Contenu du sommaire : Repenser la nature dans les villes latino-américaines

Revue Cahiers des Amériques Latines Mir@bel
Numéro no 97, 2021
Titre du numéro Repenser la nature dans les villes latino-américaines
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Chronique

  • Dossier. Repenser la nature dans les villes latino-américaines

    • Introduction. Contestée, appropriée et dépossédée : la place de la nature dans les villes latino-américaines - Chloé Nicolas-Artero, Xenia Fuster-Farfán, Sébastien Velut p. 23-35 accès libre
    • Introducción. Disputada, apropiada y desposeída: la naturaleza en las ciudades latinoamericanas - Chloé Nicolas-Artero, Xenia Fuster-Farfán, Sébastien Velut accès libre
    • Partie I - Appropriation de la nature et production des espaces résidentiels
      • Turistificación, renovación urbana y ecología política: contestaciones en tres ciudades de la costa ecuatoriana - Alejandra Bonilla Mena, Johanna Rodríguez, Manuel Bayón, Stalin Alvarado, Canela Cadena, Gustavo Durán, Vanessa Bone p. 39-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'essor du tourisme international a encouragé, dans les différentes villes de l'Équateur, de nouveaux plans et de nouvelles politiques publiques pour s'adapter à ce modèle. Ainsi, sont apparus au cœur de la ville de nouveaux espaces de qualité environnementale : des espaces de plage pour les loisirs, des mangroves pour la promenade ou de nouveaux parcs comme forme de revalorisation. La rénovation de certaines zones pour l'arrivée des touristes, précédemment considérées comme des espaces non aménageables, occupés par les classes populaires, implique un déplacement forcé avec différents degrés de violence. Afin d'atténuer les contradictions sociales de cette violence, les décideurs aménagent des espaces de logement social en dehors des limites de la ville sur des espaces naturels, générant une perte de centralité et d'accès à la ville. La rénovation urbaine d'Esmeraldas, de Portoviejo et de Guayaquil écologise les politiques des zones du centre-ville et approfondit la périurbanisation dévastatrice par le logement social, en réordonnant la spatialisation des classes sociales dans la ville.
        The arrival of international tourism has promoted new plans and public policies in different cities of Ecuador to adapt to this model. Consequently new environmental quality spaces have emerged within the city: beaches for leisure, mangrove areas for walks and new parks are all examples of this. The 'renovation' prior to the arrival of tourists that is undergone by areas previously considered as undeveloped spaces inhabited by low-income families necessitates the forceful displacement of populations with different degrees of violence. To mitigate the social contradictions of this violence, decision makers enable the creation of social interest housing spaces in natural spaces beyond the city limits, thus generating a loss of centrality and hindering access to the city. The urban renewal of Esmeraldas, Portoviejo and Guayaquil ecologizes the development policies in central areas, leads to extensive and devastating peri-urbanization through the construction of social housing, and produces a new order of the spatialization of social classes in each of these cities.
      • Las contradicciones de la producción de naturaleza en las áreas de vivienda social de ciudades lacustres y fluviales chilenas (2011-2018) - Rodrigo Hidalgo, Alex Paulsen-Espinoza, Laura Rodríguez Negrete, Voltaire Alvarado Peterson p. 67-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Tout au long de leur évolution, les communautés humaines se sont constamment situées dans la zone de contact entre les surfaces terrestres et aquatiques. Cet article explore le processus de production de la nature, dans les zones résidentielles issues des politiques de subventions au logement de l'État chilien dans les villes lacustres (Villarrica et Pucón) et fluviales (Valdivia), compte tenu de leur emplacement et de leur distribution. Tout d'abord, l'article propose une discussion sur la production de la nature, pour ensuite se concentrer sur l'analyse des études de cas. En utilisant une méthodologie qui prend en compte la quantification, la localisation des populations subventionnées et leur intersection avec les vulnérabilités sous-jacentes par le biais des systèmes d'information géographique (GIS), il a été possible d'identifier la dynamique de ce type de subventions au logement et le rôle de la nature dans les études de cas en Villarrica, Pucón et Valdivia. Les résultats nous informent qu'il y a une production délibérée de nature associée à la construction des complexes subventionnés, ainsi qu'une sédimentation des vulnérabilités qui pourraient affecter 40 % de la population dans le secteur plus vulnérable du pays.
