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Depuis 1950, les recherches sur les attitudes au travail, menées en particulier à Ann Arbor, ont pris de plus en plus en considération les problèmes généraux d'organisation de l'entreprise, montrant aussi les limites du thème des relations humaines. Un mode d'analyse proprement sociologique s'est peu à peu défini, débordant les problèmes du groupe de travail pour aborder directement ceux de l'autorité, de ses fondements et de son exercice. Un des résultats les plus intéressants concerne l'effet sur le fonctionnement des ateliers non pas de la répartition de l'influence mais de son volume général. L'idée de participation reçoit aussi un nouveau sens, ce qui peut conduire à une révision des méthodes de formation accordant une confiance trop naïve à la simple transformation des attitudes des agents de maîtrise à l'égard de leur groupe de travail.

Entre l'étude des attitudes ouvrières et l'analyse du système politique national, il est nécessaire, dans un pays en voie de développement comme le Brésil, de considérer les modes d'expression politique des réactions sociales des nouveaux travailleurs chassés de leur milieu traditionnel et attirés vers les usines et vers les villes. La faible socialisation de leur mécontentement ouvre un champ très large à faction des politiciens locaux, qui cherchent à se former une clientèle en obtenant pour elle des avantages immédiats. Ainsi s'interpose, entre un système politique dominé par les classes dirigeantes pré-industrielles et les mouvements de masse organisés, un réseau d'interventions politiques, qui agit à la fois sur les attitudes populaires et sur le fonctionnement de la vie politique nationale.

Les responsables d'organisations syndicales ont été souvent étudiés soit sous un angle purement psychologique, en termes de personnalité, de motivations, à partir de leurs caractéristiques individuelles, soit dans une perspective psycho-sociologique , en termes de statut et de rôle dans l'organisation, en opposant parfois la «base» et le «sommet» du syndicat. Sans nier l'intérêt de telles approches, le militantisme syndical, analysé ici par rapport à la mobilité sociale et professionnelle, est interprété en termes de projet, en référence à une structure socio-professionnelle relativement «fermée» dans le cas des ouvriers, et relativement «ouverte» dans celui des techniciens. La signification du projet syndical est recherchée à partir du désir d'indépendance, de la représentation du travail, et de la participation socio-politique. Les données présentées permettent une comparaison entre les militants, les adhérents, et les sympathisants d'une même fédération syndicale.

Pourquoi la sociologie du travail n étudier ait-elle pas le travail de la sociologie, et d'abord son organisation ? H. Mendras montre la diversité des rôles du chercheur et la difficulté de les jouer tous également bien. P. H. Chombart de Lauwe se place au niveau des unités de recherche pour considérer d'abord les conditions de leur cohésion et ensuite de leur liberté , face aux institutions universitaires et aux utilisateurs de recherche. A. Touraine, à partir d'un plaidoyer pour une différenciation plus grande des organismes de recherche , insiste sur les rapports pleins de nécessaires tensions entre l'utilité sociale et la liberté intellectuelle du travail scientifique. Ces textes reprennent des interventions présentées au cours d'une séance de la Société française de Sociologie. Nous remercions celle-ci de nous avoir permis leur publication. Ils expriment des opinions personnelles, ne prétendent pas à présenter une analyse documentée des problèmes de la recherche sociologique, mais veulent susciter une réflexion collective, qui , au-delà des sentiments, des espoirs et des amertumes, aidera les sociologues à prendre une conscience plus claire des problèmes sociaux de leur travail.