Contenu du sommaire : Staging Atmospheres: Theatre and the Atmospheric Turn - Volume 1
Revue | Ambiances |
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Numéro | 2020 |
Titre du numéro | Staging Atmospheres: Theatre and the Atmospheric Turn - Volume 1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Staging Atmospheres: Editorial introduction to the first volume - Chloé Déchery, Martin Welton Ce dossier thématique d'Ambiances aborde les questions soulevées par le paradigme théâtral qui émerge dans le cadre des recherches internationales sur les atmosphères et les ambiances. D'une part, le dossier cherche à comprendre pourquoi le théâtre semble se présenter comme un exemple aussi aigu de ce que Thibaud (2015) a appelé la « tonalité affective » de l'expérience esthétique pour des travaux scientifiques qui ne s'intéressent pas spécifiquement à l'étude de la performance. D'autre part, il s'agit de savoir ce que la pratique et l'étude du théâtre doivent apprendre des enquêtes menées dans d'autres disciplines et au sein desquelles les caractéristiques définitoires du théâtre et du théâtral en tant qu'indices générateurs d'atmosphères esthétiques, spatiales et/ou sociales ont pu être régulièrement déployées par des chercheurs en architecture, en géographie et en philosophie. Que pourrait apporter une meilleure connaissance de la production et de la réception des conditions atmosphériques du théâtre aux recherches qui s'en inspirent de manière analogique et/ou exemplaire ? Comment la mise en scène d'atmosphères au sein du théâtre et de pratiques associées peuvent-elles offrir des exemples et des méthodes concrètes à des préoccupations plus larges concernant les climats socioculturels, politiques et écologiques ? De même, quelles leçons le théâtre et les spectacles doivent-ils tirer des efforts considérables qui sont déployés dans le cadre des études sur les atmosphères et ainsi réévaluer leurs propres effets esthétiques et environnementaux ?This special issue of Ambiances seeks to address issues raised by the emerging theatrical paradigm within international scholarship on atmosphere and ambiance. On the one hand, the issue seeks to investigate why the theatre seems to present itself as such an acute example of what Thibaud (2015) has termed the ‘affective tonality' of aesthetic experience for scholarship that does not necessarily attend to the study of performance per se. On the other hand, it concerns what, in turn, the practice and study of theatre has to learn from enquiries across a range of other disciplines in which features of theatre and the theatrical as aesthetic, spatial and/or social generators of atmospheres have been regularly deployed by scholars in architecture, geography and philosophy. What might greater insight into the production and reception of theatre's atmospheric conditions lend to enquiries that draw upon it analogically and/or in exemplary terms? How can the staging of atmospheres within theatre and associated practices offer concrete examples and methods to broader concerns for sociocultural, political, and ecological climates? Similarly, what lessons should theatre and performance take from the considerable efforts within the atmosphere studies to address its own affects, aesthetics, and environments?
- Ecological combustion: the atmospherics of the bushfire as choreography - Rachel Fensham Cet article étudie les atmosphères générées par le pouvoir élémentaire des feux de brousse comme incarnation, invention et reconstruction à travers la chorégraphie. En nous inspirant de l'analyse de Bachelard sur la phénoménologie du feu, nous proposons une évaluation de sa substance et de sa volatilité symbolique, qui est liée à une compréhension de la place du feu dans l'environnement australien, aussi bien du point de vue des colonisateurs que de celui des autochtones. Cette étude détaillée de plusieurs danses - qui utilisent des structures et des vocabulaires expressifs différents, - représente un point d'entrée dans l'expérience du feu en tant qu'affect et force vitale en mouvement dans des formations expressives qui rendent compte des événements historiques réels et leurs conséquences. L'atmosphère devient à la fois un générateur et un résidu de ce mouvement. En conclusion, cet article accorde de l'importance aux débats sur le changement climatique dans le contexte de l'Anthropocène et de l'éco-féminisme. Il suggère que les feux de brousse sont plus destructeurs que jamais, non pas par leur nature « sauvage » mais à cause de l'influence des humains dans les destructions accrues. Davantage de sensibilisation à la nature-culture du feu dans les performances est ainsi bénéfique à d'autres disciplines car elle favorise ce que nous appelons la « combustion » sans perte de vie et en reconnaissant également les expériences de perte et de régénération.This paper examines the atmospheres generated by the elemental power of bushfires as embodiment, invention and reconstruction through choreography. Drawing upon Bachelard's analysis of the phenomenology of fire leads to an appreciation of its substance and symbolic volatility, that is interlaced with an understanding of fire's place in the Australian environment from both settler and indigenous perspectives. The close examination of several dances, that use different expressive vocabularies and structures, provides a means to access the experience of fire as an affect and a moving vital force in expressive formations that record real historical events and their impact. The atmosphere becomes then both the generator and the residue of movement. In conclusion, the paper gives attention to debates about climate change, in the context of the Anthropocene and ecofeminism, and suggests that the bushfire is more destructive than it ever has been, not because of its “wild nature” but because of the influence of humans in causing greater destruction. Greater awareness of the nature-culture of fire in performance is therefore valuable to other disciplines in so far as it facilitates what I'm calling “combustion” without loss of life, in recognition also of the experience of loss and regeneration.
