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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. XXXVI, no 4, avril 2022 |
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- De quoi la MMT est-elle le nom ? - Françoise Drumetz, Christian Pfister p. 3-46 Au cours des dernières années aux États-Unis, et particulièrement depuis la publication du livre de Stephanie Kelton, The Deficit Myth (Kelton [2020]) en Europe, la théorie monétaire moderne (Modern Monetary Theory - MMT) s'est vue accorder une attention croissante dans les médias et le public. Cet article se penche sur les fondements théoriques de la MMT et sur ses recommandations de politique économique. La théorie étatique de la monnaie de Georg Friedrich Knapp (Knapp [1905]) et les travaux d'Abba Lerner fournissent les deux principaux fondements théoriques. Les évolutions de la pensée économique au cours du dernier demi-siècle ne sont, pour l'essentiel, pas prises en compte. Les recommandations de politique économique sont fondées sur une représentation fausse s'agissant de la politique monétaire et se concentrent de manière étroite sur des propositions spectaculaires sans prendre en compte l'environnement économique. Elles rappellent aussi des politiques mises en œuvre par des gouvernements populistes, notamment en Amérique Latine depuis la Seconde Guerre mondiale, et créent ainsi les mêmes risques de défauts souverains et d'inflation galopante. Dans l'ensemble, la MMT est davantage le nom d'un manifeste politique que celui d'une théorie.In the last few years in the U.
S. and especially since the publication of Stephanie Kelton's book, The Deficit Myth (Kelton [2020]) in Europe, the so-called Modern Monetary Theory (MMT) has been gaining prominence in the media and the public. This article looks into the theoretical underpinnings of the MMT and its policy recommendations. Georg Friedrich Knapp's State Theory of Money (Knapp [1905]) and Abba Lerner's works provide the two main theoretical underpinnings. Developments in economic literature in the past half-century are essentially not taken into account. Policy recommendations are predicated on a false account as far as monetary policy is concerned and narrowly focus on some dramatic proposals without considering the broader economic environment. They also echo policies undertaken by populist governments, notably in Latin America since WW2, and as such would create the same risks of sovereign defaults and runaway inflation. Overall, MMT is a more a political manifesto than an economic theory. - Les conséquences de la politique monétaire non conventionnelle de la Fed sur les pays émergents - François Viaud p. 47-85 La mise en place du Quantitative Easing (QE) aux États-Unis fin 2008 a soulevé beau-coup de questions quant à son efficacité et à ses externalités. La littérature a évoqué des hétérogénéités dans les effets de cette politique. L'objectif de cet article est d'en révéler les causes et les implications nationales et internationales. Ce travail établit que les effets nationaux du QE de la Fed dépendent des titres acquis ; les effets de report sur les pays émergents sont vérifiés, mais hétérogènes quant aux dimensions temporelle et spatiale et le type de marché financier considéré.At the end of 2008, the implementation of Quantitative Easing (QE) in the U.S.
A. raised many questions about efficiency and spillovers. The literature evoked heterogeneities in the consequences of this policy. The purpose of this article is to reveal the causes and national and international implications of this policy. This work establishes that: national QE effects depend on asset purchased; spillovers on emerging markets are verified but heterogenous regarding time, geography and financial market under review. - Les francs CFA sont-ils à leur niveau d'équilibre ? - Patrick Plane, Camille da Piedade p. 87-127 En Zone franc, la parité fixe des francs CFA fait de nouveau débat alors que l'éco, une monnaie de substitution, est annoncée en UEMOA. On s'interroge sur les mésalignements possibles du taux de change dans chacune des deux unions monétaires qui composent cet espace institutionnel de coopération (UEMOA, CEMAC). Le diagnostic est établi par référence à deux théories et un panel de 99 pays couvrant la période 1990-2016 : le taux de change de PPA ajusté de l'effet productivité et le taux de change d'équilibre comportemental (BEER). Ces deux critères donnent des résultats assez différents sur les unions entre les pays membres et sous-périodes considérées. Les résultats sont robustes aussi bien à la définition de la mesure de la productivité qu'à la taille de l'échantillon. Globalement, la fin de période ne suggère pas de mésalignements qui pourraient justifier un changement de parité avec cependant des hétérogénéités nationales.In the Franc Zone, the fixed parity of the CFA franc is debated again, while the eco, a substitute currency, is to be announced in the WAEMU. We investigate the question about potential exchange rate misalignments in the two monetary unions (WAEMU, CEMAC) of this institutional space. The diagnosis is established by reference to two theories and from a panel of 99 countries over the period 1990-2016: the PPP exchange rate level adjusted for the productivity level and the Behavioural Equilibrium Exchange rate (BEER). These two theoretical criteria provide different results across unions, and country-members or sub-periods. Results are robust to the definition of the productivity measurement and to the sample size. Overall, the end of the period does not suggest misalignments that could justify a change of the parity although national heterogeneities arise.
