Contenu du sommaire : Sociable Spaces in Eighteenth-Century Britain: A Material and Visual Experience
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | vol. 74, no 3, juillet-septembre 2021 |
Titre du numéro | Sociable Spaces in Eighteenth-Century Britain: A Material and Visual Experience |
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Articles
- Introduction - Valérie Capdeville, Pierre Labrune p. 259-267
- Party Animals: Animal Products in Portable Objects of Sociability in Eighteenth-Century Britain - Ariane Fennetaux p. 268-283 L'article s'intéresse à l'utilisation des produits animaux dans la réalisation d'objets portatifs au cours du long xviiie siècle. Galuchat, coquillages, ou écaille de tortue étaient couramment utilisés pour fabriquer ou recouvrir de petits accessoires portatifs liés aux pratiques de sociabilité. Carnets de bal, tabatières, lorgnettes, râpes à muscade ou éventails étaient réalisés dans une variété de finitions parmi lesquelles figuraient ces matériaux d'origine animale dont le lustre, l'éclat, les formes ou la couleur signalaient leurs origines exotiques et contribuaient à la mise en scène du goût et du statut de leur propriétaire. Ces objets portatifs étaient au centre de réseaux de sociabilité, tant en raison de leur mode d'acquisition que de leur utilisation. À ce titre, ils contribuaient à la construction de ces réseaux ainsi qu'à celle d'espaces sociaux liés par les codes gestuels qu'impliquait leur usage (H. Lefebvre). Ils étaient également sous-tendus par les réseaux commerciaux mondiaux créés par l'empire britannique en expansion et par la fascination — et l'exploitation — de la faune « exotique » découverte alors. En combinant culture matérielle, histoire globale et histoire environnementale, l'article analyse l'utilisation des produits animaux dans les accessoires portables de sociabilité pour montrer comment leurs qualités spécifiques permettaient d'articuler différentes notions d'espace, tandis que certains des objets, en mêlant sociabilité européenne et espèce animale lointaine, contribuaient à la construction de l'opposition nature/culture.This article looks at the use of animal products in the fashioning of polite sociability in the long eighteenth century. Shagreen, shells, or tortoiseshell were commonly used to make or cover small fashionable accessories that equipped men and women with the wherewithal of polite sociability. Writing tablets, snuffboxes, lorgnettes, nutmeg graters or fans came in a variety of finish that often included such animal materials whose lustre, sheen, shapes or colour signalled their exotic origins and contributed to the performance of taste and rank. These portable objects created elite sociable networks both in their sourcing and exchange—through gifts or proxy shopping—and in their uses, which took part in materializing bonds and constructing space (H. Lefebvre) through gestures and performance. They were also underpinned by the global networks of trade created by the expanding empire and the fascination for— and early exploitation of—the “exotic” fauna thus discovered by European elites. Combining a material culture approach, global history and environmental history, the article explores the sourcing, uses and implications of animal products in portable accessories of sociability to show how their specific qualities articulated different notions of space, whilst they also constructed the nature vs. culture binary.
- “A short Recess from Talk and Tea”: The Sociable Geography of Snuff-Taking in Eighteenth-Century Britain - Vanessa Alayrac-Fielding p. 284-299 Cet article propose une interprétation de la perception, de l'usage et de l'image culturelle des tabatières dans la Grande-Bretagne du dix-huitième siècle. À partir d'approches théoriques empruntant à l'histoire de la culture matérielle et des émotions, cette étude propose d'analyser les tabatières sous l'angle de leur connectivité, comme des objets qui servirent à renforcer les pratiques de sociabilité et les liens entre les individus par les échanges de cadeaux offerts et reçus. L'article considère d'abord les espaces publics et privés dans lesquels priser était fort à la mode, puis s'intéresse aux discours souvent contradictoires sur cette pratique, qui permettent de révéler des considérations sur la classe sociale, le genre et l'art de la conversation.This article offers an interpretation of the perception, use and cultural image of snuffboxes in eighteenth-century Britain. Drawing on theoretical perspectives from the history of material culture and emotions, it contends that snuffboxes acted as objects of connectivity that served to enhance sociability and bonding between individuals through gift-giving and receiving. The practice of taking snuff is analyzed as a sociable activity in a range of different contexts, in public and private spaces, as a trigger for conversation and as a marker of class and gender, and through a variety of media underlining versatile ideas about this highly fashionable activity.
