Contenu du sommaire : La Russie et l'Europe
Revue | Géoéconomie |
---|---|
Numéro | numéro 43, automne 2007 |
Titre du numéro | La Russie et l'Europe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - Pascal LOROT p. 5
La Russie et l'Europe
- Union européenne-Russie : je t'aime moi non plus - Jean-Dominique GIULIANI p. 9 Après l'échec du Sommet UE-Russie qui s'est tenu le 18 mai dernier à Samara, après les récentes déclarations du Président Poutine, et alors que l'accord de partenariat entre l'Union européenne et la Russie arrive à son terme à la fin de l'année 2007, les relations entre Bruxelles et Moscou semblent victimes d'un « coup de froid ». L'Union européenne souhaite que la Russie s'engage davantage sur le respect des droits de l'Homme, de la démocratie et de l'état de droit ; d'un autre côté, la Russie, nostalgique d'une influence perdue, ne croit pas en l'absence d'esprit hégémonique de l'Union européenne et ne veut pas qu'elle lui dicte sa conduite. Ces tensions se retrouvent dans beaucoup de secteurs-clés (politique énergétique par exemple), mais aussi dans les rapports géopolitiques dans la zone des ex-pays soviétiques. Cependant, l'Union européenne qui reste vigilante en matière de liberté, de droit et de démocratie, souhaite que la Russie soit un vrai partenaire et cherche les moyens pour redynamiser cette relation distendue, notamment par le biais économique, mais aussi en mettant en exergue ce qui les rapproche : la lutte contre les menaces sécuritaires, terroristes, climatiques ou environnementales.After the failure of the EU-Russia Summit on 18th May in Samara, in the wake of recent declarations on the part of President Putin and as the Partnership Agreement between the EU and Russia comes to an end in December 2007 relations between Moscow and Brussels seem to have been struck by a “cold wave”. The EU would like Russia to commit itself to better respecting human rights, democracy and the rule of law; for its part Russia, which is nostalgic of the influence it has lost, does not believe that the EU has no hegemonic intentions. It does not want the EU to dictate how it is to behave. Tension arises in many key areas (energy for example) but also in geopolitical relations in former Soviet countries. However the EU, which has to be vigilant in terms of freedom, law and democracy, wants Russia to be a real partner. It is looking into how it can boost this tense relationship, notably by economic means and also by indicating areas where the two countries do share the same concerns: the fight against threats in the security, terrorist, climatic and environmental fields.
- La Russie et l'Europe, enjeux et perspectives - Sergey YASTRZHEMBSKY p. 25
- Relations entre la Russie et l'Union européenne : hier, aujourd'hui, demain - Mark ENTIN p. 35 Les relations entre la Russie et l'Union européenne sont à la croisée des chemins. Les deux parties, au-delà des clichés qui peuvent parfois hanter les esprits de part et d'autre, doivent (re)prendre conscience de leurs points communs, de leur appartenance à une même civilisation. Le droit constitue un terrain d'entente solide et Moscou et Bruxelles doivent conjuguer leurs efforts pour résoudre les multiples problèmes mondiaux. Néanmoins, leurs relations ne sont pas encore détachées d'un passé de méfiance réciproque qui les conditionne encore souvent. Les ambigüités et les malentendus actuels n'empêchent pas leur collaboration, mais freinent de nombreuses initiatives. Par ailleurs, les médias internationaux montrent parfois la Russie au travers de lunettes déformantes qui conditionnent l'opinion occidentale. Sur un autre plan, les récents élargissements de l'UE à l'est et la difficulté interne à l'UE pour parler d'une seule voix ont eu des répercussions sur les relations euro-russes. La perception défavorable de la Russie peut aussi s'expliquer par une incompréhension profonde des changements passés et des évolutions en cours dans ce pays. Pour résoudre ces difficultés, il est nécessaire que la compréhension mutuelle s'améliore, que les relations économiques se renforcent et que chacun tire les conséquences de l'échec de l'accord de partenariat. Ces conditions sont préalables à toute avancée qui ferait alors place à un nouvel accord-cadre reposant sur des bases solides.Relations between Russia and the EU have reached a crossroads. Apart from the clichés that may sometimes remain, both sides have to be aware of the common ground between them and of their belonging to the same civilisation. Law comprises a strong area of agreement and Moscow and Brussels must pool their efforts to solve multiple world problems. However their relations have not yet broken away from a past full of reciprocal mistrust and which often still conditions attitudes. Present ambiguities and misunderstandings do not prevent them from working together but slow down many initiatives. In addition to this international media sometimes show Russia in a distorted manner thereby affecting Western opinion. On a different level the EU's recent enlargements to the East and its difficulties in speaking with one voice have had repercussions on Euro-Russian relations. Russia's poor image can also be explained by a serious misunderstanding of past changes and developments that are now happening in this country. To solve these problems it is vital for mutual understanding to improve, for economic relations to become stronger and for each side to learn from the failure of the partnership agreement. These are prior terms for progress that will give way to a new agreement based on sound foundations.