- Risque de crédit, concurrence bancaire et indépendance monétaire dans les pays africains - Dzidzogbé Hechely Lawson p. 129-179 Cet article analyse l'incidence de la concurrence bancaire sur le risque de crédit dans les pays en développement. À partir des données de 26 pays africains, les résultats empiriques montrent qu'un niveau élevé de concurrence bancaire est source de risque bancaire avec un effet seuil. La concurrence bancaire génère plus de risques bancaires dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu intermédiaire. Contrairement à la concurrence bancaire, l'indépendance monétaire contribue à la réduction du risque bancaire. En outre, nos résultats montrent que l'appartenance à une union monétaire n'influence pas la relation entre la concurrence bancaire et le risque bancaire. Les résultats de cette recherche, montrent également que l'ouverture des capitaux contribue à la réduction du risque bancaire dans les pays africains.This paper analyzes the impact of bank competition on credit risk in developing countries. Using data from 26 African countries, the empirical results show that a high level of bank competition generates bank risk with a threshold effect. Bank competition generates more bank risk in low-income countries compared to middle-income countries. In contrast to bank competition, monetary independence helps reduce bank risk. Moreover, our results show that membership in a currency union does not influence the relationship between bank competition and bank risk. The results of this research also show that capital openness contributes to the reduction of banking risk in African countries.
- Démocratie et risque de conflits internes : une nouvelle perspective empirique - Tobignaré Yabré, Gervasio Semedo p. 181-218 Cet article adopte une approche d'équations simultanées pour analyser la relation entre démocratie et risque de conflits internes. En effet, il intègre une relation souvent avancée mais peu explorée dans la littérature d'une causalité inverse du risque de conflits sur la démocratie. Les résultats obtenus sur un panel de 108 pays montrent que les régimes fortement démocratiques ou autocratiques ont un faible risque de conflits internes par rapport aux régimes moyennement démocratiques, pour lesquels le risque est plus élevé. Plus encore, l'étude montre que le risque de conflits internes ne favorise pas le renforcement de la démocratie. En particulier, les institutions politiques dans les régimes partiellement démocratiques sont généralement incapables d'adoucir les contradictions sociales en générant parfois des conflits qui, à leur tour, nuisent aux efforts de consolidation démocratiques. Ainsi, les mesures visant à renforcer les règles démocratiques réduiront le risque de conflits internes. Toutefois, des facteurs économiques comme l'accroissement du revenu par tête, l'inflation et des facteurs sociaux ou géographiques, affectent le risque de conflits internes.This article adopts a simultaneous equation approach to analyse the relationship be-tween democracy and the risk of internal conflict. Indeed, it integrates the reverse causality effect of the risk of conflicts on democracy, a relationship often advanced but little explored in the existing literature. Results obtained from a panel of 108 countries show that strongly democratic or autocratic regimes have a low risk of internal conflicts compared to partially democratized regimes, for which the risk is higher. Furthermore, the study shows that the risk of internal conflicts does not favour democratic consolidation. Particularly, political institutions in partially democratic regimes are generally unable to soften social contradictions by sometimes generating conflicts, which in turn undermine democratic consolidation efforts. Thus, efforts to strengthen democratic institutions will reduce the risk of internal conflicts. However, economic factors such as rising per capita income, inflation and social or geographic factors affect the risk of internal conflicts.
- L'instabilité politique et ses déterminants : un réexamen empirique - Jude Eggoh, Hassen Kobbi p. 219-263 De nombreux pays peuvent subir des crises politiques, parfois sévères avec des conséquences économiques dramatiques, sans qu'une analyse profonde des causes de ces phénomènes ne soit réellement effectuée. Une meilleure connaissance des facteurs favorisant l'instabilité politique permettrait de mieux la prévenir, la contenir et limiter ses effets néfastes. Le présent article s'inscrit dans cette perspective en revisitant les déterminants macroéconomiques et institutionnels de l'instabilité politique. L'analyse est effectuée à partir d'un large panel de 84 pays en développement sur la période 1975-2019, basée sur une approche factorielle de l'instabilité politique à travers les dimensions formelle et informelle. Les tests empiriques réalisés en coupe transversale et sur panel dynamique confirment que l'amélioration des conditions macroéconomiques diminue de façon significative l'instabilité politique. De même, des variables institutionnelles l'influencent significativement. Enfin, nos résultats suggèrent que des effets de contagion de l'instabilité politique liés à la proximité géographique sont observés et que l'âge du chef de l'exécutif accroît, à court terme, le risque d'instabilité politique formelle et informelle.Many countries are undergoing political crises, sometimes with detrimental economic effects, without a deep analysis of the reasons for these political instabilities. A good understanding of the causes of these political instability events will allow better prevention and a reducing of their harmful effects. This paper aims to revisit the macroeconomic and institutional determinants of political instability. The study is based on a large panel of 84 developing countries, over the period 1975-2019. We propose a factorial approach of political instability, based on its formal and informal dimensions. The cross-sectional and dynamic panel tests confirm that improving of macroeconomic conditions reduces the level of political instability. Moreover, institutional variables significantly influence political instability. Finally, our findings suggest that contagion effects linked to geographical proximity and the age of the executive chief increase formal and informal political instability in the short run.