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Revue | Comptabilité - Contrôle - Audit |
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Numéro | Tome 26, no 3, septembre 2020 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- De nouveaux outils de pilotage dans un package existant : une nécessaire et difficile synchronisation - Caroline Tahar p. 7-34 Si la notion de package de contrôle de gestion a donné lieu à une abondante littérature, la question de l'intégration de nouveaux outils dans un tel ensemble demeure peu explorée.Visant à combler ce gap théorique, cet article contribue à une meilleure compréhension des interactions entre les nouveaux outils et le package où ils s'insèrent.Il s'appuie sur une recherche intervention à l'occasion de laquelle des outils inspirés du Throughput Accounting ont été intégrés à un package de contrôle de gestion.Cet article montre que pour qu'une telle intégration réussisse, une synchronisation des outils, de la stratégie et des acteurs est nécessaire, aboutissant à un système cohérent. Il témoigne de la nécessité de déconstruire les automatismes des acteurs en redonnant du sens aux outils et aux pratiques pour rendre cette synchronisation possible.Many articles explore the concept of management control system (MCS) as a package, but there has been very little explicit theoretical and empirical research on the addition of new elements to a package of controls.This article analyzes the interactions between an existing MCS package and new techniques added.Using an action research approach, I study an organization putting a new strategy into practice via techniques inspired by Throughput Accounting.This research shows that synchronization between techniques, strategy and actors is necessary for successful integration resulting in a consistent system. Moreover, it highlights that this synchronization requires deconstruction of myths and empowerment of actors, by giving meaning to metrics and methods.
- Indépendance de l'auditeur et peur dans un contexte de corruption : la Tunisie de pré-révolution - Zouhour Ben Hamadi p. 35-66 Cette recherche traite de l'indépendance des auditeurs dans un contexte de corruption institutionnalisé. L'objectif est de remettre les émotions au cœur du processus d'audit. Elle met en lumière l'incidence d'une émotion telle que la peur sur l'indépendance des auditeurs. Nous analysons des expériences réelles d'auditeurs confrontés à des pressions, dans un environnement où la corruption est institutionnalisée. Comment un système corrompu peut-il générer la peur ? De quelle manière, cette peur peut-elle impacter l'indépendance des auditeurs tunisiens ? L'analyse selon la méthode Gioia montre que la peur est multiple et qu'elle varie d'un individu à un autre selon ses croyances, sa culture et son rapport avec son propre corps. La recherche permet d'identifier une troisième approche « émotionnelle » de l'indépendance. Celle-ci ambitionne à renouveler la compréhension de l'indépendance et aussi du processus d'audit.This research studies the independence of auditors in a context of institutionalized corruption. The goal is to put emotions back at the heart of the audit process. It highlights the impact of an emotion such as fear on the independence of listeners. We analyze the real-life experiences of auditors facing pressures in an environment where corruption is institutionalized. How can a corrupt system generate fear? How can this fear affect the independence of Tunisian listeners? Analysis using the Gioia method shows that fear is multiple and varies from one individual to another depending on their beliefs, culture and relationship with their own bodies. The research identifies a third "emotional" approach to independence. It aims to renew the understanding of independence and also of the audit process.