- Les nouveaux Etats membres : facilitateurs ou entraves à la relation UE-Russie ? - Céline BAYOU p. 59 Suite aux récents élargissements de l'Union européenne, la présence en son sein de Nouveaux États Membres (NEM) amenés par les contraintes de la géographie et de l'histoire à entretenir depuis longtemps une relation étroite avec Moscou a forcément des incidences sur le partenariat russo-européen. À travers quelques exemples récents, on constate l'ambivalence des postures de chacun des acteurs d'une relation qui se révèle de plus en plus souvent « à géométrie variable ». Les NEM, au nom de leur expérience privilégiée du dialogue avec Moscou, revendiquent à la fois le rôle de facilitateurs de la relation russo-européenne et celui d'entraves à un rapprochement qu'ils soupçonnent souvent d'être le fruit d'une manipulation de la part du Kremlin. Bruxelles et les anciens États membres oscillent entre tentatives d'élaboration de politiques communes et tentations de recours au bilatéralisme : il s'agit à la fois de « parler d'une seule voix », notamment pour répondre à l'exigence de solidarité européenne mise en avant par les NEM, et de préserver certains intérêts particuliers, d'autant plus saillants que le nombre de pays membres s'accroît. La Russie de Poutine, enfin, souffle le chaud et le froid, organisant les manifestations de méfiance ou s'efforçant de les faire taire, afin à la fois d'asseoir sa puissance et de convaincre qu'une Russie forte n'est pas nécessairement une Russie menaçante.Si les désaccords parfois constatés au sein de l'UE ne se résument pas à un clivage Nouveaux/Anciens États membres, il semble toutefois que la Russie soit un des sujets sur lesquels cette dichotomie se révèle le mieux.Following the latest widening of the European Union, the presence of new member states, who, due to geographical and historical pressures, have for a long time maintained a close connection with Moscow, obviously has an impact on the Russo-European partnership. If we examine recent developments, we can notice the ambivalent position of both actors, and what appears more and more to be an ever changing relationship. These new member states, because of their special experience in dialogue with Moscow, are asserting both their importance and their role in the easing of Russo-European relationships but also as potential opponents to a reconciliation which they suspect could be the result of Kremlin manipulation. Brussels and the older member states, for their part, alternate between efforts to work out common policies and the temptation to resort to bilateralism: It means, being able to “speak as one”, in particular when having to meet the solidarity goals brought forward by the new members, but also attempting to preserve specific interests in a period when the number of member states is increasing. Finally, Vladimir Poutine's Russia is blowing hot and cold while trying to convince the members of the Union that a strong Russia does not necessarily mean a threat. If the disputes which have sometimes taken place between the countries cannot simply be reduced to an opposition between new and old members, however, when it comes to Russia, this dichotomy seems to appear quite clearly.
