Contenu du sommaire : Politique extérieure et répartition des pouvoirs intérieurs (II)
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 193, avril-juin 2023 |
Titre du numéro | Politique extérieure et répartition des pouvoirs intérieurs (II) |
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- Présentation - Laurent Cesari, Laurent Cesari p. 3-5
- Le rôle de l'Assemblée fédérale suisse dans la politique des Droits de l'Homme - Antoine Fleury p. 7-23 Quelle part revient à l'Assemblée fédérale suisse dans l'élaboration et la conduite de la politique étrangère ? L'analyse porte ici sur le rôle des parlementaires dans la mise en œuvre d'une politique en matière de Droits de l'Homme. Alors que cette nouvelle dimension émerge dans les relations internationales en 1948-1950, on constate que la question n'est abordée qu'à partir de 1970, à la suite de débats engagés au Conseil de l'Europe. En 1978, le Département fédéral des Affaires étrangères crée un « groupe de travail », chargé de coordonner la politique en la matière. Les Droits de l'homme suscitent des interventions parlementaires, souvent opposées, au sein des deux Chambres du Parlement fédéral pour inciter le gouvernement à prendre des initiatives conformes à la vocation humanitaire de la Suisse ou pour s'opposer à ce que le Conseil fédéral s'engage sur un terrain susceptible de porter atteinte aux intérêts suisses dans plusieurs États.What part does the Swiss Federal Assembly play in the development and conduct of Swiss foreign policy? To address this question, this analysis has focused on the role of parliamentarians in the implementation of a Human Rights Swiss policy. Faced with this new dimension which emerged in international relations in 1948-1950, it should be noted that this question is approached belatedly from 1970, following the debates in the Council of Europe. In 1978, the Department of Foreign Affairs created a “working group” responsible for coordinating the policy to be pursued. Human Rights gave rise to parliamentary debates within the two Chambers of the Federal Assembly in order to encourage the Government to take initiatives in line with Switzerland's humanitarian vocation or to affirm their opposition to a commitment by the Federal Council in this matter which could harm Swiss interests in several States.
- Répartition des pouvoirs entre autorités fédérales et acteurs financiers des relations internationales de la Suisse. Les cas de la Banque des règlements internationaux et du Fonds monétaire international - Marc Perrenoud, Marc Perrenoud p. 25-39 Au cours du xxe siècle, la politique extérieure de la Confédération est de plus en plus influencée par l'économie privée, des associations patronales, les milieux financiers, puis, dans une moindre mesure par des organisations non-gouvernementales. Tandis que l'État fédéral reste relativement faible, les organisations professionnelles deviennent de plus en plus influentes, tandis que l'importance croissante des banques leur permet d'acquérir d'autant plus de pouvoir que les autorités politiques y renoncent. Les nombreuses commissions créées par le gouvernement ou le Parlement permettent l'élaboration de consensus. Il en résulte toutefois une dissolution des compétences réelles, car le pouvoir effectif est détenu par un nombre restreint de dirigeants.During the 20th century, the Swiss foreign policy was increasingly influenced by the private sector, employers' associations, financial circles and, to a lesser extent, by non-governmental organizations. While the federal State remained relatively weak, professional organizations were becoming more and more influential. Moreover, the growing importance of the banks allowed them to acquire more power as the political authorities simply allowed it to happen. The numerous commissions created by the government, or the parliament allowed the development of consensus. However, this resulted in a dissolution of effective competencies, as power was then held by a limited number of leaders.
- Le Tribunal constitutionnel allemand et la politique extérieure de la RFA : quelques considérations - Sylvain Schirmann, Sylvain Schirmann p. 41-50 Créée pour défendre les droits fondamentaux des Allemands au lendemain de l'expérience national-socialiste, la Cour constitutionnelle interfère par ses arrêts dans la politique extérieure allemande. Elle est particulièrement vigilante en matière de construction européenne, d'intervention des troupes à l'extérieur du territoire national et de ratification des principaux traités internationaux. Son intervention vise dans chacun de ces secteurs à protéger les prérogatives du Bundestag, lieu de la légitimité démocratique de la nation allemande. Cette approche fournit le cadre dans lequel le gouvernement peut mener sa politique étrangère.Created to defend the fundamental rights of Germans in the aftermath of the National Socialist experience, the German Constitutional Court interferes with German foreign policy through its judgments. It is particularly vigilant in terms of European construction, the intervention of troops outside the national territory, and the ratification of the main international treaties. Through its interventions in each of these sectors, it aims to protect the prerogatives of the Bundestag as trustee of the democratic legitimacy of the German nation. This approach provides the framework within which the government can conduct its foreign policy.
