Contenu du sommaire
Revue | Revue économique |
---|---|
Numéro | vol. 72, no 1, janvier 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Does Bank Capital Matter for Corporate Borrowers? Evidence from France - Pietro Grandi, Elisa Darriet, Marianne Guille, Jean Belin p. 5-41 À l'aide d'une grande base de données regroupant 83 900 entreprises françaises appariées à 159 banques européennes sur la période 2014-2016, nous montrons que le capital des banques affecte la nature de leurs relations de crédit et l'accès au crédit des entreprises durant une phase d'expansion économique. Les entreprises informationnellement opaques sont plus susceptibles d'emprunter auprès de banques ayant des niveaux de capitalisation relativement élevés : en moyenne, les PME empruntent auprès de banques dont le ratio de capital est plus élevé, de 1,3 point de pourcentage, que celui des banques qui prêtent aux grandes entreprises. Cet appariement endogène a également des effets positifs sur les conditions d'octroi de crédit : en moyenne, une augmentation d'un écart type du ratio de capital de la banque est associée à une diminution d'un demi-point de pourcentage des coûts d'emprunt pour l'entreprise. Les entreprises liées aux banques à forte capitalisation obtiennent également davantage de prêts à court et long terme et sont moins tributaires du crédit commercial des fournisseurs. Ces résultats suggèrent que les banques à forte capitalisation et les entreprises a priori les plus susceptibles d'être contraintes financièrement sont naturellement prédisposées à s'apparier et que ces banques sont en mesure de répercuter leurs plus faibles coûts de financement sur leurs clients sous la forme d'une plus grande disponibilité de crédits à moindre coût.Using a large matched bank-firm database containing information on 83,900 French firms and 159 European banks for the period 2014–2016, we show that bank capital affects the type of lending relationships and firms' access to credit even during a phase of economic expansion. Informationally opaque borrowers are more likely to borrow from banks with relatively high levels of capital—on average, SMEs tend to borrow from banks that have 1.3 percentage points higher equity capital ratio with respect to banks that lend to larger firms. In turn, this endogenous matching has positive effects on credit conditions: a one-standard-deviation increase in bank capital ratio is associated to half a percentage point decrease in borrowing costs for the average firm. Firms related to high capital banks also obtain larger shares of short-term loans and long-term debt, and are less dependent on trade credit from suppliers. These results suggest that high capital banks and informationally opaque borrowers are naturally predisposed to match, and that these banks are able to pass down their lower funding costs to their customers in the form of greater availability of credit at a lower price.
- Imperfect Credibility versus No Credibility of Optimal Monetary Policy - Jean-Bernard Chatelain, Kirsten Ralf p. 43-63 Une crédibilité minimale de la banque centrale, avec une probabilité non nulle de ne pas revenir sur son engagement, est une condition nécessaire pour ancrer les anticipations d'inflation et garantir le retour de l'inflation vers sa cible de long terme. En revanche, l'absence complète de crédibilité, avec la certitude que la banque centrale reviendra sur son engagement (« discrétion optimale »), implique une bifurcation de la dynamique de l'inflation vers des trajectoires déflationnistes ou hyperinflationnistes. Dans l'exemple de la courbe de Phillips des nouveaux keynésiens, la politique optimale à très faible crédibilité impose une réponse de l'instrument de politique monétaire aux écarts de l'inflation de signe opposé à la politique de discrétion optimale, ce qui explique cette bifurcation.A minimal central bank credibility, with a non-zero probability of not reneging his commitment (“quasi-commitment”), is a necessary condition for anchoring inflation expectations and stabilizing inflation dynamics. By contrast, a complete lack of credibility, with the certainty that the policy-maker will renege his commitment (“optimal discretion”), leads to the local instability of inflation dynamics. In the textbook example of the New Keynesian Phillips curve, the response of the policy instrument to inflation gaps for optimal policy under quasi-commitment has an opposite sign than in optimal discretion, which explains this bifurcation.
- Do CDS Maturities Matter in the Evaluation of the Information Content of Regulatory Banking Stress Tests? Evidence from European and US Stress Tests - Amavi S. S. Agbodji, Emmanuelle Nys, Alain Sauviat p. 65-102 Cet article interroge la seule utilisation des spreads de CDS d'une maturité de 5 ans dans l'analyse de la réponse du marché des CDS à la publication des résultats des stress test bancaires. Est-ce que l'étude de ces contrats CDS de 5 ans nous fournit toute l'information pertinente sur la réponse du marché des CDS ? En effet, puisqu'un stress test évalue le risque des banques testées à différents horizons, nous soupçonnons une différence dans la réponse du marché selon ces horizons. Notre étude empirique montre qu'après la publication des résultats des stress tests, le contenu informationnel apporté par les différentes maturités diffère. Par conséquent, la seule utilisation des CDS de 5 ans pour apprécier le risque bancaire n'est pas suffisante.This paper questions the relevance of using only the 5-year maturity CDS spreads in the examination of the CDS market response to the disclosure of regulatory stress test results. Do the 5-year CDS contracts reflect all the relevant information on the response of the CDS market? Indeed, since a stress testing exercise measures tested banks' risk at different horizons, we suspect a difference in the market response depending on the horizons. Our empirical study shows that following the disclosure of stress tests' results, the information content provided by the different maturities differs. Therefore, simply using 5-year maturity CDS to assess banking risk is not sufficient.