- La coopération spatiale Russie-Europe, une entreprise inachevée - Isabelle FACON, Isabelle SOURBES-VERGER p. 75 Malgré la conscience croissante d'une convergence d'intérêt, que soulignent d'ailleurs les documents qui encadrent les relations UE-Russie, les coopérations spatiales entre l'Europe et la Russie demeurent modestes, pour différents types de raisons. D'abord, elles s'inscrivent dans un cadre européen complexe : à côté des accords bilatéraux qui perdurent mais dont elle doit à terme assurer la mise en cohérence, l'ESA garde la maîtrise des aspects techniques tandis que les accords politiques globaux relèvent de la compétence de l'Union européenne. Les Russes regrettent la réticence de l'Europe à trouver une juste place au potentiel spatial russe, dont elle redoute la concurrence. Les différences de culture technique demeurent notables même si elles se comblent lentement. Les conditions politiques, marquées depuis 2003 par une plus grande conflictualité dans les rapports entre Moscou et l'Occident, viennent encore compliquer la donne.Despite a clear consciousness of a mutual interest, space cooperation programs betweeen the EU and Russia remain modest for several reasons. Shared competences between the ESA and the UE based on both bilateral and global accords, unsatisfied Russian expectations resulting from the lack of recognition of the Russian potential by the Europeans, technical and cultural obstacles, and politics, particularly since 2003, all make it so that the relationship between Russia and Europe remain a complex game.
- La Russie et l'Occident, une enquête d'opinion - Maria ORDZHONIKIDZE p. 89 Les conclusions de cette enquête d'opinion sur la perception par les Russes de l'Europe sont de plusieurs ordres : la plupart des Russes (71%) ne se considèrent pas comme Européens ; presque la moitié pense que l'UE est une menace potentielle pour la Russie et son indépendance financière et industrielle ; un tiers voit l'Europe en tant que voisin et associé avec qui un rapport à long terme devrait être développé et augmenté - et la moitié d'entre eux pense que l'Europe voit la Russie de la même manière ; presque la moitié croit qu'il y a beaucoup de choses utiles à prendre de la démocratie et de la culture occidentale ; presque un tiers pense que le modèle occidental de la démocratie ne convient pas à la Russie.The conclusions of this survey on Russian perception of Europe are many: most Russians (71 %) do not consider themselves Europeans ; almost half thinks the EU is a potential threat for Russian financial and industrial independence ; one third sees Europe as a neighbour and partner with which a long-term relationship ought to develop and expand - and half think Europe perceives Russia in the same way ; almost half believes democracy and Western culture would usefully inspire Russia while another third or so thinks western democracy is not fitted to Russia.
- La Russie à travers les livres - Eugène BERG p. 97 À la veille des importantes échéances électorales qui ne manqueront pas de marquer le paysage politique russe (élections à la Douma en décembre, élections présidentielles en mars 2008), cette recension fait le point sur les ouvrages les plus récents consacrés à la Russie et ses rapports avec le monde. Outre quelques thèmes historiques (l'édification de l'empire russe, les années Staline, la tragédie de Tchernobyl), le thème dominant est l'identité nationale de ce grand pays qui, aux yeux de la plupart des observateurs, oscille entre nationalisme ethnique ou citoyen, entre identité européenne ou asiatique. Peu d'ouvrages de synthèse traitent du retour de la puissance russe et du levier énergétique sur lequel elle s'appuie alors que les études abondent sur le thème du nationalisme, de la violence politique, et des problèmes régionaux (Caucase, Tchétchénie...). Il s'en dégage l'image d'une Russie en mutation, plus nationale sinon nationaliste, qui n'hésite plus à consolider sa place sur l'échiquier international.At the fore front of an important electoral cycle (national elections in December at the Douma, presidential elections in march 2008) which will shape the new political landscape of the Russian Federation, this article offer an analysis of the main books recently devoted to Russia and its relations with the outside world. Apart some writings covering historical subjects such as the build up of the Russian empire, the years of Stalinism or Chernobyl tragedy, the most commonly aspect is that of the national identity of this great country which, in the opinion of most writers oscillates between ethnic and citizenship nationalism, between its European and its Asiatic identity. Very few books cover the come back of the Russian power and the lever of energy which the Kremlin utilizes most of them present the rising nationalistic tide, the political violence and regional issues (Caucasus, Chechnya). It emerges from theses writings a picture of a Russia in progress, more national oriented than nationalistic, which do not hesitate to consolidate its position on the world stage.