- La politique de frontière(s) de l'Allemagne à la lumière de la crise de la COVID-19 : un partage de compétences complexe - Frédérique Berrod, Frédérique Berrod, Birte Wassenberg, Birte Wassenberg p. 51-66 Il est intéressant d'examiner la répartition des compétences internes et externes de l'Allemagne fédérale en matière de politique de frontière(s) à travers la pandémie COVID-19. D'une part, il faut tenir compte des politiques sanitaires – principalement une compétence des Länder – et de leurs impacts sur les frontières internes. De l'autre, les politiques de frontières externes relèvent de la compétence du Bund et impactent ses relations avec les États voisins lorsqu'un processus de « frontiérisation » est à l'œuvre. Enfin, il s'agit de savoir comment ses politiques de frontière(s) s'insèrent dans le cadre de l'Union européenne et de ses compétences communautaires en matière de gestion des frontières. Cette contribution montre d'abord comment le fédéralisme coopératif allemand commence pas être un obstacle pour une gestion coordonnée de la crise et aboutit à une « frontiérisation » interne entre Länder, puis comment il évolue vers un rééquilibrage des compétences entre le Bund et les Länder en matière de politique sanitaire ; puis comment, face à la « frontiérisation » externe, le fédéralisme coopératif allemand devient un atout pour une meilleure coopération transfrontalière pendant la pandémie et que l'UE devient un acteur de plus en plus important pour favoriser une coordination européenne en matière sanitaire et de politique des frontières.The COVID-19 pandemic presents an interesting case study to examine the distribution between internal and external competences within the Federal Republic of Germany about border policies. On the one hand, health policies–which are in Germany mainly a competence of the Länder–and their impact on internal borders have to be considered. On the other hand, there are also external border policies of Germany–which are mainly a competence of the Bund–and which have an impact on the neighboring States if a process of (re)bordering takes place. Finally, one must consider how the border polices insert themselves into the framework the European Union and its competences for border management. This paper retraces how the system of German cooperative federalism has first revealed itself as an obstacle to a coordinated management of the crisis leading to an internal bordering between Länder, and how it then evolved towards a re-equilibrium of competences between the Bund and the Länder concerning health policies. It then shows that, facing the process of external bordering, German cooperative federalism has become an asset for a better cross-border cooperation during the pandemic. It further demonstrates that the EU has become an important actor to favor a European coordination of health and border policies.
- Dévolution et politique extérieure du Royaume-Uni dans le contexte du Brexit : le cas de l'Écosse - Edwige Camp-Pietrain, Edwige Camp-Pietrain p. 67-83 Entre 1999 et 2016, les relations entre institutions centrales britanniques et institutions écossaises décentralisées étaient relativement apaisées grâce à des mécanismes informels de coopération et ce, alors que des partis politiques d'obédiences différentes étaient au pouvoir à Londres et à Édimbourg. Le gouvernement écossais avait un droit de regard sur certaines politiques européennes. Le référendum de 2016 a fait voler en éclat cette bonne volonté, creusant l'écart entre les gouvernements conservateurs britanniques désireux de contrôler le Brexit, et les autorités dévolues soucieuses de protéger leur autonomie. Cet article analyse la détérioration de ces relations, tant pendant les négociations avec l'Union européenne que depuis le Brexit, et montre que les mécontentements dépassent les rangs des indépendantistes. Le gouvernement écossais poursuit néanmoins sa propre para-diplomatie.Between 1999 and 2016, relationships between Britain's central institutions and Scotland's devolved ones had been quite smooth thanks to informal mechanisms at parliamentary and intergovernmental levels, under governments of different persuasions. The Scottish Government had a say over some European policies. The 2016 referendum shattered this goodwill, widening up a gap between Conservative-led British governments willing to handle Brexit on their own and devolved authorities determined to protect their autonomy. This article analyses the deterioration of these relationships, both during the negotiations with the EU and in post-Brexit Britain, showing that grievances are voiced by most Scottish parties beyond the ranks of pro-independence parties. Meanwhile the Scottish Government still conducts its own para-diplomacy.
