Contenu du sommaire : Constructionnalisation : étude contrastive franco-japonaise
Revue | Langages |
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Numéro | no 220, décembre 2020 |
Titre du numéro | Constructionnalisation : étude contrastive franco-japonaise |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Catherine Schnedecker, Céline Vaguer p. 5-8
- Constructionnalisation : étude contrastive franco-japonaise. Présentation - Itsuko Fujimura p. 9-20
- Étude contrastive de quelques connecteurs formés sur le verbe dire en français et en japonais : "ceci dit", "cela dit", "to-wa-ie" et "to-itte-mo" - Jun-ya Watanabe p. 21-42 Nous discutons de la fonction des connecteurs ceci dit, cela dit et to-wa-ie, to-itte-mo, par une approche contrastive franco-japonaise. Ceci dit et cela dit ont en commun trois emplois : (i) l'emploi temporel qui introduit dans le subséquent une description des actions extralinguistiques ; (ii) l'emploi argumentatif dans lequel le subséquent fonctionne comme une réserve vis-à-vis de l'antécédent ; (iii) l'emploi sans subséquent explicite. On peut admettre diachroniquement des changements de sens de (i) à (ii) et de (i) à (iii) ; celui de (i) à (ii) peut être considéré comme une pragmaticalisation et une constructionnalisation. À la différence du cas de ceci dit et cela dit, le changement graduel vers l'argumentatif n'est pas attesté pour to-wa-ie et to-itte-mo, qui semblent pragmaticalisés dès le début de leur histoire. Une des raisons en est que ces connecteurs japonais ont recours à des postpositions qui les désambiguïsent.I discuss the function of connectors ceci dit and cela dit on one hand, to-wa-ie and to-itte-mo on the other, in a contrastive approach in French and in Japanese. Ceci dit and cela dit have three uses in common: (i) temporal use which introduces a description of extralinguistic actions in the subsequent; (ii) argumentative use which the subsequent works as a reserve with reference to the antecedent; (iii) use without explicit subsequent. I assume the diachronical changes of meaning from (i) to (ii) and from (i) to (iii); the change from (i) to (ii) can be called pragmaticalization and constructionalization. In Japanese, unlike the case of ceci dit and cela dit, no gradual change to the argumentative use is attested for to-wa-ie and to-itte-mo, which seem pragmaticalized from the beginning of their history. One of the reasons for this is that these Japanese connectors have recourse to the postpositions which disambiguate them.
- Les modulateurs d'assertion en français et en japonais du point de vue de la constructionnalisation - Simon Tuchais p. 43-64 On peut identifier en français comme en japonais une classe d'expressions, représentées respectivement par je crois et to omou, qui peuvent s'utiliser pour signaler que l'énoncé qui les contient est l'expression d'une opinion personnelle, modulant ainsi son assertion. Le but de cette étude est d'examiner leurs caractéristiques syntaxiques, sémantiques et pragmatiques dans le cadre de la constructionnalisation (Traugott & Trousdale 2013). L'examen met en lumière, dans les deux cas, des faits qui appuient l'hypothèse d'un tel processus, tout en faisant apparaître des différences liées principalement à la structure des phrases dans les deux langues.A class of assertion modulators, such as je crois in French and to omou in Japanese, plays a similar role in both languages of indicating the expression of a personal opinion. This study examines the relation between their syntactic, semantic, and pragmatic characteristics from the perspective of constructionalization (Traugott & Trousdale 2013). For both languages, the findings support the hypothesis of such a process, while showing differences that relate mainly to the sentence structure in both languages.
- L'emploi discursif de "après", étude contrastive avec "ato" en japonais. Extension contextuelle et pragmaticalisation - Hisae Akihiro p. 65-86 Nous étudions les emplois discursifs de après et de ato. Malgré leur origine différente, les deux formes ont une grande affinité sémantique et fonctionnelle. En nous basant sur des corpus oraux et écrits, nous proposons une étude descriptive sur l'état actuel de leur polysémie. Dans les deux cas, la pragmaticalisation et l'extension contextuelle causent l'expansion d'emplois discursifs surtout dans l'oral informel et interactif. Il existe cependant une différence entre les deux marqueurs : après a une plus grande variété d'emplois discursifs que ato. Cette différence peut être expliquée par un facteur lexical et par le processus de constructionnalisation de chaque forme.We study the discursive uses of après and ato. Despite their different origins, these two forms have quite similar semantic and functional properties. Using spoken and written corpora, we describe the polysemy of each form. In both cases, pragmaticalization and contextual extension have caused the discursive uses of these forms to be extended, especially in informal speech. There is, however, a difference between them: après has a greater variety of discursive uses than ato, which can be explained by their respective lexical meanings and processes of constructionalization.
