Contenu du sommaire : L'Iran en quête d'équilibre
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 113, été 2020 |
Titre du numéro | L'Iran en quête d'équilibre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier - L'Iran en quête d'équilibre
- Préface - Houchang Chehabi p. 9-11
- L'Iran après la Révolution islamique de 1979 vu d'Occident - Mohammad-Reza Djalili, Clément Therme p. 13-27
- La stabilisation des frontières nationales au XIXe siècle - Yann Richard p. 29-40 L'organisation tribale et quasi féodale du pouvoir iranien rendait la conception de frontières bornées inutile. En effet, le passage d'un pays à l'autre n'était pas tant une question de territoire précisément délimité mais plutôt d'allégeance. Au XIXe siècle, la confrontation avec des puissances européennes et l'établissement de nouvelles frontières vont entraîner une évolution de la conception de nationalité et de citoyenneté.The tribal and quasi-feudal structure of the Iranian state ignored the necessity of land boundaries. Frontiers were less a matter of territory than a question of allegiance and loyalty. The confrontation with European powers and the establishment of new borders in the 19th century will lead to new conceptions of nationality and citizenship.
- Approche comparée du constitutionalisme en Iran - Houchang Chehabi p. 41-52 Cet article vise à décrypter les liens transnationaux entre les mouvements constitutionnalistes des pays d'Asie et d'Afrique au début du XXe siècle. Les pays et les sociétés n'évoluent pas dans un espace clos, ils s'influencent les uns les autres. Ignorer leurs interconnexions revêt le risque de donner lieu à des lectures ethnocentriques qui cachent des aspects importants de l'histoire de chacun de ces pays. C'est d'autant plus important que les constitutions ont tendance à édifier la nation : elles déterminent qui est citoyen et qui ne l'est pas ; elles officialisent une des langues parlées dans le pays, elles homogénéisent l'administration territoriale, elles unifient le régime juridique, etc. Mon objectif est donc de dénationaliser l'histoire du constitutionnalisme en Asie et en Afrique et de démontrer comment l'Iran évolue dans ce cadre transnational. Il s'agira donc d'étudier l'insertion de l'Iran dans les courants transnationaux en dénationalisant l'histoire du constitutionnalisme en Asie et en Afrique.This article aims to shed light at the transnational links between the constitutionalist movements in Asia and Africa at the beginning of the 20th century. Countries and societies do not evolve in a vacuum ; they influence each other. Ignoring their interconnections runs the risk of giving rise to ethnocentric readings which hide important aspects of the history of each of these countries. Constitutions establish the nation : they determine who is a citizen and who is not ; they make official one of the languages spoken in the country ; they standardize the territorial administration ; they unify the legal regime, etc. My goal is therefore to denationalize the history of constitutionalism in Asia and Africa and to demonstrate how Iran fits into this transnational framework.
- Religion et pouvoir politique en Iran contemporain - Eva Zahiri p. 53-62 L'élaboration par Khomeynî de la doctrine de la guidance du savant juriste en 1969-70 a suscité de nombreuses discussions et de nouvelles réflexions sur l'État, sa forme et ses modalités de fonctionnement. Cette doctrine politico-religieuse qui pose la religion comme source de légitimation du pouvoir politique, a abouti à de nouvelles conceptions du rapport entre politique et religion. De manière continue mais renouvelée, des auteurs cléricaux ou non cléricaux interrogent le rapport entre religion et pouvoir politique. Ayant recours à des méthodes et des disciplines différentes, divers courants de pensée considèrent que pour que la religion se maintienne et continue à jouer un rôle politique et public, sa forme doit évoluer. Mais les solutions proposées et les cadres envisagés varient selon les auteurs.Khomeynî's elaboration of the doctrine of the Guardianship of the Islamic Jurist in 1969-70 has ignited numerous discussions and new considerations on the State its shape and its modus operandi. This politico-religious doctrine that establishes religion as the legitimizing source of political power has led to new conceptions of the relationship between religion and politics. Clerical and non-clerical writers are constantly, but in an innovative way, questioning the relationship between religion and political power. Using different methods and disciplines, various lines of thought consider that for religion to maintain itself and continue to play a political and public role, its form must evolve. There is, however, a variety of solutions and frameworks depending on the authors.
