Contenu du sommaire : Les métrologies citoyennes : perspectives et enjeux socio-numériques

Cet article traite de la nature sémantique, symbolique, historique, sociale, philosophique, technique, économique et politique des organisations métrologiques fondées sur la reconnaissance et le partage d'une culture métrologique commune de pacification basée sur la confiance et l'équité.

À partir de l'observation d'actions menées dans trois Tiers-Lieux (Fablabs) en France, en Allemagne et au Québec, nous montrons comment s'instaure une métrologie citoyenne de qualité de l'air agrégeant des configurations participatives variées, des rapports en tension ou de coopération, des motifs de concernement multiples. Notre étude propose d'analyser les agencements de cette socio-métrologie à partir d'une approche pragmatique qui place au cœur de la démarche une perspective techno-politique. Nous comparons ainsi les trois initiatives différentes mises en œuvre dans les Fablabs étudiés. Cette première étude exploratoire insiste sur la question des processus d'apprentissage liés à la participation, et plus globalement sur la nécessité d'interroger le design participatif mis en place au regard des dimensions socio-politiques et socio-cognitives en jeu.

Dans cet article, on examine à l'occasion des efforts pour faire émerger des politiques métrologiques citoyennes, les relations entre les divers types de métriques dans le vaste domaine de la santé, plus précisément dans les secteurs de la médecine personnalisée, de la post-génétique et de l'épigénétique, de l'épidémiologie, de l'épidémiologie moléculaire et de l'exposomique. On exprime un certain nombre de réflexions sur les rapports complexes entre diverses conceptions et pratiques de la mesure. On met en perspective ces réflexions à partir des tensions entre ce que l'on appelle la « Médicine Puissance » et les médecines alternatives issues des territoires existentiels de la santé. Comment les efforts dits citoyens, portés du côté de la Mesure, peuvent-ils servir de base à une guérilla intelligente contre ce symptôme de la iatrogenèse sociale ? Comment faire des métrologies citoyennes un véritable contre-pouvoir ? Comment limiter la montée (irrésistible) de la « Médecine Puissance » associée à l'Intelligence artificielle et aux forces de la « Scalabilité » ?

L'objectif principal de cet article est de montrer que face aux grands défis de la crise environnementale, le rôle des pratiques artistiques est, à bien des égards, décisif. C'est par certaines d'entre elles qu'il devient possible de créer de nouveaux champs perceptifs ainsi que des dynamiques collectives singulières. Des données recueillies alliées à des expériences immersives peuvent devenir la source d'une connaissance plus significative des environnements naturels, en contribuant ainsi à créer les conditions d'une plus grande sensibilité aux problèmes écologiques. En vue de permettre des dynamiques d'engagement commun, il apparaît même crucial que certaines données scientifiques soient mieux connues des individus, tant pour soutenir des actions publiques que pour produire des changements durables de comportement à l'échelle collective.

Le but de cet article est d'interroger le concept de data literacy et ses fondements. La littératie des données est présentée à la fois comme un set de compétences contribuant à une formation numérique du citoyen, comme un droit inaliénable, et comme un atout majeur pour la pleine réalisation d'une société connectée. Cette résurgence de discours, que l'on retrouve dans la littérature scientifique et professionnelle, nous pousse à réinterroger les visions promues autour de la data literacy, les enjeux et usages actuels qui lui sont associés, ainsi que ses impacts sociaux et politiques. Pour ce faire, dans une première partie, nous resituons d'une part la data literacy dans son contexte actuel ainsi que dans le cadre épistémologique de la littératie à laquelle elle est rattachée, et d'autre part nous présentons les différents référentiels de compétences appliquées. Dans une seconde partie, nous soulignons son ancrage dans les principes de la documentation en révélant l'héritage prégnant de Paul Otlet. Dans une dernière partie, nous proposons une analyse prospective d'une data literacy distribuée s'appuyant sur les qualités des réseaux distribués et promouvant une réappropriation des données par les citoyens.

Cet article présente une méthode pour concevoir un dispositif générique de métrologie citoyenne que nous appelons crible et dont nous étudions la conception dans le contexte de l'écologie de l'activité, plus précisément dans l'exemple de la consommation d'avocat. Cette conception s'appuie sur une modélisation éthique de l'activité faisant référence à (Guattari, 1989 ; Deleuze, 1980 ; Groupe µ et al., 2016 ; Citton, 2010 ; Descola 2005, Berque, 2009) et s'appuyant sur les exigences qu'une telle démarche implique pour la gestion des données. Le crible en tant qu'interface entre objectivité et subjectivité offre une analogie opératoire pour explorer les conséquences de l'activité à partir d'un modèle simple d'écriture et de lecture basée sur la formule logique sujet – objet - prédicat contrainte par l'ontologie éthique : physicalités, acteurs, concepts, rapports.

Cet article s'intéresse au processus de science citoyenne que constitue l'éditorialisation de données scientifiques sur l'encyclopédie libre Wikipédia. Il étudie pour cela le développement d'une série de représentations des statistiques épidémiologiques de la Covid-19 sur une période de six mois. À travers l'analyse des historiques de versions et des pages de discussion, il met en évidence l'influence des règles, des outils et de la communauté de Wikipédia sur la qualité des productions. Il montre également que le développement de ces représentations contribue au partage d'un corpus de compétences variées relevant de la littératie des données.