Contenu du sommaire : Contre l'impôt ?

Revue Histoire urbaine Mir@bel
Numéro no 67, août 2023
Titre du numéro Contre l'impôt ?
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  • Dossier. Contre l'impôt ? Les « révoltes fiscales » dans les villes européennes des XIVe-XVIe siècles

    • Contre l'impôt ? Les « révoltes fiscales » dans les villes européennes des XIVe-XVIe siècles : Introduction au dossier - Albert Reixach Sala, Pere Verdés Pijuan p. 5-12 accès libre
    • Refus de l'impôt ou contestation du politique ? L'exemple de la révolte dite du « capage » (Toulouse, 1357) - Vincent Challet p. 13-27 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La révolte du « capage » survenue à Toulouse en 1357 a toujours été considérée par l'historiographie française comme archétypale des révoltes fiscales médiévales fondées sur un profond refus de l'impôt royal en tant que tel. Toutefois, une analyse détaillée de ses ressorts et de ses motivations permet de mettre en évidence que le refus de l'impôt n'est ici que le symptôme d'une contestation du politique et de l'exigence d'un dialogue avec le pouvoir royal, conformément à la théorie selon laquelle les impôts doivent être votés avec le consentement des états. Cette étude de cas vise donc, de manière plus générale, à remettre en cause le qualificatif même de « révolte fiscale » en cherchant à mieux définir dans quel cas l'impôt peut être consenti et quelles sont les raisons qui, a contrario, peuvent entraîner sa contestation et le refus de sa perception.
      The so-called capage revolt, which occurred in Toulouse in 1357, has always been considered by French historiography as the archetypal medieval tax revolt, rooted in a deep-seated refusal of royal taxes as such. However, a detailed analysis of its driving forces and motivations reveals that the refusal of the tax was only a symptom of a political dispute and a demand for dialogue with royal authorities, in accordance with the theory that taxes should be levied with the consent of representatives. This case study therefore aims, more generally, to question the qualification of ‘‘tax revolt'' per se, by endeavouring to define more clearly the cases in which consent can be granted to taxation, and conversely, the reasons why taxpayers may dispute a tax or refuse to pay it.
    • The Politics of Fiscal Protest in Early Modern Italy : with an Emphasis on the Duchy of Milan - Samuel K. Cohn p. 29-44 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article montre que les guerres d'Italie (1494-1559) ont provoqué une forte augmentation de la fréquence et de l'importance des contestations populaires, pourtant peu mises en avant par les historiens. Les levées fiscales imposées par les nouvelles armées d'occupation et les puissances monarchiques étrangères dans toute la péninsule italienne ont constitué un élément important de cette augmentation. Les raisons de la révolte, cependant, découlent rarement des difficultés ou de la pression économique en soi. C'est plutôt le type d'exigences fiscales – des taxations injustes et inégalement régressives – qui a provoqué les révoltes. De plus ces révoltes ont rapidement dépassé les questions économiques de participation aux demandes fiscales pour se transformer en protestations pour la représentation et contre les inégalités. Les révoltes fiscales sont devenues des révoltes politiques.
      The paper establishes that the Italian Wars, 1494-1559, provoked a sharp rise in the frequency and significance of popular protest yet to be recognised by historians. A large component of that rise were fiscal revolts against taxes imposed by new occupying armies and foreign monarchical powers across the Italian peninsula. The reasons for revolt, however, rarely derived from hardship or the economic oppression per se. Rather, the type of fiscal demands – unfair and unequal regressive taxes – were principally the ones to provoke the revolts. Moreover, these revolts quickly widened from economic matters of meeting fiscal demands to protests for representation and against inequality. The tax revolts became political revolts.
