Contenu du sommaire : Présidentielle 2017
Revue | Travail, genres et société |
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Numéro | no 40, 2018 |
Titre du numéro | Présidentielle 2017 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Parcours
- Pinar Selek, une vie d'exil - Clotilde Lemarchant p. 5-22
Dossier. Présidentielle 2017. Des femmes, des hommes et des votes
- Présidentielle 2017. Des femmes, des hommes et des votes - Catherine Achin, Alban Jacquemart, Sandrine Lévêque, Marion Paoletti p. 23-25
- Travail, genre et vote - Janine Mossuz-Lavau p. 27-31 Pionnière des analyses genrées du vote, Janine Mossuz-Lavau revient sur son parcours de recherche et son investissement dans cette thématique depuis ses travaux sur le vote des femmes au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) avec Mariette Sineau.Pioneer in the field of gendered vote analysis, Janine Mossuz-Lavau looks back on her research path and on her investment in this theme since her work on women's voting patterns at the Cevipof, the political research center of Sciences Politiques Paris, with Mariette Sineau.
- "Mind the Gap" ! De la variable sexe au genre des comportements électoraux - Catherine Achin, Sandrine Lévêque p. 33-50 Cet article propose un retour critique sur les analyses consacrées au gender gap électoral au sein des démocraties occidentales. Il plaide pour une prise en compte globale des effets du genre sur les comportements politiques, interrogeant les conditions de reproduction d'un rapport différent des femmes et des hommes à la politique. Il dessine quelques pistes théoriques et méthodologiques consistant à adopter une posture réflexive sur les méthodes et les relations d'enquête, à travailler les ancrages sociaux et les sens du vote, à analyser les processus continus de socialisation politique et l'imbrication du genre avec d'autres rapports sociaux de pouvoir.This article consists of a critical review of the analyses of the electoral gender gap within occidental democracies. It advocates for a global accountancy of the gender impact on political behavior, questioning the reproduction conditions of a different approach to politics among women and men. It sketches a few theoretical and methodological leads, adopting a reflexive posture on methods and surveying relations, working on social integration and the meanings of vote, analyzing the continuous political socialization processes and the interconnection of gender and other social power relations.
- Les pratiques électorales entre classe, genre et race - Lorenzo Barrault-Stella, Clémentine Berjaud, Safia Dahani p. 51-68 Cet article analyse précisément les pratiques électorales de trois femmes des classes populaires racisées en 2017. Mobilisant des observations dans le quartier et des entretiens répétés avant, pendant et après la séquence électorale, l'analyse localisée au sein d'un quartier très ségrégué restitue leurs votes contrastés dans leurs conditions de production en donnant à voir le poids des appartenances de classe, de genre et des rapports sociaux de race. Bien que ces trois femmes vivant dans le même contexte résidentiel votent pour des candidats politiquement très divers (des candidats du Front national à ceux du Parti socialiste), dans les trois cas, leurs positions relatives au sein des classes populaires locales, leur condition de femmes et leurs relations intra-familiales comme leurs appartenances ethno-raciales (et religieuses) sont intriquées pour expliquer non seulement leur mobilisation électorale statistiquement improbable, mais aussi la variabilité de leurs pratiques de votes qui est tendanciellement indexée à des rapports sociaux différenciés et conflictuels au sein du quartier.This article intensely analyzes the voting practices of three women from the working class in ethnically diverse neighborhoods in 2017. Thanks to observations in the neighborhood before, during and after the voting, the localized analysis within a very segregated neighborhood renders their contrasted votes within the very conditions of their production, revealing the weight of class and gender membership and race-related social relations. Although these three women, who live in the same residential context, vote for very diverse candidates, politically speaking (from the National Front to the Socialist party), in all three cases, their positions within the local working class, their female condition, their relations inside their family, their ethnic and racial (and religious) characteristics all say something about not only their statistically improbable electoral mobilization, but also the variability of their voting practices, which tends to be related to differentiated and conflicting social relations within the neighborhood.
