Contenu du sommaire : Politiques migratoires et expériences d'exil en France et en Allemagne

Revue Migrations société Mir@bel
Numéro vol. 34, no 188, avril-juin 2022
Titre du numéro Politiques migratoires et expériences d'exil en France et en Allemagne
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Éditorial

  • Dossier. Politiques migratoires et expériences d'exil en France et en Allemagne

    • Les demandeurs d'asile et les réfugiés en France et en Allemagne depuis 2015 - Audran Aulanier, Anja Bartel p. 19-35 accès réservé avec résumé
      Si l'Allemagne fait souvent figure de modèle dans le débat public et politique français sur les politiques d'accueil, cet intérêt n'est guère réciproque. À cela s'ajoute la quasi-absence de travaux scientifiques comparatifs sur les politiques d'accueil à l'égard des personnes en exil. Pour autant, comme le montre cette introduction à partir d'exemples relatifs aux systèmes de répartition des demandeurs d'asile, à l'organisation et aux résultats de la procédure d'asile, ainsi qu'aux différentes conceptions nationales de l'intégration, ces politiques, au-delà de leurs convergences, restent marquées par de fortes différences. Celles-ci invitent à enquêter sur les effets de ces politiques en France et en Allemagne en partant « du bas », à partir d'enquêtes empiriques mettant au centre les expériences de différents acteurs, tels que les villes, les associations ou les personnes en exil.
    • Des pratiques d'État à l'état de l'intime : Étrangers en situation régulière : cours d'intégration et subjectivations en exil à Marseille et à Leipzig - Emma Fiedler p. 37-53 accès réservé avec résumé
      La diffusion rapide, dans les pays européens, d'un modèle de cours d'intégration1 obligatoires à destination de la plupart des migrants extra-européens considérés comme candidats à une installation durable, renouvelle le visage de la gestion administrative de l'immigration régulière. Une immersion ethnographique au sein des formations linguistiques et civiques de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (ofii) à Marseille et de leurs équivalents allemands encadrés par l'Office fédéral pour la migration et les réfugiés (Bundesamt für Migration und Flüchtlinge [bamf]) à Leipzig, permet l'observation empirique de l'institutionnalisation, dans un cadre scolaire, des processus d'intégration et de ses effets sur les subjectivités des migrants concernés. Le volontarisme républicain et la motivation exigée de la part des participants à un moment précis par l'institution, se voient confrontés aux préoccupations quotidiennes des migrants dans le pays d'accueil et à une résistance infra-politique qui tend à renforcer leurs expériences de l'exil, en aiguisant les phénomènes typiques de nostalgie, d'auto-exotisme, et finalement le sentiment d'être étranger.
    • La gestion administrative des mineurs non accompagnés en France et en Allemagne : L'évaluation de l'âge à l'épreuve de sa « juste mesure » - Hannes Käckmeister p. 55-68 accès réservé avec résumé
      Cet article propose une lecture croisée des pratiques de sélection et de classement mises en œuvre dans deux services administratifs chargés d'évaluer l'âge des jeunes migrants se déclarant mineurs, l'un en France et l'autre en Allemagne. Les professionnels en charge de cette évaluation, en l'occurrence des travailleurs sociaux, mobilisent de multiples critères qui sont similaires de part et d'autre du Rhin — apparence physique, comportement, cohérence du récit —, mais ils s'engagent dans des voies différentes et se fixent des priorités divergentes quand il s'agit de rendre et de justifier leurs décisions. L'article analyse et met en lumière ces différences à travers une comparaison entre la France et l'Allemagne.
    • L'organisation des systèmes d'accueil des exilés en France et en Allemagne - Camille Gardesse, Christine Lelévrier, Christine Barwick, Anja Bartel, Audran Aulanier p. 69-85 accès réservé avec résumé
      Cet entretien, qui porte sur les systèmes d'accueil destinés aux exilés en France et en Allemagne, traite en particulier de la question de l'hébergement des demandeurs d'asile et des réfugiés. Les particularités de chaque pays sont précisées, tout comme quelques points communs. Enfin, des précisions sont apportées en ce qui concerne la situation des villes moyennes, peu étudiées dans la littérature académique.
    • Capitales solidaires ? Gouvernance de l'accueil des demandeurs d'asile et des réfugiés à Berlin et à Paris - Laura Bonn p. 87-100 accès réservé avec résumé
      Face à l'augmentation du nombre de demandes d'asile au sein de l'Union européenne (ue) en 2015, Berlin et Paris, qui se présentent comme des villes solidaires, ont adopté des stratégies politiques locales visant l'accueil et l'intégration des demandeurs d'asile et des réfugiés. En s'appuyant sur une enquête qualitative et longitudinale, cet article montre dans quelle mesure les processus de prise de décision et d'inscription de la question de l'accueil et de l'intégration des réfugiés et des demandeurs d'asile sur l'agenda politique dans les deux capitales sont conditionnés par le contexte local et la compétition politique.
    • Hébergement ou colocation ? Comparaison Paris-Berlin des modèles d'hospitalité privée pour loger les personnes exilées - Clément Luccioni p. 101-113 accès réservé avec résumé
      Au milieu des années 2010, alors que des milliers de personnes exilées arrivaient à Paris et à Berlin, des initiatives ont vu le jour pour inciter les populations locales à accueillir ces personnes à leur domicile. Toutefois, bien que ce mouvement citoyen en faveur de l'hospitalité privée soit commun aux capitales française et allemande, la cohabitation n'a pas revêtu les mêmes formes dans les deux villes. À Paris, c'est surtout l'accueil gratuit et temporaire qui s'est développé. À Berlin, l'attention s'est plutôt portée sur des cohabitations plus pérennes et de droit commun, telles que la colocation. Cet article propose d'expliquer ce contraste à l'aune des particularités locales des systèmes d'hébergement des personnes en demande d'asile et des politiques d'accès au logement pour les plus pauvres, ainsi que des controverses publiques qui les entourent. À Berlin, les associations ont imaginé des formes de cohabitation solidaire durables, à la fois contre les « camps » dans lesquels les personnes exilées sont contraintes de vivre et grâce aux politiques qui facilitent l'accès au logement. À Paris, face à une pénurie de places d'hébergement public et de logements, les associations ont développé des solutions solidaires alternatives, qui souvent ne représentent qu'une étape dans un long parcours résidentiel sous contraintes.
    • Le rôle du système d'accueil sur les relations entre les demandeurs d'asile et les travailleurs sociaux en France et en Allemagne - Audran Aulanier p. 115-131 accès réservé avec résumé
      En France comme en Allemagne, les demandeurs d'asile interagissent très régulièrement avec les travailleurs sociaux. Ces derniers les aident dans leurs démarches auprès des institutions de l'asile, les assistent au quotidien en ce qui concerne l'accès au logement, à l'aide alimentaire ou l'ouverture de leurs droits. Cet article ne se concentrera cependant pas sur les pratiques concrètes liées à ces aspects du travail social de l'asile : il se penchera plutôt sur la perception des travailleurs sociaux par les demandeurs d'asile, en tentant de montrer qu'elle prend des formes variées des deux côtés du Rhin, en raison d'une organisation différente de la procédure de demande d'asile dans les deux pays.
    • Personnes en exil : expériences en France et en Allemagne : Effets des politiques et perceptions subjectives des parcours - Anja Bartel p. 133-147 accès réservé avec résumé
      Les parcours des personnes en exil sont fortement marqués par des passages d'un statut administratif à un autre. Pendant toute la période de la procédure de demande d'asile, les règles restrictives des régimes d'accueil nationaux limitent les possibilités de participation des exilés à la vie sociale. Cependant, si le statut de réfugié leur est reconnu, ces personnes deviennent soudainement la cible prioritaire des politiques d'intégration. Mais comment les personnes en exil vivent et évaluent-elles, elles-mêmes, ces parcours ? Cette question est abordée en partant d'entretiens biographiques réalisés auprès d'une cinquantaine de jeunes réfugiés en France et en Allemagne. En s'appuyant sur la mise en contraste de deux études de cas, cet article comparera les politiques nationales en France et en Allemagne et montrera comment elles façonnent les parcours des personnes en exil.
    • Bibliographie sélective - p. 149-152 accès libre
  • Varia

