Contenu du sommaire : Dossier-débat. Systèmes productifs : les modèles en question.

Partant d'une définition du modèle d'organisation comme «référentiel » dont la propriété est d'articuler représentations cognitives et schémas types d'organisation sociale, P. Veltz et P. Zarifian proposent ici une contribution originale à la question du post-taylorisme. Loin de plaider pour l'unité d'un nouveau modèle en gestation, la thèse d'un changement structurel profond, défendue par les auteurs, met l'accent sur la diversité, l'hétérogénéité, voire l'indétermination des formes de travail de demain. Elle prend appui sur l'analyse d'une triple crise - du concept d'opération, des modèles de coopération et d'innovation - propres à l'axiomatique taylorienne. Elle soumet à débat deux notions, placées au cœur des modèles émergents : l'événement et la communication.

A partir de monographies d'entreprises réalisées dans quatre pays, l'auteur met en évidence les problèmes de transition posés par les avatars du modèle taylorien et la réactualisation du modèle professionnel d'organisation du travail. Il envisage les différents aspects de la confrontation entre les anciennes et les nouvelles exigences du travail productif et émet l'hypothèse que la constitution d'entités perçues comme groupes d'appartenance par les travailleurs est un de ses enjeux. J.-L. Laville cherche à définir les formes et les conditions d'apparition de cette appartenance productive, en insistant non seulement sur les processus internes aux entreprises mais aussi sur l'écho qu'ils ont à un niveau plus général.

En se basant sur quatre études de cas réalisées dans l'industrie électronique et de l'habillement, l'auteur décrit la manière dont les activités économiques étaient coordonnées dans une économie planifiée, à trois niveaux différents : au niveau central, du point de vue des relations entre les firmes et à l'intérieur des firmes. Les structures régulatrices opérant à ces trois niveaux étaient caractérisées par un net décalage entre les systèmes de règles bureaucratiques officielles et les relations de pouvoir et de négociation informelles. Les concepts utilisés pour décrire cette situation sont ceux de «pseudo-bureaucratie», d'économie «pseudo-monétaire», et de «pseudo-taylorisme». L'étendue (mais pas l'existence) de ces décalages traduit une faible différenciation entre les impératifs politiques et les impératifs économiques, dont l'auteur s'efforce de cerner la nature et les conséquences, tant à l'échelle de la société dans son ensemble qu'à celle de l'entreprise et des groupes d'entreprises.