Contenu du sommaire : Travail et jeunesse des quartiers populaires : je t'aime, moi non plus
Revue | Les Cahiers du développement social urbain |
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Numéro | n°71, premier semestre 2020 |
Titre du numéro | Travail et jeunesse des quartiers populaires : je t'aime, moi non plus |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Travail et jeunesse des quartiers populaires : je t'aime, moi non plus
Editorial
- Frédérique Bourgeois p. 1première partie
Jeunesse des quartiers populaires : un emploi de rêve ou le rêve d'un emploi ?
- p. 5- Le travail est en crise : qu'en pensent les jeunes ? - Thomas Schauder p. 6 Le regard des jeunes sur le travail est ambigu car, d'un côté, il signifie l'indépendance, l'insertion dans la société de consommation, la possibilité de donner un sens à son existence. De l'autre, il est synonyme de pénibilité, de souffrances psychiques et de destruction des écosystèmes. Thomas Schauder, professeur de philosophie, chroniqueur au Monde Campus, s'intéresse aux crises que traverse la valeur travail et aux représentations qu'en ont les jeunes qui semblent de moins en moins enclins à croire à ses vertus.
- La galère des jeunes dits « invisibles » - Claire Bernot-Caboche p. 9 La durée d'insertion des jeunes dans la vie active, citoyenne et personnelle s'allonge considérablement depuis plusieurs décennies, que l'on habite en milieu rural, périurbain ou urbain. Cette période d'incertitude fait l'objet de nombreuses recherches sociologiques. L'une d'elles, menée par Claire Bernot-Caboche, docteure ès sciences de l'éducation, a mis à jour une nouvelle catégorie de jeunes : les « invisibles ». Qui sont-ils ? Pourquoi échappent-ils aux radars des institutions ? La chercheuse livre ici des éléments d'explication et d'analyse.
- Les jeunes dans les quartiers prioritaires d'Auvergne-Rhône-Alpes - Labo Cités p. 12
- Les jeunes des quartiers populaires face à l'emploi : les inégalités se creusent - Valentine Henrard et Mélanie Vignale p. 13 Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les jeunes résidant en quartier prioritaire en matière d'insertion professionnelle ? Peut-on parler d'un « effet quartier » ? Chiffres à l'appui, Valentine Henrard, ex-cheffe de département, et Mélanie Vignale, responsable des enquêtes Génération, au Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications), esquissent une réponse et analysent la situation réelle de ces jeunes face à l'emploi.
- Quels accompagnements à la formation et à l'emploi des jeunes ? - Labo Cités p. 16
- S'émanciper de la forme scolaire pour « raccrocher » les décrocheurs scolaires - Juliette Vollet p. 17 Depuis la mise sur l'agenda politique du décrochage scolaire en 2012, les mesures ne cessent de se déployer pour tenter de diminuer le nombre de jeunes quittant l'école sans diplôme. Juliette Vollet, maîtresse de conférences en sociologie à l'université de Bordeaux, présente ici des dispositifs qui s'attachent à recomposer la forme scolaire traditionnelle afin de favoriser l'insertion professionnelle des jeunes.
- L'entrepreneuriat des jeunes des quartiers populaires : opportunité ou nécessité ? - Angélica Trindade-Chadeau p. 19 Émancipation pour certains, nécessité pour d'autres, l'entrepreneuriat des jeunes dans les quartiers est souvent vu, à tort, comme le remède miracle au problème du chômage. Il est pourtant vecteur de nombreuses compétences transférables : capacité à passer des idées aux actes, créativité, prise de risques, aptitude à programmer et à gérer des projets en vue de la réalisation d'objectifs… Angélica Trindade-Chadeau, chercheure en sciences sociales, auteure de plusieurs études sur l'entrepreneuriat des jeunes, nous propose un regard différent : l'entrepreneuriat doit être vu plus globalement comme un outil d'expérimentation et de formation.
- Jeunes, entreprises, retrouvons-nous ! - Xavier Mercader et Liem Osuna p. 22 Comment les jeunes des quartiers populaires vivent-ils leur parcours vers l'emploi et le difficile accès à une insertion durable ? Quelle est la vision côté employeur ? Beaucoup de préjugés circulent de part et d'autre de ces mondes qui se parlent mais se connaissent peu. C'est pour agir sur cette réalité que la Ville de Lyon a décidé d'organiser une rencontre permettant aux employeurs et aux jeunes des quartiers populaires d'échanger. Xavier Mercader, chargé de Liaison Entreprises Emploi à la Maison métropolitaine d'insertion pour l'emploi (MMIe), et Liem Osuna, référent territorial à la mission locale Lyon 8e, nous relatent cette initiative.
