Contenu du sommaire : Chinois en France : visibles, invisibles ?

Revue Migrations société Mir@bel
Numéro vol. 33, no 183, janvier-mars 2021
Titre du numéro Chinois en France : visibles, invisibles ?
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  • Éditorial

  • Chinois en France : visibles, invisibles ? coordonné par Juan Du, Hélène Le Bail, Florence Lévy et Zhipeng Li

    • Le paradoxe de l'invisibilité d'une minorité visible : immigrés et descendants d'immigrés chinois en France - Juan Du, Hélène Le Bail, Florence Lévy, Zhipeng Li p. 19-28 accès réservé avec résumé
      Ce dossier vise à questionner le paradoxe de la visibilité et de l'invisibilité des migrants chinois et de leurs descendants en France. Si la visibilité de la population issue de l'immigration chinoise en France ne peut être niée dans le paysage urbain de certains quartiers de concentration commerciale, entrepreneuriale ou de résidence, ou lors d'évènements culturels comme les défilés du Nouvel An lunaire, on parle pourtant souvent de « minorité invisible » ou « discrète ». Cela fait moins référence à son imperceptibilité dans la ville que, d'une part, à une forme d'invisibilité de l'histoire et de la diversité de cette population, et, d'autre part, à sa marginalité sociale et politique. Dans quelle mesure les perceptions extérieures et les lieux communs assignent-ils ces personnes d'origine chinoise à des formes de visibilité et d'invisibilité ? Jusqu'à quel point les processus de visibilisation et d'invisibilisation résultent-ils de stratégies volontaires de la part de ces migrants et de leurs descendants ? C'est pour avancer sur ces questions que ce dossier rassemble les travaux issus de terrains de recherche émergents, en particulier ceux réalisés par de jeunes chercheurs ou des acteurs de la société civile. Les articles publiés sont le fruit de trois ans d'un travail collectif réalisé dans le cadre du projet « Chinois.es en Île-de-France » financé par la Ville de Paris.
    • Les Chinois en France à travers la presse : un aperçu sur cent ans de stéréotypes - Yu-Sion Live p. 29-45 accès réservé avec résumé
      Cet article propose un aperçu des représentations dominantes véhiculées par les médias sur les Chinois en France, à travers l'analyse d'articles de la presse écrite publiés entre 1914 et 2020. Le discours des médias se focalise globalement sur les activités informelles des migrants chinois, avec une forte récurrence des stéréotypes négatifs. En définitive, il ressort de notre étude une méconnaissance des Chinois et de leurs descendants, perçus comme de « perpétuels étrangers » en dépit d'un siècle de présence en France.
    • Actions culturelles engagées : discours et mobilisations contre le « racisme anti-asiatique » en France - Hélène Le Bail p. 47-64 accès réservé avec résumé
      L'épidémie de Covid-19 a été une nouvelle étape dans l'avènement d'une cause, celle de la mise en évidence et de la dénonciation d'actes et de discours racistes en France à l'égard des personnes d'origine chinoise, et plus largement d'origine asiatique. L'on ne peut comprendre la rapide circulation du hashtag #JeNeSuisPasUnVirus et la multiplication des interviews de Français d'origine asiatique dans la presse, fin janvier 2020, sans revenir sur une décennie de mobilisations collectives en faveur de cette cause. À partir des mobilisations des immigrés chinois depuis 2010, déjà bien documentées, cet article propose de se focaliser sur le rôle des descendants d'immigrés chinois et du Sud-Est asiatique, qui ont multiplié les espaces d'échange et les supports de communication, tout au long de la dernière décennie, pour mettre en place des actions collectives de lutte contre les « stéréotypes qui tuent » et pour faire reconnaître l'existence d'un « racisme anti-asiatique ».
    • Nouvelles mises en scène de la culture chinoise en France : le cas des restaurants chinois à Paris - Lise Gibet p. 65-80 accès réservé avec résumé
      Espaces d'échanges économiques, sociaux et culturels, les restaurants chinois sont, depuis le début du XXe siècle en France des espaces de représentation d'une altérité dite chinoise. En observant l'évolution des restaurants chinois au fil des différentes vagues migratoires chinoises, cet article s'intéressera à la transformation des mises en scène de ces commerces dans l'espace urbain. Pour ce faire, l'analyse s'appuie sur une enquête ethnographique réalisée à Paris entre 2017 et 2020. L'article décrit dans un premier temps comment les immigrés ont, pendant longtemps, décoré leurs restaurants pour y proposer une mise en scène exotique de la culture chinoise, puis, dans un second temps, comment une vague migratoire plus jeune et plus qualifiée, ainsi que des entrepreneurs descendants d'immigrés ont bousculé les repères et proposé une mise en scène plurielle et contemporaine de la culture chinoise, voire des espaces de revendication et d'affirmation identitaire.
    • Médias ethniques chinois en France : des espaces de communication intra-diaspora en marge de la société ? - Zhipeng Li p. 81-94 accès réservé avec résumé
      Cet article décrit le développement récent des médias en langue chinoise en France, et plus spécifiquement des « médias ethniques », à savoir des médias créés par et pour les migrants chinois. Il met en évidence le lien étroit entre ces médias ethniques et la formation de l'entrepreneuriat diasporique dans le pays d'installation, qui repose sur des stratégies et des objectifs (aussi bien économiques que politiques) internes au groupe diasporique et peu visibles par le reste de la société française. Par ailleurs, cet article souhaite aussi aborder une évolution récente, quoique marginale : le développement de médias ethniques en langue française ciblant en priorité les descendants d'immigrés chinois. Si elle se confirmait, cette tendance pourrait contribuer à élargir la visibilité de ces médias. Le présent article repose sur des données collectées au cours de plusieurs enquêtes qualitatives auprès des organes de presse de la diaspora chinoise en France.
    • « Wenzhou-town »`ib `/ib: les commerçants chinois de Marseille et leur réseau économique ethnique - Justine Romolacci p. 95-110 accès réservé avec résumé
      Depuis le début des années 2000, la communauté chinoise de Marseille est de plus en plus active et visible dans le centre-ville. Les Chinois, majoritairement originaires de la province du Zhejiang, et plus précisément de la région de Wenzhou, ont investi dans le quartier de Belsunce le secteur de la vente en gros et demi-gros de produits importés de Chine. Ces commerçants wenzhou sont reliés à des communautés chinoises implantées dans d'autres villes européennes par un réseau commercial ethnique d'import/export, qui se matérialise dans les villes par la formation de centres de grossistes chinois. La récente création du Marseille International Fashion Center 68 (MIF68), un centre de grossistes, et le positionnement de la ville sur les nouvelles routes de la soie participent à l'internationalisation du made in China. Ainsi, le quartier de Belsunce s'éloigne du Chinatown classique, lieu d'exotisme et de tourisme, pour former un nouveau type de Chinatown que nous appellerons « Wenzhou-town ». Dans cet article, il s'agit dans un premier temps de décrire les aspects visibles de la présence chinoise, à savoir l'implantation des grossistes chinois dans le quartier ; puis, dans un second temps, de montrer la part moins visible, mais qui semble être l'essence même du fonctionnement de cette communauté, le réseau économique transnational.
    • Invisibilité des pratiques religieuses des migrants chinois en France - Junliang Pan p. 111-126 accès réservé avec résumé
      En France, les migrants chinois sont connus pour leur dynamisme économique. Cependant, la composante religieuse de cette communauté, quoique importante, demeure peu explorée et presque invisible en tant que telle aux yeux des Français. Cette invisibilité résulte d'abord de l'imbrication du culturel et du cultuel dans les pratiques religieuses chinoises. Elle est aussi associée à la stratégie communautaire qui cantonne le prosélytisme au sein de la diaspora chinoise. Par ailleurs, sous la pression politique du régime communiste chinois qui les labellise comme « sectaires », certains groupes religieux préfèrent pratiquer leur culte dans la discrétion. Le présent texte examine les différents aspects des religions chinoises en France pour comprendre leur expression dans un contexte migratoire.
    • « Faire société » : récit d'une expérience associative de personnes âgées d'origine chinoise à Paris - Tamara Lui p. 127-141 accès réservé avec résumé
      Partant des résultats d'une recherche-action, l'auteure s'intéresse au profil des personnes âgées immigrées d'origine chinoise à Paris, membres de l'association Chinois de France-Français de Chine, puis s'interroge sur les difficultés spécifiques auxquelles elles font face au quotidien, notamment dans le cadre de leurs démarches auprès des services administratifs. En s'appuyant sur une étude de cas autour de ce groupe social, l'article montre comment les personnes âgées d'origine chinoise cherchent à renforcer leurs pratiques de socialisation au quotidien en apprenant la langue française et en participant à des activités associatives afin d'enrichir leur expérience sociale et de faciliter leur insertion dans le pays d'accueil
    • Entre logiques affectives, sexuelles et sociales : transformations intimes chez des femmes chinoises se prostituant en France - Ting Chen, Hélène Le Bail, Florence Lévy p. 143-155 accès réservé
    • Bibliographie sélective - p. 157-160 accès libre
  • Varia

