Contenu du sommaire : Que savons-nous des entreprises africaines ?

Revue Gérer et comprendre (Annales des mines) Mir@bel
Numéro no 150, décembre 2022
Titre du numéro Que savons-nous des entreprises africaines ?
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Introduction : Que savons-nous des entreprises africaines ? - Michel Villette, Françoise Chevalier, Michel Berry p. 3-6 accès libre
  • Réalités méconnues

    • Intermédiation du travail en arène politique locale : le recrutement de la main-d'œuvre locale sur le projet du barrage de Nachtigal au Cameroun - Simon Wuidar, Ludovic Bakebek p. 7-17 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite des pratiques d'intermédiation sur le marché du travail qui se développent dans le cadre du projet de construction du barrage hydro-électrique de Nachtigal au Cameroun. S'appuyant sur une recherche ethnographique, les résultats montrent l'importance des contextes locaux dans les processus de recrutement, en insistant sur les structures politiques et sociales préexistantes aux projets. Plus précisément, par nos résultats, nous mettons en lumière des processus complexes d'intermédiation du travail en confrontant la littérature classique sur les intermédiaires du marché du travail à une approche socio-anthropologique, centrée sur les arènes sociopolitiques locales. Cet article contribue à enrichir la littérature sur l'intermédiation du travail en Afrique subsaharienne, en discutant de l'importance de la politisation des projets sur le recrutement, de l'émergence de nouveaux acteurs intermédiaires, et de l'adaptation de la fonction RH qui découle de la structuration de ces arènes locales.
      This article discusses the labor market intermediation practices that develop in the context of the Nachtigal hydroelectric dam construction project in Cameroon. Based on ethnographic research, the results show the importance of local contexts in the recruitment processes, with an emphasis on the political and social structures pre-existing the projects. More precisely, our results shed light on complex processes of labor intermediation by confronting the classical literature on labor market intermediaries with a socio-anthropological approach, focusing on local socio-political arenas. This article contributes to the literature on labor intermediation in Sub-Saharan Africa by discussing the importance of the politicization of recruitment projects, the emergence of new intermediary actors, and the adaptation of the HR function that results from the structuring of these local arenas.
    • Ce que les dynamiques de reterritorialisation de trois entreprises franchisées au Burkina Faso, au Niger et en Éthiopie nous apprennent sur la complexité de l'entrepreneuriat africain - Roberta Rubino p. 18-30 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Nous nous proposons avec cet article d'apporter une contribution au débat actuel sur les entreprises de l'Afrique en émergence, à partir de l'étude d'une franchise internationale constituée par une maison mère française et son réseau d'entreprises partenaires au Burkina Faso, au Niger et en Éthiopie. Loin d'être une simple cohabitation d'individualités ou de professionnels qui coopèrent, cette franchise internationale se présente comme un lieu dans lequel s'affrontent une multiplicité de comportements, de valeurs, d'habitudes, pré-structurés par l'appartenance à des contextes spécifiques, qui peuvent être nationaux, professionnels ou organisationnels.Dans ce cadre, l'attention sera focalisée sur les dynamiques de reterritorialisation par lesquelles les entreprises africaines franchisées s'adaptent aux champs spatio-temporels particuliers de processus de fabrication rationalisés et standardisés conçus ailleurs. À travers la description des pratiques techniques, de l'organisation, de la logique, de la rationalité des activités des partenaires africains, nous mettrons en évidence les caractéristiques de leurs propres réalités locales, et l'influence inéluctable qu'elles exercent sur leurs entreprises.
      In this article, we propose to make a contribution to the current debate on businesses in emerging Africa, based on the study of an international franchise formed by a French parent company and its network of partner companies in Burkina Faso, Niger, and Ethiopia. Far from being a simple cohabitation of individuals or professionals who cooperate, this international franchise is presented as a place in which a multiplicity of behaviors, values, and habits, pre-structured by belonging to specific contexts, which may be national, professional, or organizational, confront each other.In this framework, attention will be focused on the dynamics of reterritorialization by which African franchised firms adapt to the particular spatiotemporal fields of rationalized and standardized manufacturing processes designed elsewhere. Through the description of the technical practices, organization, logic, and rationality of the African partners' activities, we will highlight the characteristics of their own local realities, and the inescapable influence they exert on their enterprises.
