Contenu du sommaire : Communication : nouvelles approches
Revue | Réseaux (communication - technologie - société) |
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Numéro | vol. 9, no. 50, 1991 |
Titre du numéro | Communication : nouvelles approches |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les auteurs - p. 5
- Présentation - Louis Quéré p. 7-8
Dossier : La communication : Nouvelles approches
- Les effets de réalité des sciences de la communication - Erik Neveu, Rémy Rieffel p. 11-40 Les travaux théoriques en sciences sociales ne demeurent pas confinés dans l'espace clos du monde savant. Ils sont progressivement incorporés dans les pratiques et les usages, réappropriés par certains acteurs sociaux, et produisent, par conséquent, des «effets de réalité» très palpables. Les sciences de la communication constituent, à cet égard, un analyseur privilégié de ce phénomène. Le discours sur la communication apparaît non seulement comme une nouvelle mythologie des Temps Modernes mais est, en outre, à l'origine d'au moins trois effets de réalité : l'enracinement de la croyance en la toute-puissance de la communication (dans le champ politique, économique et culturel), le remodelage de certaines logiques professionnelles (dans les entreprises ou chez les professionnels de la politique) et la création de nouvelles filières de formation en la matière (à l'Université et dans les écoles privées). L'étude des médiations par lesquelles passent ces effets dans la société contemporaine peut donner lieu à deux types d'interprétation. La première, par le biais du «modèle mécaniste», met l'accent sur la diffusion directe et linéaire du savoir vers le grand public. Mais la faiblesse statutaire du mode académique (en sciences de l'information et de la communication), le brouillage des frontières entre chercheurs et praticiens ainsi que la complexité des phénomènes de réception des messages révèlent les limites hermétiques d'un tel modèle. Seule une explication du type «modèle de la concurrence» permet de rendre compte de l'automatisation croissante du discours de certains médiateurs et professionnels (journalistes, publicitaires, conseillers en communication, etc. ) et de l'intensité des luttes d'influence qui s'instaurent entre scientifiques et praticiens. Un nouveau champ stratégique, à l'intersection des deux pôles, émerge peu à peu : il semble consacrer, pour l'instant, le pouvoir des médiateurs les plus médiatisés.The Social Sciences theoretic works' are not confined to the reduced Space of the Scientific world. They are progressively incorporated in the practices and customs, reappropiated by certain Social Actors, and consequently produce very convincing "reality effects". The communication sciences constitute a privilidged analyst of this phenomen. The speech on communication does not only appear as a new mythology of modern times but as at the origin of at least three reality effects: the establishment of the belief in a all powerful communication (in the field of politics, economics and cultural affairs); The remodelling of certain professional logics (In the companies or with the professionals politics), and the creation of new possibilities to qualify for the CAT university and private schools). The study of the mediations through which these effects enter the contenporary society reveals two different types of interpretation. The first one, through the "mechanical model", underlines the direct and linear diffusion of knowledge to the public. However the status weakness of the academic model (in the information and communication sciences), the crackling of frontiers between researchers and practicians, as well as the complexity of messages reception phenomena reveal the hermetic limits of such a model. Only an explication based on the "Competition model" manages to show the increasing automasition of certain mediators and professionals speeches (journalists, publicists, communication counsellors, etc.) and the intensity of the straggles of influence between scientists and practicians. A new strategic field is slowly emerging at the intersection of both poles: it seems to concentrate, for the moment, the power of the most media profited actors.