- L'Iran, des mouvements sociaux démocratiques aux mouvements régressifs - Farhad Khosrokhavar p. 63-76 Depuis quatre décennies, le régime iranien a évolué, passant d'un autoritarisme à un autre. Ceci n'empêche pas la récurrence de mobilisations politiques depuis le régime du Chah. Si l'une d'elles a finalement fait basculer le pays en 1979 dans une nouvelle dictature, celle-ci a dû régulièrement faire face à des mobilisations mais dont la tonalité et la nature ont changé. De l'expression de revendications politiques tournées vers la quête de démocraties et portées par des leaders, on est passé à des mobiles plus socioéconomiques, en retrait par rapport aux revendications démocratiques tandis qu'elles sont sans leaders.For four years, Iran has changed its regime, going from a authoritarianism to another one. This doesn't prevent the recurrence of political mobilizations since the Shah's regime. If one of them finally led the country into a new dictatorship in 1979, this latter had to regularly face mobilizations but whose tone and nature have changed. From the expression of political demands turned towards the quest for democracies and carried by leaders, one has moved on to more socioeconomic motives, in retreat from democratic demands while these movements are without leaders.
- Localizing Iranian diaspora politics: A comparative approach to transnational critique and incorporation - Sonja Moghaddari p. 77-89 La recherche sur la migration iranienne est en pleine croissance, or elle est limitée de par le focus géographique sur la Californie du Sud et sur les États-Unis, ainsi que par la centralité de l'État-nation comme cadre analytique. Contribuant à la recherche sur les politiques diasporiques iraniennes, le présent article se fonde sur une critique épistémologique afin de proposer une approche comparative centrée sur la relation entre l'intégration locale et l'engagement transnational. S'appuyant sur la recherche quant aux migrations transnationales et aux mouvements sociaux, une ethnographie historique illustrera mon propos portant sur les articulations entre l'engagement politique de trois groupes d'immigrés iraniens basés à Hambourg, à Florence et à Genève, entre 1951 et 2019. Penser l'ancrage territorial de manière comparative représente un effort urgent visant à complexifier les positionnements transnationaux iraniens au-delà du seul paradigme de l'opposition au régime iranien.The growing body of research on Iranian migration remains limited through the centrality of Southern California and the United States as a context of research and the analytical focus on national contexts. Contributing to research on Iranian diaspora politics, this article proposes an epistemological move toward a comparative examination of interrelations between local embeddedness and transnational agency. Drawing on transnational migration and social movements studies, I illustrate this approach through an historic ethnography of three groups of people who engage in Iranian transnational politics in Hamburg, in Florence and Geneva between 1951 and 2019. Thinking locality comparatively represents an urgent bet towards complicating transnational political positionalities beyond the anti-Iranian regime premise.
- La Politique française dans le golfe Persique : entre enjeux économiques et défis sécuritaires - Flavien Bourrat p. 91-104 La région du golfe Persique, moins familière à la France que le Maghreb et le Levant, n'en constitue pas moins depuis près d'un demi-siècle un terrain d'investissements économico-stratégiques de première importance. De fait, la priorité a d'emblée et jusqu'à maintenant été donnée aux aspects économiques et commerciaux, jugés vitaux pour les intérêts nationaux. Cette quête de marchés et d'investissements s'est toutefois heurtée aux contingences politico-sécuritaires d'une zone marquée par des tensions permanentes, la défiance entre États et l'absence de cadre de sécurité régionale. Le dossier iranien, qui se situe à l'épicentre des enjeux et défis stratégiques au Moyen-Orient, est resté jusqu'à maintenant pour la France autant une source d'opportunités potentielles que de contentieux et de tensions durables.The Persian Gulf region, less familiar to France than Maghreb and Levant, has nonetheless been for nearly half a century an area of prime economic and strategic investment. In fact, priority has been given from the outset and until now to economic and commercial aspects, which are considered vital to national interests. However, this quest for markets and investment has been hampered by the political and security contingencies of an area marked by permanent tensions, mistrust between States and the absence of a regional security framework. The Iranian issue, which is at the epicentre of the strategic stakes and challenges in the Middle East, has so far remained for France as much a source of potential opportunities as it has been a source of disputes and lasting tensions.