    • Politiques d'accueil et travail humanitaire des réfugiés maliens au Burkina Faso - Sadio Soukouna p. 153-168 accès réservé avec résumé
      Cet article étudie la mise en œuvre, depuis la crise malienne de 2012, de politiques migratoires au Burkina Faso face à l'afflux de populations réfugiées. Il éclaire un contexte d'intervention où l'État, dont les capacités sont fortement contraintes, n'est plus l'acteur central. Il analyse la délégation de certaines activités à des acteurs intermédiaires et la formation d'une configuration hybride d'acteurs étatiques et non étatiques qui interviennent dans l'accueil des populations réfugiées. Par ailleurs, l'article propose une réflexion sur le rôle actif des réfugiés en tant qu'intermédiaires de l'action humanitaire, ce qui permet de dépasser l'approche victimisante dans l'étude de la mobilité des réfugiés, d'ordinaire catégorisés comme « vulnérables », dont la capacité d'agir semble être marquée du sceau de la « fuite ». La réalité des contextes étudiés met en évidence des pratiques et trajectoires d'individus qui usent de diverses stratégies pour transformer les normes et dispositifs d'encadrement des réfugiés. Elle fait aussi état de l'influence des réfugiés dans la mise en œuvre et dans le contournement des dispositifs de tri migratoire, des règles et normes dictées par les politiques et institutions en charge de la gestion de l'asile au Burkina Faso. L'intermédiation de ces acteurs non institutionnels produit également des rapports de pouvoir, des tensions et des inégalités entre les réfugiés. Cet article appréhende précisément l'inscription de longue durée des réfugiés dans ces dispositifs, le rapport qu'ils entretiennent avec le travail humanitaire, les carrières qui se dessinent, tout en objectivant les fonctions successives occupées par les réfugiés dans l'encadrement des mobilités forcées en Afrique sahélienne.
  • Note de lecture

  • Nouveautés documentaires du CIEMI