- Breakfast at Frogmore and Feathers in Portman Square: Women's Property and Elite Sociability - Mascha Hansen p. 300-316 C'est une fois veuve et fortunée qu'Elizabeth Montagu entreprit la construction de Montagu House, sur Portman Square, quittant la maison de Hill Street, où elle avait vécu avec son mari, pour faire de son salon littéraire un endroit très couru : les visiteurs admiraient notamment la décoration de ce qu'elle nommait son « salon aux plumes ». Une dizaine d'années plus tard, en 1790, la reine Charlotte acquit Frogmore, sa résidence à la campagne près du château de Windsor, qui devait accueillir nombre de déjeuners élégants, de réceptions d'anniversaire fastueuses et de commémorations royales. Dans l'étude des formes de sociabilité, les demeures privées jouent un rôle important. Cet article se penche sur les espaces de sociabilités de l'élite féminine, en étudiant les demeures des femmes : comment celles-ci utilisaient-elles un espace domestique construit et décoré selon leurs propres goûts ? Que révèlent ces intérieurs sur la conception qu'elles se faisaient de la sociabilité distinguée de l'époque et, par conséquent, sur leur perception du rôle de leurs demeures en tant qu'espaces de sociabilité ?Elizabeth Montagu began to build Montagu House in Portman Square when a wealthy widow, leaving her married home on Hill Street to take her bluestocking salon to new fashionable heights: visitors admired especially the taste of her so-called feather room. Roughly a decade later, in 1790, Queen Charlotte bought Frogmore near Windsor Castle, her country retreat, which was to be the site of fashionable breakfasts, lavish birthday parties and royal anniversaries. The house as a sociable space is an important aspect of the study of sociability. In this paper, I wish to shed new light on elite women's sociable spaces by looking into their own homes: how did they make use of a domestic sphere built and decorated to their own taste? What do these places have to tell us about women's notions of fashionable sociability at the time, and, by comparison, about their perceptions of the role of their own homes as sociable spaces?
- Eighteenth-Century Visuality and Ambiguous Spaces of Sociability: Townscapes, Architecture and Entertainments - Marie-Madeleine Martinet p. 317-335 Cet article propose d'appliquer à l'étude de la société du xviiie siècle des outils critiques empruntés aux études visuelles récentes, pour montrer que la culture visuelle de la période georgienne révèle la construction de cartes mentales de la sociabilité par le public. À l'époque, les nouveaux types de sociabilité combinaient des formes visuelles anciennes et des formes nouvelles. Les codes architecturaux et urbanistiques durent s'adapter à des catégories sociales émergentes — à la fois en conservant les apparences traditionnelles et en cherchant à répondre aux besoins d'activités et d'interactions sociales nouvelles. Ces scènes urbaines représentées dans divers jouets optiques, qui font alors l'objet de véritables divertissements mondains fondés sur les effets visuels, impliquent soit une découverte individuelle (qui peut être partagée) soit un visionnement collectif. Dans les romans, les cartes mentales révèlent des corrélations multidimensionnelles entre les représentations des espaces de sociabilité et le tissu urbain. Ainsi, cette recherche met en avant la nécessaire historicisation des modes de visualisation de la sociabilité.Applying to social studies critical tools derived from recent visual studies, this article argues that Georgian visual culture revealed the public's construction of mental maps of sociability. In that period, new types of sociability combined old and new visual appearances: architectural and urbanistic codes had to adapt to emerging social groups—both retaining traditional outward appearances and allowing for new activities and social relations. Such urban scenes were represented in various optical toys providing different forms of social entertainments based on visuality, either implying individual discovery or collective viewing. In novels, these mental maps reveal a network of concepts involved in representing sociable space with multidimensional urbanistic and cultural correlatives. This research aims to highlight the importance of historicizing the visualization modes of sociability.