- Le vote à l'épreuve du couple - Martin Baloge, Marie-Ange Grégory p. 69-84 L'analyse des processus de socialisation se concentre généralement sur les relations entre parents et enfants ou au sein de groupes de pairs. Dans cet article, nous étudions ces processus au sein du couple en décryptant ce que le couple fait au vote et inversement. L'étude s'appuie sur des matériaux quantitatifs, tirés d'un questionnaire administré à la sortie des urnes lors de l'élection présidentielle de 2017 et sur des entretiens réalisés lors de quatre vagues auprès d'individus en couple hétérosexuel. L'influence du couple dans la formation des opinions politiques doit être pensée en relation avec d'autres variables (en particulier, la classe, l'âge et l'héritage politique) et étudiée dans son environnement en prenant en compte les réseaux de chaque conjoint dans une perspective dynamique en termes de « carrières ».Socialization process analysis usually focuses on child-parent relations within peer groups. In this article, this process is analyzed within the couple, deciphering what the couple does to the voting and vice versa. The study is based on quantitative data stemming from a questionnaire administered right outside the ballot box during the 2017 French presidential election, as well as on interviews carried out in four sessions among individuals in heterosexual couples. The influence of the couple in the forming of political opinions must be thought out in relation to other variables (in particular class, age and political inheritage). It must also be studied within its environment by taking into consideration each spouse's networks in a dynamic approach to “careers”.
- Le vote des femmes pour Marine Le Pen : Entre effet générationnel et précarité socioprofessionnelle - Christèle Marchand-Lagier p. 85-106 Le vote des femmes en faveur du Front national s'est-il banalisé ? Qu'a-t-il de singulier ? Quelles sont les femmes qui accordent leur préférence à Marine Le Pen ? Cet article s'appuie sur le traitement de questionnaires à la sortie des urnes, recueillis dans le cadre de l'enquête ALCoVb, lors du deuxième tour de la Présidentielle 2017. Ces données sont mobilisées pour questionner la disparition d'un « radical right gender gap » au profit d'un « gender generation gap » qui expliquerait la propension supposée plus forte des jeunes femmes à choisir la candidate d'extrême-droite. Au-delà de l'âge et du sexe néanmoins, c'est aux différents temps de la vie des femmes qu'il convient de s'intéresser pour analyser en quoi, encore plus fréquemment que les hommes, dépendantes de leurs environnements familiaux, sociaux et professionnels, elles peuvent choisir le Front national (fn). Cette capacité d'attraction du fn auprès de ces catégories qui restent néanmoins les moins participantes est sans doute une des raisons de ces échecs répétés aux élections.Has women's vote for the National front (the French extreme right wing political party) become commonplace? What makes it special? Which women choose Marine Le Pen? This article is based on the processing of questionnaires right outside the ballot box that were collected for the ALCoV during the second round of the 2017 presidential election. This data is mobilized to question the disappearance of a “radical right gender gap” in favor of a “gender generation gap” that would explain the supposed propensity young women have to choose an extreme-right-wing candidate. Beyond age and gender, however, the different stages of a woman's life explain why women can choose the National front more often than men do, dependent as they are on their families and their social and professional environments. The National front's ability to attract those categories that vote least is probably one of the reasons why it failed at the past elections.
Mutations
- Autonomie masculine, précarité féminine. Les représentant·e·s de commerce face au salaire à la commission - Sophie Bernard p. 109-130 Cet article se focalise sur le cas des représentant·e·s de commerce payés à la commission. Ces salariés ont pour spécificités de bénéficier d'une forte autonomie et d'être soumis à une incertitude salariale qui tendent à les rapprocher des travailleurs indépendants. En découlent des pratiques professionnelles et un rapport au travail distincts entre hommes et femmes. Alors que les premiers voient l'autonomie au travail comme une opportunité de s'investir intensément au travail dans le but de gagner des salaires élevés pour assurer leur promotion sociale, les femmes s'en saisissent quant à elles pour « concilier » vie professionnelle et vie familiale, ce qui leur permet un maintien et un retour en emploi. Ces différences reposent sur des « arrangements de couple » qui participent in fine au renforcement des inégalités de genre, confortant les hommes dans le statut de « Monsieur Gagne-pain » et les femmes dans celui de « Madame Gagne-petit ».This article focuses on sales representatives paid on commission. These workers benefit from a strong autonomy, but their uncertain income makes them similar to self-employed workers. As a consequence, men and women have distinct professional practices and relations to work. Whereas men consider their autonomy as an opportunity to put their all in their work in order to earn high salaries and ensure their social advancement, women use it to balance their professional and family lives, which enables them to earn a salary and to reenter the workplace. Those differences stem from “couple arrangements” that, in the end, contribute to reinforcing gender inequalities, strengthening men's status as the breadwinners and women's status as the low wage earners.