    • Du fiscal au politique. Fiscalité et révolte dans la Couronne de Castille de la fin du Moyen Âge au conflit comunero - Hipólito Rafael Oliva Herrer p. 45-59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article s'interroge sur les implications politiques des révoltes anti-fiscales dans le royaume de Castille à la fin du Moyen Âge. Il étudie les rares exemples de ce type de révolte dans la Castille de la période et fait une analyse approfondie de la guerre des Communautés de Castille. Le mouvement comunero constitue un conflit complexe à grande échelle qui s'étendit sur plusieurs plans, mais le détonateur initial du conflit fut de nature fiscale et le discours qui articula la rébellion des villes contre le roi prit sa source dans les principes de légitimité de la fiscalité. En conclusion, l'article met en relief l'extension de principes de nature contractuelle autour de l'imposition fiscale et par ce biais la dimension politique des prétendues révoltes anti-fiscales.
      This paper analyses the relationship between tax revolts and politics in the specific context of the Kingdom of Castile in the Late Middle Ages. It focuses on the rare examples available of this kind of revolt in Castile, and more specifically, the Revolt of the Comuneros. The latter was a large-scale revolt with significant political implications, but it had started with towns rebelling against the king, asserting arguments about the legitimacy of taxes. As a result, this paper shows the political and contractual nature of taxation and therefore the political implications of the so-called ‘‘tax revolts''.
    • À propos des révoltes et de l'impôt dans les villes du Saint-Empire romain germanique (XIVe-début XVIe siècle) - Laurence Buchholzer p. 61-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En matière de « révoltes fiscales » ou « antifiscales », les travaux allemands sur la fiscalité tournent leur regard vers le XVIIe siècle bien plus que vers le Moyen Âge tardif. Les révoltes elles-mêmes ont été pensées successivement au travers de différents concepts : Zunftrevolutionen ou Zunftkämpfe, Bürgerkämpfe ou Bürgeraufstände et enfin Unruhen. L'évolution historiographique mène ainsi vers un ensemble très vaste de « désordres » parmi lesquels les « révoltes fiscales » sont peu visibles. Elles le sont d'autant moins que les sources médiévales mêlent les griefs relatifs à des taxations à bien d'autres motifs. L'examen de révoltes survenues à Nordhausen, Colmar, Besançon et Munich, quatre événements qui comportent des références à l'imposition, révèle le caractère éminemment politique des conflits.
      When it comes to ‘‘tax revolts'' or ‘‘antifiscal revolts'', German works on taxation focus on the 17th century rather than the late Middle Ages. The revolts themselves have been considered successively through different notions: Zunftrevolutionen or Zunftkämpfe, Bürgerkämpfe or Bürgeraufstände, and finally Unruhen. The evolution of historiography has thus led to a very wide set of ‘‘disorders'', among which ‘‘tax revolts'' are hardly visible. This is all the more the case given that medieval sources combine claims relating to taxation with many other motives. An analysis of the revolts that took place in Nordhausen, Colmar, Besançon and Munich – four events that include references to taxation – reveals the eminently political nature of the conflicts.
    • Fiscalidad y revueltas en las ciudades de la Corona de Aragón de los siglos XIV-XVI - Albert Reixach Sala, Pere Verdés Pijuan p. 81-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine la dimension fiscale des conflits et des révoltes qui ont eu lieu dans les centres urbains des territoires occidentaux de la Couronne d'Aragon entre la fin du xiiie siècle et le début du XVIe siècle. Après un bilan de l'historiographie sur les conflits urbains et les controverses autour de l'impôt, il s'agit de reconstituer les grandes lignes des épisodes de tension et de violence qui eurent lieu au cours de la période étudiée, en mettant l'accent sur leur arrière-plan financier. On constate que le poids des éléments fiscaux s'est accru lorsque la fiscalité urbaine s'est consolidée au cours de la seconde moitié du XIVe siècle, et les révoltes des Germanías au début du xvie siècle sont l'aboutissement d'un long processus.
      This paper examines the fiscal component of the conflicts and revolts recorded in the urban centres of the western territories of the Crown of Aragon between the end of the 13th century and the beginning of the 16th century. After a review of the previous historiography on urban conflicts and tax-related controversies, we reconstruct the overall sequence of episodes of tension and violence that took place during the aforementioned period, emphasising the underlying financial aspects. We find that the weight of the fiscal elements increased when urban taxation was consolidated during the second half of the 14th century, and the revolts of the Germanías (Brotherhoods) at the beginning of the 16th century were the culmination of a long process.
