Contenu du sommaire : Les élu·es aiment-elles et ils la démocratie ?

Les délégations municipales à la démocratie participative se sont banalisées depuis deux décennies, mais on manque encore d'études systématiques de ce phénomène. À partir d'une description d'ensemble et d'entretiens, l'article analyse ces adjoint·es, afin de restituer leurs caractéristiques sociales et politiques et les logiques de la fonction. Celle-ci s'avère peu valorisée, et ces élu·es oscillent entre spécialisation fonctionnelle et misère positionnelle. Une majorité ne signale pas d'appétence particulière en matière de participation, malgré des dispositions repérables. Nous décrivons quatre types d'élu·es : indifférents, croyants managériaux, croyants militants et opposants, dont l'évolution, d'ensemble et dans les trajectoires, constitue un enjeu de recherche.

En se fondant sur l'étude monographique du budget participatif d'Avignon depuis 2017, cet article entend mettre l'accent sur les rapports usuels des élus à la participation citoyenne. S'intéresser à la façon dont les élus cadrent et pilotent le dispositif de budget participatif, avec l'aide des services technico-administratifs, permet de déceler le maintien d'une lecture paternaliste du fonctionnement de la démocratie au niveau local : celle-ci repose sur une vision hiérarchisée de la démocratie, dans laquelle les mandats représentatifs continuent d'être perçus comme prépondérants par rapport à la participation citoyenne, voire plus légitimes.

Cet article est consacré à la création des métropoles en France à travers la loi MAPTAM, conçue comme l'un des trois volets de l'« Acte III de la décentralisation », lequel poursuit un objectif de renforcement de la participation citoyenne. Or, cet objectif constitue en réalité la variable d'ajustement d'une réforme qui se caractérise au contraire par la mise à distance des citoyens. Captée par les élus locaux les plus dotés en ressources politiques, elle est contestée par d'autres élus, bien moins dotés. Ces derniers vont d'abord chercher à impliquer les citoyens pour contrer cette asymétrie de ressources, avant que cette contestation ne soit finalement réglée par des négociations discrètes entre élus.

Les budgets participatifs semblent être devenus des instruments de gouvernance apartisans. Nous nous demandons dans quelle mesure les récents budgets participatifs parisiens sont partisans. Nos données proviennent d'une ethnographie, de ressources documentaires et d'une comparaison synchronique des budgets participatifs parisiens. Le budget participatif de Paris s'inscrit dans une offre politique partisane de gauche. Mais l'ensemble des maires d'arrondissement, même ceux de droite, développent des budgets participatifs d'arrondissement. L'influence partisane s'est décalée dans l'intensité du développement de ceux-ci. Nous concluons que ce n'est plus dans la réalisation ou non d'un budget participatif qu'il faut chercher son caractère partisan, mais dans d'autres indicateurs.

Cet article explore la contribution des maires des dix grandes villes du Québec à l'avancement des pratiques participatives dans les dossiers d'aménagement et d'urbanisme. Il cherche plus particulièrement à déterminer l'influence exercée par le leadership politique des maires dans le mouvement général d'ouverture du milieu municipal à l'impératif délibératif et dans les variations observées entre les grandes villes. Deux niveaux d'action des maires sont examinés. À l'échelle du Québec d'abord, l'article démontre comment les maires ont réussi à faire rayer du cadre législatif de la planification territoriale les éléments les plus contraignants en matière de participation, au profit d'une plus grande souplesse pour les municipalités. À l'échelle municipale, une typologie des grandes villes selon leur degré d'engagement vis-à-vis de l'impératif délibératif permet d'illustrer le rôle clé des maires dans la mise en place et l'institutionnalisation de la démocratie participative au niveau local.

Cet article examine les facteurs du soutien à deux types de dispositifs alternatifs à la démocratie représentative : les référendums et les assemblées délibératives, via une enquête menée auprès d'un peu plus de 900 parlementaires nationaux dans 14 pays européens (2009-2012). Les données révèlent au niveau agrégé un soutien moins marqué aux référendums qu'aux événements délibératifs. L'analyse statistique met en avant des facteurs explicatifs distincts du soutien à ces deux types de dispositifs, liés à l'affiliation partisane des parlementaires, mais aussi à leur évaluation du fonctionnement du système représentatif et de ses protagonistes.

L'article s'appuie sur l'évaluation d'un dispositif participatif, « Mon village espace de biodiversité ». Celui-ci amène les participants à prendre conscience de leurs connaissances et de leur pouvoir d'agir sur leur territoire, ce qui permet le développement d'une dynamique constructive d'actions pour les biens communs dans leurs formes les plus fondamentales (la protection de la nature et du lien social). Surtout, ces actions nécessitent et favorisent des liens resserrés et légitimants avec les institutions locales, dont les élus et les salariés sont invités à s'impliquer aux côtés des habitants.

Depuis une trentaine d'années, dans le cadre d'un ensemble de programmes de rénovation des villes européennes, de nombreuses associations de théâtre réalisent des projets dans les quartiers populaires, visant à favoriser la « participation active » de leurs habitants. Basé sur une enquête ethnographique dans un quartier de Turin, cet article interroge le rôle social dont ces associations sont investies et la façon dont elles se positionnent face aux attentes institutionnelles. La volonté de s'inscrire dans les politiques locales et d'accéder aux financements publics influe considérablement sur la capacité des associations artistiques d'inclure les franges les plus défavorisées des classes populaires, sur la place qui leur est accordée dans le cadre des projets proposés et sur leur participation effective au sein des associations.