Contenu du sommaire : Campagnes électorales et numérique : regards croisés à l'international
Revue | Revue internationale de politique comparée |
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Numéro | vol. 29, no 2-3, 2022 |
Titre du numéro | Campagnes électorales et numérique : regards croisés à l'international |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Campagnes électorales et numérique : regards croisés à l'international
- « Campagnes électorales et numérique : regards croisés à l'international » – Avant-propos - Marie Neihouser, Julien Boyadjian, Anaïs Theviot p. 7-29
- Que peuvent apporter le numérique et les « big data » à la politique comparée ? - Julien Boyadjian p. 31-49 La révolution numérique et le phénomène des « big data » invitent les sciences sociales à questionner sous un jour nouveau leur rapport à la connaissance et au savoir. Cette note de recherche propose d'élargir ce débat au champ de la politique comparée, en discutant des apports épistémologiques de ces nouvelles approches numériques. L'article invite dans le même temps à questionner les enjeux et limites de ces nouveaux terrains et outils, en les réinscrivant dans certains débats scientifiques inhérents à la politique comparée.The digital revolution and the so-called “big data” phenomenon invite the social sciences to question in a new light their relationship to knowledge and learning. This research note proposes to extend this debate to the field of comparative politics, by discussing the epistemological contributions of these new digital approaches. At the same time, the article invites us to question the stakes and limits of these new fields and tools, by reinscribing them in the scientific debates inherent to comparative politics.
- L'arme électorale des vidéos politiques en ligne. Contenus et viralité de la chaîne YouTube « Ridicule TV » dans la campagne présidentielle française de 2017 - Pierre Lefébure p. 51-81 Le compte de vidéos YouTube « Ridicule TV » fournit le premier exemple en France d'une stratégie de contenu de communication négative systématique, en l'occurrence habillée sous un projet éditorial d'humour. Associé à la campagne de François Fillon tout en récusant lui être lié, le dispositif a édité 59 courtes vidéos avant le premier tour de l'élection présidentielle française de 2017 dont la grande majorité cible Emmanuel Macron. Cette forme innovante de communication cherche à obtenir une diffusion virale stimulée par le plaisir du spectateur plutôt que par la préférence politique. Nous analysons le contenu de ces vidéos pour objectiver par quels moyens discursifs elles peuvent stimuler la réaction de leur public puis nous examinons les variations de performance des vidéos en termes de nombre de vues et d'intensité d'engagement des internautes. Cela permet de conclure sur le degré de réussite stratégique du dispositif.The “Ridicule TV” You
Tube account provides the first case of a sustained negative campaigning device in a French presidential election. It includes tens of contents which are humor oriented and intended to make the audience laugh rather than think. This device is unofficially related to the François Fillon' conservative campaign and published 59 videos most of them targeting the center right rival candidate and future winner Emmanuel Macron. This innovative approach of political communication aims at getting a viral online spreading fueled by the audience's pleasure rather than its political agreement. On the one hand, we conduct a content analysis of the videos in order to substantiate how they prompt users to distrust the targeted opponent. On the other hand, we consider how each video performs across various key indicators (views, engagement) in order to explain which discursive features are the most probable triggers of such performances. We can therefore interpret and discuss to what extent the actual content complies with its strategic purpose as a digital (negative) campaigning device. - L'usage de narratifs populistes dans les tweets des candidats « contestataires » aux élections présidentielles en France (2017) et aux États-Unis (2016) - Peter Maurer, Rajesh Sharma p. 83-106 Twitter facilite-t-il la diffusion du discours populiste et y'a-t-il une convergence de son contenu entre les candidats présidentiel(le)s qui challengent l'establishment politique ? L'article analyse ces questions à la base des tweets de figures politiques majeures (Le Pen, Macron, Mélenchon, Sanders et Trump) lors de la campagne des élections présidentielles en France et aux États Unis. Le corpus de tweets comprend une année entière. La méthode combine des différentes analyses textuelles automatisées et une analyse qualitative à base d'exemples. Les résultats démontrent qu'en France comme aux États-Unis le discours populiste est particulièrement adopté par les candidats « outsiders », qu'ils soient de droite ou de gauche, mais pas de la même façon. On constate des similitudes parlantes entre Le Pen et Trump d'un côté et Mélenchon et Sanders de l'autre, tandis que les tweets de Macron ne montrent guère de ressemblance au style populiste. Au delà de cette différence, on constate également que les candidats de gauche ont recours à une forme de populisme édulcoré qui s'attaque beaucoup moins aux élites politiques que le discours de Le Pen et de Trump.Does Twitter facilitate the diffusion of populist discourse and is there a convergence of its content between presidential candidates who challenge the political establishment? The article analyzes these questions based on the tweets of major political figures (Le Pen, Macron, Mélenchon, Sanders and Trump) during the presidential election campaign in France (2017) and the United States (2016). The corpus of tweets includes an entire year in each country. The method combines various automated textual analyses and a qualitative analysis based on examples. Results show that in France as in the United States, populist discourse is particularly adopted by “outsider” candidates, whether they are from the right or the left, but not in the same way. There are striking similarities between Le Pen and Trump on the one hand, Mélenchon, and Sanders on the other, while Macron's tweets show little resemblance to the populist style. Beyond this difference, we also see that the left-wing candidates use a form of watered-down populism that attacks political elites much less than Le Pen's and Trump's discourse.