- L'entreprise : communication et légitimité - Romain Laufer p. 41-50 La communication et les techniques de communication prennent une place croissante dans les préoccupations et les pratiques de l'entreprise. Cette évolution est si notable qu'elle correspond à une véritable mutation du management des entreprises. Pour comprendre les raisons de cette mutation, il faut tenir compte du fait que la présence de la préoccupation et des techniques de communication dans l'entreprise est autant une question de principe qu'une question de technique. La notion de système de légitimité permet de définir les principes qui président au fonctionnement de l'entreprise. Le système de légitimité de notre société (système rationnel-légal au sens de Max Weber) a été institué en France lors de la Révolution française. Il a connu une histoire en trois temps : de 1800 à (1880-1900), de (1880-1900) à (1945-1960), de (1945-1960) à nos jours. La dernière période correspond à la crise du système de légitimité rationnel-légal. Cette crise se traduit par la place centrale qu'y occupe désormais l'opinion (par rapport à la science) et, par conséquent, par le rôle joué par la communication de ces opinions. De ces considérations théoriques, on peut déduire des considérations pratiques sur le fonctionnement du management moderne, management qui peut être décrit totalement comme un processus de communication.Communication and its techniques take an ascendant role in the practices of companies. This evolution was notable when it corresponded with a true mutation of the management of these companies. To understand the reasons for this change, one must take into account the present concerns and the techniques of communication, it is not only a question of principle but one of technique. The idea of a legitimised system would allow the definition of the principles which control the function of companies. The system of legitamizing our society (a ratio-legal system according to Max Weber) was instituted in France during the french revolution. Its history is in three parts: from 1800 to 1880-1900 from 1880-1900 to 1945-1960 and from 1945-1960 to the present day. The last period corresponds to a crisis within the system of the legitimacy of the ratio-legal system. This crisis took place because of the central place it occupied. From these theoretic considerations one can deduce that the practical factors are the functioning of a modern management, a management that can perhaps be described as a process of communication.
- La question de la technique dans les recherches sur la communication - Patrice Flichy p. 51-62 Les recherches sur les rapports entre technique et communication n'ont jamais été très nombreuses. Dans les années cinquante, les sociologues de la communication de masse se sont intéressés à la diffusion des techniques. Au cours de la décennie suivante, McLuhan commence à publier ses travaux. Certaines de ses intuitions ont été réexaminées par des historiens comme Eisenstein. L'école américaine, structurée autour de la revue «Techno- logy and Culture », qui a essayé de mettre fin à la coupure entre histoire technique et histoire sociale, s'est également beaucoup intéressée à la communication. Cet article présente l'approche de ces différents courants de pensée et ouvre des pistes de réflexion pour de nouvelles recherches dans ce domaine.The researches on the relationship between technics and communication have never been very frequent. In the nineteen fifties the sociologists of mass-communication were intrested in the diffusion of these techniques. In the next decade, Mac Luhan started publishing his works. Some of his intuitions were reexamed by historians such E. Eisenstein. The american School built around the magazine "Technology and culture", tried to stop the gap between social history and technical history, and it delt mainly with communication. This article introduces the approche of these different trains of thought, thus leading the way for new research in this subject.
- Les intentions de la communication - Pierre Livet p. 63-88 Trois courants peuvent être dégagés dans le domaine de l'analyse de la communication. Celui que symbolise la démarche de Searle est quasiment tautologique (modèle sans défaut) ; d'autres, comme Strawson, complexifïent les conditions d'une véritable communication jusqu'à en rendre la mise en pratique impossible. Des chercheurs comme Sperber et Wilson préfèrent une conception « inférentielle » où l'auditeur ne se contente pas de décoder mais doit prendre en compte des données contextuelles. Cet article résume l'état dans lequel se trouve ce type de recherche en communication. Pour Livet, si la communication peut être remède aux défauts de notre connaissance, elle ne saurait pour autant atteindre à la perfection que lui présupposeraient certains modèles.Three currents can be produced in the field of communication and its analysis. One symbolises Searle' s work and the almost tautological model; others like Strawson complicates the conditions of real communication till making its practise impossible. Researchers like Sperber and Wilson prefer an inferential conception but the hearer is not happy to decode but where he takes into account the contextual data. This article summarize this type of research. For Livet if communication can perhaps solve the mistakes found to our knowleadge, it could not give the answer that presupposed certain models.
- L'ethnométhodologie : une approche procédurale de l'action et de la communication - John C. Heritage, Polity Press, Michèle Albaret, Louis Quéré p. 89-130 En présentant l'œuvre de Garfinkel - jamais traduite en français - le père de l'éthnométhodologie, l'un de ses continuateurs, John Heritage retrace tout d'abord l'accueil mitigé que cette nouvelle approche d'analyse sociologique reçut au sein de la communauté des spécialistes dans les années 70. Il s'attache ensuite à la double description de la genèse et du contenu de l'œuvre de Garfinkel. L'étude des caractéristiques systématiques du raisonnement et de l'action pratiques, dans une approche microsociologique exempte de jugements normatifs, caractérise cette école marquée, sinon par l'empirisme, tout au moins par une mise à plat du «trop vite théorisé».In presenting Garfinkel' s work never translated into French, John Heritage, presents the reception of this new approach of sociological analyses in the heart of the community of specialits in the seventies. It then attaches to the double description of the genesis and the content of Garfinkels work.