- In Search of Lost Weather: Temporal Reflexivity and Ecological Awareness in Participatory Performance - Jamie Harper Cet article avance que la réflexivité temporelle lors d'exercices de performance participative peut renforcer l'agentivité des participants en les invitant à comparer des imaginaires passés et futurs pour nourrir une créativité tournée vers le présent. À l'inverse des formes contemporaines de performances immersives, qui valorisent l'immédiateté de la présence, nous soutenons que les atmosphères immersives concentrant la perception sur un maintenant immanent peuvent restreindre la volonté créative. Cette proposition est développée en référence à la théorie des affects de Spinoza selon laquelle se soumettre aux affects du présent peut rendre le corps humain passif. Une esthétique alternative de la réflexivité temporelle est présentée à travers l'analyse de projets de performance qui s'appuient sur des jeux de rôles et qui ont été conçues et développées par l'auteur entre 2017 et 2018. Les observations qui se dégagent de ces projets indiquent qu'une perspective approfondie sur une mise en perspective de la temporalité peut renforcer la sensibilité des participants aux liens relationnels qui existent au sein des conditions atmosphériques de leur jeu et étoffer leurs capacités créatives pour générer leurs propres atmosphères. La dernière partie de cet article s'appuie sur les théories de l'écologie de Gregory Bateson. Elles nous permettent de conclure que la réflexivité temporelle peut augmenter la sensibilité écologique et encourager les participant.e.s à engager des actions volontaires afin de former délibérément des atmosphères, ou des écologies, qui sont jouées et vécues de l'intérieur.This article argues that temporal reflexivity in participatory performance practices can support the agency of participants by inviting them to compare past and future imaginings to inform creative action in the present. In contrast with contemporary forms of immersive performance which valorise the immediacy of presence, the article argues that immersive atmospheres that focus perception on the immanent moment of now can restrict creative volition. This proposition is developed with reference to Spinoza's theory of affects which suggests that being driven by the affects of the present can render the human body passive. An alternative aesthetics of temporal reflexivity is presented through discussion of participatory performance projects using live action role-play drama that were designed and facilitated by the author during 2017-2018. Insights drawn from these projects suggest that a depth perspective on time can heighten participants' awareness of relational connections within the atmospheric conditions of their play and expand their creative capacities to make their own atmospheres. The latter part of the article draws on Gregory Bateson's theories of ecology to conclude that temporal reflexivity can enhance ecological awareness, enabling individuals to undertake volitional action to purposefully shape the atmospheres, or ecologies, that they play, and live, within.
- The Theatricality of Organizational Atmosphere - Lydia Jørgensen Ces dernières années, on a soutenu que le secteur public devrait mettre en scène des expériences citoyennes pour placer l'humain avant le système. L'article explore comment une organisation publique met une telle expérience citoyenne en pratique. Pour ce faire, l'article s'appuie sur l'approche de Gernot Böhme concernant l'atmosphère en tant que pratique scénographique. Cette approche reflète comment les pratiques esthétiques sont devenues essentielles dans un processus d'esthétisation en cours dans la société : une esthétisation qui concerne une concentration accrue sur la valeur expérientielle. L'article entre en dialogue avec le théâtre contemporain pour élaborer de manière critique la théâtralité de la mise en scène d'atmosphères organisationnelles comme une préoccupation à la fois sociale et politique. L'article ne clarifie pas seulement comment la mise en scène des atmosphères peut être théoriquement comprise et étudiée empiriquement, mais soutient également que la mise en scène de l'atmosphère organisationnelle contribue à penser l'organisation en tant que phénomène esthétique.In recent years, it has been argued that the public sector should stage citizen experiences to put the human before the system. The paper explores how a public organization stages such citizen experience in practice. In order to do that, the paper builds on Gernot Böhme's understanding of atmosphere as a scenographic practice, reflecting how aesthetic practices have become pivotal in an ongoing aesthetization process in society as an enhanced focus on experiental value. The paper engages with contemporary theatre to critically elaborate the theatricality of staging organizational atmospheres as both a social and political concern. While the paper studies how the staging of atmospheres can be theoretically understood and empirically investigated, the paper argues that the staging of organizational atmosphere contributes to thinking organization as an aesthetic phenomenon.
