‹facile›, ‹difficile›, accompagnés d'un infinitif, ne présentent pas le phénomène de Object-to-Subject Raising (Rosenbaum 1967) puisque l'objet monté garde le cas qui lui est assigné par l'infinitif. La montée consiste donc en un simple changement de l'ordre des mots. Néanmoins, malgré l'absence d'une construction Tough sur le modèle de l'anglais, les adjectifs russes trudnyj ‹difficile›, legkij ‹facile›, etc. présentent des particularités par rapport aux autres adjectifs dans la mesure où ils sont les seuls à pouvoir entrer dans trois autres constructions : le passif réfléchi, le participe présent passif et une construction prépositionnelle en dlja ‹pour› + Ndéverbal. L'aptitude de ces adjectifs à entrer dans ces trois constructions confirme leur propension aux phénomènes de montée, due à leur affinité sémantique avec la modalité.In Russian, the adjectives meaning ‹easy›, ‹difficult›, accompanied by an infinitive, do not allow Object-to-Subject Raising (Rosenbaum 1967), since the raised object keeps the case assigned to it by the infinitive. Its raising is, therefore, a simple change in the word order. Nevertheless, despite the absence of a Tough construction on the English model, the Russian adjectives trudnyj ‹difficult›, legkij ‹easy› and the like differ from other adjectives in that they are the only ones to be compatible with three other constructions: the reflexive passive, the passive present participle and a prepositional construction in dlja ‹for›+deverbal noun. The compatibility of these adjectives with the three aforementioned constructions confirms their propensity to raising phenomena, which may be explained by their semantic affinity with modality.
- Tough-movement as a modal structure: The example of English - Jacqueline Guéron p. 89-106 L'interaction du lexique et de la syntaxe est cruciale pour l'analyse des phrases tough-movement (TM) telles que This problem is hard (for me) to solve. Le lexique distingue les prédicats adjectivaux tels que tough/easy/hard qui projettent la structure TM de prédicats tels que eager ou able qui ne le font pas. La syntaxe associe ces prédicats à une structure opérateur-variable de type ‹interrogatif› enchâssée dans une structure prédicative. Pourtant, ces composantes grammaticales ne suffisent pas pour rendre compte de l'interprétation du TM et de ses ressemblances avec d'autres structures. Nous proposons une analyse qui reconnaît le contenu modal de ces prédicats. Ce contenu identifie le TM comme appartenant à un ensemble de structures inspiré par une configuration conceptuelle, un ‹Goal-Directed Trajectory› (trajectoire dirigée vers un but).The interaction of the lexicon and syntax is crucial for the analysis of tough-movement (TM) sentences like This problem is hard (for me) to solve. The lexicon distinguishes adjectival predicates like tough/easy/hard, which derive a TM structure, from predicates like eager or able which do not. The syntax projects these predicates onto an interrogative-type operator-variable structure embedded within a predicational structure. Yet these grammatical components do not suffice to account for the interpretation of TM or for its similarity to other grammatical structures. We claim that an explanatory account requires recognition of the modal content of TM predicates. This content identifies TM as belonging to a set of structures inspired by a conceptual configuration which we call a ‹Goal-Directed Trajectory›.
- Les adjectifs tough du français comme prédicats dispositionnels - Danièle Van de Velde p. 107-124 L'objectif de ce travail est de décrire le sens des tough-adjectifs (TA) dans les Tough-constructions (TC) de type [SN est Adj à Vinf (pour y)] et les constructions impersonnelles de type [Il est Adj (à SN) de Vinf x], en montrant qu'il n'est pas exactement le même. Dans les constructions impersonnelles, l'adjectif a deux arguments (‹Vinf x› et ‹à SN›) ; dans les TC, ce même adjectif constitue avec l'infinitif un unique prédicat complexe à un seul argument – le SN sujet de prédication –, le complément en pour n'étant qu'un adjoint. Cette démonstration se fonde sur une analyse des rôles respectifs de l'adjectif et de l'infinitif, dans le groupe adjectival, l'adjectif qualifiant le sujet et l'infinitif spécifiant eu égard à laquelle de ses ‹dimensions› le sujet mérite cette qualification. Ces propriétés du TA permettent de le considérer comme un prédicat typiquement ‹dispositionnel›.In the present work, we aim at describing the meaning of the tough-adjectives (TA) in Tough-constructions (TC) [SN est Adj à Vinf (pour y)], and in impersonal constructions [Il est Adj (à SN) de Vinf SN]. We show that the meaning, or more precisely the scope of the adjective is not exactly the same in both constructions. In impersonal construction, the adjective has two arguments (‹de Vinf SN› et ‹à SN›). In TC, the adjective constitutes, together with the infinitive, one complex AP, whose unique argument is the NP subject, the PP ‹pour SN› being only an adjunct. The demonstration is based on the respective roles of the adjective and the infinitive verb: the adjective attributes a quality to the subject, while the infinitive verb specifies with respect to what dimension of the subject this quality is attributed. Such properties make of TA true dispositional predicates.
- La construction Tough en arabe standard et en bulgare : une sémantique commune - Fayssal Tayalati, Vassil Mostrov p. 125-148 Dans cet article sont comparées les constructions Tough de deux langues typologiquement très éloignées, l'arabe standard et le bulgare. Il sera montré que, malgré les différences morphosyntaxiques, ces constructions reposent sur le même mécanisme sémantique de double prédication que les grammairiens arabes appellent le ‹mode d'attribution indirect›. Les paraphrases par des structures possessives dans les deux langues permettent, en outre, de reconnaître à l'élément déverbal le statut de dimension – une sorte de partie abstraite très particulière (Van de Velde 2020 ce volume). Enfin, les auteurs posent la question de la ‹source› de la qualité dénotée par l'adjectif tough, en signalant quelques différences entre les deux langues au niveau des adjectifs modaux.In this paper, we compare the Tough-constructions of two typologically very different languages, Standard Arabic and Bulgarian. We show that despite their morphosyntactic differences, these constructions are based on the same semantic mechanism of double predication that Arab grammarians call the ‹indirect attribution mode›. Moreover, paraphrases by possessive constructions suggest that the deverbal element has to be recognised as a dimension –a very particular abstract part (Van de Velde 2020 in this issue). Finally, we address the question of the ‹source› of the quality denoted by the tough-adjective, by pointing out some differences between the two languages concerning modal adjectives.