- Pets in the Studio. Mediating Artistic Sociability in a Polite and Commercial Age - Sophie Mesplède p. 336-352 Cet article se propose d'explorer le rôle joué par les animaux de compagnie des artistes britanniques du dix-huitième siècle dans la construction, à la fois visuelle et matérielle, de la sociabilité artistique au sein de l'atelier. À partir d'une lecture de l'autoportrait de 1745 de William Hogarth en compagnie de son chien Trump comme représentation d'un espace dans lequel le carlin ne fut pas une simple figure de style, mais bien une présence réelle, il met en lumière la façon dont ces compagnons surent aider les portraitistes à déployer les talents de socialisation qui leur assureraient le succès sur un marché de l'art émergent, tout en leur apportant le réconfort émotionnel que le besoin de plaire dans un environnement compétitif leur faisait rechercher. En concluant par une étude de l'autoportrait d'Edwin Landseer intitulé The Connoisseurs, il suggère que les animaux domestiques furent des acteurs centraux dans l'articulation et la mise en scène d'une « insociable sociabilité » alimentée par le positionnement souvent ambigu des artistes sur le marché de l'art.This essay sets out to explore the role artists' pets played in both the visual and the material construction of artistic sociability in the eighteenth-century painting room. Starting with a reading of William Hogarth's 1745 self-portrait with his dog Trump as a carefully-crafted portrait of a studio space in which the pug dog was no mere conceit but a real presence, it sheds light on the ways in which animal companions helped portraitists perform the social skills which would earn them success in an emergent British art market, while concurrently providing them with the emotional comfort which the need to please in a competitive environment made them crave. Ending with a study of Edwin Landseer's Connoisseurs self-portrait, it suggests that pets were crucial agents in the deployment and display of an “unsociable sociability” generated by artists' often ambiguous positioning on the marketplace.
- Festive Spaces and Patriotic Sociabilities in the Letters of Rachel Charlotte Biggs and Helen Maria Williams - Kimberley Page-Jones, Véronique Léonard-Roques p. 353-372 Cet article traite des écrits épistolaires de Helen Maria Williams et de Rachel Charlotte Biggs, deux voyageuses anglaises qui se sont rendues en France au cours de la Révolution française et sous la Terreur. L'analyse porte, à travers les représentations de l'espace des fêtes civiques, sur deux approches antithétiques des idéaux révolutionnaires : la première est constituée par les Letters Written from France (1790) et les Letters Containing a Sketch of the Politics of France (1795) de Williams, poétesse républicaine, et la seconde par A Residence in France (1796) de Biggs, pamphlétaire loyaliste. Comme Mona Ozouf et Lynn Hunt l'ont montré, lors des festivités révolutionnaires, le choix et l'aménagement des lieux et leur relation à la nature furent soigneusement pensés afin de susciter chez les participants des sentiments de fraternité et d'unité, comme pour donner forme à une nouvelle sociabilité, inclusive et organique. Influencées par certains modèles esthétiques comme par des théories physiologiques, les deux autrices se montrent aussi attentives aux festivités en elles-mêmes qu'aux effets que ces scènes de sociabilité provoquent sur les participants ou sur leurs lecteurs. D'ordre littéraire et sociologique, leurs témoignages sur le cadre matériel et l'esthétique des fêtes civiques constituent une analyse précieuse des liens sociaux noués lors des spectacles conçus sous la Révolution.This article focuses on the epistolary narratives of Helen Maria Williams and Rachel Charlotte Biggs, two English women who travelled to France in the midst of the French Revolution and Terror. Reading Letters Written from France (1790) and Letters Containing a Sketch of the Politics of France (1796), by the republican poet Williams, together with A Residence in France (1796) by the loyalist pamphleteer Biggs, it investigates two antithetical takes on the revolutionary ideals embodied by the festive and ceremonial spaces. As Mona Ozouf and Lynn Hunt have argued, the choice of location, the spatial organization of fêtes and festivals, and their relation to the natural space were carefully designed to stimulate and showcase feelings of fraternity and unity, so as to shape an inclusive and organic sociability. Influenced by aesthetics and physiology, both women were as much interested in festivities as by the effects of these spectacles and social performances on the minds of participants, spectators and readers. Drawing from materialist and aesthetic discourses, their literary and sociological accounts of these lived moments offer a remarkable analysis of the sociable bonds forged during these revolutionary public spectacles.
Compte rendu
- Compte rendu - p. 373-376