- Le nucléaire iranien vu de France - Clément Therme p. 105-121 La question nucléaire iranienne est au centre du discours officiel français pour illustrer l'hypothèse d'une course aux armements nucléaires au Moyen-Orient. Ce nouveau discours officiel émerge entre 2005 et 2007 et s'explique notamment par la prise de pouvoir des stratégistes contre les régionalistes réalistes au Quai d'Orsay. Plus largement, il reflète le discours dominant au sein des États occidentaux sur un autre nucléaire qui par essence serait différent. Cet article vise donc à décrypter le décalage croissant entre l'idéologie nucléaire officielle de la France et la réalité des évolutions internes et diplomatiques relatives au programme nucléaire iranien. Pour ce faire, il s'agit de déconstruire le discours officiel produit en France sur le nucléaire iranien pour montrer la complexité des facteurs déterminants les choix de l'Iran qui ont conduit à la conclusion de l'Accord sur le nucléaire de 2015.The Iranian nuclear issue is at the center of the French official discourse to illustrate the hypothesis that an Iranian nuclear breakout attempt could spur a proliferation cascade throughout the Middle East. This new official discourse which emerged between 2005 and 2007 can be mainly explained by the rise of strategists over regionalists diplomats at Quai d'Orsay. More broadly, the French discourse on a future nuclear Iranian threat reflects the dominant discourse within Western States on the nuclear other which, in essence, should be different. This article aims to shed lights on the growing gap between France's official nuclear ideology and the reality of internal and diplomatic developments of the Iranian nuclear program. I will deconstruct the official discourse produced in France on the Iranian quest for nuclear power to explore the complexity of the factors determining Iran's nuclear choices and the conclusion of the 2015 Nuclear Deal.
- Iran/États-Unis : de la coopération à la défiance sans limite - Agnès Levallois p. 123-135 Les relations entre les États-Unis et l'Iran ont connu une rupture après l'avènement de la République islamique en 1979 et elles sont depuis conflictuelles tant les orientations idéologiques divergent. Le président Obama est sorti de ce cycle en signant l'accord sur le nucléaire mais nous observons depuis l'élection de Trump une rupture. Ce dernier n'a de cesse de casser ce qu'a fait son prédécesseur – exemple du retrait du JCPOA tout comme la décision d'assassiner Qassem Soleimani, le chef iranien de la force al-Qods le 3 janvier dernier sur le territoire irakien, lequel se trouve pris en étau entre Téhéran et Washington. Une telle opération ne peut qu'augmenter un peu plus la tension dans la région. Laquelle tension est accrue par l'influence régionale de Téhéran qui est vivement contestée par l'Arabie saoudite soutenue en cela par Washington.Relations between the United States and Iran broke down after the advent of the Islamic Republic in 1979 and have since been conflictual due to divergent ideological orientations. President Obama came out of that cycle by signing the nuclear deal, but we have seen a recess in the relationship since Trump's election. Trump continues to destroy what his predecessor did - for example, the withdrawal of the JCPOA and the decision to assassinate Qassem Soleimani, the Iranian leader of the Quds Force, on January 3rd on Iraqi territory, which is caught in a vice between Tehran and Washington. Such an operation can only boost tensions in the region a little more. This tension is increased by the regional influence of Tehran, which is strongly contested by Saudi Arabia, supported in this by Washington.
- Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ? - Igor Delanoë p. 137-150 La crise syrienne a permis de faire franchir au partenariat russo-iranien un seuil qualitatif en lui ouvrant un champ inédit : celui d'une coopération militaire poussée. Avec la stabilisation des affrontements, le dossier syrien fait désormais office de « stress test » pour la relation irano-russe. La compétition multiforme à laquelle se livrent Moscou et Téhéran en Syrie est scrutée depuis l'Europe et les États-Unis où, en l'absence d'une stratégie syrienne, on table sur le fait que leurs intérêts divergents finiront par conduire Russes et Iraniens à la confrontation. Par ailleurs, l'accroissement des tensions dans la zone du Golfe est autant porteuse d'instabilité qu'elle créée la possibilité pour Moscou de se poser en médiateur entre différents protagonistes. Entre continuité et ruptures, la compétition coopérative à laquelle se livrent Russes et Iraniens reste ainsi un des fondamentaux de leur partenariat. Au demeurant, il s'agit d'un modus vivendi dont les deux estiment tirer plus de dividendes qu'ils n'en obtiendraient d'une confrontation.The Syrian crisis has qualitatively enhanced the Russian-Iranian partnership through the military cooperation they have forged on the battlefield. With the de-escalation, the Syrian dossier has turned into a “stress test” for the Russia-Iran relation. Their multifaceted competition in Syria is monitored from the United States and Europe where, in the absence of any Syrian strategy, one bets that their diverging interests will one way or another lead Tehran and Moscow to confront each other. Moreover, rising tensions in the Persian Gulf has created instability, but on the other hand, it has provided Moscow with new possibilities to mediate between stakeholders. Between continuity and ruptures, the cooperative competition between Russians and Iranians remains a pillar of their relationship. Yet, it is also a modus vivendi as both of them still consider they have more to gain from this cooperative competition than from any confrontation.
- La Chine et l'Iran : une « alliance » en formation ? - Thierry Kellner p. 151-165 Au XXe siècle, dès la période du Shah, en dépit de la très grande différence de régime politique, la République populaire de Chine (RPC) et l'Iran ont progressivement développé leurs relations. Malgré des turbulences, la révolution islamique de 1979 ne les a pas remises en cause. Au contraire, depuis les années 80, elles se sont régulièrement étendues. Le contexte lié à la question nucléaire iranienne depuis 2003 leur a permis de s'amplifier. Téhéran, isolé, a recherché davantage l'appui chinois alors que Pékin a utilisé ce contexte pour étendre les liens et accentuer son implication économique dans le pays. Ces deux dernières décennies, ils ont donc consolidé leurs rapports multiformes. Si la signature du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) à Vienne le 14 juillet 2015 a eu des effets contrastés sur leurs rapports bilatéraux, sa dénonciation par l'administration Trump en mai 2018, tout en créant de l'incertitude, en a ouvert une nouvelle étape. Vu ces développements, on peut s'interroger sur la possibilité d'une « alliance » entre les deux régimes. Les dynamiques en œuvre, les intérêts croisés et les multiples coopérations établies semblent y pousser. Cette hypothèse méconnaît pourtant d'importantes limites à leurs relations bilatérales.From the period of the Shah, in spite of the great difference in political regimes, the People's Republic of China (PRC) and Iran gradually developed relations. The Islamic Revolution of 1979 did not call them into question. On the contrary, from the 1980s onwards, relations steadily expanded. The context linked to the issue of the Iranian nuclear programme since 2003 has allowed them to grow. Tehran, isolated, sought more Chinese support while Beijing used this context to strengthen ties and accentuate its economic involvement in the country. Over the past two decades, Tehran and Beijing have thus consolidated their multifaceted relations. While the signing of the Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) in Vienna on July 14th, 2015 had contrasting effects on their bilateral relations, its denunciation by the Trump administration in May 2018, opened a new stage. Lacking options, Tehran again turned to the PRC, which had become its most important supporter. In view of these developments, one may wonder about the possibility of an « alliance » between the two regimes. The dynamics at work, the crossed interests and the multiple forms of cooperation put in place seem to be conducive to this. This assumption, however, ignores important limitations to their bilateral relations.