- Le travail est en crise : qu'en pensent les jeunes ? - Thomas Schauder p. 6
deuxième partie
L'accompagnement vers la formation et l'emploi en quête d'innovation
- p. 23- Les missions locales, structures incontournables de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes - Michel Abhervé p. 24 Acteurs historiques de l'accompagnement des jeunes vers l'emploi, les missions locales ont traversé des décennies de politiques publiques. Si leurs missions ont évolué, en raison de l'apparition de nouveaux acteurs de l'insertion, de la création de multiples dispositifs destinés aux jeunes mais aussi de la mutation du marché du travail, elles ont la volonté de conserver leur ADN : l'accompagnement adapté à la situation de chaque jeune. Michel Abhervé, professeur associé ESS et politiques publiques à l'université Paris Est Marne-la-Vallée et ancien président de l'Union nationale des missions locales, revient sur les différentes évolutions et envisage des perspectives.
- Les plateformes de suivi et d'appui aux décrocheurs : la plus-value de la mobilisation partenariale - Xavier Berthéas et Rémi Noizier p. 27 Les plateformes de suivi et d'appui aux décrocheurs (PSAD), créées en 2011, ont pour fonction de repérer les jeunes décrocheur et leur proposer des solutions adaptées. Elles reposent sur la mobilisation et le partenariat, comme en témoigne cet entretien croisé entre deux acteurs clés des PSAD : Xavier Berthéas, chargé de mission orientation, formation, décrochage scolaire et raccrochage en formation à l'Association des missions locales Auvergne-Rhône-Alpes, et Rémi Noizier, délégué régional adjoint, conseiller du recteur d'Académie à la délégation régionale académique information et orientation.
- Obligation de formation : regard sur les changements à venir - Patrice Gaillard p. 29 La loi « Pour une École de la confiance » a instauré l'obligation de formation pour tout jeune à l'issue de la scolarité obligatoire. Cette mesure historique vise à réduire les inégalités pour garantir à chaque jeune une insertion professionnelle ou une poursuite d'études réussie. Elle oblige aussi l'ensemble des acteurs de la scolarité, de la formation et de l'insertion des jeunes à renforcer leurs collaborations et à inventer de nouveaux modes de faire. Tour d'horizon avec Patrice Gaillard, délégué régional académique à la formation professionnelle initiale et continue à l'Académie de Lyon.
- Développons le mentorat pour les jeunes des quartiers populaires ! - Héloïse Monnet p. 31 Se projeter dans un parcours universitaire ou s'engager dans un secteur professionnel n'est pas simple pour les jeunes, notamment ceux qui vivent dans les quartiers prioritaires. Le mentorat, comme dispositif de mise en relation avec une personne plus avancée dans son parcours et agissant comme rôle modèle, peut être une solution pour améliorer leur insertion professionnelle. Héloïse Monnet, directrice de l'antenne Auvergne-Rhône-Alpes de l'association Article 1, plaide pour l'intensification du mentorat auprès des jeunes.
- La prévention spécialisée, une porte d'entrée pour l'insertion professionnelle des jeunes - Philippe Lemaignent p. 32 Pour faire face aux difficultés d'insertion sociale et professionnelle des jeunes de 16 à 25 ans, les acteurs de la prévention spécialisée ont développé un fonctionnement spécifique, complémentaire des politiques publiques. Philippe Lemaignent, vice-président du CNALPS (Comité national de liaison des acteurs de la prévention spécialisée), nous décrypte le triptyque repérer-mobiliser-soutenir et présente quelques actions conduites dans les quartiers prioritaires.
- Bed in Shop : l'innovation sociale comme outil pour la prévention spécialisée - Loïc Chasson p. 35 Les éducateurs de rue de la prévention spécialisée de Romans-sur-Isère (Drôme) sont au contact des jeunes de 10 à 21 ans pour prévenir la marginalisation et faciliter l'insertion ou la promotion sociale des jeunes et de leurs familles, à l'interface de la protection de l'enfance, de la prévention de la délinquance et de la médiation sociale. Loïc Chasson, coordonnateur à la prévention spécialisée, présente Bed in Shop, une entreprise sociale développée en lien avec les jeunes et se donnant pour objectif un triple impact : social, économique et écologique.