  • Études

    • La traction hippomobile, dans une métropole de l'âge industriel : Lyon, 1880-1914 - Jean-Pierre Aguerre p. 103-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Entre 1880 et 1914, à Lyon, métropole de l'âge industriel, le cheval vapeur entame à peine l'omniprésence énergétique du cheval tout court, véritable « machine vivante ». Les effectifs s'y accroissent malgré l'électrification des tramways. Cette résilience du cheval urbain trouve son origine dans une gestion très efficace de la cavalerie métropolitaine. Les sources fiscales (la taxe sur les chevaux et les voitures) et militaires (loi du 3 juillet 1877 sur les réquisitions), peu utilisées et jamais confrontées, permettent de saisir l'externalisation de la fonction de trait hors des ménages puis hors des entreprises. L'attelage offre toutes les souplesses de gestion : la location dans toutes ses formes peut en effet porter sur les chevaux, sur les véhicules ou sur les deux à la fois. Elle explique le maintien de la cavalerie au cœur de la ville jusque dans les années 1930.
      Between 1880 and 1914, in Lyon, a metropolis of the industrial age, the steam horse locomotive was only just beginning to replace the omnipresent horse, a veritable ‘‘living machine'', as a source of power. The number of horses in the city grew despite the electrification of the tramways. The resilience of the urban horse stemmed from the very efficient management of the metropolitan cavalry. Documents from the tax authorities (the tax on horses and carriages) and from military sources (the law of 3 July 1877 on requisitions), which have seldom been cited and never before analysed together, allow us to see how draught horses were outsourced from households and then from companies. Horse-drawn transport offered a great deal of management flexibility: many kinds of hiring were possible, involving horses, vehicles or both. This explains why horse-drawn carriages remained a central part of Lyon until the 1930s.
    • Un médecin dans la ville : Léon Oursel et sa politique sociale à Évreux ou l'expérience d'un « radical-socialisme » municipal (1904-1936) - Antony Kitts p. 129-155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À la tête de la municipalité ébroïcienne pendant plus de 30 ans (1904-1936), celui que l'on surnomme le « médecin des pauvres » a laissé durablement son empreinte dans une ville traversée par la Première Guerre mondiale et la crise des années 1930. Ses qualités d'édile radical-socialiste l'ont conduit à mener une politique sociale ambitieuse et généreuse dont témoignent l'ampleur des sommes engagées en faveur des populations les plus défavorisées et la diversité des réalisations sociales et sanitaires. Ce fort interventionnisme place ainsi cette municipalité radicale-socialiste parmi les communes de gauche les plus engagées au point que l'on peut y voir un réel radical-socialisme municipal. Il est vrai que les multiples fonctions d'Oursel au sein d'institutions locales ou départementales ne pouvaient que le sensibiliser à ces questions sociales. Sous son impulsion, la ville s'est profondément transformée et est entrée dans la modernité, en particulier par la réalisation d'équipements publics dans les domaines de l'assainissement, de l'éclairage, de l'éducation, du logement social et de la voirie.
      As the mayor of Evreux for more than thirty years (1904-1936), Léon Oursel, nicknamed the ‘‘doctor of the poor'', left a lasting mark on the city that was ravaged by the First World War and the economic crisis of the 1930s. His qualities as a radical-socialist builder led him to pursue an ambitious and generous social policy, as shown by the large amounts invested in the most disadvantaged populations and the wide range of social and health achievements. This strong interventionism thus placed the radical-socialist municipality of Evreux among the most committed left-wing municipalities, to the point of seeing it as a real municipal form of radical-socialism. The multiple functions held by Oursel within local or departmental institutions could only make him aware of these social issues. Under his leadership, the city was profoundly transformed, bringing it into the modern world, in particular by building public facilities in the fields of sanitation, lighting, education, social housing and streets.
  • Événements

  • Notes critiques