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Revue | Politiques et management public |
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Numéro | vol. 25, no 2, juin 2007 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- "Des dirigeants écartelés entre supervision technique et stratégie. L'exemple des directeurs des ministères sociaux" - Emmanuelle Jeandet-Mengual et Marie-Ange du Mesnil du Buisson p. 1 Une enquête conduite par l'inspection générale des affaires sociales sur l'emploi du temps des directeurs d'administration centrale des ministères sociaux apporte un éclairage très concret sur leur métier, la conception qu'ils en ont, les contraintes dans lesquelles ils l'exercent. Elle montre comment les directeurs font face, au prix d'un temps de travail souvent déraisonnable, aux multiples sollicitations qui leur sont adressées, et comment ils sont incités à se concentrer en priorité sur la supervision directe de la production au détriment d'autres fonctions essentielles, telles que l'amélioration des processus de gestion au sein de leur direction et du ministère.
- "Gouvernance de la recherche et compétitivité des régions : quel rôle pour l'action publique territoriale ?" - Cécile Crespy p. 23 Les changements autour du paradigme productif et du développement local font que la recherche est de plus en plus perçue comme un élément de compétitivité, y compris au niveau territorial. Les modalités d'articulation entre les systèmes d'enseignement supérieur, de recherche et productif apparaissent comme essentielles pour créer un avantage régional et participer au développement de capacités endogènes d'innovation. Dès lors, comment et dans quelle mesure l'action publique territoriale participe-t-elle à faire du territoire un "lieu-aimant", qui attire et fixe la création de richesses ? Rendre compte de ces transformations, encore récentes, nécessite de réinscrire cette question dans un ensemble de reconfigurations marquées par une ouverture du jeu en direction des acteurs publics territoriaux, notamment les conseils régionaux. A partir d'une enquête menée en région Provence- Alpes-Côte d'Azur, l'article montre qu'au cours des deux dernières décennies, la construction de l'action publique, loin d'être absente, s'est heurtée à un certain nombre de tensions et de difficultés. Les initiatives entreprises n'ont pas permis de faire émerger complètement une gouvernance territoriale de la recherche. Si les acteurs publics territoriaux, en particulier les conseils régionaux, sont susceptibles d'informer de manière plus ou moins significative l'ampleur de la gouvernance territoriale de la recherche et de contribuer à la compétitivité de leur territoire, il convient d'en préciser la portée pour l'appréhension des dynamiques de l'action publique et du système français de recherche.
- "L'intercommunalité et les directeurs des services municipaux. Entre distanciation et engagement" - Rémy Le Saout et Maurice Olive p. 45 L'intercommunalité a connu un très fort développement depuis une dizaine d'années. Au point que la quasi totalité du territoire français est aujourd'hui couvert par des Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Ces mutations institutionnelles ne sont pas sans conséquences sur le travail exercé dans les collectivités locales, notamment dans les communes. Cet article s'intéresse aux effets de ces recompositions institutionnelles sur la fonction des Directeurs Généraux des Services (DGS) dans les communes membres d'un EPCI. Loin de s'opposer aux nouvelles administrations intercommunales en construction, ces responsables s'accommodent des évolutions en cours. Néanmoins, selon les ressources, tant collectives qu'individuelles, qu'ils peuvent mobiliser, leurs rapports à l'intercommunalité changent de nature. Trois types de rapports ont été dégagés : la mise à distance, l'intégration fonctionnelle et l'engagement personnel. Ces différences de positionnement, que cet article interroge, alimentent des dynamiques de segmentation qui contribuent à renforcer les contrastes d'une profession déjà très clivée.
