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Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | vol. 130, no 3, mai-juin 2020 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Débats / Opinions
- Verdir la politique monétaire - Hubert Kempf p. 311-343 Les banques centrales ont pris conscience récemment des risques économiques et financiers dont était porteur un réchauffement climatique non contrôlé et ont commencé à se mobiliser. Mais jusqu'à présent, la politique monétaire, pourtant au coeur de leurs missions, n'a pas été intégrée à la lutte contre le réchauffement climatique. Le présent article a pour but de montrer qu'il est possible de verdir la politique monétaire sans que cela mette en danger la mission première d'une banque centrale, la stabilisation macroéconomique et le contrôle de l'inflation. Il est possible de modifier le cadre opérationnel dans lequel est conduite la politique monétaire pour inciter les banques commerciales à moduler leurs politiques d'octroi de crédit en fonction des émissions de CO2 qui y sont liées. Deux options sont présentées. L'une passe par l'ajout d'une prime climatique au taux d'intérêt directeur spécifique à la banque et à la notation climat de ses crédits, l'autre passe par un traitement différencié des contreparties à la liquidité offerte par la banque centrale en fonction des émissions CO2 qui y sont associées. La mise en oeuvre de ces mesure est discutée, en particulier leur compatibilité avec les objectifs de stabilisation macroéconomique de la politique monétaire. Classification JEL: E52, E58, Q54Central banks have recently become aware of the economic and financial risks associated with uncontrolled global warming and have begun to mobilize. But until now, monetary policy, which is at the heart of their missions, has not been integrated into the fight against global warming. The purpose of this article is to show that it is possible to green monetary policy without jeopardizing a central bank's primary mission, macroeconomic stabilization and inflation control. The operational framework within which monetary policy is conducted can be modified to encourage commercial banks to adjust their crediting policies according to the associated CO2 emissions. Two options are presented. One involves adding a climate premium to the bank's specific key interest rate and climate rating for its credits, the other involves differentiating the treatment of counterparties to the liquidity offered by the central bank according to the associated CO2 emissions. The implementation of these measures is discussed, in particular their compatibility with the macroeconomic stabilisation objectives of monetary policy.
- Verdir la politique monétaire - Hubert Kempf p. 311-343
Articles
- Incitations et Redistribution en France, 2010-2011 - Stéphane Gauthier, Robin Le Huérou-Kérisel p. 345-371 Nous étudions les limites de la redistribution qu'impliquent les asymétries d'information entre la puissance publique et les assujettis dans un modèle de fiscalité optimale mêlant un impôt direct sur le revenu et des impôts indirects sur la consommation. En utilisant l'enquête Budget de Famille 2011, nous trouvons que la puissance publique souhaiterait favoriser les ménages de la classe moyenne aisée situés aux alentours du sixième décile de la distribution des dépenses par unité de consommation. L'innovation de ce texte est de montrer que la redistribution en leur faveur est freinée par le risque que les ménages des classes supérieures, situés dans le dernier quartile de la distribution des dépenses, relâchent leur contribution à l'effort productif. Classification JEL: H21, H31We empirically assess the limits to redistribution due to asymmetric information between a tax authority and taxpayers in an optimal taxation model with both direct (income) and indirect (consumption) taxes. Using data from the French consumer expenditure survey “Budget de Famille” released in 2011, we find that the tax system favors middle class households from the 6-th decile in the distribution of consumption expenditures. The innovation of our paper is to identify the incentive constraint where top income earners are ready to relax labor effort to mimic the favored middle class households as being the only ones that put limits to the redistribution toward the middle class.
