Contenu du sommaire : Une autre Afrique médiane
Revue | Hérodote |
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Numéro | no 179, 4ème trimestre 2020 |
Titre du numéro | Une autre Afrique médiane |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial. Géopolitique d'une autre Afrique médiane - Béatrice Giblin p. 3-7 Vingt-trois ans après la publication d'un numéro d'Hérodote sur « une Afrique médiane », nous reprenons le même thème. Assurément les situations géopolitiques ont évolué : avec le temps les conséquences tragiques du génocide rwandais s'atténuent, la situation politique de la République démocratique du Congo s'est stabilisée. Néanmoins, les situations géopolitiques de ce vaste ensemble restent complexes et conflictuelles car rarement circonscrites à un seul État. Aussi, pour les comprendre, faut-il changer de niveau d'analyse en prenant en compte des espaces plus vastes et des temps plus ou moins longs. C'est l'approche suivie par les auteurs choisis par Roland Pourtier qui a piloté ce numéro, tous comme lui spécialistes de cette région. Leurs analyses précises grâce à leur profonde connaissance du terrain permettent de comprendre des conflits qui paraissent interminables.Twenty three years after publishing Hérodote's issue “A Middle Africa”, we are choosing the same theme. For certain, the geopolitical situations have evolved : the tragic consequences of the Rwandan genocide ease up overtime, and the political situation in the Democratic Republic of Congo got stabilized. However, the geopolitical situations of this wide area remain complex and contentious because they are rarely contained to one State. Also, in order to understand them, it is necessary to change the scale of analysis and take into account wider spaces and longer timeframes. This is the way Roland Pourtier pursued when he selected the authors of this issue, all of them being specialists of this region. Thanks to their deep knowledge of the field, their analyses are precise and help to understand seemingly endless conflicts.
- Afrique médiane, Afrique équatoriale : milieu et histoire - Roland Pourtier p. 8-39 L'Afrique médiane est, d'abord, une Afrique équatoriale, ce qui légitime la question des liens de causalité, généralement occultés, entre les milieux équatoriaux et l'organisation sociale et politique des populations. Pendant des siècles, le centre de l'Afrique a été ponctionné par la traite esclavagiste qui a contribué à façonner les territoires entre les océans Indien et Atlantique, laissant des traces dans les mémoires collectives. Depuis les débuts de la colonisation jusqu'à aujourd'hui, le prélèvement de matières premières a remplacé celui des hommes, dans une nouvelle mondialisation, toujours asymétrique. La République démocratique du Congo illustre le paradoxe d'un pays potentiellement riche de ses ressources naturelles mais qui ne parvient pas à s'extraire de la pauvreté. Le basculement géopolitique en cours vers l'Asie, Chine et Inde en particulier, y renouvelle les acteurs externes mais perpétue le système rentier. Dans le temps long, la démographie joue sa partition à la croisée du milieu et de l'histoire.Middle Africa is, first of all, an equatorial Africa, which legitimizes the question of the causal links, generally hidden, between equatorial environments, and the social and political organization of populations. For centuries, the center of Africa has been drained by the slave trade which has helped to shape territories between the Indian and Atlantic oceans leaving traces in the collective memories. From the beginnings of colonization until today, the taking of raw materials has replaced that of men, in a new globalization, always asymmetric. The Democratic Republic of Congo illustrates the paradox of a country potentially rich in its natural resources, but unable to lift itself out of poverty. The ongoing geopolitical shift towards Asia, China and India in particular, renews the external actors there but perpetuates the rentier system. In the long time, demography plays its part at the crossroads of environment and history.