    • S'expatrier pour « faire savoir son savoir-faire » ? : Analyse de la mobilité internationale des entraîneurs français de football professionnel - Jean Bréhon, Hugo Juskowiak, Loïc Sallé p. 163-175 accès réservé avec résumé
      Depuis les années 1990, le travail des entraîneurs français de football professionnel évolue et se caractérise notamment par une plus forte propension à la mobilité internationale. Qu'ils soient des figures plus ou moins connues du football hexagonal et qu'ils aient construit un palmarès plus ou moins fourni au cours de leur carrière, les techniciens français bénéficient souvent d'une image positive hors de France et sont, aujourd'hui, très nombreux à exercer leur activité dans d'autres championnats ou à la tête de sélections nationales étrangères. Combien sont-ils ? Qui sont-ils et pourquoi acceptent-ils d'exercer à l'étranger ? Cet article propose, d'une part, de quantifier et de situer l'expatriation des techniciens du « ballon rond » et, d'autre part, de montrer en quoi la perception des entraîneurs peut révéler des formes de mobilités professionnelles subies, consenties ou encore choisies, dépendantes de la position occupée dans l'espace professionnel et pouvant relier logique individuelle et mécanismes organisationnels de la profession.
    • Note de lecture - p. 177-182 accès libre
    • Nouveautés documentaires du CIEMI - p. 183-184 accès libre