- En guise de conclusion : Politique extérieure, pouvoirs intérieurs et démocratie - Robert Frank, Robert Frank p. 85-94
- La diplomatie parlementaire de Simone Veil : un nouveau dialogue entre le Conseil européen et le Parlement ? - Valentina Vardabasso, Valentina Vardabasso p. 95-107 Simone Veil est le premier président du Parlement européen (PE) à avoir été élu en 1979 au suffrage universel direct. Cela a-t‑il permis de redéfinir les rapports entre les pouvoirs législatif et exécutif dans la formulation de la politique extérieure européenne et de déployer une véritable diplomatie parlementaire ? Quel type de diplomatie parlementaire Simone Veil a-t‑elle initié ? Qu'a-t‑elle voulu faire exactement en choisissant le domaine des Droits de l'Homme pour développer cette action dans le monde ? Cet article retrace l'itinéraire intellectuel et le parcours politique de Simone Veil, l'impact de sa personnalité et de ses expériences sur son action au niveau européen, puis sa diplomatie parlementaire ainsi que les rapports du PE avec les autres institutions européennes.Simone Veil was the first President of the European Parliament (EP) to be elected in 1979 by direct universal suffrage. Did this make it possible to redefine the relationship between the legislative and executive powers in the formulation of European foreign policy and to develop genuine parliamentary diplomacy? What type of parliamentary diplomacy did Simone Veil initiate? What exactly did she want to do by choosing the field of human rights to develop this action in the world? This article traces Simone Veil's intellectual and political career, the impact of her personality and experiences on her action at European level, before analysing her parliamentary diplomacy and the EP's relations with the other European institutions.
- Le Centro italiano di studi per la (ri)conciliazione internazionale. De l'ancien au nouveau monde (1943-1964) - Anne-Sophie Nardelli-Malgrand, Anne-Sophie Nardelli-Malgrand p. 109-127 À la fin de la Deuxième Guerre Mondiale et de la Guerre froide, ce cercle de sociabilité se fixa pour mission de promouvoir les orientations de la politique étrangère italienne. Placé par ses fondateurs au service d'un État dominé par la démocratie chrétienne, il défendit l'atlantisme, la construction européenne, les liens renouvelés avec l'Afrique. Sorte d'académie dont la principale qualité était de s'abriter derrière un apolitisme proclamé, il témoigne de certains éléments de continuité entre l'entre-deux-guerres et l'après-1945 : ses fondateurs, issus de la diplomatie nationaliste mise au service du fascisme, contribuèrent notamment à faire perdurer les thèmes du projet européen et de sa projection vers l'Afrique, dans une perspective anticommuniste.At the end of the Second World War and in the context of the Cold War, this sociability network set itself the task of promoting the orientations of Italian foreign policy. Placed by its founders at the service of a state dominated by Christian democracy, it defended Atlanticism, European construction and renewed links with Africa. As a sort of academy whose main quality was to hide behind a proclaimed apolitical stance, it bears witness to certain elements of continuity between the interwar years and the post-1945 period: its founders, who stemmed from nationalist diplomacy in the service of the Fascist regime, contributed to perpetuating the themes of the European project and its projection towards Africa, from an anti-communist perspective.
- La reconnaissance de la République populaire de Chine par la Belgique (1949-1971) : un processus complexe et de longue haleine - Claudia Julien, Claudia Julien p. 129-141 Il faut attendre vingt-deux années pour que la Belgique reconnaisse la République populaire de Chine proclamée par Mao Zedong le 1er octobre 1949. Le ministère des Affaires étrangères belge est confronté, pendant cette période, à des enjeux multiples d'ordre national, en raison des intérêts belges présents de longue date en Chine, et international, notamment dans le cadre d'organisations internationales telles que l'ONU et l'OTAN. S'ancrant directement dans le contexte géopolitique de la Guerre froide, ce processus complexe de reconnaissance de la Chine communiste par la Belgique est mis en lumière dans cet article. Celui-ci tente de comprendre les réflexions qui ont animé la politique étrangère belge face au régime communiste chinois menant, in fine, à la reconnaissance de ce régime.It took twenty-two years for Belgium to recognize the People's Republic of China established by Mao Zedong on October 1st, 1949. During this period, the Belgian Ministry of Foreign Affairs was faced with multiple national concerns, ensued by long-lasting Belgian interests in China, as well as international concerns, notably in the context of international organizations such as the UN and NATO. Anchored in the geopolitics of the Cold War, this long recognition process of communist China by Belgium is brought to light in this article. It endeavors to understand the considerations that motivated the Belgian foreign policy towards the Chinese communist regime leading, in fine, to its recognition.
- Hommage à Élisabeth du Réau - Robert Frank, Robert Frank p. 143-145
- Notes de lectures - Laurent Cesari, Laurent Cesari p. 153-156