Contenu du sommaire : Covid–19 : l'apport des sciences sociales

La menace épidémique constante au XIXe siècle n'a de cesse d'inquiéter les gouvernants, souvent désemparés devant des fléaux que la science médicale appréhende mal. Néanmoins, la France tente progressivement d'améliorer les mesures de police sanitaire et d'hygiène publique. Dans cette évolution, la loi du 15 février 1902 constitue une étape importante sur la voie d'une politique de santé publique plus moderne en redéfinissant les rôles des maires et préfets et en donnant de nouveaux moyens de lutte à l'administration.

Il est bien sûr tôt, début 2022, pour analyser l'impact de la pandémie de Covid-19 sur les politiques publiques. Mais nous relevons le défi, dans cet article, d'en analyser la manifestation dans le secteur sur lequel nous avons consacré une partie significative de nos travaux au cours des dernières décennies : les politiques culturelles. Nous considérons dans ce texte trois phénomènes qui n'interviennent pas dans les processus normaux de politique publique, et qui s'imposent à leurs protagonistes face à l'événement. On peut exprimer ces phénomènes comme des « chocs » : de réflexivité, d'innovation et d'herméneutique. Nous allons en détailler le contenu et la portée en abordant tour à tour les acteurs, les politiques publiques et, enfin, le rôle du chercheur dans ces configurations. Si le propos est centré sur le champ culturel, il ne s'interdit pas des références et constats comparatifs avec d'autres.

Cet article s'intéresse aux conditions du maintien, de l'arrêt ou de la non initiation de pratiques physiques et sportives par les étudiants français en période de confinement. Il s'appuie sur l'analyse des réponses de 585 étudiants d'universités, de domaines et de niveaux d'étude variés, à un questionnaire en ligne auto-administré de 58 questions, abordant les thèmes suivants : les caractéristiques sociodémographiques et socioprofessionnelles ; les conditions de logement pendant les deux premières périodes de confinement ; les adaptations consenties et les conditions de maintien des activités physiques et sportives pendant les périodes confinements. L'article s'organise autour de l'analyse comparative des réponses à ce questionnaire par : 1) les étudiants qui ont maintenu une pratique en période de confinement, 2) ceux qui ont arrêté leur pratique, 3) ceux qui n'en pratiquaient pas avant et n'en ont pas commencé pendant. Cette analyse montre que le genre et l'origine sociale, expliquant habituellement les inégalités de pratique physiques n'apparaissent ici pas ou peu pertinentes. Le détachement par rapport au foyer parental, le domaine et le niveau d'étude et la transgression des mesures de confinement apparaissent centrales afin de comprendre le maintien, l'arrêt ou la non initiation de pratiques physiques en période de confinement.

La crise de la pandémie COVID 19 a révélé l'extrême vulnérabilité des organisations dans un contexte d'incertitude radicale au sens de Knight (1921). La problématique va dès lors porter sur la gestion dans l'inconnu et, dans cette perspective, les paradigmes qui fondent le contrôle de gestion, fondés sur un modèle de rationalité fins-moyens, doivent laisser la place à une vision pragmatiste. Face à la crise sanitaire, la question qui s'est posée est celle d'un contrôle de gestion garantissant la maîtrise de l'organisation en situation d'incertitude radicale, assurant à la fois la flexibilité et la résilience de l'organisation, face aux chocs de l'inconnu.

La question de la santé au travail a toujours été centrale dans la construction du droit social moderne. Pour autant, elle est parfois négligée face à d'autres contingences davantage financières notamment. La crise pandémique liée à la Covid 19 aura eu comme vertu de recentrer les débats sur la santé, la sécurité et les conditions de travail. L'objet de cette communication et de démontrer que la prise en considération sérieuse de ces éléments permettre justement aux entreprises de poursuivre leurs activités, en limitant les risques, afin de soutenir nos économies. Dans ce contexte, plusieurs outils juridiques classiques et plus originaux ont été déployés afin à la fois de prévenir et de gérer le risque de contamination à la Covid 19, mais aussi les autres risques professionnels induits.

Les règles du droit du travail comme les règles du droit des entreprises en difficulté ne pouvaient pas échapper aux adaptations législatives de crise. Nombreuses sont donc les dispositions du droit du travail applicables aux entreprises en difficulté à avoir été adaptées au contexte de crise sanitaire. Certains aménagements ont pour objectif la sauvegarde des entreprises et des emplois tandis que d'autres sont au service d'une garantie du paiement des créances salariales.

La question des relations entre les comportements politiques des électeurs et leurs ancrages locaux est centrale en sociologie électorale. Cet article propose d'interroger plus précisément, à l'échelle d'un territoire donné, la métropole lilloise, et en croisant des matériaux quantitatifs à plusieurs échelles, deux relations : entre faible ancrage local et abstention d'une part et entre fort ancrage local et vote à l'extrême-droite d'autre part. Dans la continuité d'autres travaux, il invite à dépasser l'association mécanique entre implantation locale et surmobilisation des électeurs ou encore entre fort ancrage local et vote à l'extrême-droite. Par ailleurs, il démontre qu'il est nécessaire de décortiquer tant la notion de mobilisation électorale, - en tenant compte de la participation mais aussi de la non et de la mal inscription -, que celle d'ancrage local. Ainsi l'ancienneté résidentielle ou encore la présence de l'entourage à proximité ne sont pas statistiquement liées à la participation ou à l'orientation du vote, contrairement au statut d'occupation du logement et au rapport au quartier qui semblent avoir un rôle plus central.

Certaines organisations clandestines ainsi que les medias occidentaux font très volontiers la promotion de la part prise par les femmes combattantes dans des guérillas comme celle du Partiya Karkerên Kurdistan (PKK). Au-delà des développements idéologiques de la théorie de la Femme libre, le statut des femmes a fait l'objet d'une conquête féminine menée avec peine au sein du parti. Afin d'en apprécier les évolutions, nous nous sommes appuyées sur une enquête de sociologie qualitative menée auprès de 28 combattantes du PKK. Après un bref retour sur la phase de l'« armification » des femmes, nous mettons en évidence les formes de discrimination de genre persistantes au sein du parti depuis les années 1990 et soulignons le rôle de l'« armification » des femmes dans l'institution de soi comme sujet politique. Ces éléments nous conduisent à reconsidérer la thèse du féminisme martial, développée dans la littérature académique et pensée idéologiquement comme un « outil et une condition de l'émancipation des femmes », pour la nuancer à partir du regard que portent les femmes sur leur rapport à la violence politique.