- Le Sud-Soudan depuis l'indépendance : chronique d'un désastre - Gérard Prunier p. 40-55 Dernier État mondial à accéder à l'indépendance en juillet 2011, le Sud-Soudan semble avoir très difficilement géré la liberté qu'il trouvait après cinquante-six années d'existence conflictuelle au sein du Soudan « uni ». En décembre 2013, le président Salva Kiir dénonçait une tentative de « coup d'État », suite à plus d'une année de désagrégation du pouvoir. La réalité semble avoir été au contraire une tentative d'empêcher les élections prévues pour 2015 et qu'il semblait bien en peine de gagner. Le massacre des soldats Nuer à Juba ouvrit une période de guerre civile où plusieurs régions du pays se soulevèrent contre le pouvoir qui parvint à se maintenir largement grâce à l'aide d'une intervention de l'armée ougandaise. Une violence extrême dans la répression causa d'énormes pertes civiles (autour de 400 000 morts) et un nombre encore plus élevé de personnes déplacées (1,5 million) et de réfugiés (plus de deux millions) Des négociations ont abouti à la difficile mise en place d'un gouvernement fragile dont l'avenir reste incertain.South Sudan is the youngest born of the world's states, its independence dating from July 2011. It was the product of forty-six years of difficult and largely violent existence in the former “united” Sudan. In December 2013, President Salva Kiir announced an attempt at a coup d'état, after over a year of unraveling of the nascent state structures. It was, in fact, due to an attempt by the president himself at preventing the organization of a general election due to be held in 2015 and where his victory seemed highly problematic. The massacre of Nuer soldiers in Juba triggered a general civil war when several regions rose against the government. The regime survived due to the military intervention of the Ugandan Army. A very violent repression caused a massive number of civilian casualties (probably around 400 000 deaths) and a large number of internally displaced persons (1.5 millions) and refugees (2 millions). Negotiations eventually led to creating a fragile “peace” government whose future remains at present uncertain.
- Quand le Sahel central rencontre l'Afrique centrale, réflexions sur le conflit centrafricain - Thierry Vircoulon p. 56-72 Le conflit centrafricain n'est pas seulement l'aboutissement final de trente ans de mauvaise gouvernance structurelle depuis la démocratisation ratée des années 1990. Il est aussi et surtout le révélateur d'évolutions géopolitiques : l'effritement graduel des États tchadien et soudanais et le glissement des communautés pastorales du Sahel central jusqu'à la forêt congolaise. Ces évolutions ne se contentent pas de plonger le territoire centrafricain dans l'anarchie, elles sont en train de recomposer l'Afrique centrale.L'implication croissante des miliciens tchadiens et soudanais dans les conflits centrafricains depuis le début de ce siècle met en évidence à la fois la faible emprise des régimes soudanais et tchadien sur leurs turbulentes périphéries, la gouvernance de ces territoires par compromis avec des bandes armées et la formation d'un vaste espace de banditisme régionalisé qui englobe maintenant le territoire centrafricain.Le fait que le pastoralisme soit devenu un enjeu de sécurité majeur en Centrafrique traduit une nouvelle régionalisation de l'espace pastoral : les communautés du Sahel central glissent vers l'Afrique centrale. Alors qu'il était encore saisonnier et temporaire à la fin du siècle dernier, le mouvement du bétail et des hommes en provenance du Sahel central donne maintenant lieu à un nouveau front pastoral au nord de la République démocratique du Congo et modifie le peuplement du nord et de l'est de la Centrafrique. Cette nouvelle migration climatique nord-sud recompose discrètement mais profondément la géopolitique régionale : elle entretient des guerres de terroirs loin dans la brousse, introduit l'islam dans de nouveaux territoires et est vécue comme une invasion par les communautés autochtones. En remettant en cause la frontière invisible écologique, religieuse, sociale, politique et économique séparant l'Afrique sahélienne et l'Afrique centrale, le glissement vers le sud des éleveurs sahéliens va exacerber la conflictualité actuelle.The Central African Republic conflict is not only the final act of thirty years of bad governance that started with the botched democratization process in the 1990s. It is first and foremost the symptom of the geopolitical shifts underway in the region : the progressive crumbling of the Chadian and Sudanese states and the movement of pastoralist communities from the Sahel to the edge of the Congolese tropical forest. These geopolitical shifts are not only causing havoc in the Central African Republic, they are also transforming the Central Africa region.Since the start of this century, the involvement of Chadian and Sudanese militiamen into the Central African conflicts has increased. It demonstrates that the Chadian and Sudanese régimes are losing control over their rebellious peripheries and co-rule these territories with non-state armed groups. Nowadays these peripheries constitute a vast lawless area that incorporates the Central African Republic.Pastoral farming has become a major security issue in the Central African Republic because of the regionalisation of this activity : the Sahelian pastoralist communities are gradually moving south to the Central Africa region. At the end of last century, the cattle migration from the dry land to the savannah was seasonal and temporary. But it is now opening up a new pastoral frontier in Northern Congo and transforming the settlement patterns in the North and East of the Central African Republic. This new climate migration from North to South is discreetly but surely redefining the regional geopolitical order : it causes land conflicts in the bush, it extends Islam into new territories and it is seen as an invasion by the local communities. As it is contesting the ecological, religious, political, social and economic border that divides the Sahel and Central Africa, the migration of the pastoralist communities to the South is a perfect recipe for more conflicts.
