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Jitta occupait un espace intellectuel particulier, entre universalisme et nationalisme et entre perspectives théoriques centrées sur l'État et celles qui prenaient pour point de mire l'individu. Sa pensée formait une alternative différente, assez radicale, à la théorie et à la méthodologie dominantes du droit international privé de son temps. Il rejetait la compréhension traditionnelle de la méthode de Savigny destinée à localiser les questions juridiques transnationales, contestait fondamentalement la prémisse selon laquelle on pouvait choisir un droit au mépris de son contenu, refusait de centrer sa perspective sur le concept de souveraineté des États. Pourtant, ses projets initiaux de réforme radicale ont évolué dans un sens plus pragmatique au contact des importantes transformations socio-politiques survenues après la Première Guerre mondiale. Cette progression offre beaucoup à apprendre tout en appelant à une réflexion critique.

Le pragmatisme en droit se présente comme le refus de « se laisser enfermer » dans un quelconque « système », c'est-à-dire dans un modèle de pensée logique. En droit international privé, le triomphe du pragmatisme est illustré par la théorie des lois de police, qui n'aura finalement servi qu'à légitimer cette vision du droit en présentant ses fruits comme une véritable méthode. En effet, cette théorie est nécessairement fausse, et par ailleurs inutile, en ce sens qu'elle est radicalement incapable de rendre compte des solutions qu'elle inspire.