- Miasmas in the theatre: Encountering carceral atmospherics in Pests (2014) - Molly McPhee Pests (Clean Break, 2014), de Vivienne Franzmann, raconte l'histoire de deux femmes-rats qui courent autour d'un « nid » putréfié fait de matelas en décomposition. Écrit à la suite de résidences dans des prisons pour femmes, Pests était voulu par Franzmann comme une sensibilisation aux récits d'expériences souvent narrés par les détenues : la pauvreté, la violence domestique, les agressions sexuelles et les enfances passées en institution. « C'est brutal, mais c'est authentique » raconte-t-elle (Gentleman, 2014). Dans l'imaginaire carcéral de Pests, les conséquences de la prison se retrouvent liées aux rebuts, à la maladie et à l'animalité. Ainsi, comme nous le suggérons, cet imaginaire met en scène un miasme de dépossession et d'exclusion sociale. Dans cet article, nous explorons Pests comme un exemple de performance miasmatique. Nous étudions l'esthétique et la politique des atmosphères carcérales de cette pièce, avec en creux la façon dont elles explicitent et à la fois brouillent un désir collectif d'attribuer une fonction précise à la prison au sein de la société.In Vivienne Franzmann's Pests (Clean Break, 2014), two rat-women scamper around a putrefied “nest” of rotting mattresses. Written following residencies in women's prisons, Franzmann intended Pests to raise awareness on what imprisoned women frequently report as part of their lived experience: poverty; domestic violence and sexual assault; and childhoods spent in care. “It is brutal, but it is authentic,” she says (Gentleman, 2014). The aftermath of prison becomes, in the carceral imaginary of Pests, intertwined with waste, disease and animality. In this, I suggest, it performs a miasma of dispossession and social exclusion. In this article I explore Pests as an example of what I call miasmatic performance. I investigate the aesthetics and politics of carceral atmospherics produced by this theatre, thinking through how they both elicit, and simultaneously confound, a collective desire to attribute a clear function to prison in society.
- Le printemps à la portée des gestes. Danser le solo de l'élue dans Le sacre du printemps au XXIe siècle - Aurore Després Peu d'œuvres scéniques posent la question climatique et atmosphérique de manière aussi cruciale : après avoir célébré la terre comme pour secouer l'hiver, une communauté acclame « Celle » qui sera in fine sacrifiée pour que le printemps advienne, tel est le drame du Sacre du Printemps (1913) dans lequel convergent toutes les matières de la musique de Stravinski, de la danse de Nijinski et de la scénographie de Roerich. Comment l'élue parviendra-t-elle à retourner la mort qui l'encercle en un geste de naissance afin, qu'en fin, le printemps jaillisse ? Le « printemps » peut-il arriver par des gestes ? Au travers des archives autour du célèbre ballet, notamment la fameuse critique de Jacques Rivière (1913) analysant toute l'atmosphère esthétique du ballet comme un « renoncement à la sauce » ; au travers surtout de la reconstitution historique de la chorégraphie par Dominique Brun intitulée Sacre #2 (2014) et de la danse de l'élue interprétée par Julie Salgues et de ses propres paroles sur ses gestes ; au travers encore de nos réflexions situées au présent d'un printemps 2020 qui ne semble pouvoir advenir, ce texte, analysant les différentes mises en pression jusqu'aux retournements du régime atmosphérique, voudrait contribuer à une théorie des atmosphères qui placerait le concept de geste et celui de geste-milieu, en son centre.Few scenic artworks raise the climatic and atmospheric issue in a such crucial way: after having celebrated earth and awaken winter, a community acclaims the Chosen One that will be ultimately sacrificed to make spring happen. Here lies he drama of The Rite of Spring (1913), in which converge all matters in Stravinski's music, Nijinski's dance and Roerich's scenography. How will the Chosen One repel death surrounding her, in a gesture of birth, in order for spring to flow out? Can spring come from gestures? This article is based on archives of the renowned ballet, notably the famous critic of Jacques Rivière (1913) analyzing the esthetic atmosphere of the ballet, and essentially on the historical reconstruction of its choreography by Dominique Brun entitled Sacre #2 (2014), interpreted by Julie Salgues and on her own words about her gestures. This paper, also based on my present thoughts in a 2020 spring that seems unable to unfold, analyses the various compressions until reversal of the atmospheric regime and aims to contribute to a theory of atmospheres that would place in its center the notion of gesture and especially of “geste-milieu”.