        Throughout their evolution human communities have been constantly located in the contact zone between land and aquatic surfaces. This research explores the process of nature production within the residential areas resulting from the Chilean state housing subsidy policies in the lake cities of Villarrica and Pucón and the fluvial city of Valdivia, with regard to their location and distribution. The research begins with a discussion about the production of nature, and then proceeds with the analysis of the case studies. Through a methodology that considers the quantification and location of the subsidized populations, together with their intersection with underlying vulnerabilities by means of Geographic Information Systems -GIS-, it was possible to identify the dynamics of this type of housing subsidy and the function that nature fulfills in the cases of Villarrica, Pucón, and Valdivia. The findings reveal that there is a deliberate production of nature associated with the construction of the subsidized complexes and, on the other hand, a sedimentation of vulnerabilities that could affect the 40 % of the population who are the most vulnerable in the country.
    • Partie II - Se saisir de la nature dans les luttes urbaines
      • Conflicto y ambientalización ante procesos de renovación urbana en la ribera de la ciudad de Buenos Aires - Marina Wertheimer p. 95-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article analyse des conflits environnementaux dans les processus de rénovation urbaine dans la zone côtière d'une municipalité de la ville de Buenos Aires, Argentine, depuis 2004. À partir d'une approche ethnographique, cet article vise à montrer comment différents acteurs mettent en jeu des thèmes environnementaux au cours de processus sociaux conflictuels. Les notions environnementales que les différents acteurs mobilisent sont liées à leurs modes de relation particuliers avec l'environnement riverain. Pour la gestion d'un nouveau modèle de développement urbain en bord de rivière, la nature constitue une plus-value dans la stratégie de vente des mégaprojets, tandis que les acteurs collectifs contestent l'installation de ces aménagements urbains tant pour leur impact environnemental que pour l'imposition d'une logique mercantile sur leur territoire. Ces résultats visent à apporter des contributions critiques aux politiques urbaines contemporaines et à approfondir le débat sur l'accès équitable aux espaces verts et publics.
        This article analyzes environmental conflicts associated with urban renewal processes in the coastal area of a neighborhood near the city of Buenos Aires (Argentina) from 2004 onwards. Using an ethnographic approach, this article explores the ways in which the actions of different protagonist actors are related to diverse environmentalist topics during conflictual social processes. The different environmental notions these actors deploy are connected to their ways of relating to the riverside environment. For the management of a new urban development model, nature represents surplus value in the megaproject sales strategy, while collective actors contest the installation of these urban developments on account both of their environmental impact and of the imposition of commercial logic in their territory. These findings aim to make critical contributions to contemporary urban policies, and also venture into the realm of public debate on equitable access to green and public spaces.
      • Environnement et droit(s) dans la ville à Buenos Aires - Patrice Melé, Gabriela Merlinsky p. 117-135 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article interroge les débats sur les droits des populations dans la ville de Buenos Aires à partir de l'étude de situations de conflits. Nous analysons différentes modalités de relations entre l'environnement – considéré comme une valeur, mais aussi comme un cadre d'action – et d'autres domaines de l'action publique urbaine. Nous analysons d'abord le caractère ambivalent des effets de la judiciarisation de la question environnementale, puis les tensions entre droits au logement et la prise en compte des risques environnementaux, d'une part, et la protection des parcs et espaces naturels, d'autre part, pour conclure par les tentatives des associations environnementales de peser sur les modalités de l'expansion urbaine en protégeant les zones humides.
        This article based on the study of conflict situations examines the debates on people's rights in the city of Buenos Aires. We analyze different modalities of relations between the environment—considered as a value, but also as a framework for action—and other domains of urban public action. We first analyze the ambivalent nature of the effects of the judicialization of the environmental issue, then the tensions between housing rights and environmental risks on the one hand, and the protection of parks and natural spaces on the other, and finally the attempts of environmental associations to influence the modalities of urban expansion by protecting wetlands.