- « On n'est pas des magiciens » : Le contrôleur, facilitateur de compromis dans le processus de commensuration - Lambert Jerman, Simon Alcouffe, Fabienne Oriot p. 67-110 Dans cet article, nous définissons le contrôleur de gestion comme un « facilitateur de compromis » pour comprendre son influence dans le processus de commensuration des organisations et de leurs activités. Le « facilitateur de compromis » décrit les pratiques et les discours par lesquels le contrôleur bricole et adapte les indicateurs et nombres, pour les doter de l'élasticité et de la polysémie nécessaires à ce qu'ils soient largement acceptables. Au moyen d'entretiens avec les administrateurs et acteurs clés de Centres Dramatiques Nationaux (CDN), nous montrons que le contrôleur « facilitateur de compromis » se structure autour de l'absorption des contradictions, de la personnalisation de la quantification et de la mise en valeur de ses mesures et résultats pour répondre aux exigences du pilotage. Ces trois ensembles de pratiques et de discours permettent de mieux comprendre l'influence du contrôleur dans le processus de commensuration, à la fois agent d'une rationalisation du théâtre et d'une théâtralisation de la gestion. Ils éclairent la puissance et la résilience de ses ajustements, de ses savoir-faire et de ses jugements pour rendre indicateurs et nombres plus acceptables.In this paper, we analyze the ability of the management accountant to facilitate compromises that support commensuration. We focus on the practices and discourses the management accountant uses to “tinker with” and adapt numbers in the commensuration process. Based on interviews with key actors from the Centres Dramatiques Nationaux – National Drama Centers (NDCs) – we show that the management accountant seeks to facilitate compromise by absorbing organizational contradictions, by customizing quantification, and by emphasizing the role of numbers and results in achieving organizational goals. Our results contribute to a better understanding of the management accountant's role by highlighting the strength and the resilience of his knowledge in the commensuration process.
- Earnings management tools during financial difficulties: evidence from French unlisted companies - Domenico Campa p. 111-147 Le premier objectif de cet article est de déterminer s'il existe une relation entre la détresse financière des entreprises et la gestion des résultats. Le second objectif est de déterminer comment la gestion des résultats est opérée durant ces périodes spécifiques de difficultés financières. Les données sont issues de la base ORBIS. Un échantillon de 6 190 compagnies non financières françaises non cotées est analysé sur la période 2009-2016. Les tests sont réalisés à partir d'analyses multivariées. Les résultats indiquent que plus les difficultés financières sont importantes, plus les sociétés ont recours à la gestion de leur résultat à la hausse. Pour cela, elles favorisent l'utilisation de variables impactant leur activité réelle plutôt que l'utilisation de variables comptables de régularisation discrétionnaires. Les résultats obtenus peuvent être ainsi particulièrement utiles aux auditeurs et aux organes de contrôle. En effet, il est démontré que, lors de périodes de difficultés financières, leurs diligences ne doivent pas uniquement portées sur les variables comptables de régularisation discrétionnaire telles que les provisions mais aussi sur les variables impactant les décisions d'exploitation, de financement ou d'investissement. Cette analyse participe à un débat bien connu, celui de la gestion du résultat. Les résultats obtenus démontrent que lorsque les sociétés traversent des périodes de difficultés financières, elles utilisent alternativement des variables comptables de régularisation discrétionnaire et des variables relatives à leur activité réelle afin de gérer leur résultat. Les résultats contribuent à la littérature qui porte sur le rôle des cadres institutionnels et sur la motivation des sociétés dans l'utilisation des outils de gestion du résultat.The aim of this paper is to investigate whether there is a relationship between the severity of financial difficulties of active firms (i.e., not involved in any insolvency procedure) and their level of earnings management, and how companies manipulate earnings during these situations. The evidence from a sample of French non-financial unlisted entities, composed of 6,190 different firms and 47,660 observations, with data from 2009 to 2016 subjected to multivariate analyses, reveals that firms with more severe financial problems exhibit higher levels of income-increasing earnings manipulation. It also indicates that, in situations of financial difficulties, entities manage earnings through real activities rather than accruals. All this evidence holds true for different proxies for financial concerns and earnings management, as well as after controlling for the impact of the financial crisis. The results highlight to auditors and other monitoring bodies the areas of an annual report that may indicate earnings manipulation during situations of financial difficulties. They contribute to the debate about the joint and/or alternative use of accrual-based and real transaction manipulation, showing that, during situations involving financial problems, companies use them as alternatives. They finally add to the research about the role of institutional settings and/or firm incentives in the choice between different earnings management tools.