- L'araignée dans la toile. Le Rwanda au cœur des conflits des Grands Lacs - Filip Reyntjens p. 73-90 Les deux guerres du Zaïre/Congo ont été menées par de nombreux acteurs : armées nationales de plusieurs pays de la région, mouvements rebelles congolais et voisins, « entrepreneurs de l'insécurité ». Des alliances mouvantes régionales en ont déterminé le déroulement et l'issue. Cet article met l'accent sur le rôle joué par le plus petit pays de la région, le Rwanda. C'est à son initiative que les conflits débutent et à chaque fois ses actions sont déterminantes. Au-delà des guerres congolaises, le Rwanda a été et reste en conflit, à un moment ou à un autre, avec l'un ou l'autre de ses quatre voisins. Cela s'explique pour partie par des soucis sécuritaires bien réels, mais cette réalité renvoie aussi à l'expérience historique récente de l'ancien mouvement rebelle, le Front patriotique rwandais (FPR), devenu parti au pouvoir. La longue durée offre un autre élément d'explication. Le Rwanda précolonial était une société profondément militarisée et un ancien « nationalisme belligérant », ramené par la diaspora tutsie après la victoire du FPR, continue de façonner la vision des relations régionales de ses leaders.The two successive Zaire/Congo wars have been waged by many actors : national armies of several countries of the region, Congolese and neighboring rebel movements, “entrepreneurs of insecurity”. Shifting regional alliances have determined their development and outcome. This article focuses on the role played by Rwanda, the smallest country in the region. Its initiatives were at the origin of the conflicts and each time its actions were instrumental. Since the Congo wars, Rwanda has always been and remains, at one moment or another, in conflict with its four neighbors. While genuine security concerns drove it into action, we explain this reality also based on recent experiences of the former rebel movement Rwandan Patriotic Front (RPF), which is in power today. The longue durée offers another element of explanation. Precolonial Rwanda was a profoundly militarized society, and an ancient “belligerent nationalism”, brought home by the Tutsi diaspora after the RPF's victory, continues to inform its leaders on the reading of regional relations.
- L'Afrique centrale : le nouveau « Grand Jeu » - Jean-Pierre Bat p. 91-107 Le paysage politico-diplomatique de l'Afrique centrale a profondément évolué depuis le début du siècle : à la veille de la décennie 2020 de nouvelles lignes de force géopolitiques se font jour. Les présidents africains de la nouvelle génération savent, mieux que leurs aînés des années 1990-2000, composer avec le nouvel ordre mondial, avec ses règles du jeu en recomposition au XXIe siècle. L'Afrique centrale y occupe une place d'autant plus stratégique qu'elle est devenue le centre d'un nouveau « Grand Jeu » dans lequel la Chine s'impose comme le grand acteur international. Entre les nouveaux rapports de force multilatéraux et les repositionnements des acteurs étatiques et para-étatiques africains et étrangers, une nouvelle géographie politique de la sous-région émerge : les héritages postcoloniaux y sont souvent identifiés mais les nouvelles combinaisons stratégiques trop fréquemment sous-estimées.The political and diplomatic situation of Central Africa has deeply changed since the beginning of the twenty-first century. At the beginning of the 2020s, new geopolitical trends are emerging. African presidents from the new generation know much better than their elders from the 1990s and 2000s how to play with the changing rules of the international game. Central Africa is becoming, in the new international order, the center of a new “Great Game” in which China appears as the major international actor. A new political geography is emerging between a new balance of power, on the one hand, and, on the other hand, the repositioning of African and foreign institutional actors : post-colonial legacies are often identified but new strategical schemes are usually underestimated.