- Taylor Rules and Liquidity in Financial Markets - Emanuele Franceschi p. 103-134 Nous revisitons l'histoire de la politique monétaire américaine dans le cadre d'une règle de Taylor, en utilisant des données et des informations de marché en temps réel. Nous constatons une instabilité importante des paramètres de la fonction de réaction de la Federal Reserve à l'écart de production et aux espérances d'inflation. Motivé par la crise financière mondiale et l'attention croissante portée aux marchés financiers, nous étudions le rôle de la liquidité dans la règle des taux d'intérêt. Nous estimons les modèles de commutation de Markov et constatons la conformité au principe de Taylor pendant la période d'inflation élevée pour une règle de Taylor standard et des violations cohérentes du principe de Taylor une fois que nous avons inclus des procurations pour la liquidité. Ces violations ne sont pas associées à des périodes d'inflation non ancrée.We revisit the US monetary policy history in the framework of a Taylor rule, using real-time data and market information. We find significant instability in the parameters of the Federal Reserve Bank reaction function to output gap and expected inflation. Motivated by the global financial crisis and the growing attention to financial markets, we study the role of liquidity in the interest rate rule. We estimate Markov switching models and find compliance to the Taylor principle during the high inflation period for a standard Taylor rule and consistent violations of the Taylor principle once we include proxies for liquidity. Such violations are not associated to periods of unanchored inflation.
- Dynamique des prix du bitcoin et hyperdéflation : une approche en théorie monétaire - Alexandre Sokic p. 135-146 Cet article explore l'impressionnante dynamique des prix du bitcoin en considérant cette cryptomonnaie dans son rôle essentiel d'intermédiaire des échanges. Le travail se démarque des recherches précédentes sur le bitcoin en étudiant sa dynamique des prix d'un point de vue théorique. On montre, en premier lieu, que l'évolution des prix du bitcoin observée depuis sa création peut être interprétée en termes d'hyperdéflation. Deuxièmement, un modèle de théorie monétaire à agent représentatif et monnaie dans la fonction d'utilité est utilisé pour représenter le rôle monétaire du bitcoin. On montre que les caractéristiques monétaires spécifiques du bitcoin, son stock nominal constant et sa divisibilité jusqu'à huit décimales, génèrent des sentiers d'hyperdéflation. D'autres scénarios alternatifs pour la dynamique des prix du bitcoin sont également discutés.The paper is deeply motivated by the need to explore the impressive Bitcoin price dynamics by addressing Bitcoin as money in its essential attribute as a medium of exchange. We differ from previous research on Bitcoin in investigating the Bitcoin price dynamics on the theoretical ground. First, we show that the impressive Bitcoin price development observed since its inception can be interpreted as a hyperdeflation. Second, we resort to a representative agent modelling strategy within a money-in-the-utility function framework capturing the role of Bitcoin as a medium of exchange. We show that the specific monetary features of Bitcoin, its constant nominal stock and divisibility down to eight decimal places, account for a strong possibility of speculative hyperdeflationary paths. Alternative scenarios of the dynamics of real Bitcoin balances are also open for discussion.
- Activités de trading des banques de dépôt et risque systémique : une séparation entre les activités d'intermédiation et les activités de marché s'impose-t-elle ? - Eric Fina Kamani p. 147-176 Cet article s'intéresse aux effets des activités de marché des banques de dépôt européennes sur leur exposition au risque systémique. Il montre que les activités de marché n'augmentent que l'exposition des grandes (petites) banques au risque systémique, mais seulement lorsque le marché est fortement (peu) concentré. Il souligne ainsi que les politiques favorisant une harmonisation du niveau de concentration bancaire des pays pourraient remédier aux effets néfastes de la diversification sur la stabilité du système bancaire européen. Toutefois, compte tenu de la difficulté à mettre en place de telles politiques, une réglementation qui sépare ces activités semble être une solution à l'instabilité du système bancaire européen résultant des activités de marché des banques de dépôt.This article examines the effects of trading activities of European retail banks on their exposure to systemic risk. We find that trading activities increase large (small) banks' systemic risk exposures, but only when the banking sector is highly (lowly) concentrated. This finding underlines that the implementation of policies favoring the harmonization of banking sector concentration of European countries' could remedy the negative effects of diversification on the stability of the European banking system. However, considering the difficulty of implementing such policies, a regulation policy separating these activities seems to be a solution to the instability of the European banking system resulting from trading activities of retail banks