    • Partie III. Vivre les inégalités environnementales au quotidien
      • Navigating the Archipelago City: everyday experiences and socio-political imaginaries of urban floods in Cartagena de Indias, Colombia - Silke Oldenburg, Laura Neville p. 139-163 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Il est difficile d'imaginer la ville de Carthagène des Indes, en Colombie, la « Perle des Caraïbes », sans eau car ses plages de sable, ses forêts de mangroves luxuriantes, ses paysages marécageux et ses dédales de canaux entourent à la fois l'emblématique centre historique de la ville et façonnent les dénommés quartiers périphériques en expansion. L'eau et la ville sont si étroitement liées à Carthagène, que nous présentons la ville comme une Ville-Archipel afin d'explorer la manière dont les habitants naviguent la ville en période de pluies et d'inondations urbaines saisonnières. Le changement climatique et l'élévation du niveau de la mer étant devenus un défi environnemental pressant pour les villes côtières dans le monde, nous nuançons les discours dominants sur la gouvernance et la planification environnementale future en appliquant une approche centrée sur les acteurs. Nous utilisons la navigation comme angle d'analyse, afin de fournir des indications sur la façon dont les citadins vivent, anticipent et improvisent autour des inondations urbaines et imaginent leur ville. En s'appuyant sur treize mois de recherche ethnographique dans deux quartiers distincts, nous explorons dialectiquement comment les inondations urbaines ralentissent, perturbent et accélèrent la vie quotidienne à Carthagène pendant que ses habitants naviguent la Ville-Archipel. En faisant valoir que ces expériences et imaginaires quotidiens reflètent les héritages historiques et sociaux des profondes inégalités de la ville, nous ouvrons une fenêtre de réflexion sur les composantes complexes des mondes sociaux quotidiens qui prévalent dans de nombreuses villes côtières d'Amérique latine.
        It is difficult to imagine the city of Cartagena de Indias, Colombia, the “Pearl of the Caribbean”, without water, as sandy beaches, lush mangrove forests, swampy landscapes and a maze of canals both surround the emblematic historic city centre and shape the expanding neighbourhoods in the so-called urban periphery. Water and the city are so closely intertwined that we introduce Cartagena as an Archipelago City to explore how urban residents navigate the city during seasonal urban rain and flooding. As climate change and rising sea level have become a pressing environmental challenge for coastal cities worldwide, we nuance mainstream discourses on governing and planning environmental futures by applying an actor-centred approach. We use navigation as an analytical lens, to provide insights into the way urbanites experience, anticipate and improvise around urban floods and imagine their city. Drawing on 13 months of ethnographic fieldwork in two distinct neighbourhoods, we dialectically explore how urban flooding slows down, disrupts and also speeds up Cartagena's everyday life while its residents navigate their way through the Archipelago City. By arguing that these everyday experiences and imaginaries reflect the historical and social legacies of profound inequalities in the city, we are offering a window into the complex constituents of everyday social worlds that prevail in many Latin American coastal cities.
      • Perceptions populaires et urbaines de la Nature chez les jeunes à El Alto (Bolivie) - Jordie Blanc Ansari p. 165-184 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article analyse des courts-métrages réalisés dans le cadre d'ateliers audiovisuels participatifs auprès de jeunes boliviens, issus d'un quartier populaire d'El Alto. Cette démarche méthodologique à partir de l'image et du son permet d'accéder aux perceptions sociales de la nature. Dans un contexte où le discours politique emprunte les notions autochtones de Pachamama et de Suma Qamaña (vivir bien), comment les acteurs locaux s'approprient-ils la nature dans cet espace urbain ? L'enjeu est ainsi de confronter leurs réalisations audiovisuelles au discours du gouvernement d'Evo Morales (2005-2019).