    • Comment fonctionnent les entreprises africaines traditionnelles : une tentative de modélisation en Afrique subsaharienne - Jean Biwolé Fouda, Geneviève Causse p. 31-45 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans un monde économique et social qui évolue, du fait notamment de la mondialisation et des responsabilités incombant désormais à l'entreprise, le mode de fonctionnement traditionnel de l'entreprise occidentale est parfois remis en cause. Le modèle de l'entreprise africaine suscite alors la curiosité et pose la question du fonctionnement de celle-ci. Nous essayons de répondre à cette question en étudiant le cas de quatorze petites entreprises sélectionnées dans trois pays du continent (Burkina-Faso, Cameroun, Togo). Il apparaît une distinction entre l'entreprise africaine moderne, qui se rapproche à certains égards du modèle de l'entreprise classique, et l'entreprise africaine traditionnelle. Ces deux déclinaisons du modèle de l'entreprise africaine ont en commun une forte emprise de la communauté / famille / ethnie sur toutes les facettes de la gestion de l'entreprise, l'art de s'adapter à la situation présente, une structure organisationnelle simple et une influence du monde invisible sur ses activités.
      In an economic and social world that is evolving, notably because of globalization and the responsibilities now incumbent upon the company, the traditional mode of operation of the Western company is sometimes questioned. The model of the African company then arouses curiosity and raises the question of how it functions. We try to answer this question by studying the case of fourteen small businesses selected in three countries of the continent (Burkina-Faso, Cameroon, Togo). A distinction is made between the modern African enterprise, which is similar in some respects to the classic enterprise model, and the traditional African enterprise. These two variations of the African enterprise model have in common a strong hold of the community/family/ethnic group on all facets of enterprise management, the art of adapting to the present situation, a simple organizational structure, and an influence of the invisible world on its activities.
  • En quête de théorie

    • Décoloniser le management : entre faux débats et vraies controverses, les apports de trois penseurs du « Sud » - Yves-Frédéric Livian p. 46-53 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La pensée postcoloniale fait actuellement l'objet de deux types de débats : des débats en France sur sa supposée toute-puissance et sur l'origine et le militantisme de ses auteurs… débats qui ont agité les médias et ne touchent pas le fond des thèmes originaux de ce courant.Et aussi des questions plus essentielles qui sont intéressantes pour ceux et celles qui veulent contribuer à une « décolonisation » des sciences de gestion et du management.Dans cet article, nous cherchons d'abord à faire la part de ces débats, entre agitation médiatique et controverses importantes.Avec pour but, sur trois ensembles de questions de fond, de montrer, en évitant une controverse Nord-Sud, que certains auteurs du « Sud », en l'occurrence G. Spivak, A. Quijano et A. Mbembe apportent des réponses pouvant être utiles à ces questions dans le domaine des sciences de gestion.
      Postcolonial thought is currently the subject of two types of debate: debates in France on its supposed omnipotence and on the origins and activism of its authors… and debates that have agitated the media and do not touch the substance of the original themes of this current.And also more essential questions that are interesting for those who want to contribute to a “decolonization” of management sciences and management.In this article, we first seek to take stock of these debates, between media agitation and important controversies.The aim is to show, by avoiding a North-South controversy, that some authors from the “South”, in this case G. Spivak, A. Quijano, and A. Mbembe, provide answers that can be used to solve the problem. Mbembe, provide answers that may be useful to these questions in the field of management sciences.
  • L'épreuve des faits

    • Les raisons de la formalisation des entreprises informelles dans les pays africains : étude de deux entreprises au Niger - Istifanous Ado, Richard Soparnot p. 54-64 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le secteur informel continue de dominer les économies des pays en développement. Après plus d'un demi-siècle de travaux, les chercheurs n'arrivent pas à un consensus sur la définition de ce secteur, sur les méthodes de son évaluation, et encore moins sur la stratégie de formalisation à adopter. Or, aujourd'hui, plus que jamais, la problématique de la formalisation des entreprises informelles s'impose, car elle conditionne le décollage économique des pays concernés. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes penchés sur la question de savoir pourquoi à un moment donné les entrepreneurs informels décident-ils de formaliser leurs activités. Pour y répondre, nous avons eu recours à la méthode du récit de vie, car elle permet de tracer fidèlement les trajectoires des cas à étudier afin d'énumérer par une analyse qualitative les différentes raisons de la formalisation. Nos résultats révèlent trois principales raisons : il s'agit de la formalisation par contrainte ; la formalisation défensive ; et la formalisation offensive. Au-delà des mesures politiques de formalisation qui sont jusque-là transcendantales, les résultats de cette étude montrent la nécessité d'adopter une approche inclusive, en associant les entreprises informelles dans la recherche des solutions les concernant. Cela demande une analyse micro, méso, contextualisée, qui donne toute légitimité au chercheur en sciences de gestion de s'approprier la thématique de la formalisation des entreprises informelles.
