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Revue | Sciences Sociales et Santé |
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Numéro | vol. 40, no 3, septembre 2022 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les agents de « santé communautaire » au Sénégal. Unité et segmentation d'un groupe semi-professionnel en milieu rural et péri-urbain - Abdoulaye Moussa Diallo, Ivan Sainsaulieu p. 5-28 Cet article vise à déconstruire la catégorisation officielle des agents de santé communautaire (ASC), définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et mise en œuvre par les autorités sanitaires sénégalaises. Cette dénomination présuppose l'homogénéité du groupe des ASC alors que le partage d'une identité sociale ne se construit pas a priori mais a posteriori, lors d'interactions collectives dans le cadre de la division du travail sanitaire. En pratique, ces bénévoles se différencient entre un segment intégré au système hospitalier, qui revendique sa technicité et un autre, davantage immergé par son action dans la population locale, qui fait valoir au contraire sa polyvalence. Parfois, ils luttent néanmoins ensemble aux frontières pour faire exister leur groupe comme une entité professionnelle, à la fois par en haut, contre le rôle subalterne auquel ils sont assignés par les autorités locales, et par en bas, contre les tentatives d'immixtion de stagiaires saisonniers.This article aims to deconstruct the official categorization of community health actors (CHA), defined by the World Health Organization (WHO) and implemented by Senegalese health authorities. This name presumes the homogeneity of the group of CHA, whereas the sharing of a social identity is not constructed a priori but a posteriori, during collective interactions within the social division of health work. In practice, ASC are differentiated between a segment integrated into the hospital system which claims its technicality and another, more immersed by its action in the local population, which highlights its versatility. They can struggle together at the borders to make their group exist as a professional entity, sometimes against the subordinate role to which they are assigned by the local authorities, sometimes against attempts at interference by seasonal trainees, situated lower down in the socio-professional hierarchy.
- Invariants historiques des défis de la santé communautaire face aux urgences en Afrique : Commentaire - Valéry Ridde, Fatoumata Hane p. 29-37
- Les phénomènes communicationnels au sein des pôles de psychiatrie publique pour adultes : formes, innovations et enjeux - Lise Demailly, Héloïse Haliday p. 39-65 Dans les pôles de psychiatrie publique pour adultes, la communication au sein des équipes de pôle et entre ceux-ci et leur environnement est un outil indispensable pour la qualité de soins, notamment la cohérence des parcours de santé, et pour la qualité de la vie au travail des soignants. De façon paradoxale, ce travail de communication a été très peu étudié. À partir d'une étude de terrain effectuée dans cinq pôles de psychiatrie français, l'article montre la diversité des phénomènes communicationnels, accordant plus de place à l'oral, à l'écrit ou au numérique, au formel ou à l'informel, plus ou moins bien organisés. L'article identifie les facteurs qui favorisent les différences, malgré le rôle unificateur de la politique publique. Il montre les enjeux de la réflexion sur la communication pour les équipes en santé mentale.Communication in adult psychiatric centers, within the centers teams as well as between these teams and their environment, is an essential tool for quality of care, coherence of healthcare pathways, and quality of life at work for the caregivers. Yet and paradoxically this work of communication in the frame of care has been very little studied. The paper, grounded on fieldwork carried out in five French psychiatric centers describes a diversity of communication practices. This communication appears to be more or less well organized, to give space to oral, written and digital communication, and to mix formal and informal communication. The article identifies the factors favoring differences despite the unifying role of public policy. It shows the challenges for mental health work teams to think communication.
- La coordination de l'accompagnement en santé mentale : perte du monopole psychiatrique et nouvelle place des personnes accompagnées : Commentaire - Delphine Moreau p. 67-74
- Quand la sortie de la norme médicale interroge les normes intimes : l'exemple du coït interrompu - Cécile Thomé p. 75-98 En France, la pratique du coït interrompu a été très peu interrogée par les travaux portant sur la contraception. Or, près de la moitié des individus y ont déjà eu recours au cours de leur vie. Cet article vise à renseigner les modalités de l'utilisation contemporaine du coït interrompu – ou retrait – et à interroger la manière dont cette pratique sortant de la norme médicale s'insère dans des normes intimes (de genre et sexuelles, en particulier) qu'elle peut recomposer. Il s'appuie sur un corpus de 54 entretiens sur la vie contraceptive et sexuelle, ainsi que sur les enquêtes Fecond 2010 et 2013 (Inserm/Ined). L'article montre que le recours au retrait peut résulter soit d'une impossibilité d'avoir recours à une contraception médicale, soit d'un choix visant à éviter une telle contraception, par exemple suite à des effets secondaires imputés aux hormones de synthèse. Il peut également être plébiscité pour permettre une meilleure répartition du travail contraceptif au sein du couple. Lorsque la méthode est utilisée, l'article met en évidence que, lorsque la méthode est utilisée, elle implique une technique sexuelle qui peut être considérée comme constitutive de la masculinité, mais aussi qu'elle s'insère dans un « script sexuel » qu'elle vient perturber. C'est finalement le fait de réussir à obtenir du plaisir avec cette méthode qui explique la persistance ou non de son utilisation. Ainsi, l'article met en lumière la nécessité de dépasser une analyse qui serait seulement médicale de cette pratique, au profit d'une attention aux normes intimes qui l'entourent et qu'elle met en jeu pour les individus.Withdrawal has been little studied in French social science research on contraception. Yet, nearly half of all individuals have already used it during their lifetime. This article aims to provide information on the modalities of contemporary use of withdrawal and to examine the way in which this practice, which goes beyond the medical norm, is embedded in intimate norms (especially gender and sexual norms), which it can recompose. It is based on a corpus of 54 interviews on contraceptive and sexual life, as well as on the Fecond 2010 and 2013 surveys (Inserm/Ined). The article shows that recourse to withdrawal may result either from the impossibility of using medical contraception, or from a choice to avoid such contraception, for example following side effects attributed to synthetic hormones. It can also be used to allow a better distribution of contraceptive work within the couple. When the method is used, the article highlights that it involves a sexual technique that can be considered as constitutive of masculinity but also that it is part of a “sexual script” that it disrupts. That it is ultimately the fact of succeeding in obtaining pleasure with this method that explains the persistence or not of its use. Thus, the article highlights the need to go beyond a purely medical analysis of this practice, in favor of an attention to the intimate norms that surround it and that it brings into play for people.
- Le retrait : entre technique contraceptive et espace de recomposition des masculinités : Commentaire - Vulca Fidolini, Ingrid Voléry p. 99-107