        This article analyzes short films made in participatory audiovisual workshops with young Bolivians from a peripheral neighborhood of El Alto. Does this methodological approach based on image and sound provide access to social perceptions of nature? In a context where the political discourse makes use of the indigenous notions of Pachamama and suma qamaña (Vivir Bien), how do local actors appropriate nature in this urban space? The challenge is thus to confront their audiovisual production with the discourse of the Evo Morales government (2005-2019).
      • Green gentrification and contemporary capitalist production of space: notes from Brazil - Pedro Henrique Campello Torres, Daniele Tubino Pante Souza, Vanessa Lucena Empinotti, Pedro Roberto Jacobi p. 185-210 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le concept de gentrification verte a gagné en force dans les études aux États-Unis et en Europe, en particulier celles liées aux parcs urbains et aux infrastructures vertes. En Amérique latine, l'utilisation du concept est encore limitée. Cette étude évalue si le concept inventé dans le Nord global peut être appliqué au contexte de la région la plus urbanisée du Sud global et réfléchit sur les utilisations, les possibilités et les limites de ce concept, en particulier dans le cas du Brésil. Trois cas illustratifs au Brésil ont été choisis pour discuter et tester le concept de gentrification verte à la lumière de la nécessité d'une médiation en fonction des réalités et des expériences locales. Nos résultats démontrent que le concept offre un aperçu des processus observés en prenant simultanément de nouveaux contours lorsqu'ils sont appliqués à une réalité méridionale. D'un point de vue critique, cet article montre la nécessité de politiser la relation entre la nature et la production capitaliste de l'espace en Amérique latine.
        The concept of green gentrification has gained strength in studies from the United States and Europe, especially those related to urban parks and green infrastructure. In Latin America, the use of the concept is still restricted. This study assesses whether the concept coined in the Global North can be applied to the context of the most urbanized Global South region and reflects on the uses, possibilities and limitations of this concept, particularly in the case of Brazil. Three illustrative cases in Brazil were chosen to discuss and test the green gentrification concept in the light of whether mediation was required, based on local realities and experiences. Our findings demonstrate that the concept offers insight into the processes observed simultaneously assuming new contours when applied to a southern reality. From a critical perspective, this article shows the need to politicize the relationship between nature and the capitalist production of space in Latin America.
  • Étude

    • Le mouvement politique mapuche : dépendance et autonomisation dans les années 1968 - Pablo Barnier-Khawam p. 213-231 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les « années 68 » constituent un contexte de transformation mondiale. De Paris à Santiago, l'autorité tutélaire est remise en cause. L'élection au Chili du chrétien-démocrate Eduardo Frei, en 1964, avec son slogan « patria joven », est caractéristique de ce contexte qui se veut à l'origine de réformes sociales d'ampleur. La jonction entre un milieu juvénile et paysan au moment de la réforme agraire amorce un processus de distanciation vis-à-vis de structures sociales ayant une forte capacité de contrôle, comme les partis politiques et les institutions étatiques. La mobilisation des Mapuche à cette époque s'inscrit dans cette distanciation qui a pour corollaire une autonomisation de leur mouvement politique. L'objectif de cet article est d'exposer, par l'intermédiaire de plusieurs entretiens et des recherches d'archives, les processus à l'œuvre dans la construction de l'autonomie des Mapuche, à la fois comme mouvement et comme revendication, en faisant remonter l'origine de cette dernière aux « années 68 ».
      The 1968 period was a time of global transformation. From Paris to Santiago, the guardianship authority was called into question. The election of the Christian Democrat Eduardo Frei in Chile in 1964 with the slogan “patria joven”, is characteristic of this context, which was hoped to be the starting-point for far-reaching social reforms. The junction between a youth and peasant milieu at the time of the agrarian reform initiated a process of self-distancing from social structures with a strong capacity for control, such as political parties and state institutions. The mobilization of the Mapuche at that time was part of this process of distancing, the corollary of which was the autonomization of their political movement. The aim of this article is to present, through several interviews and archival research, the processes at work in the construction of Mapuche autonomy, both as a movement and a standpoint, by tracing its origins back to the 1968 period.
  • Lectures