      The informal sector continues to dominate the economies of developing countries. After more than half a century of work, researchers have not reached a consensus on the definition of this sector, on the methods of its evaluation, and even less on the formalization strategy to adopt. Today, more than ever, the issue of formalizing informal enterprises is essential, as it is a prerequisite for the economic takeoff of the countries concerned. This is why we have examined the question of why informal entrepreneurs decide to formalize their activities at a given time. To answer this question, we used the life-story method, as it allows us to faithfully trace the trajectories of the cases to be studied in order to enumerate, through a qualitative analysis, the different reasons for formalization. Our results reveal three main reasons: forced formalization; defensive formalization; and offensive formalization. Beyond the policy measures for formalization that are so far transcendental, the results of this study show the need to adopt an inclusive approach, involving informal enterprises in the search for solutions that affect them. This requires a micro, meso, contextualized analysis that gives the management researcher full legitimacy to take on the theme of formalization of informal enterprises.
    • Retour d'expérience sur un projet entrepreneurial universitaire : cas d'une business school camerounaise - Emmanuel Kamdem, Blaise Marie Ouafo p. 65-75 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La libéralisation de l'offre de formation universitaire en Afrique, au début des années 1990, a suscité des vocations entrepreneuriales diverses. Ces dernières ont conduit à la création d'établissements de formation en management, principalement par des enseignants-chercheurs universitaires et / ou des dirigeants d'entreprises du secteur privé, afin d'améliorer l'offre quantitative et qualitative de formation en management. C'est ainsi que l'environnement entrepreneurial africain a connu l'émergence progressive d'une nouvelle catégorie d'entrepreneurs privés dans un secteur jusqu'alors exclusivement dominé par des établissements universitaires publics. Cet article a principalement pour objectif de présenter l'expérience d'une business school privée camerounaise, l'Institut Supérieur de Management et de l'Entrepreneuriat (IME) de Douala. Cette expérience montre les difficultés et les opportunités de création d'une entreprise privée dédiée à la formation universitaire en contexte camerounais ; avec une forte orientation vers des partenariats universitaires internationaux. La discussion du cas étudié permet de comprendre comment ces difficultés ont été gérées, sous différentes contraintes (environnementale, sectorielle, organisationnelle, individuelle). Cette discussion permet aussi de décrypter les leviers mobilisés, pour affronter ces contraintes avec succès.
      The liberalization of university education in Africa in the early 1990s has given rise to various entrepreneurial vocations. These have led to the creation of management training institutions, mainly by university professors and/or private sector business leaders, in order to improve the quantitative and qualitative supply of management training. Thus, the African entrepreneurial environment has witnessed the gradual emergence of a new category of private entrepreneurs in a sector hitherto exclusively dominated by public academic institutions. The main objective of this article is to present the experience of a private Cameroonian business school, the Institut Supérieur de Management et de l'Entrepreneuriat (IME) of Douala. This experience shows the difficulties and opportunities of creating a private company dedicated to university education in the Cameroonian context; with a strong orientation towards international university partnerships. The discussion of the case study allows us to understand how these difficulties were managed, under different constraints (environmental, sectoral, organizational, individual). This discussion also makes it possible to decipher the levers mobilized to successfully face these constraints.
    • L'Afrique à la recherche du « manager idéal » : Ce que gérer une entreprise « africaine » veut dire - Serge Alain Godong p. 76-86 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Est-il possible de faire cohabiter, chez les managers africains, les exigences de la rationalité à l'occidentale – qui poussent à la préservation / maximisation des intérêts et du profit de l'entreprise – avec des traditions culturelles africaines basées plutôt sur la préservation de la « fraternité », de la « gentillesse », du « partage » et de la « générosité », base morale du contrat social durable de la vie communautaire ? Quels sont les points de compatibilité entre ces deux pôles d'attraction qui rendraient possible une pratique raisonnable et adaptée du capitalisme ? Dans cet article, nous montrons les formes d'implantation et de pratique du capitalisme sur ce continent, ainsi que les contradictions qui traversent encore aujourd'hui la définition du rôle des leaders africains, et qui demeurent un défi à relever pour les managers de demain.
      Is it possible for African managers to coexist with the demands of Western-style rationality – which pushes for the preservation/maximization of corporate interests and profit – with African cultural traditions based rather on the preservation of “brotherhood,” “kindness,” “sharing,” and “generosity,” the moral basis of the sustainable social contract of community life? What are the points of compatibility between these two poles of attraction that would make a reasonable and appropriate practice of capitalism possible? In this article, we show the forms of implementation and practice of capitalism on this continent, as well as the contradictions that still exist today in the definition of the role of African leaders, and which remain a challenge for the managers of tomorrow.
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