- Dire le haut degré sans le dire en japonais et en français : exclamatives en "à quel point" et en "donnani`" - Takuya Nakamura p. 87-110 Le japonais et le français partagent un mécanisme pour exprimer subjectivement le haut degré d'une propriété. Il prend la forme de constructions syntaxiques particulières, ayant leurs propres forme et sens, avec une valeur pragmatique bien délimitée. En japonais, donnani forme une construction indépendante et une construction dépendante, en corrélation avec la fin de phrase kotoka. En français, à quel point se construit presque exclusivement en subordonnée, dépendant de prédicats qui excluent l'interprétation de questionnement. Malgré leur forme interrogative, ils ne sont pas employés pour poser une question dans un dialogue mais pour former l'argument de la prédication d'indicibilité ou d'incompréhension, le tout constituant une exclamation.Japanese and French have in common a mechanism to subjectively express the high degree attained by a property. It takes a form of special syntactic constructions, pairs of proper form and meaning, with a well limited pragmatic value. In Japanese, donnani forms independent and dependent constructions, co-occurring with kotoka in the sentence final position. In French, à quel point is constructed almost always in a subordinate clause, dependent on predicates which exclude question interpretation. Regardless of their interrogative form, they are not used to ask a question in a dialogue but to constitute the argument of a predication of unspeakability or incomprehension. The whole forms an exclamation.
- La pluralisation nominale en français et en japonais revisitée du point de vue de la constructionnalisation - Baptiste Puyo p. 111-127 Cet article s'appuie sur la comparabilité du français et du japonais pour montrer que certains pluriels nominaux ne sont pas compréhensibles par la représentation classique de type quantitatif, car ils relèvent d'un processus de constructionnalisation dont nous comparons les mécanismes linguistiques dans ces deux langues. Un type précis de pluriels indéfinis en français et les pluriels obtenus par redoublement en japonais sont redéfinis comme des constructions, faisant émerger un sens nouveau qui impose un contexte énonciatif précis. Notre analyse contrastive aboutit à deux conclusions : ce processus est différent en français (constructionnalisation procédurale) et en japonais (constructionnalisation lexicale) ; au niveau interlinguistique, la pluralisation nominale est située dans un continuum entre un pôle référentiel (le pluriel comme contenu) et un pôle non référentiel (le pluriel comme procédure).This article is based on the comparability of French and Japanese to show that certain nominal plurals are not understandable by the classical quantitative type representation, because they are actually part of a process of constructionnalisation whose we compare linguistic mechanisms in these two languages. A precise type of indefinite plurals in French as well as the nominal plurals obtained by reduplication in Japanese thus require to be redefined as constructions, bringing out a new meaning which imposes a particular enunciative context. Our contrasting analysis leads to the following two conclusions: this process is different in French (procedural constructionalization) and in Japanese (lexical constructionalization); at the interlinguistic level, the phenomenon of nominal pluralization is in this way located in a continuum between a referential pole (the plural as a content) and a non referential pole (the plural as a procedure).
- Le genre/sexe dans la constructionnalisation de syntagmes du type "nation sœur", "femme maire" en français : étude contrastive français-japonais - Itsuko Fujimura p. 129-150 Le travail vise à élucider le rôle que joue le genre grammatical dans la composition [nn] en français, en mettant en évidence les différences avec le japonais. Nos analyses portent sur deux questions : l'ordre des mots des séquences [femme + nh] (femme maire) et la cooccurrence dans les séquences [nnh + nh.p] (nation sœur). En japonais, ces deux questions sont sémantiquement déterminées par la typicité en tant que nom et la transparence de la métaphore. En français, dans ces deux cas, l'intervention de la construction schématique [forme : genre grammatical] ↔ [sens : sexe dénotatif] dans le réseau de constructions entraîne un processus de « constructionnalisation procédurale » qui aboutit à une construction peu prédictible.This work aims to elucidate the role that grammatical gender plays in [nn] compounding in French, highlighting the differences with Japanese. Our analyses focus on two issues: word order in sequences [femme ‹woman› + hn] (femme maire ‹woman mayor›) and cooccurrence in sequences [nhn + Kinship Noun] (nation sœur ‹nation sister›). In Japanese, these two questions are semantically determined by the prototypicality as N and the transparency of metaphor. In French, in these two cases, because of the intervention of the schematic construction: [form: grammatical gender] ↔ [meaning: denotative sex] in the construction network, an unpredictable construction is brought in following “procedural constructionalization”.