- L'ordinaire de la violence. Un cas d'atteinte sexuelle sur mineure en milieu artistique - Mathieu Trachman p. 131-150 L'ordinaire est un thème souvent mobilisé dans les études sur les violences de genre. À partir d'un cas d'atteinte sexuelle sur mineure, cet article a pour objectif d'en préciser les enjeux. Il montre en premier lieu que la notion d'ordinaire, qui signifie souvent ce qui est commun à toutes les femmes, gagne à voir son périmètre précisé : dans le cas analysé, le travail artistique, sa dimension vocationnelle, la personnalisation des relations entre professeur et étudiante, les coûts d'entrée dans le métier pour les femmes sont des éléments déterminants. Dans les études féministes, l'ordinaire désigne également les faits de violence qui caractérisent la vie quotidienne des femmes. En distinguant faits, situation et qualification, l'article montre que la qualification de violence implique un sentiment d'anormalité et une réflexivité largement absents dans les situations de violence de genre. Ce hiatus explique l'incertitude souvent inhérente à la qualification de violence et le caractère rétrospectivement énigmatique des situations de violence. L'ordinaire de la violence désigne ainsi moins une évidence occultée qu'un registre de l'expérience où les abus et les agressions sont intégrés dans le cours des choses et normalisés par les protagonistes.The ordinary is a frequent theme in studies on gendered violence. Based on a case of sexual violence on an under-18, this article aims at defining what is at stake. It first shows that the notion of ordinary, which often means what is common to all women, needs more precise boundaries: in the case under scrutiny, the artistic work, its vocational dimension, the increasingly personal relations between a professor and a student, the trade entrance cost for women are decisive elements. In feminist studies, the ordinary also refers to facts of violence that are characteristic of women's daily lives. By distinguishing facts, situation and qualification, the article shows that qualifying an event as violent implies a feeling of abnormality and a reflexivity that are usually not there in situations of gendered violence. This discrepancy explains the uncertainty that is often inherent to the qualification of violence and how enigmatic violence situations are in retrospect. Thus, rather than to the occulting truth, the ordinary within violence refers to a type of experience in which abuse and aggression are integrated to the course of life and are normalized by the protagonists.
- Autonomie masculine, précarité féminine. Les représentant·e·s de commerce face au salaire à la commission - Sophie Bernard p. 109-130
Controverse. Le revenu universel, une chance ou un piège pour les femmes ?
- Le revenu universel : une chance ou un piège pour les femmes ? - Delphine Gardey, Rachel Silvera p. 151-156
- Intégrer le care dans la réflexion sur le revenu universel - Sandra Laugier, Pascale Molinier p. 157-162
- Le revenu universel : quels risques pour les femmes ? - Rachel Silvera p. 163-168
- Le revenu universel à l'épreuve du travail bénévole des femmes - Maud Simonet p. 169-174
- Un pas vers l'autonomie des femmes : le revenu universel vu du Japon - Kaori Katada, Hélène Tronc p. 175-182
- L'expérience du revenu de base en Finlande : silence sur le genre - Alain Lefebvre p. 183-189
Critiques
- Marianne Blanchard, Sophie Orange et Arnaud Pierrel, "Filles + Sciences = une équation insoluble ?". Paris, Editions Rue d'Ulm-Cepremap, 2016, 145 pages - Marie Duru-Bellat p. 191-195
- Réponse de Marianne Blanchard, Sophie Orange et Arnaud Pierrel à Marie Duru-Bellat - p. 196-199
- Anne-Sarah Bouglé-Moalic, "Le vote des Françaises. Cent ans de débats 1848-1944". Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 392 pages - Lola Gonzalez-Quijano p. 200-201
- Fanny Gallot, "En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société". Paris, La Découverte, 2015, 282 pages - Clotilde Lemarchant p. 202-205
- Delphine Gardey et Cynthia Kraus (dir.), "Politiques de coalition. Penser et se mobiliser avec Judith Butler". Zurich et Genève, Seismo, 2016, 284 pages - Diane Lamoureux p. 206-209
- Nicole Mosconi, "De la croyance à la Différence des sexes". Paris, L'Harmattan/Éditions Pepper, 2016, 286 pages - Vanina Mozziconacci p. 210-213
- Regard de Marie-Elisabeth Handman sur… Lilian Mathieu, "Sociologie de la prostitution". Paris, La Découverte, coll. Repères, 2015, 124 pages et "Prostitution, quel est le problème ?". Paris, Textuel, 2016, 135 pages - Marie-Élisabeth Handman p. 214-217
- Carine Guérandel, "Le sport fait mâle. La fabrique des filles et des garçons dans les cités". Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2016, 230 pages - Yves Raibaud p. 218-221
- Regard d'Annie Thébaud-Mony sur… Régine Bercot. "La santé au travail au prisme du genre : épistémologie, enquêtes et perspectives internationales". Toulouse, Octares, 2014, 130 pages et "Le genre du mal-être au travail". Toulouse, Octares, 2015, 218 pages - Annie Thébaud-Mony p. 222-227