- Multilateral Trade Liberalization and Trade Tax versus Non-Trade Tax Revenue - Sèna Kimm Gnangnon p. 373-403 Cet article examine l'impact de la libéralisation commerciale multilatérale (et non de la libéralisation commerciale nationale, largement explorée dans la littérature) sur l'ampleur de la diversification des recettes fiscales. Cette dernière est approximée par le ratio des recettes fiscales commerciales sur le ratio des recettes fiscales non-commerciales. L'analyse utilise principalement l'estimateur des effets fixes, sur un panel déséquilibré de 145 pays, couvrant la période 1995-2015. Les résultats montrent que la libéralisation commerciale multilatérale promeut la diversification des recettes fiscales, c'est-à-dire, qu'elle réduit le ratio des recettes fiscales commerciales aux recettes fiscales non-commerciales. En outre, les pays les moins avancés bénéficient plus que les pays relativement plus avancés de cet impact positif de la libéralisation commerciale multilatérale sur l'ampleur de la diversification des recettes fiscales. Par ailleurs, les pays fortement dépendant du secteur agricole enregistrent un effet plus important de la libéralisation commerciale multilatérale sur la diversification des recettes fiscales que les pays dont les économies sont moins dépendantes du secteur agricole. Ces résultats suggèrent donc qu'une réduction plus importante des barrières commerciales à l'échelle mondiale, notamment à travers une plus grande coopération entre les Membres de l'OMC pour promouvoir la libéralisation commerciale multilatérale, contribuerait à renforcer la diversification des recettes fiscales.This article examines how multilateral trade liberalization (not domestic trade policy liberalization as widely investigated in the relevant literature) influences the extent of tax revenue diversification. The latter is proxied by the ratio of trade tax revenue to non-trade tax revenue. The analysis primarily uses the fixed effects estimator and covers an unbalanced panel comprising 145 countries, over the period 1995-2015. Results show that multilateral trade liberalization increases the extent of tax revenue diversification, i.e., it reduces the ratio of trade tax revenue to non-trade tax revenue. Furthermore, less advanced economies benefit more than relatively advanced countries of the tax revenue diversification impact of multilateral trade liberalization. Additionally, countries that are highly dependent on the agricultural sector (for example, poor countries or low-income countries) experience a higher positive effect of multilateral trade liberalization on tax revenue diversification than countries with a higher share of value added in the non-agriculture sector in total output. These results, therefore, call for further reduction of world trade barriers, in particular through greater cooperation among Members of the World Trade Organization (WTO) to promote multilateral trade liberalization. JEL Classification: F13; F14; H2; H87
- Commons as a Risk-Management Tool: Theoretical Predictions and an Experimental Test - Marielle Brunette, Philippe Delacote, Serge Garcia, Jean-Marc Rousselle p. 405-439 Les biens communs sont fréquemment utilisés comme outils de gestion des risques liés aux activités privées. Dans cet article, nous analysons l'impact de cette utilisation du bien commun en tant que filet de sécurité pour les choix d'investissement et d'extraction de ressources naturelles communes. Les agents de la communauté choisissent d'abord d'investir dans leur projet privé et dans le bien commun ; ensuite, ils choisissent la quantité à extraire de leur projet privé et du bien commun. Le modèle compare le bien commun en tant que mécanisme de gestion des risques (ex post) et en tant que mécanisme de diversification des risques (ex ante). Il compare également deux situations : le risque sur le projet privé et l'incertitude concernant l'investissement des autres membres de la communauté dans le bien commun. Les prédictions théoriques sont testées empiriquement via une expérience de laboratoire. Pour cela, nous proposons un jeu de bien commun original composé d'une période d'investissement et d'une période d'extraction. Notre résultat montre clairement que la réduction des risques associés au projet privé diminue l'investissement dans le bien commun, alors qu'elle n'a pas d'effet sur l'extraction. Nous montrons également que le bien commun en tant que mécanisme de gestion des risques est une stratégie comprise comme plus flexible et qu'elle est influencée par les rendements du projet privé.Common-pool resources (CPR) are frequently used as risk-management tools against risk on private activities. The impact of this safety-net use of CPR on the individual investment into and extraction from the commons is analyzed in this paper. Agents of the community first choose to invest in their private project and in the CPR; second, they choose how much to extract from their private project and the commons. The model compares two types of risk-management tool: CPR as (ex post) risk-coping and (ex ante) risk-diversification mechanisms. It also compares two situations regarding risk: risk on a private project and uncertainty on CPR investment by other community members. The theoretical predictions are empirically tested with experimental economics. To this end, we propose an original CPR game composed of an investment period and an extraction period. Our result clearly shows that risk reduction in the private project unambiguously decreases investment in the CPR, while it does not impact CPR extraction. We also show that a risk-coping strategy is well understood as more flexible and influenced by the outcome in terms of private project yield. JEL Classification: C33, H41, O13