- Union européenne-Russie : je t'aime moi non plus - Jean-Dominique GIULIANI p. 9
Varia
- Tchad-Darfour, les dessous d'une crise - David MASCRE p. 113 La crise du Darfour, qui oppose depuis 2003 plusieurs groupes rebelles à l'armée soudanaise appuyée par des milices qui s'attaquent aux civils, a connu en 2006 une actualité nouvelle. La multiplication des exactions, l'intensification des combats en même temps que leur débordement au Tchad et en Centrafrique par delà les frontières tchado-soudanaise et soudano-centrafricaine ont clairement marqué une étape supplémentaire dans la marche vers la guerre. Malgré la signature de nombreux accords de cessez-le-feu, l'intervention certes tardive mais néanmoins de plus en plus pressante de la communauté internationale et le caractère finalement contenu des incursions transfrontalières, la situation demeure tendue. Les enjeux du conflit, complexes et fluents, engagent désormais toute la sous-région et au moins trois pays directement : le Soudan, la République centrafricaine et le Tchad. La présente analyse se concentre sur le cas du Tchad. Le pays a été en 2006 le théâtre d'une crise à la fois permanente et larvée. Le conflit ouvert avec la Banque mondiale sur un projet pétrolier de grande envergure, et qui devait être un concentré de « bonnes pratiques », conjugué à la contagion de la question du Darfour, a radicalisé un régime déjà miné par les tensions de clan. L'objet de la présente analyse est d'éclaircir l'écheveau de ces tensions et de tenter de cerner les points de crise d'où pourrait naître une grave déstabilisation du pays, qui ne manquerait d'avoir de périlleuses conséquences sur une région déjà à vif.The crisis in Darfur which opposes since 2003 rebells groups to the sudanese army sustained by different militias which attack civil populations, has gone in 2006 through new developments. The multiplication of exactions, the intensification of fightings and at the same time the extension of the conflict to Chad and Centrafrican Republic have clearly marked a knew step in the escalation towards war. In spite of many cease-fire agreements, the although late nevertheless insistent intervention of the international community and the fact that the cross-bordering incursions were relatively contained, the situation is still fraught. The conflict's issues, complex and fluents, involve from now on all the subregion and concerns at least three countries directly : Sudan, the Republic of Centrafrica and the Chad. The analysis here developped focuses on the case of Chad. This country is since 2006 the theatre of an at the same time permanent and hidden crisis. The conflict engaged with the World Bank relatively to a huge petroleum project which was theorically censed to be overloaded with “goog practices”, joined to the spreading of Darfur's question, have lead to a radicalisation of a regime even undermined by clannishness and ethnic tensions. The purpose of the analysis here developped is to clear up the tangle of those tensions and to define the crisis points which possibly lead to a general destabilisation of the country, a destabilisation which immedialy would have huge and perilous consequences on a region that is already on edge.
- Tchad-Darfour, les dessous d'une crise - David MASCRE p. 113
Lectures
- Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson, Franck Tétard, "Le dessous des cartes, Atlas géopolitique", François Beautier, "Maxi Atlas" - Eugène Berg p. 135
- Charles Philippe David, "la guerre et la paix, approches contemporaines de la sécurité et de la stratégie" - Eugène Berg p. 137
- Christian Rudel, "La Bolivie" - Eugène Berg p. 140