- Géopolitique des forêts d'Afrique centrale - Alain Karsenty p. 108-129 À rebours des autres régions du monde, l'Afrique pourrait devenir bientôt le continent de la déforestation, avec la République démocratique du Congo qui perd plus d'un million d'hectares de couvert arboré par an. En Afrique centrale, la déforestation est le fait d'une petite agriculture dont l'emprise géographique s'accroît avec la démographie et la volonté de se constituer des patrimoines fonciers. Le phénomène d'accaparement des terres boisées par l'agrobusiness reste limité, la plupart des annonces impressionnantes ayant tourné court du fait des résistances paysannes et des réticences des gouvernements. L'exploitation des forêts se fait toujours très largement sous le régime des concessions, mais les intérêts européens sont devenus minoritaires face aux conglomérats asiatiques, notamment chinois. L'émergence d'une rivalité sino-indienne dans le secteur forestier se dessine au Gabon. Les initiatives internationales qui se succèdent n'ont pas obtenu de résultats convaincants et le processus REDD + reste essentiellement une vitrine à destination des donateurs sans prise réelle sur le terrain. Le Gabon a su tirer parti d'une habile diplomatie climatique qui lui confère un leadership auparavant occupé par la RDC. La crise de 2020 pourrait entraîner une baisse de certaines pressions sur les forêts (infrastructures et activités extractives) mais risque d'en renforcer d'autres, de nombreux néo-chômeurs devant se rabattre sur l'agriculture vivrière.In contrast to other regions of the world, Africa could soon become the continent of deforestation, with Democratic Republic of Congo losing more than 1 million hectares of tree cover per year. In Central Africa, small-scale agriculture is the main driver of deforestation. Its expansion is associated with demographic patterns and the desire to build up a land heritage. Land grabbing of forestland by agribusiness remains limited, as most of the impressive announcements have turned out to be short-lived due to local people resistance and government reluctance. Forest exploitation is still mostly carried out under the concession regime, but European interests have become a minority in the face of Asian conglomerates, particularly Chinese. The emergence of Sino-Indian rivalry in the forestry sector is emerging in Gabon. Successive international initiatives have not achieved convincing results, and the REDD + process remains essentially a showcase for donors with no real grip on the ground. Gabon has been able to take advantage of a skillful climate diplomacy that gives it a leadership previously hold by the DRC. The 2020 crisis could reduce some pressures on forests (infrastructure and extractive activities), but may increase others, as many neo-unemployed people will have to resort to subsistence farming.
- Géopolitique de l'Afrique centrale. La CEEAC entre centralité introuvable et déficit chronique d'intégration - Marc-Louis Ropivia p. 130-145 L'organisation majeure de l'intégration régionale en Afrique centrale est la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC). L'appartenance de cinq de ses États membres aux régions d'Afrique orientale et australe ainsi que leur dépendance des corridors de désenclavement de ces deux zones constituent des forces centrifuges qui entraînent un déficit d'intégration dans la CEEAC. L'une des solutions pour y remédier est le recentrement sur la République démocratique du Congo et son émergence en tant qu'État-pivot de l'entité régionale d'Afrique centrale.The major organization for regional integration in Central Africa is the ECCAS (Economic Community of Central African States). The fact that five of its member States belong to Eastern or Southern Africa as well as their dependence on the opening-up corridors of these two zones constitute centrifugal forces which lead to a lack of integration into ECCAS. One of the solutions to remedy this is to refocus on Democratic Republic of Congo and its emergence as a pivotal state of the regional entity of Central Africa.