- Vertical Differentiation, Uncertainty, Product R & D and Policy Instruments in a North-South Duopoly - Julien Berthoumieu, Viola Lamani p. 441-472 Cet article analyse l'effet de plusieurs instruments de politique commerciale sur la Recherche et Développement (R & D) de produits à travers un modèle de duopole Nord-Sud dans lequel une firme du Nord concurrence une firme du Sud par les prix sur les deux marchés. La firme du Nord investit en R & D de produits en raison d'un désavantage compétitif par rapport à la firme du Sud qui bénéficie d'un coût de travail plus faible. Le résultat de la R & D est incertain. Si l'investissement se traduit par un succès, il y a de la différentiation verticale sur les deux marchés. Le gouvernement du pays du Nord est le seul à pouvoir mettre en place les instruments suivants : un droit de douane, un quota d'importation ou un standard de qualité. Les résultats montrent que les dépenses en R & D de la firme du Nord augmentent avec chacun de ces instruments à l'exception du quota d'importation. L'article fournit également une analyse de bien-être pour comparer les effets de ces mesures. Les résultats des simulations numériques suggèrent que le gouvernement du pays du Nord est incité à mettre en place un droit de douane, excepté lorsque la préférence du consommateur pour la qualité du produit est élevée. Dans ce cas, l'instrument privilégié serait le standard de qualité.This paper analyzes the impact of several trade policy instruments on product Research and Development (R & D) investment in a North-South duopoly where a Northern firm competes in prices with a Southern firm on both markets. The Northern firm invests in product R & D owing to a competitive disadvantage compared to its Southern counterpart which benefits from a lower labor cost. The outcome of the R & D activity is uncertain. If successful, vertical differentiation occurs in both markets. The Northern country's government is the only one to be policy active and may implement the following policy instruments: an import tariff, an import quota or a quality standard. The results show that the Northern firm's R & D expenditures increase with each policy instrument except for the import quota. The paper also dresses a comparative review of the effects of these measures based on a detailed welfare analysis. Numerical simulations suggest that in most cases, the Northern country's government would favor the implementation of an import tariff, except for when the consumer preference for product quality is high. In that case, the favorite instrument would be the quality standard.
- Optimisation « économique » vs « physique » des réseaux de surveillance de la qualité de l'eau - François Destandau, Youssef Zaiter p. 473-499 Les réseaux de surveillance jouent un rôle important dans l'acquisition d'information pour orienter les politiques afin d'améliorer la qualité des eaux de surface. Ceci nous a conduits à une réflexion sur la valeur économique de cette information par la méthode bayésienne. Dans cette étude, nous cherchons à déterminer la localisation optimale des stations d'un réseau de surveillance, le long d'une rivière, dont l'objectif est de détecter des pollutions accidentelles potentielles. Nous élaborons un modèle théorique et une simulation numérique pour comparer la valeur économique de l'information de deux réseaux différents : un réseau « physiquement » optimisé où la localisation des stations permet de minimiser le temps de détection de la pollution accidentelle, en ne tenant compte que de considérations hydrologiques, et un réseau « économiquement » optimisé où la localisation des stations permet la maximisation de la valeur de l'information. Cette comparaison est faite pour trois scénarios de vulnérabilité, à savoir un dommage environnemental, généré par la pollution : constant, décroissant ou croissant le long de la rivière. Nos résultats montrent que l'avantage d'optimiser économiquement le réseau plutôt que physiquement, dépend du contexte, à savoir le nombre de stations et le scénario de vulnérabilité. Ainsi, selon le coût additionnel de l'optimisation économique, l'optimisation physique pourrait être recommandée. Classification JEL: C11, Q53Monitoring networks are playing an important role in acquiring information to guide policies to improve surface water quality. This has led us to reflections regarding the economic value of this information using the Bayesian method. In this study, we seek to determine the optimal location of stations in a monitoring network, along a river, where the objective is to detect potential accidental pollution. With a theoretical model and a numerical simulation, we compare the economic value of information from two different networks: a “physically” optimized network where the location of stations minimizes the time required to detect accidental pollution, taking into account only hydrological considerations, and an “economically” optimized network where the location of stations allows the value of information to be maximized. This comparison is made for three vulnerability scenarios, namely environmental damage, generated by pollution: constant, decreasing or increasing along the river. Our results show that the benefit of optimizing the network economically rather than physically depends on the context, namely the number of stations and the vulnerability scenario. Thus, depending on the additional cost of economic optimization, physical optimization could be recommended.
- Incitations et Redistribution en France, 2010-2011 - Stéphane Gauthier, Robin Le Huérou-Kérisel p. 345-371
Recension