- Faire campagne sur Twitter: permanences et évolutions en contexte de campagne électorale. Le cas des candidats et candidates à l'élection européenne en Belgique, Espagne, France et Royaume-Uni - Sandrine Roginsky, Barbara De Cock p. 107-156 De quelle manière les activités de la représentation politique se donnent-elles à voir sur un espace médiatique particulier, Twitter, à l'occasion des campagnes des élections européennes de mai 2014 et mai 2019 ? A partir de l'analyse comparative des biographies et des publications sur le dispositif Twitter de députés européens candidats à leur ré-élection dans quatre pays (Belgique, Espagne, France, Royaume-Uni), nous tentons d'appréhender les stratégies discursives de mise en scène de soi sur Twitter en partant du principe que celles-ci fournissent des indications sur la manière dont les députés conçoivent leurs rôles. Si en effet il est possible d'identifier différents rôles donnés à voir sur le dispositif, en 2014 comme en 2019, la standardisation des registres et la disparition des contextes d'action ne permettent pas d'en savoir en réalité beaucoup sur les députés ni de les distinguer significativement les uns des autres.How are the activities of political representation staged on a particular media space, Twitter, in the context of the campaigns for the European elections of May 2014 and May 2019? Based on a comparative analysis of the biographies and publications on Twitter of MEPs standing for re-election in four countries (Belgium, Spain, France, United Kingdom), we attempt to apprehend the discursive strategies of self-presentation on Twitter on the assumption that these provide indications on how MEPs conceive their roles. If indeed it is possible to identify different roles staged on Twitter, in 2014 as in 2019, the standardization of repertories and the disappearance of contexts of action do not actually tell us much about the MEPs nor to distinguish them significantly from each other.
- Usages électoraux des big data. Un modèle américain ? - Anaïs Theviot p. 157-190 Depuis la victoire de B. Obama en 2008, la référence au « modèle » américain est récurrente chez les travailleurs de la donnée européens. Ce regard porté outre-Atlantique permet de vendre leurs prestations en big data électoral en faisant écho à l'imaginaire collectif qui associe le territoire américain – et sa fameuse Silicon Valley – à l'innovation numérique. L'ambition de cet article est de saisir et d'analyser les logiques de circulation : comment un « modèle » est-il construit dans le cadre américain ? Comment est-il importé et approprié dans un contexte très différent ? Comment l'importation de ce modèle et son adaptation est-il mis en scène par les professionnels du icro-ciblage électoral français ? Nous verrons que ce modèle n'est pourtant pas une reprise à l'identique dans la pratique, en raison de budgets, de cultures, de structuration partisane, et d'un cadre législatif – notamment en termes de protection des données personnelles – très différents. Notre enquête souligne un changement dans le discours des prestataires en big data électoral français : ils cherchent à présent à s'en démarquer – notamment suite à la victoire de D. Trump et au scandale de Cambridge Analytica – et à valoriser les particularités européennes pour vendre leurs services, censés être plus éthiques.Since B. Obama's victory in 2008, the reference to the American “model” has been recurring among European data workers. This reference makes it possible to sell their electoral big data services because it speaks to the collective imagination which associates the American territory—and its famous Silicon Valley—with digital innovation. The aim of this article is to analyze the logics of circulation: how is a “model” constructed in a particular American context? How is it imported and appropriate in a very different context? How is the importation of this model and its adaptation being staged by French big data professionals? We will see that this model is not, however, an identical recovery in practice, due to very different budgets, cultures, partisan structuring, and a legislative framework—particularly in terms of personal data protection. Our survey highlights a change in the discourse of French electoral big data service providers: they are now seeking to stand out—in particular following the victory of D. Trump and the Cambridge Analytica scandal—and to promote European particularities in order to sell their services, which are supposed to be more ethical.
Recensions
- Recensions - Fatiha Dazi-Héni p. 191-196