- Situation sanitaire de la République démocratique du Congo en 2020 - René Migliani, Jeanne-Marie Amat-Roze p. 146-164 Près de vingt ans après le numéro de la revue Hérodote consacré à l'Afrique médiane où seuls les aspects humanitaires et sanitaires liés au conflit rwandais avaient été abordés, décrire la situation sanitaire actuelle de la République démocratique du Congo est un observatoire pour juger du développement de ce pays sur la période. Des affections, la rougeole, les endémies prioritaires, le paludisme, l'infection à VIH-sida, la tuberculose et deux maladies émergentes épidémiques, la maladie à virus Ebola et la maladie à coronavirus 2019, montrent que ce vaste pays se remet encore des conflits des années 1990, et a du mal à se développer et à sortir de la pauvreté. Les carences du système de santé sont encore grandes, bien que la part du budget de l'État alloué à la santé ait été nettement améliorée. L'accès aux soins et aux activités de prévention est difficile, notamment pour les femmes et les enfants. Grâce à l'aide internationale les endémies prioritaires commencent à reculer et certaines épidémies peuvent être contrôlées, notamment la maladie à virus Ebola.Nearly twenty years after Hérodote dedicated an issue to Middle Africa, in which only the humanitarian and health aspects related to the Rwandan conflict had been addressed, to describe the current health situation in the Democratic Republic of Congo is an observatory to evaluate the development of this country over time. Diseases, measles, priority endemics, malaria, HIV-AIDS infection, tuberculosis and two emerging epidemic diseases – Ebola virus disease and coronavirus disease 2019 – show that this vast country is still recovering from the conflicts of the 1990s and is struggling to develop and lift itself out of poverty. The deficiencies of the health system remain important, although the share of the state budget allocated to health has been significantly improved. Access to care and prevention activities is difficult, especially for women and children. Thanks to international assistance, priority endemic diseases are beginning to decline, and some epidemics can be controlled – such as the Ebola virus disease.
- Accaparement foncier et officialisation de la propriété privée au Kenya - Claire Médard, Stéphanie Duvail p. 165-181 La conception vernaculaire des accaparements fonciers, au Kenya, souligne les responsabilités de l'État, dans la mesure où le pouvoir s'est construit historiquement autour du contrôle foncier. Elle introduit aussi la notion de la légitimité d'une appropriation, qui serait fonction de l'appartenance ethnique ou nationale. L'accent mis sur les acteurs et les échelles de l'officialisation de la propriété de la terre permet de poser différemment la question d'une souveraineté « ethnique » ou « nationale » à partir du contrôle foncier et des formalisations contrastées de la propriété. Des études de cas mettent en lumière les transformations locales du contrôle foncier pour mieux saisir les articulations de pouvoir aussi bien dans le cas d'acquisitions foncières internationales que dans celui d'accaparements fonciers domestiques.The vernacular meaning of land-grabbing in Kenya points at the role played by the State in land thefts, reminding us that, historically, state power was built through control over land. Accusations of land-grabbing also convey the idea that the legitimacy of land ownership follows the orderly representation of ethnic and national belonging. We focus on actors and scales of the official making of private land ownership to highlight institutionally rooted strategies of control over land and contrasting formalizations. We link these to “national” and “ethnic” sovereignty. Case-studies help us understand the local transformation of land control and its power base whether dealing with large-scale international land acquisitions or domestic land-grabbing.
- Les manzanzavilles et les « camps riches » de Kinshasa : aperçu de la dynamique et de la géopolitique urbaines - Francis Lelo Nzuzi p. 182-197 Le paysage urbain de Kinshasa porte les stigmates de trois types de politique et stratégie de gestion urbaine : social, libéral et néolibéral. Ce paysage a été façonné en trois phases successives. Avant l'indépendance, la ville a bénéficié d'une politique urbaine du type social avec la construction de logements sociaux clés en main mis en location-vente. Après l'indépendance, la ville a connu une politique urbaine du « laisser-faire » du type libéral engendrant des quartiers d'auto-construction et manzanzavilles ou bidonvilles. Depuis la décennie 2000, la ville a vu se développer un urbanisme du type néolibéral à l'origine des « cités résidentielles fermées et sécurisés », à l'instar de ce qu'on appelle aux États-Unis les « gated communities » que les Kinois ont surnommées « camps riches ».Kinshasa's urban landscape bears the scars of three types of urban management policy and strategy : social, liberal and neo-liberal. This landscape was shaped in three successive phases. Before Independence, the city benefited from an urban policy of the social type with the construction of social housing put on sale. After Independence, the city experienced an urban policy of “let it be” with a liberal type of town planning, the genesis of self-built neighborhoods and “manzanzavilles” or slums. Since the 2000s, the city has seen the development of a neo-liberal type of town planning in its urban space at the origin of “closed and secure residential cities”, like the so-called “Gated communities” in the United States – that Kinshasa nicknamed “rich camps”.