- "L'adaptation locale d'une politique nationale : bureaucratie et post-bureaucratie en contraste" - Benoît Bernard p. 65 Les indicateurs considérés comme des outils privilégiés de la « Nouvelle Gestion Publique » et symptomatiques d'une période post-bureaucratique sont aujourd'hui pléthores. Leur appartenance à cette période, théoriquement caractérisée par des processus de décision fluides, flexibles et basés sur le consensus entre partenaires de l'action publique, est toutefois régulièrement mise en perspective. Dans le cadre d'un processus d'adaptation local d'une politique nationale, cet article s'interroge sur l'impact bureaucratique d'un de ces outils en se concentrant sur les relations entre une organisation et son environnement. Par une étude microsociologique et comparative de deux unités de base de la gestion forestière au Grand-duché de Luxembourg - l'une d'entre elles développant un indicateur, l'autre pas - l'article entend montrer que l'émergence d'un indicateur n'implique pas une rupture postbureaucratique mais une reconfiguration de l'environnement organisationnel. Autour d'un indicateur, les gestionnaires publics rénovent leur gamme d'intervention et convoquent de nouveaux bénéficiaires de l'action publique.
- "Les pratiques de contrôle de gestion face aux évolutions organisationnelles des Conseils généraux" - Christophe Maurel p. 85 Cette étude s'intéresse au système de contrôle de gestion au sein des collectivités locales. Elle vise à montrer les évolutions du contrôle de gestion face à trois changements organisationnels. Pour apprécier les modifications des règles budgétaires et comptables, la pénétration de l'informatique de gestion ainsi que des valeurs managériales, l'approche des études de cas a été retenue. Les analyses, s'appuyant sur quatre Conseils Généraux, montrent que les évolutions favorisent les pratiques de contrôle de gestion et que les missions des contrôleurs sont orientées vers l'assistance aux services et la délégation d'outils de contrôle.
- "Le contrôle sanction automatisé de la vitesse : une machine à remonter le temps ? Une analyse comparée France/Grande-Bretagne" - Laurent Carnis et Fabrice Hamelin p. 103 La France et la Grande-Bretagne ont développé des systèmes de contrôle automatisé de la vitesse en s'appuyant sur des techniques différentes et des schémas organisationnels distincts. L'introduction récente et rapide du Contrôle Sanction Automatisé (CSA) en France opère une révolution administrative en recourant aux nouvelles technologies et en obtenant des résultats remarquables. Cette politique va à rebours des efforts de décentralisation de la politique de sécurité routière entrepris depuis près de vingt ans. L'expérience britannique, quanta elle, s'inscrit dans un processus à la fois plus ancien et plus progressif d'automatisation des contrôles. Initialement adossé aux autorités locales, ce système a fonctionné pendant une petite décennie avant de connaître une restructuration en 2001, où émerge la notion de client. Mais le nouveau système de gouvernance voit aussi un retour limité mais réel vers des interventions gouvernementales plus classiques, basées sur des relations d'injonction. Face à ces réapparitions des modalités les plus classiques d'administration, les usagers des systèmes français et britannique ne restent pas inactifs. Le manque de points d'accès au système français est dénoncé à la fois par les agents concernés et par les conducteurs. Les membres des forces de l'ordre peuvent détourner de leur usage les appareils mobiles de détection pendant que les usagers de la route développent des stratégies de contournement. Les actions protestataires s'avèrent en revanche limitées et circonstanciées. Bien que plus radicales, les contestations restent également circonscrites en Grande-Bretagne, du fait des réponses apportées par les autorités. Ainsi le recours aux nouvelles technologies de l'information a, par des voies différentes, permis de renforcer les techniques de gouvernement les plus traditionnelles pour ne laisser que peu de place au développement de relations moins contraignantes et moins asymétriques entre l'administration et les usagers.
- "L'usager dans le système de santé : réformateur social ou fiction utile ?" - Pierre Lascoumes p. 129 En quelques années le « patient » s'est-il transformé en un « client » exigeant et procédurier qui déstabilise le rapport de confiance base de la relation médicale ? En donnant des pouvoirs à « l'usager » a-t-on déstabilisé le système de santé ou contribué à sa réforme par l'entrée en scène d'acteurs dotés de compétences originales ? L'article s'attache d'une part à différencier les formes de participation des usagers qui sont loin d'être homogènes. Il montre ensuite comment des coopérations approfondies sont des facteurs de changement, mais aussi les limites de la participation observables de part et d'autre.
Rubrique "Revue des livres"
- Pierre Lascoumes, Patrick Le Gales, dir., Gouverner par les instruments - Sébastien Gardon p. 145