- Les enjeux de la reconnaissance des compétences : la demande de professionnalisme et ses conséquences - Guy Le Boterf p. 36 Qu'est-ce qu'une compétence ? Comment reconnaître les compétences ? Dans quel contexte ? À l'heure où la valorisation des compétences est reprise dans de nombreuses politiques publiques, notamment à destination des jeunes non qualifiés, Guy Le Boter, expert-consultant sur les questions de compétences, considère que la demande actuelle et croissante de professionnalisme conduit à définir la compétence d'un professionnel comme un « savoir-agir en situation » et non plus seulement comme un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être.
- La reconnaissance des compétences pour une insertion socioprofessionnelle durable : l'exemple des Écoles de la 2e chance - Valérie Alibert et Nathalie Lavielle-Gutnik p. 38 L'accompagnement des jeunes vers la conscientisation et la valorisation de leurs acquis est un réel enjeu pour leur permettre d'accéder à une formation ou un emploi. Pour y répondre, les E2C (Écoles de la 2e chance, accompagnées d'une équipe de recherche, ont fait le pari du développement d'une APC (approche par compétences) qui permette aux jeunes de se reconnaître compétents et de faire reconnaître leurs compétences. Nathalie Lavielle-Gutnik, responsable scientifique de cette recherche et maître de conférences à l'université de Lorraine, et Valérie Alibert, directrice de l'E2C de Haute-Loire, présentent les principaux axes et effets de cette démarche.
- Le Plan d'investissement dans les compétences : un engagement pour la formation et l'emploi des jeunes - David Guillerm p. 40 Face aux évolutions du marché du travail, à la mutation des emplois et pour lutter contre le chômage de masse, la compétence est la clé de voûte d'une croissance durable et inclusive. En France, le gouvernement a donc souhaité investir dans un Plan d'investissement dans les compétences (PIC), lancé en septembre 2017. Quinze milliards d'euros sont ainsi engagés entre 2018 et 2022 pour former un million de jeunes peu qualifiés et un million de demandeurs d'emploi de longue durée faiblement qualifiés. Deux milliards d'euros seront fléchés en direction des habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV) qui compteront pour 15% des bénéficiaires du plan.
- Avec Terre d'emploi, la pratique sportive vise l'insertion des jeunes - David Vinson p. 41 Le projet Terre d'emploi, financé par Pôle emploi, a pour but la réinsertion de jeunes de moins de 25 ans, les plus éloigné.e.s de l'emploi, issu.e.s des quartiers de la politique de la ville ou des zones rurales, en y intégrant les valeurs du sport. Lancé en 2017 par Opcalia et France formation professionnelle (FFP), Opus Formation, partenaire de ce dernier, en anime le secteur Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2019. David Vinson, responsable du programme pilote de Valence, nous raconte comment tendre la main à des jeunes aux parcours de vie souvent difficiles.
- Les tiers-lieux : des espaces de mixité pour casser le déterminisme social - Samuel Caillault et Amélie Rochas p. 42 La Ville de Chambéry, à travers l'implantation d'un tiers-lieu nommé La Dynamo en périphérie du quartier des Hauts-de-Chambéry, a souhaité créer un lieu d'expérimentation et d'innovation sociale permettant la mixité des publics. Samuel Caillault, directeur de la Dynamo, et Amélie Rochas, chef de projet Fabrique numérique de territoire à la Ville de Chambéry, nous expliquent l'origine du projet et son ancrage dans la politique de la ville.
- « La Classe départ nous apprend pas à devenir quelqu'un… mais à devenir nous-mêmes » - Annaïg Abjean, Pauline Beaudet et Géraldine Bénichou p. 44 En novembre 2019 a été lancée la première « Classe départ » lyonnaise, projet porté par la compagnie Théâtre du Grabuge en partenariat avec la MJC Laennec-Mermo. 12 jeunes entre 18 et 25 ans, des artistes professionnels et des médiateurs culturels s'engagent ensemble pour réaliser des productions artistiques et des missions de médiation au service du quartier. Annaïg Abjean, directrice de la MRIE, et Pauline Beaudet, chargée de mission MRIE, en collaboration avec Géraldine Bénichou, directrice artistique et metteuse en scène Théâtre du Grabuge, nous parlent de cette première « Classe départ » qui fait avancer à la fois les jeunes et l'équipe encadrante.
- Slams et paroles de jeunes - Gabriel, Janice, Nassim et Yanis p. 46 Les jeunes participant au projet Classe dépar ont produit, avec l'aide d'artistes professionnels et de médiateurs culturels, des slams et des textes reflétant leurs espoirs, leurs difficultés, leurs angoisses, notamment sur le sujet du travail. Nous vous livrons quelques extraits de cette production.
- Les missions locales, structures incontournables de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes - Michel Abhervé p. 24
Bibliographie
- Muriel Salort p. 47