Contenu du sommaire : Industrie et comportements créatifs : leçons du passé et recherches actuelles

L'objectif de cet article est d'identifier les ingrédients indispensables pour permettre la prise en compte du phénomène de la créativité dans l'analyse économique appréhendé des deux points de vue de l'individu et du système. Pour répondre à cette question, nous adoptons une approche d'histoire de l'analyse économique et plus précisément il s'agira d'examiner la spécificité d'une approche où la créativité occupe une place théorique centrale : la tradition économique autrichienne. Quels sont les éléments spécifiques à cette approche qui permettent la prise en compte du phénomène de la créativité ? Pour affiner la réponse, nous confronterons les divers courants qui coexistent au sein même de la tradition économique autrichienne et dans lesquels la place de la créativité est inégale. Le schéma conceptuel de la complexité économique offre selon nous la possibilité de redéfinir en un tout cohérent l'ensemble des éléments précédemment identifiés.

L'article porte sur la place occupée par la notion de créativité dans l'œuvre et la vie intellectuelles de John Maynard Keynes. Tout d'abord un réexamen du concept de choix rationnel chez Keynes fait apparaître un point de vue très critique chez cet auteur selon lequel un rôle considérable est accordé à la psychologie dans l'analyse des prises de décision des agents économiques. L'article analyse aussi la conception que se fait Keynes des activités artistiques et de la créativité au sein de l'économie mais aussi de la civilisation en général. Le texte accorde également une importance forte à la place accordée par Keynes à sa propre vision de la créativité et des financements des activités artistiques. La dernière partie de l'article propose enfin de réfléchir à l'héritage contemporain des réflexions de Keynes à propos de la notion de créativité.

Nous en savons plus que nous pouvons en dire. Dans cet article, nous examinons comment Polanyi relie sa vision de la connaissance tacite à la question de la créativité dans la science. Dans un premier temps, nous présentons le positionnement épistémologique de Polanyi. Ensuite, nous présentons sa conception de la connaissance tacite, suivie d'une discussion sur la manière dont elle s'articule avec la question de la créativité en général et celle de la découverte scientifique en particulier. Nous défendons le point de vue selon lequel Polanyi est non seulement un théoricien de la créativité, mais aussi un vulgarisateur scientifique très créatif contribuant par là à acroître la légitimité de la science. Nous montrons également que la connaissance tacite est pertinente pour l'analyse économique en raison de son lien avec la créativité et l'innovation, en utilisant la théorie de la croissance endogène comme illustration.

Les industries culturelles et créatives (ICCs) ont été parmi les premières à être remises en cause par la révolution numérique. Des leçons globales peuvent ainsi être désormais tirées des stratégies adoptées face à cette nouvelle vague technologique. Parallèlement au besoin de définir une politique de différenciation et un modèle économique adapté, les entreprises des ICCs sont aussi, aujourd'hui, confrontées à une nouvelle alternative entre deux principaux types de stratégies, difficiles à classer selon les théories traditionnelles. Le premier relève d'une stratégie combinant une vision statique mais flexible : en se dotant de nouvelles compétences et en cherchant à être suffisamment flexible et ambidextre, l'organisation s'efforce d'absorber les chocs d'environnements changeants pour préserver sa position. Cette stratégie vise donc à surmonter l'inertie organisationnelle par des mouvements lents et prudents, pas toujours en phase avec la rapidité des changements à l'ère numérique. Le deuxième modèle peut être qualifié de liquide car passant par une stratégie non seulement agile mais aussi proactive. L'organisation y évolue rapidement, s'adapte à la hâte et change constamment pour être en phase avec les nouvelles configurations qui émergent autour d'elle.

Cet essai vise à définir et à caractériser ce que nous appelons le paradigme de l'économie créative. Pour saisir les changements structurels intervenus depuis la fin des années 1980, il convient de prendre en compte le rôle pris par la créativité dans le régime économique communément désigné par l'expression « économie de la connaissance et de l'innovation ». Le texte propose de rendre compte des caractéristiques de ce paradigme marqué par la convergence entre créativité, activités artistiques, économie et technologie, par l'institutionnalisation des industries culturelles et créatives (ICC) et enfin par la valorisation de l'entrepreneuriat. Deux thèmes sont alors particulièrement développés pour rendre compte de la créativité dans ce paradigme : celui de la théorie de l'action fondée sur la philosophie pragmatiste propre à mettre en avant la créativité entrepreneuriale, et celui des structures de marché typiques des ICC structurant la dynamique de la créativité dans ces secteurs. Les ambivalences de ce paradigme sont aussi évoquées.

