Contenu du sommaire : Cités millénaires du Proche-Orient

Le propos de cet article est de présenter quelques réflexions synthétiques sur les développements récents des recherches sur l'urbanisation et le développement des villes mésopotamiennes du IVe au Ier millénaire avant notre ère. On y envisage tout d'abord les problèmes nouveaux que pose l'identification, au cours des dernières décennies, d'une longue période proto-urbaine, de maturation du phénomène urbain. La deuxième question tient aux problèmes d'échelle et de morphologie des cités mésopotamiennes, beaucoup mieux connus maintenant grâce aux nouvelles techniques de prospection. Enfin, la dimension temporelle du développement urbain est envisagée : la Mésopotamie offre en effet un cadre idéal pour étudier des cycles d'urbanisation entrecoupés de phases catastrophiques de destruction et d'abandon, et la question de la résilience des cités dans la longue durée est posée.

L'étude du riche vocabulaire sumérien tiré de la documentation cunéiforme littéraire et administrative permet de saisir non pas exactement la réalité du paysage urbain telles que les fouilles archéologiques parviennent à le saisir encore malgré son état aujourd'hui très fragmentaire, mais une image créée par les scribes et le pouvoir. La ville aspire à être au centre de la vie humaine et du monde. L'étude de ses caractéristiques, de ses contours et de ses relations avec son arrière-pays permet d'entrevoir toute la complexité de l'identité urbaine mésopotamienne, ainsi que la conscience que les Mésopotamiens avaient de sa force et de sa fragilité.

La fouille des sites du Levant Nord révèle d'importants changements dans l'organisation territoriale et la nature des agglomérations durant le 3e millénaire. Les villages jusqu'alors cantonnés près des ressources en eau sont remplacés par des agglomérations urbaines fortifiées qui contrôlent et exploitent leurs territoires par l'intermédiaire d'un réseau hiérarchisé d'agglomérations. Les détails de ce mouvement d'urbanisation nous échappent encore. On constate cependant une appropriation des espaces urbains au profit de nouvelles élites. Cette urbanisation se double d'un vaste mouvement de conquête territoriale et du développement de nouveaux modes de production agropastoraux. Cette concomitance des faits résulte de l'émergence d'une aristocratie foncière. Urbanisation et développement agricole sont ici intégrés dans un même processus de transformation.

Le bon état de conservation des vestiges archéologiques dans la région du Levant Sud oriental permet de dresser un état relativement précis des différentes formes d'agglomérations qui s'y succèdent durant les 4e et 3e millénaires, avant et pendant l'urbanisation. Il révèle la variété des solutions retenues, non seulement dans l'organisation interne des sites, mais surtout dans leur répartition spatiale à l'échelle régionale. Quelques exemples bien documentés permettent de mieux comprendre le polymorphisme d'une urbanisation qui témoigne d'un changement fondamental des rapports au territoire et aux modes de production.

Au premier millénaire av. J-C., l'histoire de la Syrie est marquée par l'arrivée au pouvoir des nouvelles dynasties Araméennes. Un programme inédit de fondations et de réorganisation des villes préexistantes est amorcé, impliquant certains changements dans le paysage urbain des périodes précédentes. Il est évident que ces traditions urbanistiques sont héritées des villes de l'Âge du Bronze, mais de nouvelles pratiques architecturales révèlent la spécificité des royaumes de l'Âge de Fer. L'objectif de cet article est de revenir sur la morphologie de ces fondations, afin d'en dégager le plan d'urbanisme, son origine et les éléments novateurs qu'il comporte.

Cet article s'interroge sur la nature du « plan parcellaire par îlots » produit à Paris de 1810 à 1836 par Philibert Vasserot et sur son statut en tant que source pour une analyse détaillée des structures morphologiques du Paris pré-haussmannien. Nous simulons grâce aux outils des systèmes d'information géographique les opérations techniques opérées par Vasserot et ses équipes pour l'assemblage des plans d'immeubles dans les limites des îlots, levés par Edme Verniquet (1784-1791) et mis à jour entre 1807 et 1821 par les services du fisc. Nous pouvons alors mesurer les décalages et différences des objets représentés par rapport aux plans d'expropriations produits à partir de la fin des années 1840, très précis et aisément raccordables au cadastre contemporain. Les résultats montrent que plusieurs types d'écueils techniques liés au travail de Vasserot limitent fortement son utilisation pour une reconstitution précise de l'évolution morphologique du bâti parisien. L'article suggère enfin que l'utilisation croisée de plusieurs sources et de méthodes cartographiques adaptées à leur mode de production permettraient d'opérer une lecture riche et précise des plans cadastraux et des tableaux fiscaux qui leur sont reliés.