Contenu du sommaire : Fractures sociales

À partir de l'image emblématique du cocktail Molotov lancé contre quelque chose, une réflexion est recherchée sur l'instant de la révolte et ses développements fulgurants. La révolte vue dans une dimension phénoménique, indissociable de l'expérience du révolté, suspend le temps historique et se configure comme un acte autonome, indépendant de quoi que ce soit. Dans de telles conditions, on peut la considérer en tant qu'acte insubordonné, qui ne se soumet à rien. Il s'agit, dans une conception batallienne, d'un acte souverain. Mais quelles seraient les contributions de penser la révolte à l'instant de sa réalisation insubordonnée ? Dans cet engagement se dégage peut-être une pensée fulgurante de la révolte, transfigurant l'ennemi, les motivations personnelles, la cause collective et même le soi, joint à l'émergence d'une autre collectivité. Dans une telle émergence, l'instant de la révolte réalise, dans le refus et la contestation d'un mode de vie servile, une sorte de souveraineté solidaire, dans laquelle la révolte n'en est pas moins au nom de tous les siens.

Le modèle classique de la sociologie des mouvements sociaux ne permet que partiellement d'expliquer de nombreuses mobilisations telles que les Gilets jaunes en France, le mouvement de contestation au Chili de 2019 ou encore les mobilisations suite au décès de George Floyd aux États-Unis en 2020. Cet article essaie de renouveler ces grilles interprétatives en questionnant la liquidité des revendications, la figure de la « foule sans maître », ainsi que le rapport de ces mouvements à la souveraineté de l'État.

Comment se terminent les phénomènes d'effervescence populaire ? L'auteur convoque des exemples historiques (1918 en Allemagne, 1936, 1968, Gilets jaunes) pour analyser la tristesse de la séparation après un temps d'intense communion.

Les protestations sociales en Chine se sont déroulées dans un contexte réaliste et historique spécifique et ont eu une relation compliquée avec les médias ancrés dans la structure sociale spécifique. Notre intention est d'illustrer trois facteurs qui influencent le rôle des médias dans les manifestations sociales en Chine : le système médiatique, les règles de fonctionnement des institutions médiatiques et des professionnels des médias, et le capital social des manifestants et les stratégies de protestation. En se basant sur les points de vue et le degré d'implication des médias dans les protestations, cet article souligne les rôles des médias traditionnels dans les protestations sociales en quatre catégories : « défenseur », « promoteur », « coordinateur » et « obstructeur ». Ensuite, cet article propose trois types d'interaction discursive entre les médias traditionnels et les médias en ligne : les médias traditionnels dominent l'opinion publique ; les médias traditionnels et les médias en ligne dominent conjointement l'opinion publique ; les médias en ligne dominent l'opinion publique.

Ce texte examine, en les comparant, les manifestations de rue au Brésil en 2013 et celles des Gilets jaunes en France en 2018-2019.

Si les motivations premières du mouvement des Gilets jaunes initié en novembre 2018 étaient essentiellement d'ordre économique, d'autres revendications politiques et sociétales ont émergé au fil des protestations. Dans l'avancée des « samedis jaunes » en Actes, le débat sur la consultation directe des Français s'est imposé. Il portait sur les modes de production des propositions gouvernementales, entre les impulsions données par la présidence et le rôle joué par l'Assemblée nationale et le Sénat, les deux chambres du Parlement. C'est tout l'édifice de la démocratie représentative qui était alors remis en question, avec l'appel à l'instauration d'un Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) pour toute question portant à la fois sur les grandes lignes d'orientation politique et sur les aspects les plus concrets de la vie quotidienne des Français.

À partir des années 1980, le néolibéralisme a créé une inégalité socio-économique intolérable dans et entre diverses nations du monde. Cela a généré deux mouvements opposés. Le premier est le néofascisme présent dans divers pays et dans des mouvements politiques. Aux États-Unis, il est illustré par la combinaison de la bigoterie, de l'autoritarisme et de la brutalité du « trumpisme ». Le deuxième mouvement s'oppose au fascisme et englobe le progressisme du sénateur Bernie Sanders et le mouvement Black Lives Matter. Dans cet article, nous nous focalisons sur ce dernier en argumentant que son organisation antiraciste et décentralisée promet deux développements innovateurs dans la pratique démocratique pour les États-Unis et le monde entier. Si le parti démocratique ne soutient pas ces pratiques et adopte des changements socio-économiques, alors le « trumpisme » sera de retour au pouvoir. Par conséquent, où ?

Nous vivons une crise sociétale qui sous-tend un changement de paradigme. Gilets jaunes et confinement covidien illustrent un accroissement de méfiance, de colère qui déstabilise les systèmes de pouvoir conventionnels, qu'ils soient politiques, médiatiques, syndicaux ou autres. Dans ce contexte d'interrogations existentielles s'impose à nous une multiplication de soulèvements populaires qui témoignent d'une mutation de fond de notre société, dans laquelle le « peuple » ne se sent plus incarné par les institutions étatiques auxquelles il donne pouvoir.

Cette étude propose une réflexion concernant la réputation du Brésil et l'impact de l'image de son président sur sa représentation à l'international. Nous avons vérifié l'hypothèse selon laquelle le caractère controversé de Jair Bolsonaro a eu un effet négatif sur la façon dont les étrangers jugent le Brésil. Pour ce faire, nous avons analysé les sentiments investis dans 81 titres d'articles de presse publiés par 44 sources différentes à l'étranger. Le résultat fut comparé à celui obtenu dans l'analyse de 26 titres portant sur Lula. Deux logiciels ont servi à l'analyse. Le résultat témoigne du fort déclin de la réputation du Brésil dans l'évaluation internationale.

Personnage oublié de l'histoire de la sociologie, Louis de Bonald a pourtant développé, au tournant du XIXe siècle, sur les bases de sa théologie politique un système de philosophie sociale particulièrement novateur dans sa forme, allant jusqu'à inspirer à Auguste Comte certains éléments de son système de philosophie positive. À travers cet article, nous tenterons de mettre au jour les linéaments d'une sociologie bonaldienne en partant de la philosophie de la connaissance qu'il développe notamment dans ses Recherches philosophiques sur les premiers objets de nos connaissances morales pour ensuite nous intéresser à sa méthode et à sa théorie sociale à proprement parler.