- L'Iran et le Conseil de coopération du Golfe : des relations entre un aveugle et un sourd - Ali Fathollah-Nejad p. 167-176 L'article examine les relations de l'Iran avec divers États du CCG (Conseil de coopération du Golfe) à la lumière des connaissances scientifiques et du débat politique. Il examine d'abord la rivalité entre les deux grandes puissances du golfe Persique, la République islamique d'Iran et le Royaume d'Arabie saoudite, discutant de l'héritage historique de leur inimitié ainsi que des sources de leur rivalité d'aujourd'hui. Il fait ensuite valoir que les discussions entre Téhéran et Riyad sur leur conflit de sécurité sont vouées à l'échec, car elles ressemblent souvent à un dialogue de sourds, chaque partie ignorant les préoccupations fondamentales de l'autre en matière de sécurité. Il identifie donc les principales lacunes des positions iranienne et saoudienne. La question se pose alors de savoir comment la « résistance maximale » de l'Iran à la campagne de « pression maximale » des États-Unis a affecté les relations Iran-CCG. En conclusion, l'article souligne la nécessité d'un changement de paradigme dans les relations Iran-CCG, allant au-delà de l'idée d'un jeu à somme nulle axé sur la « sécurité commune ». Il met également en garde contre le fait que tout règlement irano-saoudien pourrait simplement constituer un pacte autoritaire. Autrement dit, la sécurité des deux régimes au détriment des aspirations de leurs sociétés.The article looks at Iran's relations with various GCC (Gulf Cooperation Council) states, informed by scholarly insights and policy debates. It first examines the rivalry between the Persian Gulf's two major powers, the Islamic Republic of Iran and the Kingdom of Saudi Arabia, by discussing the historical legacy of their enmity as well as the sources of today's rivalry. It then contends that discussions between Tehran and Riyadh about their security conflict are doomed to fail, as they often resemble a dialogue of the deaf, with each side ignoring core security concerns of the other side. It therefore identifies the key shortcomings in the Iranian and Saudi positions respectively. In a next step, more recent developments are investigated, namely how Iran's “maximum resistance” response to the U.S. “maximum pressure” campaign has affected Iran–GCC relations. In conclusion, the article highlights the need for a paradigm shift in Iran–GCC relations, overcoming zero-sum game thinking and centered on “common security.” It also cautions that any Iranian–Saudi accommodation may merely constitute an authoritarian pact that may provide regime security on both sides but turn out to be detrimental to the aspirations of their societies.
- Iran and the Syrian Civil War: To the Bitter End - Jubin M. Goodarzi p. 177-191 L'alliance entre la Syrie et l'Iran est une caractéristique importante et persistante du paysage politique du Moyen-Orient depuis 1979. Cet article commence par fournir un bref cadre conceptuel pour comprendre les forces qui ont façonné et influencé l'évolution et la longévité de l'alliance syro-iranienne. Il explique et analyse ensuite la politique iranienne au regard des réalités changeantes sur le terrain, notamment la transformation du conflit syrien en une guerre par procuration, la montée et la chute de l'État islamique et les implications de l'intervention russe sur le conflit. Il affirme enfin que si Téhéran a réussi à assurer la survie du régime d'Assad, cela a eu un prix élevé pour l'Iran en termes d'hommes et de matériel, ainsi que pour sa position et sa réputation régionales.The alliance between Syria and Iran has been an important and persistent feature on the political landscape of the Middle East since 1979. This article begins by providing a brief conceptual and analytical framework to understand the forces that have shaped and influenced the evolution and longevity of the Syrian-Iranian alliance. It then focuses on the 2011 Syrian uprising and Iran's policies and involvement over the past nine years. It explains and analyzes Iran's evolving role, perceptions, and interests in the Syrian conflict. The article assesses Iranian policy in view of the changing realities on the ground, most notably, the transformation of the Syrian conflict into a proxy war, the rise and fall of ISIL, and the implications of the Russian intervention in the conflict. It argues while Tehran has succeeded in ensuring the survival of the Assad regime, this has come at a heavy price for Iran in terms of men and materiel, and its regional standing and reputation.