- Communication et action - Niklas Luhmann, Suhrkampf Verlag, Werner Ackermann, Louis Quéré p. 131-156 Que faut-il prendre comme unité de base pour rendre compte de l'organisation sociale et du fonctionnement d'une société? L'action ou la communication? Intégrant les développements récents de la théorie de l'autopoièse à sa théorie des systèmes sociaux, Niklas Luhmann met en cause les raisonnements prédominants en sociologie qui mettent en avant l'action et le sujet. C'est, dit-il, la communication qui est à la base des systèmes sociaux et l'action comme l'individu n'émergent qu'aux plans del'auto-observation et de l'autodescription de ces systèmes (en tant que plans distincts de celui de la constitution).What is necessary as a base unity to realize what the social organization and the functioning of a society is? The action or the comunication? Inter grating the recent developments of the "autopoiese" and its theory of social systems, Niklas Luhmann questions the predominant reasoning in sociology that puts in priority the action and the subject. This he says is the bases of communication's social systems and the action is like the person emerging with plans for self observation and self description of these systems.
- Les effets de réalité des sciences de la communication - Erik Neveu, Rémy Rieffel p. 11-40
Point de vue
- La déréglementation de la télévision va-t-elle renforcer la domination d'Hollywood ? Une critique économique d'un raisonnement traditionnel - Eli Noam, Eric Brousseau p. 159-172 Les adversaires de la libéralisation du marché audiovisuel postulent fréquemment l'existence d'une «loi d'airain» selon laquelle un environnement déréglementé conduirait invariablement à une invasion des écrans par des programmes américains de mauvaise qualité. Cet article démontre que l'existence de cette «loi d'airain» repose sur une analyse économique bancale. En Europe, l'organisation traditionnelle du secteur télévisuel, notamment l'existence de monopoles publics et la constitution d'un monopsone - l'EBU - pour l'achat des programmes, a favorisé l'activité de diffusion au détriment de la production. Cela a nui au développement d'un secteur puissant d'édition de programmes. Au contraire, aux Etats-Unis, un contexte de forte concurrence a conduit l'industrie des programmes à mettre au point des produits de mieux en mieux adaptés aux goûts divers du public. Cela lui a permis de répondre à la demande des diffuseurs européens qui, concurrence oblige, ont de plus en plus besoin de programmes. Si ces derniers achètent massivement les produits américains, c'est parce qu'ils sont de bonne facture et non parce qu'ils sont vendus à des prix de dumping. Le maintien d'un protectionnisme «culturel» en Europe continuera d'empêcher le développement d'une véritable industrie de la production audiovisuelle et aboutira, à terme, à l'inverse des objectifs d'une telle politique.The opponents of the liberation of the audiovisual market frequently refer to the existance of an "iron law", according to a deregulated environment it will inveriably lead to an invasion of poor quality american programs on the screen. This article demonstrates that the existance of this "iron law" relies on a banal economic analysis in Europe, the traditional organisation of the television sector, notably the existence of public monopolies and the constitution of monopsone - the E.B.U. - for the procurement of programs to the detriment of production that has penalised the development of a powerful sector of program edition. On the contrary, in America, within the context of fierce competition driven the industry to set up its production from strength to strength, adapted to the diverse tastes of the public. That has allowed it to answer the demand of european markets which, with of competition need more and more programs. If these companies buy american productions in quantity it is because of the quality not because they are sold very cheaply. This the innease "cultural" protectionism in Europe will continue to prevent the development of a true audiovisual production industry.
- La déréglementation de la télévision va-t-elle renforcer la domination d'Hollywood ? Une critique économique d'un raisonnement traditionnel - Eli Noam, Eric Brousseau p. 159-172
- Résumés/abstracts - p. 173-179
Le point sur
- Telecoms et entreprise - Eric Brousseau p. 183-190
Notes de lecture
- ~~ (Sabine Chalvon-Demersay et Dominique Pasquier) - Jérôme Bourdon p. 193-194
- En bref - Jean-Pierre Bacot p. 195-196
L'index des 50 premiers numéros :
- Les sommaires - p. 201-214
- Les auteurs - p. 215-219
- Les dossiers - p. 221-222
- Vient de paraître - p. 220
- Vient de paraître - p. 223
- Colloques et manifestations - p. 225-229