Cet article propose d'appréhender la créativité comme une compétence et d'en explorer les principales conceptions. Avec la diffusion et l'institutionnalisation de l'approche compétence dans la sphère de l'emploi et de la formation, du management stratégique et de la GRH, voir la créativité comme une compétence conduit à apprécier son rôle sur le marché du travail contemporain, segmenté en fonction des compétences. Si l'articulation des concepts de compétences et d'employabilité est travaillée et approfondie par les littératures grises et académiques, en particulier en management des ressources humaines, la relation créativité-compétence-employabilité demeure à clarifier théoriquement. En explorant tout d'abord la conception institutionnelle de la créativité en tant que compétence clé d'employabilité, une proposition de typologie permet de représenter sa déclinaison dans la littérature en compétence détenue, potentielle, supportée et reconnue au service de l'employabilité. La seconde conception explorée se fonde sur la prospective des emplois avec le développement de l'Intelligence Artificielle : la créativité peut alors être vue comme une nouvelle compétence frontière sur le marché du travail, au cœur de la distinction entre les catégories des Digital Nomads et du Digital Labor, entre les travailleurs augmentés et ceux ubérisés.

Les travaux sur les différents déterminants du contrôle managérial de l'innovation se sont multipliés ces dernières années. Ces recherches se caractérisent par une grande variété d'innovations étudiées et par la diversité des outils de contrôle employés par les organisations. Dans cet article, nous catégorisons les principaux travaux sur le contrôle de l'innovation en fonction de trois dimensions : type de management, forme de contrôle et mesure de performance. Cette analyse nous permet de clarifier certaines tensions, de la dualité contrôle-créativité, qui découlent du contrôle de l'innovation ou qui sont spécifiques au champ de la créativité.

De la capacité de l'entrepreneur à concevoir une organisation apte à créer des canaux d'information suffisamment robustes dépendent la nature des innovations effectuées, la façon dont sont exploitées les connaissances scientifiques et techniques, l'usage qui est fait de l'esprit créatif. C'est à cette aune qu'il convient de juger du comportement entrepreneurial, des rythmes imposés par la finance, de la façon dont sont allouées les ressources humaines. La réalité de la créativité réside dans le choix opéré entre recherche de rentes et innovations productives, entre une finance impatiente et une finance patiente, entre flexibilité et rigidité sur les marchés de travail. C'est un choix d'ordre organisationnel et institutionnel.

L'interaction entre la capacité créative individuelle et la manière de l'améliorer est une question qui présente un énorme potentiel pour l'analyse économique. Dans cette étude, nous nous attardons sur la question en nous concentrant sur les avantages méthodologiques d'une approche expérimentale. Nous fournissons une revue de la littérature en économie expérimentale sur la créativité, en identifiant sept principaux objets d'étude. A savoir, l'impact sur la créativité : (1) des incitations monétaires faibles ou élevées (2) de l'interaction entre les incitations monétaires et les tâches, (3) de la concurrence au sein du groupe (4) de la coopération au sein du groupe, (5) des facteurs culturels, (6) des incitations sociales non monétaires, et (7) du comportement stratégique. Nous classons également les études de notre revue en fonction des caractéristiques clés des procédures expérimentales standard en économie, telles que le type de tâche créative, la manière dont elle est évaluée et le groupe de sujets spécifique. Cette comparaison multidimensionnelle nous permet de conclure que l'absence actuelle de résultats solides sur les déterminants de la créativité en économie pourrait être due à l'absence d'études expérimentales comparables dans les mêmes conditions expérimentales. Notre revue souligne également le rôle crucial des recherches antérieures sur la créativité dans la littérature psychologique dans l'élaboration des procédures d'incitation à la créativité en économie expérimentale.

Cet article étudie l'impact de la publication d'un article présentant une nouvelle idée scientifique et l'impact d'articles suiveurs réutilisant cette même idée. Pour ce faire, nous développons un indicateur de nouveauté fondé sur l'apparition d'une combinaison inédite de revues référencées dans la bibliographie d'un article. Nous définissons les articles nouveaux comme ceux comprenant une nouvelle combinaison de revues référencées la première année de sa parution, tandis que nous définissons les articles suiveurs comme ceux qui réutilisent cette nouvelle combinaison dans les quatre années suivant sa parution. Nous évaluons l'impact des articles nouveaux et suiveurs sur un échantillon de 8,896 articles publiés entre 2005 et 2009 par 1,087 physiciens français. Nous constatons que les articles nouveaux et suiveurs ne bénéficient d'une prime de citation que sur le long terme, c'est-à-dire 3 à 4 ans après leur publication, alors qu'à court terme, ils reçoivent les mêmes citations que les articles réguliers. Nous constatons également que les articles nouveaux et suiveurs sont publiés dans des revues avec un facteur d'impact plus faible que celles où les articles réguliers sont publiés.