- L'Iran et ses alliés en Syrie : les répertoires du religieux, du politique et du militaire - Ahmet Haj-Assad, Pierre Blanc p. 193-207 Dans la guerre civile syrienne, on ne compte pas les acteurs qui en sont parties prenantes. L'Iran et ses milices associées sont parmi les plus décisifs en ce sens qu'ils ont contribué au maintien de Bachar Al-Assad au pouvoir. L'intervention de cette sorte de complexe iranien s'accompagne d'une stratégie territoriale dans certains secteurs géographiques de la Syrie. À cela s'ajoute une plus ancienne stratégie politique de pénétration et d'appui aux dynamiques de chiitisation qui sont quand même à relativiser.Since the beginning of the Syrian civil war, many actors have been involved. Iran and its allied militias are among the most decisive ones because they have largely contributed to maintain Bachar Al-Assad to power. This intervention is coupled with a territorial strategy in some geographical sectors of Syria. In addition, there is an older political strategy of penetration and support for the dynamics of chiitisation, which should be put into perspective.
- Le cinéma iranien et sa projection internationale : une histoire brève - Asal Bagheri p. 209-222 Cet article est un historique non exhaustif de la présence du cinéma iranien sur la scène internationale, de ses débuts à nos jours (1900-2020) notamment au travers de trois festivals européens des plus importants, à savoir : le Festival de Cannes, la Berlinale et la Mostra de Venise.This article is a non-exhaustive history of the presence of Iranian cinema on the international scene, from its beginnings till now (1900-2020) especially through three of the most important European festivals, namely: the Cannes Festival, the Berlinale and the Venice Film Festival.
Variations
- Un puissant désir vengeur : évaluations, motivations et action violente du mouvement État islamique après la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi - Myriam Benraad p. 225-237 Au lendemain de la disparition de leur « calife » autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi, tué en Syrie à l'automne 2019 et chef historique du mouvement jihadiste État islamique, ses partisans promettent une redoutable vengeance à leurs adversaires. Partout dans le monde, ils frappent sans relâche, animés par un insatiable et durable désir vengeur qui caractérise la cause d'une majorité de mouvances terroristes. Malgré sa prévalence émotionnelle, ce puissant désir de vengeance n'a jusqu'à présent fait l'objet que de traitements parcellaires dans la littérature consacrée au jihadisme. Cet article se propose de combler ce déficit en étudiant, dans une double démarche théorique et empirique, cette dimension négligée. Il revient tout d'abord sur la problématique générale de la vengeance dans la violence terroriste, puis conceptualise la question singulière du désir vengeur jihadiste à travers une approche transnationale, sur un semestre, des attaques revendiquées ou inspirées par l'État islamique.In the aftermath of the death of their self-proclaimed “caliph” Abu Bakr al-Baghdadi, killed in Syria in the fall of 2019 and a historic leader of the Islamic State jihadist movement, his supporters promised their opponents fearsome revenge. All over the world, they have since struck tirelessly, animated by an insatiable and lasting vengeful desire that characterises the cause of a majority of terrorist movements. In spite of its emotional prevalence, this strong desire for revenge has so far been approached through fragmented treatments in the literature on jihadism. This article aims to fill this gap by studying, in both a theoretical and empirical approach, this neglected dimension. Firstly, it considers the general question of revenge in terrorist violence, and then conceptualises the outstanding issue of the avenging jihadist desire through a transnational approach, over a semester, of attacks claimed or inspired by the Islamic State.
- Heures de vérité - Robert Bistofi p. 239-240
- Un puissant désir vengeur : évaluations, motivations et action violente du mouvement État islamique après la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi - Myriam Benraad p. 225-237
- Notes de lecture - p. 242-250